Yukon Quest (Canada) : le réchauffement climatique a raccourci la course ! // Yukon Quest (Canada): global warming shortened the race !

Les mushers de la Yukon Quest n’ont pas célébré leur arrivée à Dawson City cette année. La distance de la course de chiens de traineaux a été réduite de 720 à 400 km, avec le terminus à Pelly Crossing. Le redoux a eu raison du fleuve Yukon qui n’était pas suffisamment gelé pour autoriser le passage des compétiteurs. Les organisateurs de la course ont annulé la majeure partie de la seconde moitié du trajet. La modification du parcours ne donnait plus suffisamment de temps pour mettre en place les arrêts indispensables à la suite de la course.
La décision d’écourter la Yukon Quest cette année a déçu de nombreuses personnes, tant au niveau des organisateurs que des mushers, mais elle n’était pas totalement inattendue. Les attelages avaient été informés de cette possibilité lors de la réunion avant le début de la course.

La hausse des températures affecte actuellement l’ensemble de la planète. Dans l’hémisphère nord, le manque de neige se fait cruellement sentir dans les stations de ski qui tardent, pour beaucoup, à diversifier leurs activités. La seule blancheur dans le paysage est celle des quelques pistes rendues praticables par les enneigeurs. Cette solution trouvera rapidement ses limites avec la hausse des températures. Le déni du réchauffement climatique reste bien présent dans les Alpes.

En Catalogne, la pluie brille par son absence. Des restrictions d’eau ont été imposées à la population. La situation risque d’être très compliquée cet été s ‘il ne pleut pas en abondance d’ici là. La sécheresse persistante a entraîné une réduction drastique du niveau des réservoirs, tombés à 16 % de leur capacité. Ce seuil critique a déclenché l’activation de mesures restrictives en matière de consommation d’eau. Ces restrictions incluent la limitation de la consommation quotidienne à 180 litres par habitant en phase 2, et à 160 litres en phase 3, avec la fermeture des piscines et des douches dans les centres sportifs si les réserves tombent à 5%. La pression de l’eau du robinet a été réduite dans la région, notamment à Barcelone. Cette mesure vise à diminuer la consommation d’eau d’environ 7%.

Dans l’hémisphère sud, la température dépasse parfois les 40°C, en particulier dans le centre du Chili où de gigantesques incendies ont causé la mort d’au moins 122 personnes. Des quartiers d’habitations entiers ont été dévastés, des voitures calcinées et près de 26 000 hectares ont été réduits en cendre.

Photo: C. Grandpey

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Yukon Quest mushers did not celebrate their arrival in Dawson City this year. The distance of the sled dog race has been reduced from 720 to 400 km, with the terminus at Pelly Crossing. The warm weather got the better of the Yukon River, which was not sufficiently frozen to allow the passage of competitors. Race organizers canceled most of the second half of the route. The modification of the route no longer gave enough time to set up the essential dog stops in the second part of the race.
The decision to shorten the Yukon Quest this year disappointed many people, both organizers and mushers, but it was not entirely unexpected. The teams had been informed of this possibility during the meeting before the start of the race.

Rising temperatures are currently affecting the entire planet. In the northern hemisphere, the lack of snow is cruelly felt in ski resorts, many of which are slow to diversify their activities. The only whiteness in the landscape is that of the few ski runs made passable by snowmakers. This solution will quickly find its limits with rising temperatures. Denial of global warming remains very present in the Alps.
In Catalonia;they have not seen rain for a long time. Water restrictions have been imposed on the population. The situation is likely to be very complicated this summer if it does not rain abundantly by then. The persistent drought has led to a drastic reduction in reservoir levels, falling to 16% of their capacity. This critical threshold triggered the activation of restrictive measures regarding water consumption. These restrictions include limiting daily consumption to 180 liters per capita in phase 2, and to 160 liters in phase 3, with the closure of swimming pools and showers in sports centers if reserves fall to 5%. Tap water pressure has been reduced in the region, notably in Barcelona. This measure aims to reduce water consumption by around 7%.
In the southern hemisphere, temperatures sometimes exceed 40°C, particularly in central Chile where huge wildfires have caused the death of at least 122 people. Entire residential areas were devastated, cars burned and nearly 26,000 hectares were reduced to ashes.

Les Jeux d’hiver de 2030 en France : une bonne idée ?

On vient de nous l’annoncer avec tambours et trompettes : la France – seule en lice – devrait organiser les Jeux Olympiques d’hiver en 2030. A l’heure où la COP 28 de Dubaï est censée apporter des solutions au réchauffement climatique, la volonté d’organiser des compétitions de ski dans un tel contexte semble assez surprenante. Il est vrai – j’ai pu le constater à plusieurs reprises – que le déni du réchauffement climatique est bien implanté dans les Alpes françaises.

Selon leurs défenseurs, les Jeux d’hiver de 2030 seront « sobres et responsables. » Il ne faudrait toutefois pas oublier le fiasco environnemental des JO d’hiver de Pékin 2022, organisés dans une zone semi-aride sur de la neige 100% artificielle.

Le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) est persuadé que les pistes seront « très majoritairement » recouvertes de neige naturelle, et que le recours aux canons à neige sera limité. Au vu de l’accélération de la hausse des températures et du recul de l’enneigement dans les Alpes, je ne serais pas aussi affirmatif !

Si le patinage artistique, le hockey sur glace et tous les autres sports d’intérieur ne souffrent pas vraiment de la hausse des températures, les épreuves disputées en plein air – ski alpin, ski de fond, biathlon, snowboard – sont dépendantes de la météo, de l’enneigement et donc du climat. C’est loin d’être gagné dans sept ans !

Selon une étude publiée en 2022, seuls quatre des 21 sites – tels que Chamonix et Grenoble – où ont eu lieu les Jeux d’hiver depuis 1924 serraient en mesure de pouvoir accueillir un tel événement en 2050, si les émissions de gaz à effet de serre continuent de suivre la trajectoire actuelle. A l’horizon de la fin du siècle, Sapporo (Japon) serait la seule ancienne ville organisatrice susceptible d’accueillir les Jeux d’hiver sans encombre.

Il est trop tôt aujourd’hui pour affirmer que les Jeux olympiques d’hiver sont condamnés. Il reste des sites hôtes fiables sur le plan climatique en Amérique du Nord, en Europe et en Asie pour quelques décennies. Certains font remarquer que la situation peut se compliquer pour les Jeux paralympiques, qui se déroulent traditionnellement en mars, après la quinzaine olympique. Il faudrait peut-être songer à les avancer en février, voire les organiser simultanément dans une autre ville ou un autre pays.

Source : France Info.

Un recours aux canons à neige limité? A voir! (Photo: C. Grandpey)

A Bessans (Savoie) et au Grand Bornand (Haute Savoie), stations pressenties pour accueillir les épreuves de biathlon, on stocke la neige sous une épaisse couche de sciure pour la préserver d’un hiver sur l’autre (Photo : C. Grandpey)

L’Everest compte ses morts // Mt Everest counts its dead

Ces dernières années, de plus en plus de personnes ont tenté de gravir les 8848 mètres de l’Everest et certaines ont laissé la vie sur la montagne. En moyenne, six personnes meurent chaque année au cours de l’ascension du plus haut sommet du monde. L’année 2015 a été la plus meurtrière de l’histoire récente de la montagne, avec une avalanche qui a tué 19 alpinistes.
2023 s’est rapprochée de ce record avec au moins 12 décès et cinq disparus, présumés morts. C’est aussi l’année qui a connu la plus forte fréquentation. Le Népal a délivré 463 permis, un record.
Si on inclut les sherpas qui accompagnent les alpinistes, environ 900 personnes ont tenté de gravir le sommet de l’Everest par le sud au cours de la saison d’escalade 2023 qui ne dure qu’environ huit semaines, entre avril et mai. En avril, trois sherpas népalais sont morts alors qu’ils tentaient d’installer une corde à proximité du sommet pour aider d’autres alpinistes. En mai, un Américain est mort alors qu’il tentait d’atteindre le sommet.
Lorsque des personnes meurent sur l’Everest, il peut être difficile de retirer leurs corps de la neige et de la glace. Le rapatriement coûte des dizaines de milliers de dollars (dans certains cas, 70 000 dollars) et peut également coûter la vie aux sauveteurs. Deux alpinistes népalais sont morts en tentant de récupérer un corps sur l’Everest en 1984.
De nos jours, les alpinistes dépensent entre 50 000 et plus de 130 000 dollars pour essayer d’atteindre le sommet de l’Everest. Il est difficile de savoir avec certitude, au total, combien de personnes sont réellement mortes au cours de l’ascension et de la descente de la montagne. Les dernières estimations font état d’un total de 322 décès au terme de la saison 2023 particulièrement meurtrière. Une enquête de la BBC menée en 2015 concluait « qu’il y avait certainement plus de 200 » cadavres sur les pentes de l’Everest.
Certains alpinistes attribuent l’augmentation du nombre de décès au cours des dernières décennies à la trop grande fréquentation de la montagne qui devrait être davantage contrôlée.
En mai, les conditions d’ascension de l’Everest ne durent parfois que quelques jours. Ces brèves fenêtres d’escalade peuvent créer des files d’alpinistes qui serpentent vers le sommet de la montagne. [NDLR : cela me rappelle les files de chercheurs d’or partis à l’assaut du Chilkoot Pass dans le Klondike. Voir images ci-dessous]
Les alpinistes sont parfois si impatients d’atteindre le sommet qu’ils développent ce qu’on appelle la « fièvre du sommet », et risquent leur vie juste pour y arriver. D’autres alpinistes se plaignent des « embouteillages humains » dans la « zone de la mort » qui se situe au-dessus de 8 000 mètres, où l’air est dangereusement raréfié et où la plupart des gens utilisent des masques à oxygène. Même avec des masques, cette zone est un endroit où certains randonneurs peuvent commencer à délirer ; ils retirent des vêtements indispensables et se mettent à parler à des compagnons imaginaires, malgré les conditions glaciales. Sortir les corps de la zone de la mort est une tâche extrêmement difficile et dangereuse. Un cadavre qui pèse normalement 80 kg peut peser 150 kg avec sa carapace de glace. Beaucoup de sherpas népalais considèrent qu’il est irrespectueux envers leurs dieux de laisser des cadavres joncher leur montagne sacrée. En 2019, au moins quatre corps ont été descendus de la montagne par des sherpas venus retirer les détritus laissés par les alpinistes. .
Cette histoire a été initialement publiée sur Business Insider en mai 2019. Elle a été mise à jour.

Il faut souvent faire la queue pour atteindre le toit du monde (Crédit photo : Lakpa Sherpa)

Chercheurs d’or escaladant le col Chilkoot pendant la ruée vers l’or du Klondike (Source : Wikipedia)

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In recent years, more and more people have tried to climb Mount Everest ansd some of them have lost their lives on the mountain. On average, six people die climbing the world’s tallest peak each year. The year 2015 was the mountain’s deadliest in recent history, when an avalanche killed 19.

Climbing season in 2023 came close to that record with at least 12 deaths and five more climbers missing and presumed dead. It was also the most crowded year on the mountain yet. Nepal issued a record 463 permits.

Including sherpas that accompany climbers, about 900 people tried to summit Mt Everest from the South side during the main 2023 climbing season, which only lasts about eight weeks, between April and May. In April, three Nepalese sherpas died while trying to set the summit rope up for other climbers. In May, an American man died on his way to the summit.

When people die on Everest, it can be difficult to remove their bodies. Final repatriation costs tens of thousands of dollars (in some cases, around $70,000) and can also come at a fatal price itself: Two Nepalese climbers died trying to recover a body from Everest in 1984.

These days, climbers spend anywhere from $50,000 to well over $130,000 to complete the Everest summit. It is difficult to know for sure exactly how many people have actually died trying to get up and down, and where all those bodies have ended up. Recent fatality estimates are as high as 322 after an especially deadly 2023 season. A BBC investigation in 2015 concluded « there are certainly more than 200 » corpses lying on Everest’s slopes.

Some hikers are blaming the surges in deaths in recent decades, in part, on preventable overcrowding.

In May, Everest climbing conditions sometimes only last a few days. These brief climbing windows can create conveyor-belt style lines that snake toward the top of the mountain.

Climbers can be so eager to reach the summit that they develop what’s called « Summit Fever, » risking their lives just to make it happen. Other Everest climbers complain about risky human traffic jams in the mountain’s « death zone, » the area of the hike that reaches above 8,000 meters, where air is dangerously thin and most people use oxygen masks. Even with masks, this zone is a spot where some deliriously loopy trekkers may start removing desperately-needed clothes, and talking to imaginary companions, despite the freezing conditions. Getting bodies out of the death zone is a hazardous chore. A dead body that normally weighs 80 kg might weigh 150kg when frozen and dug out with the surrounding ice attached.

Nepalese Sherpas generally consider it inappropriate and disrespectful to their mountain gods to leave dead bodies littering their holy mountain. In 2019, at least four bodies were taken down from the mountain by Nepalese trash collectors.

This story was originally published on Business Insider in May 2019. It has been updated.

Nouveau saccage d’un glacier // New destruction of a glacier

Dans deux notes publiées les 22 et 24 septembre 2019, j’expliquais qu’un glacier autrichien avait subi l’assaut de pelleteuses sur plusieurs dizaines d’hectares pour permettre la connexion des domaines skiables du Pitztal et de l’Ötztal. J’ai insisté sur le fait que c’était une initiative regrettable quand on connaît l’importance des glaciers pour la régulation thermique et climatique, à l’heure où les scientifiques lancent des alertes constantes sur le réchauffement climatique.
Un nouvel assaut à l’aide de pelleteuses a eu lieu, sur un glacier suisse cette fois. Le journal suisse 20 Minuten a publié des images des engins sur le glacier Theodul. Le but est de préparer les pistes de la prochaine Coupe du monde de ski organisée par la Fédération internationale de ski et de snowboard (FIS). L’événement aura lieu les 11 et 12 novembre 2023.
Les deux tiers du parcours des épreuves se déroulent sur le glacier et si certaines parties sont autorisées, d’autres se trouvent sur des zones protégées. Les pelleteuses ont été utilisées pour extraire l’équivalent de cinq terrains de football de neige et de glace afin de créer des pistes utilisables et colmater les crevasses sur le glacier.
Le glacier se situe au-dessus du Matterhorn Ski Paradise, une station de ski transfrontalière entre Zermatt en Suisse, et Cervino, en Italie. Il a déjà vu sa masse diminuer de 10 % au cours des deux dernières années en raison du réchauffement climatique.
Selon les images fournies par un drone et les calculs GPS, le départ de la course féminine aura lieu en dehors de la zone normalement réservée aux sports d’hiver et le parcours masculin traversera également de vastes zones protégées, donc interdites.
Les écologistes ont critiqué les organisateurs pour avoir saccagé le glacier avec les pelleteuses. En 2022, la même compétition avait été annulée faute de neige. Une pétition a été lancée, appelant la fédération de ski à donner l’exemple en matière de climat. Il lui est demandé d ‘« adapter le calendrier des compétitions afin de réduire l’impact des déplacements et ne pas aggraver le changement climatique ».
Alexis Pinturault, le skieur français triple champion du monde, s’est dit consterné et a déclaré : «Notre sport est l’un des plus touchés par le réchauffement climatique et, au lieu de changer notre système, de nous adapter, nous faisons le contraire. Cette compétition, à ce moment de l’année, n’a pas de sens. Cela choque tout le monde. » Ce n’est pas la première fois que Pinturault proteste contre la politique menée par la Fédération de ski.
D’autres associations ont accusé les organisateurs de l’événement de faire passer l’argent avant l’environnement. En réponse, les organisateurs ont insisté sur le fait que l’intégralité de la piste de la compétition se trouvait dans la zone de ski autorisée du côté suisse.
Face à l’accumulation de protestations, les autorités du canton du Valais ont ordonné l’arrêt du chantier à l’aide des pelleteuses sur le glacier. Les scientifiques prédisent que plus de la moitié du glacier Theodul aura disparu d’ici 2080 avec la poursuite du réchauffement climatique.
Source  : The Telegraph, Yahoo Actualités.

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In two posts published on September 22nd and 24th, 2019, I explained that an Austrian glacier had been attacked over several tens of hectares by excavators to allow the connection of the Pitztal and Ötztal ski areas. I insisted this was a shame when we know the importance of glaciers for thermal and climatic regulation, at a time when scientists send constant warnings about global warming.

The destruction has started again, on a Swiss glacier this time. The Swiss newspaper 20 Minuten released images of diggers on the Theodul Glacier allegedly being used to prepare runs for the upcoming International Ski and Snowboard Federation (FIS) Alpine World Cup meet, set to take place on November 11th-12th, 2023.

Two-thirds of the race course for the event is on the glacier and while some parts are authorised, other sections run over protected areas. The excavators have been used to scrape out the equivalent of five football pitches worth of snow and ice from out-of-bounds zones both to create the off-limit runs and plug bald patches and crevasses elsewhere.

The glacier lies high above the Matterhorn Ski Paradise – a cross-border ski resort between Zermatt, Switzerland, and Cervino, Italy, and has already seen its mass shrink by 10 per cent in the last two years due to global warming.

According to drone footage and GPS calculations, the start of the women’s race is to be positioned outside of the area designated for winter sports and the men’s course will also traverse large areas of ground deemed off-limits.

Environmental groups have slammed organisers for the alleged digging on the glacier. Last year, the same competition was cancelled because of a lack of snow. A petition has been launched, calling for the ski federation to become climate “leaders” and “adapt the competition calendar to reduce the impact of travel and respect the changing climate”.

Alexis Pinturault, the French triple world champion skier, expressed dismay and said: “Our sport is one of the most affected by global warming and, instead of changing our system, of adapting, we are doing the opposite.This competition, especially at this time of year, doesn’t make sense. It shocks everyone.” This is not the first time Pinturault has been protesting against the policy followed by the Ski federation.

Others accused the event’s organisers of placing money before the environment, Meanwhile, organisers insisted the entirety of the competition’s track was within the permitted ski zone on the Swiss side at least.

With controversy mounting, authorities in the Valais canton have ordered a halt to all digging on the glacier. Scientists predict that more than half of the Theodul Glacier will have disappeared by 2080 as the world continues to warm.

Source : The Telegraph, Yahoo News.

Les pelleteuses à l’oeuvre en Autriche en 2019 (Crédit photo: WWF)….

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… et en Suisse en 2023 (Source: 20 Minuten)