Kilauea (Hawaii) : Dans l’attente d’une éruption (suite) // Waiting for an eruption (continued)

7 heures (heure française): Les autorités hawaïennes se préparent à une possible éruption alors que la sismicité reste intense le long de l’East Rift Zone. Les mesures comprennent l’identification des abris, la mobilisation de la police et de la Protection Civile pour assurer la sécurité des habitants, et des équipes d’entretien des routes pour assurer l’accès aux itinéraires d’évacuation. Les habitants du District de Puna doivent se tenir informés de la situation et être prêts à une évacuation.
Selon un communiqué de la Protection Civile le 1er mai 2018, un dyke est en train de progresser vers la partie basse du District de Puna jusqu’après la Highway 130. Une éruption peut avoir lieu entre le Pu’uO’o et au-delà de Kapoho à l’est.
Des essaims sismiques, avec 8 à 10 événements par heure, sont ressentis dans la région et pourraient annoncer une éruption. L’activité sismique actuelle est semblable à celle qui a précédé une éruption dans le District de Puna en 1955. Au cours de cette éruption qui a débuté en février 1955, au moins 24 bouches se sont ouvertes le long de l’East Rift Zone, laissant échapper de nombreuses coulées de lave. La lave a recouvert des routes, des maisons et des champs de canne à sucre avant d’atteindre l’océan. L’éruption s’est brusquement terminée le 26 mai 1955.
Voici une vidéo de l’éruption de 1955 fournie par le Musée Lyman:
https://youtu.be/DN9pdJyGhuo

Le Parc National des Volcans d’Hawaï indique qu’en raison de la possibilité d’une nouvelle éruption, les autorités ont fermé une zone comprenant la route en terre battue entre Kalapana à l’est et l’extrémité de la Chain of Craters Road à l’ouest, ainsi que toutes les zones entre cette route et l’océan.

Voici une vidéo mise en ligne par Paradise Helicopters suite à un survol effectué le 1er mai 2018 et l’effondrement du plancher du Pu’uO’o. Impressionnant!

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22 heures (heure française) : Rien de très nouveau à Hawaii au matin du 3 mai 2018 (heure locale). La tension est palpable dans le District de Puna  où la sismicité est toujours intense, même si elle a légèrement diminué. Les fractures sur les routes confirment l’intrusion magmatique dans la région. On sent qu’une éruption est sur le point d’avoir lieu, mais on ne sait ni quand, ni où. On remarquera la différence avec le Piton de la Fournaise, autre volcan de point chaud. Sur l’Ile de la Réunion, on a affaire à une gentille éruption qui reste concentrée dans l’Enclos, sans aucun risque pour les zones habitées. A Hawaii, ce n’est pas la même chose ; le District de Puna est habité et, connaissant la rapidité avec laquelle une éruption peut se déclencher et la vitesse à laquelle la lave peut se propager, il faudra réagir rapidement lorsque l’éruption débutera….si elle débute ! Les scientifiques du HVO sont confrontés aux limites de la prévision volcanique. On pense qu’une éruption va avoir lieu, mais ça ne va pas plus loin !

Ailleurs sur le Kilauea, le niveau de la lave ne cesse de baisser dans l’Overlook Crater de l’Halema’uma’u. Les réseaux d’alimentation de la zone sommitale du Kilauea et de l’East Rift Zone étant interconnectés, on peut raisonnablement penser que l’Overlook Crater est en train de se vider et que la lave est en train de migrer quelque part le long de l’East Rift Zone. Rien de neuf sur le Pu’uO’o depuis l’effondrement du plancher du cratère. Toute la zone est recouverte de cendre rougeâtre. La coulée 61g semble tarie, ce qui est normal étant donné qu’elle n‘est plus alimentée par le Pu’uO’o.

Il ne reste plus qu’à attendre et voir. Seule Madame Pele sait ce qui va se passer dans les prochaines heures ou les prochains jours

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7:00 (French time): Hawaian authorities are preparing for a possible eruption amid continuous earthquakes along the East Rift Zone of Kilauea Volcano. Preparations include the identification of shelters, mobilization of police and other security personnel to ensure residents’ safety, and road crews to ensure access to evacuation routes. Residents in the lower Puna area should keep informed about the situation and be prepared to evacuate.

According to a Civil Defense briefing early on May 1st, 2018, a magma dike is making its way down to the lower Puna area past Highway 130. An eruption may take place anywhere from Pu’uO’o to beyond Kapoho to the east.

Swarms of earthquakes, of eight to 10 tremors per hour, are being felt in the area, which could precede an eruption. The current seismic activity is similar to what preceded an eruption in the lower Puna District in 1955. During that eruption, which started in February 1955, at least 24 separate volcanic vents opened up and down the volcano’s East Rift Zone, with lava flows covering many roads, homes, and sugar cane fields, eventually reaching the ocean. The eruption abruptly ended on May 26th, 1955.

Here is a video of the 1955 eruption provided by the Lyman Museum:

https://youtu.be/DN9pdJyGhuo

Hawai‘i Volcanoes National Park reports that due to the possibility of a new eruption and unstable geologic activity, parl authorities have closed an area including the gravel emergency access road from the eastern gate near Kalapana, to the western gate at the end of Chain of Craters Road, and all land on the ocean side of the emergency road.

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10 pm (French time): Nothing really new in Hawaii on the morning of May 3rd, 2018 (local time). The tension can be felt in the Puna District where seismicity is still intense, even though it has slightly decreased.. Cracks in the roads confirm the magma intrusion in the area. An eruption is probably about to take place, but nobody knows when or where. We can notice the difference with the Piton de la Fournaise, another hotspot volcano. On Reunion Island, one can observe a nice hermless eruption that remains concentrated in the Enclos, without any risk for inhabited areas. In Hawaii, it’s not the same thing; the Puna District is populated and, knowing the speed at which an eruption can occur and the speed at which lava can flow, it will be necessary to react quickly when the eruption will begin … .if it begins! HVO scientists are confronted with the limits of volcanic prediction. An eruption will probably take place, but prediction can’t go any further!
Elsewhere on Kilauea, the level of lava continues to drop in Halema’uma’u Overlook Crater. As the supply networks of Kilauea and the East Rift Zone are interconnected, it is reasonable to assume that the Overlook Crater is emptying and lava is migrating somewhere along the the East Rift Zone. There has been nothing new on Pu’uO’o since the collapse of the crater floor. The whole area is covered with reddish ash. The 61g lava flow no longer advances, which is normal since it is no longer fed by Pu’uO’o.
We just have to wait and see. Only Mrs. Pele knows what will happen in the next hours or days.

Carte montrant où se produisent – au vu de la sismicité – l’intrusion et la migration magmatiques (Source: USGS / HVO)

Zone du Parc interdite (Source: USGS / HVO)

Fractures sur une route dans le District de Puna (Crédit photo: HVO)

Pérou : L’eau des glaciers menace des populations // Peru : The water from glaciers threatens populations

Le Pérou a perdu plus de 40% de ses glaciers en quelques années. La ville de Huaraz (130 000 habitants) est particulièrement menacée par les effets du réchauffement climatique. Le 19 juin 2016 sur ce blog, j’ai expliqué que la région était exposée aux déversements d’eau glaciaire suite à la rupture de moraines qui retiennent les lacs d’eau de fonte en altitude. Je faisais remarquer que les autorités locales n’avaient guère fait d’efforts pour trouver des solutions. Ainsi, en dépit du fait que Huaraz a été inondée par le lac glaciaire du Palcacocha en 1941 et qu’une avalanche a détruit la ville voisine de Yungay en 1970, faisant 23 000 victimes, des systèmes de surveillance n’ont pas été installés pour alerter les populations en cas de catastrophe imminente.

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2016/06/19/la-fonte-des-glaciers-menace-le-perou-peru-under-the-threat-of-its-melting-glaciers/

La vallée où se trouve Huaraz est bordée par deux chaînes de montagnes. À l’ouest, la Cordillère noire jouxte le Pacifique et protège des vents les sommets enneigés de sa grande sœur de l’est, la Cordillère blanche. Au milieu des plaines vertes du Huascaran, un sommet blanc émerge des montagnes ; c’est le glacier du Pastoruri. Pour y accéder, il faut prendre une route créée il y a quatre ans par le service des parcs nationaux. On a l’appelée la « route du changement climatique ». Elle permet d’expliquer les effets du réchauffement climatique sur une zone aussi vulnérable que la Cordillère blanche.

Au Pérou, les parcs nationaux veulent montrer les effets du changement climatique sur les glaciers comme celui du mont Pastoruri qui a pratiquement disparu. La « route du changement climatique » culmine à 5 000 mètres d’altitude. Depuis cet endroit, auparavant, il fallait à peine cinq minutes pour atteindre le glacier. Désormais, entre 40 minutes et à une heure de marche sont nécessaires, tellement le glacier a fondu et a reculé. Ici, on est dans une cordillère tropicale où la fonte des glaciers est encore plus importante qu’ailleurs. Un lac s’est formé au pied du glacier. En 2010, il avait 10 mètres de profondeur. À présent, on l’estime à 20 mètres. Le processus actuellement irréversible du réchauffement climatique va faire disparaître ce glacier de la Cordillère blanche.

A travers la « route du changement climatique »,  le service des parcs nationaux veut démontrer que les gens doivent changer leur façon de consommer l’eau. On doit trouver une meilleure manière de la stocker dans les réservoirs en haut des montagnes pour pouvoir répondre aux besoins des habitants de la région.

Avec la fonte des glaciers au Pérou, il y a moins de glace et plus d’eau, mais une eau polluée par les minéraux et donc impropre à la consommation. Ce n’est pas l’unique danger. La Cordillère blanche est l’un des endroits au monde où il y a eu le plus de désastres liés aux glaciers avec, comme je l’expliquais plus haut, des ruptures de moraines et la vidange brutale de lacs glaciaires. Ces « tsunamis de montagne » sont apparus par milliers depuis plus de 50 ans au sein des montagnes péruviennes. C’est le cas du Palcacocha situé à 4 500 mètres d’altitude. Autrefois, ce lac était petit et accolé à un glacier. Le glacier a fondu plus vite et il a été remplacé par un énorme lac qui n’existait pas avant. Si la moraine qui retient ce lac lâche, le tsunami pourrait entraîner la mort de plus de 50 000 personnes aux alentours de Huaraz.

Source : France Info.

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Peru has lost more than 40% of its glaciers in a few years. The city of Huaraz (pop.130,000) is particularly threatened by the effects of global warming. On June 19th, 2016, I explained on this blog that the region was exposed to glacial water spills following the rupture of moraines that hold the meltwater lakes. I pointed out that local authorities have made little effort to find solutions. Thus, although Huaraz was flooded by the Palcacocha glacial lake in 1941 and an avalanche destroyed the nearby town of Yungay in 1970, killing 23,000 people, surveillance systems were not installed to alert populations in the event of an imminent disaster.
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2016/06/19/la-fonte-des-glaciers-menace-le-perou-peru-under-the-threat-of-its-melting-glaciers/

The valley where Huaraz is located is bordered by two mountain ranges. To the west, the Cordillera Negra borders the Pacific and protects from the winds the snow-capped peaks of its eastern sister, the Cordillera Blanca. In the middle of the Huascaran plains, a white summit emerges from the mountains; it is the Pastoruri Glacier. To get there, you have to take a road created four years ago by the National Parks Service. It has been called the « Climate Change Road ». It explains the effects of global warming on the vulnerable area of the Cordillera Blanca.
In Peru, national parks want to show the effects of climate change on glaciers like Mount Pastoruri’s which has practically disappeared. The « climate change road » culminates at 5,000 metres above sea level. From here, it took just five minutes to reach the glacier. From now on, it takes between 40 minutes and one hour on foot because the glacier has enormously melted and retreated. Here, we are in a tropical mountain range where the melting of glaciers is even faster than elsewhere. A lake formed at the foot of the glacier. In 2010, it was 10 metres deep. Now it is estimated at 20 metres. The currently irreversible process of global warming will remove this glacier from the Cordillera Blanca.
Through the « Climate Change Road », the National Parks Service wants to demonstrate that people need to change the way they consume water. One should find a better way of storing it in reservoirs at the top of the mountains to meet the needs of the people in the area.
With the melting of glaciers in Peru, there is less ice and more water, but this water is polluted by minerals and therefore unfit for consumption. This is not the only danger. The Cordillera Blanca includes a lot of glacial disasters with, as explained above, moraine ruptures and the sudden drainage of glacial lakes. These « mountain tsunamis » have appeared in thousands for more than 50 years in the Peruvian mountains. This is the case of Palcacocha which is located 4,500 meters above sea level. In the past, this lake was small and attached to a glacier. The glacier melted very fast and was replaced by a huge lake that did not exist before. If the moraine that holds this lake breaks open, the tsunami could kill more than 50,000 people around Huaraz.
Source: France Info.

La Laguna Palcacocha en 1939.

La Laguna Palcacocha en 2002

Pastoruri, l’un des glaciers de la Cordillera Blanca

(Crédit photos: Wikipedia)