Le gouvernement tanzanien approuve le téléphérique sur le Kilimandjaro // Tanzanian government approves cable car on Kilimandjaro

Dans une note publiée le 25 février 2020, j’indiquais que pour attirer davantage de touristes sur le Kilimandjaro, les autorités tanzaniennes avaient lancé une étude pour installer un téléphérique sur le volcan :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2020/02/25/un-telepherique-sur-le-kilimandjaro-tanzanie-a-cable-car-on-kilimanjaro-tanzania/

Ce qui ressemblait alors à une idée farfelue est en train de devenir un projet très sérieux. En effet, le gouvernement tanzanien vient d’approuver officiellement l’installation d’un téléphérique sur le toit de l’Afrique (5891m.) et a donné à la Tanzania National Parks Authority (TANAPA) le feu vert pour investir dans l’installation du téléphérique. La TANAPA attend maintenant les instructions du Ministère des Ressources Naturelles et du Tourisme avant de lancer les appels d’offres.

Dans ma note du mois de février, j’expliquais que le téléphérique s’arrêterait sur le plateau de Shira, non loin de la barre de 3800 mètres. Il partirait probablement là où la route se termine, à environ 1800 mètres d’altitude. De fait, pour les randonneurs souhaitant raccourcir leur parcours, l’équivalent de 3 jours de marche pourrait être réalisé en quelques minutes. Pour autant, ces trois jours permettent aujourd’hui une acclimatation plus douce à l’altitude, optimisant les chances de succès au-dessus de 5000 mètres. Si cette partie de l’ascension disparaît, le taux de réussite au sommet va de facto se réduire et le nombre d’accidents liés à la haute altitude va augmenter considérablement. Quelque 50 000 randonneurs en provenance du monde entier tentent d’atteindre le sommet du Kilimandjaro chaque année.

Source: Agence de presse Xinhua (Chine Nouvelle)

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In a post released on February 25th, 2020, I indicated that in order to massively increase the number of tourists on Kilimanjaro, the Tanzanian authorities had launched a study to install a cable car on the volcano:

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2020/02/25/un-telepherique-sur-le-kilimandjaro-tanzanie-a-cable-car-on-kilimanjaro-tanzania/

What rather looked like a joke at the beginning is now becoming something serious. Indeed, the government of Tanzania has just officially approved the installation of a cable car on Africa’s highest summit (5891 m.) and has given the Tanzania National Parks Authority (TANAPA) the green light to invest in the installation of the cable car. TANAPA is now waiting for instructions from the Ministry of Natural Resources and Tourism before looking for investors of the project.

In my February post, I explained that the cable car would stop on the Shira plateau, not far from the 3800-metre bar. It would probably start where the road ends, around 1800 metres above sea level. In fact, for hikers wishing to shorten their route, the equivalent of 3 days of trekking could be achieved in a few minutes. However, these three days allow today a gentler acclimatization to the altitude, optimizing the chances of success above 5000 metres. If this part of the ascent disappears, the success rate at the summit will de facto decrease and the number of accidents related to high altitude will increase significantly.

About 50,000 trekkers from across the world attempt to reach the summit of Kilimandjaro annually.

Source : Xinhua news agency..

Le sommet du Kilimandjaro vu depuis l’espace (Source: NASA)

Un téléphérique sur le Kilimandjaro (Tanzanie) ? // A cable car on Kilimanjaro (Tanzania)?

Que ne ferait-on pas pour attirer les touristes ?  Le Ministère du Tourisme de Tanzanie a dévoilé un nouveau projet sur les pentes du Kilimandjaro qui domine l’Afrique de l’Est de  ses  5891 mètres. Le « Kili » est un volcan endormi depuis environ 5000 ans mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas éteint. En effet, l’édifice est parfois secoué par des petits ou moyens séismes. De plus, il émet parfois des fumerolles. En 2003 des volcanologues ont estimé que du magma se trouvait encore à 400 mètres de profondeur sous le sommet.

Le Kilimandjaro attire chaque année quelque 50 000 randonneurs. Beaucoup sont attirés par la calotte glaciaire sommitale  – Les neiges du Kilimandjaro, de la chanson de Pascal Danel en France –  qui est en train de se réduire comme peau de chagrin. Entre 1912 et 2013, elle a perdu 85 % de son volume. Selon les scientifiques, elle devrait disparaître totalement d’ici 2030 à 2050 (voir ma note du 22 décembre 2013). Ce phénomène est  attribué au réchauffement climatique, mais aussi à la déforestation dans cette partie de l’Afrique.

Aujourd’hui, les autorités tanzaniennes veulent accroître massivement le nombre de touristes sur le Kilimandjaro. Une étude a été lancée en vue d’installer un téléphérique sur le volcan!! Les porteurs – les Chagga – qui par milliers gagnent leur vie sur les expéditions d’alpinistes voient forcément ce projet d’un mauvais œil. Ils craignent que la mise en service d’un téléphérique sonne le glas de leur activité. Les membres de la Mount Kilimanjaro Porters Society (MKPS) s’opposent fermement à une telle initiative. « La majorité des touristes grimperont le Kilimandjaro à la journée, en utilisant ce nouveau produit pour économiser sur leurs dépenses et la durée de leur séjour » explique son représentant.

Chaque groupe de randonneurs est actuellement accompagné d’au moins un guide et trois à quatre porteurs par marcheur. La Banque Mondiale estime, dans un rapport de 2013, que 10 000 porteurs, 500 cuisiniers et 400 guides vivent de cette activité (20 000 sur le «Kili» et le Mont Méru, selon l’organisation des porteurs de Tanzanie). Le salaire de ces hommes, pourboire compris oscille entre 54 et 210 euros par mois, ce qui n’est pas si mal pour la Tanzanie où le salaire national moyen est d’environ 45 euros. On imagine facilement la perte sèche qu’occasionnerait l’installation d’un téléphérique !

Avec un sommet culminant à près de 6.000 mètres d’altitude, il est techniquement impossible d’équiper la montagne jusqu’à son point le plus haut. De plus, une telle initiative présenterait de gros risques pour la santé des randonneurs. Un visiteur qui monterait dans une cabine de téléphérique à 1500 mètres d’altitude et sortirait quelques minutes plus tard à près de 6000 mètres subirait les sévères effets de la variation d’altitude. Le mal des montagnes (Acute Mountain Sickness) peut être fatal. Pour y remédier, des paliers d’acclimatation sont obligatoires.

Le projet semble plutôt se diriger vers une remontée mécanique qui s’arrêterait sur le plateau de Shira, pas loin de la barre des 3800 mètres d’altitude. Il partirait vraisemblablement là où s’arrête la route, aux alentours de 1800 mètres d’altitude. De fait, pour les randonneurs désireux de raccourcir leur parcours, l’équivalent de 3 journées de trek pourrait être réalisé en quelques minutes. Pour autant, ces trois jours permettent aujourd’hui une acclimatation plus douce à l’altitude, optimisant les chances de réussite sur la partie à plus de 5000 mètres. Si cette partie de l’ascension disparaît, le taux de réussite au sommet va de facto se réduire significativement et le nombre d’accidents liés à la haute altitude va augmenter de façon sensible.

Les détracteurs du projet redoutent par ailleurs son impact écologique. Les câbles du téléphérique couperaient un couloir de migration des oiseaux. Les arguments environnementaux risquent de peser dans l’étude d’impact, car le parc se veut un modèle de protection de la nature. Par exemple, le moindre abandon de détritus est sanctionné.

Ce projet de téléphérique sur le Kili n’est pas nouveau. Il a émergé dans les années 1960, à une époque où la Tanzanie n’avait pas les moyens d’investir dans une telle installation. Avec le boom du tourisme de ces dernières années, le pays se porte mieux. Les randonnées sur le Kilimandjaro rapportent officiellement à la Tanzanie 45,3 millions d’euros par an, dont 12,6 millions vont aux habitants. Les plages du pays ainsi que ses parcs à safari attirent également un nombre croissant de visiteurs et les devises entrent en abondance. Le Ministère du Tourisme réfléchit donc à toute une série de projets susceptibles d’accroître encore cette manne providentielle. Aujourd’hui, des études préliminaires sont en cours. Plusieurs fabricants de téléphériques se sont dits intéressés.

Source : Presse internationale.

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What could not be done to attract tourists? The Tanzania Ministry of Tourism has unveiled a new project on the slopes of Kilimanjaro (5,891 m.) which dominates East Africa. The « Kili » has been a dormant volcano for around 5000 years, but, contrary to what one might think, it is not extinct. Indeed, the volcanic edifice is sometimes shaken by small or medium earthquakes. In addition, it sometimes emits fumaroles. In 2003, volcanologists estimated that magma was about 400 metres beneath the summit.
Kilimanjaro annually attracts some 50,000 hikers. Many are drawn to the summit ice cap – Les neiges du Kilimanjaro, the song by French singer Pascal Danel – which is shrinking like a daze. Between 1912 and 2013, it lost 85% of its volume. According to scientists, it should disappear completely by 2030 to 2050 (see my note of December 22nd, 2013). This phenomenon is attributed to global warming, but also to deforestation in this part of Africa.
Today, the Tanzanian authorities want to massively increase the number of tourists on Kilimanjaro. A study has been launched to install a cable car on the volcano !! Of course, the porters – the Chagga – who by the thousands earn their living on mountaineering expeditions see this project with a bad eye. They fear that a cable car might mean the end of their business. Members of the Mount Kilimanjaro Porters Society (MKPS) strongly oppose such an initiative. « The majority of tourists will climb Kilimanjaro by the day, using this new product to save on expenses and the length of their stay, » said its representative.
Each group of hikers is currently accompanied by at least one guide and three to four porters per walker. The World Bank estimated, in a 2013 report, that 10,000 porters, 500 cooks and 400 guides lived from this activity (20,000 on « Kili » and Mount Meru, according to the Tanzania porters’ organization). The wages of these men, tips included, fluctuates between 54 and 210 euros per month, which is not bad for Tanzania where the national average salary is around 45 euros. One can easily imagine the dead loss that would be caused by installing a cable car!
With a peak reaching almost 6,000 meters above sea level, it is technically impossible to outfit the mountain to its highest point. In addition, such an initiative would pose serious risks to the health of hikers. A visitor who starts travelling in a cable car cabin at 1,500 meters above sea level and leaves a few minutes later at nearly 6,000 metres will experience the severe effects of the altitude. Acute Mountain Sickness can be fatal. To remedy this, acclimatization stages are compulsory.
Rather, the project seems to be heading towards a cable car that would stop on the Shira plateau, not far from the 3800-metre bar. It would probably start where the road ends, around 1800 metres above sea level. In fact, for hikers wishing to shorten their route, the equivalent of 3 days of trekking could be achieved in a few minutes. However, these three days allow today a gentler acclimatization to the altitude, optimizing the chances of success above 5000 metres. If this part of the ascent disappears, the success rate at the summit will de facto significantly decrease and the number of accidents related to high altitude will increase significantly.
Critics of the project also fear its ecological impact. The cable car would cut a bird migration corridor. Environmental arguments are likely to weigh in on the impact study, as the park aims to be a model of nature protection. For example, the slightest abandonment of litter is penalized.

This cable car project on Kilimandjaro is not new. It emerged in the 1960s, at a time when Tanzania could not afford to invest in such a facility. With the tourism boom of recent years, the country is doing better. Hikes on Kilimanjaro officially bring Tanzania 45.3 million euros a year, of which 12.6 million go to residents. The country’s beaches as well as its safari parks are also attracting an increasing number of visitors and currencies are in abundance. The Ministry of Tourism is therefore considering a whole series of projects likely to further increase this providential windfall. Today, preliminary studies are underway. Several cable car manufacturers have expressed interest.
Source: International press.

Le sommet du Kilimandjaro vu depuis l’espace (Source: NASA)

Volcans du monde // Volcanoes of the world

Voici quelques nouvelles de l’activité volcanique dans le monde.

Des panaches de vapeur continuent de monter jusqu’à 300 m au-dessus du Main Crater du Taal (Philippines). Les émissions de SO2 sont faibles, avec un maximum de 116 tonnes par jour. Selon le centre de gestion des catastrophes (DROMIC), il y a encore 17 088 personnes dans 110 centres d’évacuation, et 211 729 autres personnes ont trouvé refuge ailleurs, chez des parents ou des amis. Le niveau d’alerte reste à 3 (sur une échelle de 0 à 5).
PHIVOLCS.

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La sismicité a diminué sur le Shishaldin (Aléoutiennes / Alaska) au cours de la semaine dernière pour atteindre des niveaux à peine supérieurs à la normale. De plus, les vues satellites du volcan sur la même période montrent une baisse des températures de surface au sommet. L’activité éruptive semble avoir pris fin ou marque une pause. En raison de cette baisse d’activité, la couleur de l’alerte aérienne a été abaissée à YELLOW (Jaune) et le niveau d’alerte volcanique à AVSISORY (surveillance conseillée). .
Cependant, il est possible que l’activité éruptive reprenne sans prévenir..
Source: AVO.

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L’Instituto Geofisico du Pérou (IGP) demande instamment aux touristes de rester à l’écart des volcans Ubinas et Huaynaputina car des lahars sont observés sur ces deux volcans.
La station de l’Ubinas a enregistré le 11 février 2020 une sismicité associée à un lahar modéré sur le flanc sud-est du volcan, à environ 2 km de la ville d’Ubinas.
Un lahar a également été enregistrés sur le volcan Huaynaputina, à 30 km au sud d’Ubinas. La coulée de boue a dévalé le versant sud. Il est à noter que les flancs de ce volcan sont recouverts d’épais dépôts de cendres laissés par une forte éruption (VEI 6) en 1600. L’événement a produit près de 30 km3 de tephra qui sont remobilisés par les fortes pluies.

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Selon le site Internet The Watchers, les photos prises par le satellite Copernicus Sentinel-2 le 3 février 2020, montrent une signature thermique modérée sur l’Ol Doinyo Lengai (Tanzanie). Cela laisse supposer que des émissions de natrocarbonatite ont eu lieu il y a quelques jours. Cette information n’est pas vraiment une surprise. Des expéditions récentes sur le volcan ont révélé que la lave noire s’accumulait parfois au fond du gouffre laissé par l’éruption de 2006.
Source: The Watchers.

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Après le passage de la tempête Francisco au large de l’île de la Réunion et du front pluvio-orageux qui avait perturbé le signal de tremor, le temps est à nouveau dégagé sur le Piton de la Fournaise et l’éruption est parfaitement visible depuis la RN2 dans les secteurs de Saint Philippe et Sainte Rose où la foule devrait se presser en fin de journée. La circulation promet donc d’être difficile. Attention de ne pas garer son véhicule n’importe où, sinon gare aux contraventions ! Le tremor éruptif, sans être exceptionnel, se maintient à un niveau correct. Le front de coulée, qui progresse de façon très sporadique, se situe à 600 m au dessous du cratère Marco, autour de 1900 m d’altitude, soit environ à 6,5 km de la RN2. Etant donné que le débit éruptif est relativement faible, il y a très peu de chances pour que la lave atteigne la route. Comme indiqué précédemment, au début de l’éruption deux bras de coulée étaient actifs, mais en ce moment, seul le bras orienté vers l’Est est actif.

Source : OVPF.

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Here is some news about volcanic activity around the world:

Steam plumes are still rising as high as 300 m above Taal’s Main Crater (Philippines). SO2 emissions are low, with a maximum of 116 tonnes per day. According to the disaster managing center (DROMIC) there are still 17,088 people in 110 evacuation centres, and an additional 211,729 people are staying at other locations. The alert level remains at 3 (on a scale of 0-5).

PHIVOLCS.

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Seismicity at Shishaldin Volcano (Aleutians / Alaska) has decreased over the past week to levels slightly above background. In addition, satellite views of the volcano over the same period show a decrease in surface temperatures at the summit. Eruptive activity appears to have ended or paused. Due to this decrease in activity, the aviation colour code for Shishaldin Volcano has been lowered to YELLOW and the volcanic alert level to ADVISORY.
However, it is possible for eruptive activity to resume with little warning.

Source: AVO.

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The Instituto Geofisico of Peru (IGP) is urging tourists to stay away from Ubinas and Huaynaputina volcanoes because lahars are observed on both volcanoes.

The seismic station at Ubinas recorded seismicity associated with a moderate lahar on February 11th, 2020 down the southeast flank of the volcano, about 2 km from Ubinas town.

A lahars was also recorded at Huaynaputina volcano, 30 km south of Ubinas. The lahar travelled down the southern slope. It should be noted that the outer flanks of this volcano are heavily mantled by ash deposits left by a strong eruption (VEI 6) in 1600. It produced nearly 30 km3 of tephra that have been remobilised by the heavy rains.

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According to the Watchers website, photos taken by the Copernicus Sentinel-2 satellite on February 3, 2020, show a moderate thermal signature on Ol Doinyo Lengai (Tanzania). This suggests that emissions of natrocarbonatite took place a few days ago. This piece of information is not really a surprise. Recent expeditions to the volcano have revealed that black lava sometimes accumulates at the bottom of the gap left by the 2006 eruption.
Source: The Watchers.

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After the passage of storm Francisco off Reunion Island and the rainy-stormy front which disturbed the tremor signal, the weather is again sunny on Piton de la Fournaise and the eruption can be ssen from RN2 in the Saint Philippe and Sainte Rose areas where lots of people are expected at the end of the day. Traffic therefore promises to be difficult. Be careful not to park your vehicle anywhere, otherwise beware of tickets! The eruptive tremor, without being exceptional, is still at a correct level. The flow front, which progresses very sporadically, is located 600 m below the Marco Crater, around 1900 m above sea level, or approximately 6.5 km from RN2. Since the eruptive output is quite low, lava is unlikely to reach the road. As mentioned earlier, at the start of the eruption two lava branches were active, but at the moment, only the East flow is active.
Source: OVPF.

Piton de la Fournaise (Photos: Christian Holveck)

Ol Doinyo Lengaï, le domaine du dieu….

Dans la série « Légendes volcaniques », voici celle qui entoure l’Ol Doinyo Lengaï qui était l’objet d’une note sur ce blog il y a quelques jours.

Situé dans la vallée du Grand Rift, tout près du Lac Natron, l’Ol Doinyo Lengaï est le seul volcan actif de Tanzanie. En maa, la langue des Masaï, Ol Doinyo Lengaï signifie « Montagne de Dieu. » C’est la demeure d’Engaï, le dieu qui a créé la savane et les troupeaux qui y vivent.

Engaï avait trois fils auxquels il fit trois dons. Au premier il donna une flèche afin qu’il tire sa subsistance de la chasse. Au second il offrit une houe pour cultiver la terre. Au troisième, il confia un bâton pour mener les troupeaux.

Il y a très longtemps, les Masaï sont arrivés du nord en suivant la vallée du Grand Rift. Ils se sont installés avec leurs troupeaux dans ce qui est aujourd’hui la Tanzanie et le Kenya. Pour les avoir créés, Engaï savait que les Masaï étaient les meilleurs éleveurs du monde. Il savait qu’eux seuls seraient dignes de recevoir les plus belles vaches qu’il allait leur offrir.

Un jour, alors que les bergers nomades passaient à proximité de l’Ol Doinyo Lengaï, le dieu fit descendre sur Terre son troupeau sacré par la plus belle des pistes, un arc-en-ciel. En même temps, une fine poussière recouvrit la savane. Les Masaï tendirent sans crainte leur perche vers le volcan car ils comprirent que c’était là que se trouvait la demeure de leur Dieu. Après ce don exceptionnel, les Masaï décidèrent que toutes les vaches ne pouvaient que leur appartenir. Aussi, quand ils rencontraient d’autres peuples éleveurs, ils les considéraient comme des voleurs de bétail et ne songeaient qu’à récupérer leurs troupeaux. Il y eut des combats dont les Masaï, farouches guerriers, sortirent souvent vainqueurs. Ils éliminaient alors les hommes, épousaient les veuves, adoptaient les enfants et s’appropriaient le bétail.

Au cours de l’une de mes observations au sommet de l’Ol Doinyo Lengaï, l’un de nos porteurs masaï s’est approché de moi et m’a demandé : « Toi peur du volcan ? » Je lui ai répondu que non, mais qu’il fallait être prudent et se montrer vigilant. « Et toi ? » lui ai-je demandé à mon tour, « Tu as peur ? » « Oh non ! » m’a-t-il tout de suite répondu. « Lengaï bon pour nous Masaï. Fait bons pâturages. » Le volcan appartient en effet au domaine sacré de ce peuple. Quand une épidémie décime un troupeau ou quand la pluie tarde à venir, les Masaï escaladent ses pentes et font des offrandes à Engaï, leur dieu créateur, qui peut aussi manifester sa colère en provoquant des éruptions ou en déclenchant des sécheresses. Pour l’amadouer, ils lâchent une chèvre ou un veau dans le cratère. Le dieu viendra les chercher… s’il le désire ! Après avoir fait leurs offrandes, ils dorment au sommet du volcan et, au matin, s’ils sont recouverts de poussière blanche, ils savent que leurs prières seront exaucées.

Symbole de fécondité, Engaï accueille les femmes stériles qui prient le dieu de bien vouloir leur accorder l’enfant tant attendu. Une légende raconte que quiconque rencontre Engaï se retrouve couvert d’une fine poussière, blanche comme de la farine. Lors de mon retour à Engare Sero, j’ai déposé mon sac à dos et secoué mes vêtements. J’ai alors eu l’impression de voir une légère poussière blanche être emportée par la chaude brise du soir dans la direction du Lac Natron. Je me plais à rêver que…peut-être…là-haut, pendant que le regardais bouillonner la lave…

Sources : Vulcania, Mémoires Volcaniques, Terres de Feu.

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L’Ol Doinyo Lengaï domine la savane de ses 2962 mètres…

Il est la « Montagne de Dieu » des Masaï, reconnaissables à leurs grandes tuniques rouges….

Les Masaï sont des guides et porteurs précieux…

La montée au sommet du volcan est raide…

Elle offre de superbes vues sur la vallée du Grand Rift…

Engaï aurait-il déposé sa blanche poussière sur les sublimés fumerolliens?

Photos: C. Grandpey