Il y a 70 ans, le 29 mai 1953, le Néo-Zélandais Edmund Hillary et son sherpa Tenzing Norgay parvenaient au sommet de l’Everest.
Depuis, des milliers d’alpinistes ont atteint le toit du monde. 2023 marque un nouveau record de candidats à l’escalade, mais aussi un record nombre d’accidents mortels…et de déchets abandonnés aux camps de base.
Sur les quelque 300 personnes qui ont perdu la vie lors de l’ascension de l’Everest, la majorité sont décédées dans ou autour de la zone de la mort, une zone située au-dessus de 7 900 mètres d’altitude. Ici, les alpinistes sont tués par des avalanches ou des chutes de pierres, par des blessures subies suite lors de chutes, ou encore par une exposition aux éléments (très nombreuses gelures en 2023). Sans oublier l’épuisement ou le mal aigu des montagnes (AMS).
Lorsqu’une personne meurt sur l’Everest, le cadavre est momifié par le vent et les basses températures ; il se fige rapidement sur place. Les sauveteurs doivent extraire le corps de la glace. Une fois gelé, son poids peut avoir doublé à cause de la glace. Il faut parfois une équipe de huit personnes pour gérer un seul corps. La récupération d’un corps est aussi très dangereuse. En 1984, un sherpa et un inspecteur de police népalais ont été tués alors qu’ils tentaient de récupérer le corps d’un alpiniste allemand mort sur la montagne cinq ans plus tôt.
On estime qu’il reste entre 200 et 250 corps sur l’Everest, gelés le long des voies d’escalade, ou enterrés dans les champs de neige et les glaciers. Généralement, les personnes mortes sur les glaciers restent emprisonnées dans la glace pendant des décennies voire des siècles. Les corps progressent avec la glace, depuis le site de l’accident jusqu’à la zone d’ablation du glacier, où la perte de glace dépasse la masse de glace accumulée.
Selon des sources chinoises et népalaises, la découverte de nombreux cadavres au cours des dernières années montre à quel point la hausse des températures fait fondre la couverture de neige et de glace sur l’Everest. Comme je l’expliquais dans une note précédente, le plus haut glacier de la montagne, le glacier du Col Sud (South Col Glacier) a perdu plus de 54 mètres d’épaisseur au cours des 25 dernières années.
Des victimes tuées par des avalanches ou tombées dans une crevasse glaciaire ressurgissent aujourd’hui avec la fonte des glaces. De nombreux corps ont également été retrouvés près du camp IV, le camp le plus élevé situé à plus de 7 900 mètres d’altitude. Dix corps y ont été retrouvés au cours des quatre dernières années.
La hausse de la température sur la chaîne himalayenne est supérieure à la moyenne mondiale. Lorsque la couverture neigeuse rétrécit, elle n’est plus en mesure de réfléchir la lumière du soleil. Le paysage rocheux et aride absorbe alors davantage de rayonnement solaire, ce qui réchauffe l’environnement. Avec la hausse des températures qui ajoute de l’énergie à l’atmosphère, la météo sur l’Everest devient plus imprévisible. Cela raccourcit la saison d’escalade et augmente le risque de tempêtes soudaines dans la région. Les températures plus élevées peuvent faire couler l’eau de fonte sous les glaciers,ce qui favorise le déclenchement d’avalanches et déstabilise les parois rocheuses, provoquant des chutes de pierres.
Le réchauffement climatique augmente également le risque pour les alpinistes qui se trouvent sous la zone de la mort. En juin 2022, le ministère du Tourisme népalais a annoncé son intention de déplacer le camp de base de l’Everest, car la fonte rapide du glacier de Khumbu augmentait le risque de chutes de pierres et de crues glaciaires soudaines sur le site. Cependant, ce plan a finalement été abandonné en raison du refus des sherpas qui ont fait valoir que cela ajouterait jusqu’à trois heures au trajet jusqu’au sommet et le rendrait encore plus traître. Une étude réalisée en 2018 par des chercheurs de l’Université de Leeds a montré que la glace du glacier près du camp de base fondait à raison de 1 mètre par an. L’eau de fonte glaciaire alimentait une série de lacs glaciaires. Ces lacs,retenus par des barrages de moraines instables, peuvent libérer leur eau lors de crues soudaines, avec des coulées de débris dévastatrices menaçant les vallées en aval.
Avec la fonte des glaciers himalayens, les sherpas doivent souvent trouver de nouvelles voies plus sures pour gravir la montagne. Les itinéraires sont entretenus par un groupe de sherpas, les « icefall doctors », qui constatent que leurs cordes ne sont plus maintenues sur les parois à cause de la fonte des glaces et doivent être repositionnées tous les quelques jours.
Source : Forbes.
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70 years ago, on May 29th , 1953, New Zealander Edmund Hillary and his Sherpa guide Tenzing Norgay managed to reach the summit of Mount Everest.
Since that time, thousands of climbers have reached the peak, with this year marking a new record for mountaineers expected on Mount Everest and also the number of deadly incidents.
Of the almost 300 people that have lost their lives in the attempt or reaching the summit, the majority of them have died in or around the Death Zone, the region above 7,900 meters. Here climbers are killed by avalanches or rockfall, by injuries sustained from a fall, from exposure to the elements, from exhaustion or from acute mountain sickness.
When a person dies on Mount Everest, the corpse is mummified by the strong wind and low temperatures and quickly gets frozen into place. Rescuers need to hack the body out of the ice. The frozen body may also have doubled in weight due to the ice. It can take a team of eight people to handle just one body. The recovery of a body is also very dangerous. In 1984, a Sherpa and a Nepalese police inspector were killed when they tried to retrieve the body of a German mountaineer who died on the mountain five years earlier.
An estimated 200 to 250 bodies still remain on Mount Everest, either frozen solid along the climbing routes or buried in the snowfields and glaciers. Generally, fatal casualties on glaciers remain immersed in the ice for decades or even centuries. They are moved together with the ice from the site of the accident to the ablation area, where the loss surpasses the accumulated ice mass.
According to Chinese and Nepalese sources, the discovery of many corpses in the last years shows how rising temperatures are melting the snow and ice cover of the mountain. As I explained in a previous post, the highest glacier on the mountain, the South Col glacier, has lost more than 54 meters of thickness in the past 25 years.
Victims killed by avalanches or lost in a glacier crevasse are now reemerging from the thinning ice. Many bodies were also recovered near Camp IV, the highest camp located at an elevation of over 7,900 meters. Ten bodies were recovered here in the last four years.
The rising temperature of the Himalayan area is more than the global average. When the reflecting snow cover shrinks, the barren rocky landscape adsorbs more solar radiation and heat up the environment. With rising temperatures adding energy to the atmosphere, the weather is becoming more unpredictable, shortening the climbing season and increasing the risk of sudden storms in the area. Higher temperatures can cause meltwater to flow beneath the glaciers, triggering avalanches, and destabilize rocky cliffs, triggering rockfalls.
Climate change is also increasing the risk for climbers beneath the Death Zone. In June 2022, Nepal’s tourism ministry announced plans to move the Everest base camp as the rapidly thinning Khumbu Glacier increased the risk of rockfall and flash-floods at the site. However, that plan was ultimately abandoned due to pushback from sherpas, who argued that it would add up to three hours to the journey to the summit and make it even more treacherous. A 2018 study by researchers from Leeds University showed that the ice of the glacier close to the base camp was melting at a rate of 1 meter per year, with the glacial meltwater feeding a series of glacial lakes. Such lakes, dammed up by unstable dams of ice and loose rocks, can release their water in sudden outburst floods triggering deadly debris flows in the valley beneath them.
With the melting of the Himalayan glaciers, the sherpas often have to find new, safer paths up the mountain. Routes are forged and maintained by a group of sherpas called « icefall doctors », who find that their ropes are now falling out of the melting ice and need to be replaced every few days.
Source : Forbes.
Crédit photo : Wikipedia