Kilauea (Hawaii): Dans l’attente d’une éruption // Waiting for an eruption

7 heures (heure française): Comme je l’ai écrit dans ma note précédente, l’augmentation significative de la sismicité et des déformations du sol indiquent qu’il est en train de se passer quelque chose dans le secteur du Pu’uO’o. Les mauvaises conditions météorologiques n’ont pas permis aux scientifiques du HVO de faire de bonnes observations. Cependant, lors d’un survol effectué le 1er mai 2018, ils ont pu observer qu’une nouvelle fracture d’environ 900 mètres de long s’était ouverte sur le côté ouest du Pu’uO’o. Il s’agit d’une fracture en plusieurs segments qui laissaient échapper de la vapeur lors du survol. Les photos montrent qu’une petite quantité de lave était sortie de la fracture qui n’était plus active.
Une éruption est probable à court terme le long de l’East Rift Zone (ERZ) après l’augmentation de la sismicité et de la déformation du sol. Les signaux sismiques indiquent une intrusion de magma entre la partie centrale et la partie basse de la zone, entre le Pu’uO’o et la Highway 130. Les habitants du district de Puna ont été invités à se préparer non seulement pour cet événement, mais pour toute catastrophe naturelle, avec au moins 14 jours de vivres. L’éruption dans le cratère de l’Halema’uma’u n’a apparemment pas été affectée par l’effondrement du Pu’uO’o ni par l’intrusion magmatique le long de l’East Rift Zone.

Source: HVO.

°°°°°°°°°°

9 heures (heure française): Voici quelques détails supplémentaires que vient de m’envoyer le HVO sur la situation le long de l’East Rift Zone (ERZ) du Kilauea.
Environ 250 séismes ont été détectés depuis l’effondrement du Pu’uO’o le 30 avril. Depuis cette date, la sismicité a migré vers l’est du Pu’uO’o et la partie inférieure de l’East Rift Zone.
Depuis 20 heures (heure locale) le 1er mai, le niveau de sismicité dans la partie inférieure de l’East Rift Zone, à l’est de la Highway 130, a légèrement augmenté dans deux stations sismiques. La sismicité consiste principalement en événements de faible magnitude (inférieurs à M 3) à des profondeurs inférieures à 10 km. Beaucoup de ces secousses ont été ressenties par les habitants de la région.
Un inclinomètre sur le cône du Pu’uO’o enregistre une déflation régulière depuis la soirée du 30 avril. Dans le même temps, un autre inclinomètre situé à 12 km à l’est du Pu’uO’o enregistre un ralentissement du tilt vers le sud-est, de pair avec la migration du magma dans la partie inférieure de l’East Rift Zone.
L’éruption sommitale du Kilauea n’a pas encore été affectée par les changements observés sur le Pu’uO’o. Les inclinomètres au sommet enregistrent une légère tendance déflationniste depuis le matin su 1er mai, et le niveau du lac de lave au sommet s’est abaissé de quelques mètres.
Les géologues ont observé quelques petites sorties de lave résiduelles sur la coulée 61g qui n’est probablement plus vraiment alimentée en lave par le Pu’O’o.
Source: HVO.

°°°°°°°°°°

21h00 (heure française): La sismicité reste intense dans la partie orientale de l’East Rift Zone entre la Highway 130 et Kapoho. De nombreuses secousses ont été ressenties par la population, avec des vibrations du sol presque constantes dans certains secteurs. La sismicité a tendance à migrer vers l’est.
Le HVO indique qu’une éruption est possible dans un nouvel endroit le long de l’East Rift Zone, mais ce n’est pas certain. Au vu de la sismicité actuelle, si une éruption devait se produire, ce serait probablement dans la région en aval du Pu’O’o, y compris le secteur situé à l’est de la Highway 130.
La Protection Civile et le HVO conseillent aux habitants du district de Puna de rester vigilants et de se tenir au courant de la situation sur le volcan.
Source: HVO.

—————————————–

7:00 (French time): As I put it in my previous post, marked increases in seismicity and ground deformation indicated that a change was underway at Pu’uO’o. Poor weather conditions did not allow HVO scientists to make good observations. However, new crack about 900 metres long was found on the west side of Pu’uO’o during an overflight onMay 1st, 2018. The cracking appeared to be nearly continuous en echelon structures that were heavily steaming.

A small amount of lava was apparently erupted from the crack, but it was no longer active when HVO geologists saw it during the overflight.

An eruption is expected in the short term along the East Rift Zone (ERZ) after increased seismicity and ground deformation were recorded. Seismic signals indicate an intrusion of magma from the Middle ERZ toward the Lower ERZ, extending from Pu’O’o to at least Highway 130. Puna residents have been asked to prepare themselves not just for this event, but for any natural disaster, with at least 14 days worth of supplies. The eruption in Halema’uma’u Crater has apparently not been affected by the collapse at Pu’uO’o or intrusion of magma along the volcano’s Lower East Rift Zone.

Source: HVO.

°°°°°°°°°°

9:00 (French time) : Here are some more details HVO has just sent me about the situation along Kilauea Volcano’s East Rift Zone (ERZ).

About 250 located earthquakes have occurred since the Pu’uO’o collapse event on April 30th. Since that time, earthquakes have migrated eastward from Pu’UO’o to the Lower East Rift Zone (LERZ).
Since around 8:00 a.m. (local time) on May 1st, seismicity rates in the Lower East Rift Zone east of Highway 130 have increased slightly on two seismic stations. The seismicity consists primarily of small-magnitude (less than M 3) events at depths of less than 10 km. Many of these earthquakes have been felt by residents in the area.
A tiltmeter on the Pu’uO’o cone has recorded a steady deflationary tilt since late on April 30th. Another tiltmeter located 12 km east of Pu’uO’o has recorded a slowing rate of southeastward-directed tilt of the ground along the East Rift Zone, suggesting diminished but continued deformation associated with the magma intrusion into the lower East Rift Zone.
Kilauea’s summit eruption has thus far not been affected by the change at Pu’uO’o. Tiltmeters at the summit have recorded a slight deflationary trend since early this morning, and the level of the summit lava lake lowered by a few meters (yards).
Geologists observed a few small, sluggish breakouts of the 61g lava flow, likely from lava still moving through the lava-tube system; the 61g vent was likely severed from the magma supply to Pu’O’o.
Source: HVO.

°°°°°°°°°°

21:00 (French time): Seismicity remains intense in the area of the rift zone from Highway 130 eastward towards Kapoho. Many events were felt by residents and there have been reports of nearly constant ground vibration in some areas. There is a general trend of migration of seismicity eastward.
HVO indicates that an outbreak of lava in a new location along the East Rift Zone is possible but not certain. Based on the location of current seismicity, the region downrift of Pu’O’o, including the area east of Highway 130, remains the most likely location should an outbreak occur.
Hawaii County Civil Defense and HVO advise residents of the Puna District to remain alert and watch for further information about the status of the volcano.

Source: HVO.

Vue de la nouvelle fracture et des débordements de lave (Crédit photo: HVO)

Sismicité dans le district de Puna (Source: USGS / HVO)

Les éruptions du Steamboat Geyser (Parc de Yellowstone) // The Steamboat Geyser eruptions (Yellowstone National Park)

Comme je l’ai écrit il y a quelques jours, le Steamboat Geyser dans le Parc National de Yellowstone est entré en éruption à trois reprises en deux mois – le dernier événement a eu lieu le 27 avril 2018 – et les scientifiques ne savent pas pourquoi.
Selon les données sismiques, les dernières éruptions ont été un peu moins spectaculaires que par le passé. Malgré tout, même si elles étaient de moindre intensité, elles étaient impressionnantes comparées à celles du Vieux Fidèle. Chaque éruption du Steamboat Geyser en avril a fait jaillir entre 200 et 400 mètres cubes d’eau, soit environ 10 fois plus que les éruptions du Vieux Fidèle. Le problème est que Steamboat n’a pas la régularité de son homologue dans le Parc. .
Le Steamboat Geyser se trouve dans le Norris Geyser Basin, connu pour être la zone thermale la plus chaude et la plus instable de Yellowstone. Avant le 15 mars, la dernière éruption s’était produite en septembre 2014. S’agissant de la première éruption, le personnel du parc a détecté l’activité sur les sismomètres, les thermomètres et les jauges de décharge. Quand les rangers sont arrivés sur place, ils n’ont pu qu’observer la vapeur du geyser mais pas de colonne d’eau. Selon l’USGS, cette émission de vapeur se produit souvent après une éruption et peut durer plusieurs heures.
Apparemment, personne n’a été témoin de la colonne d’eau émise par les trois éruptions. À cette période de l’année, le Norris Geyser Basin est fermé aux touristes jusqu’à ce que la neige ait fondu et que les sentiers soient remis en état après l’hiver. Sans les capteurs sismiques près du site de l’éruption, les roches et la boue qui ont été éjectées par le geyser, personne n’aurait su que le Steamboat s’était manifesté.
Les scientifiques ont raté la deuxième éruption du 19 avril de quelques minutes. Une équipe de géologues du Parc était dans le secteur, mais le geyser s’est manifesté un quart d’heure après leur départ.
L’activité de la troisième éruption a été observée par un automobiliste qui traversait la zone.
Les géologues de l’USGS expliquent que les dernières éruptions du Steamboat Geyser n’ont rien à voir avec l’activité volcanique de Yellowstone et ne sont pas le signe d’une prochaine éruption. Bien que la caldeira soit considérée comme active, ils pensent qu’il est peu probable qu’il y ait une éruption au cours du prochain millénaire. Les geysers reflètent des processus qui se produisent à des dizaines ou des centaines de mètres de profondeur tandis que le système magmatique commence à environ 5 km de profondeur.
D’un point de vue volcanique, la caldeira de Yellowstone est en phase d’affaissement depuis la fin de l’année 2015 et il n’y a eu aucun changement dans les deux derniers mois susceptible d’être lié aux récentes éruptions du Steamboat Geyser. Les scientifiques ne savent pas si la nouvelle activité est due à une perturbation intervenue dans le système hydrothermal ou si le geyser est en train d’entrer dans une période d’éruptions plus fréquentes, comme dans les années 1980, époque pendant laquelle de nombreuses éruptions étaient séparées par des semaines ou même des jours. Des éruptions multiples ont également eu lieu en 2003. Il se peut aussi que les éruptions actuelles reflètent simplement le caractère aléatoire des geysers. Il faudra peut-être attendre des années avant que le Sreamboat Geyser entre à nouveau en éruption.
Les scientifiques espèrent qu’il y aura d’autres éruptions pour qu’ils puissent essayer de les détecter. Ils vont installer des sismomètres près du Steamboat Geyser. Ainsi, s’il se manifeste à nouveau, ils pourront enregistrer les signes annonciateurs. Avec un sismomètre près du geyser proprement dit, ils espèrent pouvoir capter des signaux impossibles à enregistrer dans une station plus éloignée. Les données sismiques pourront peut-être permettre aux géologues de prévoir les éruptions du geyser, mais elles donneront aussi des indications précieuses sur ce qui se passe sous la surface de la Terre avant une éruption.
Sources : National Park Service, USGS, Yellowstone Volcano Observatory.

—————————————-

As I put it a few days ago, Yellowstone National Park’s Steamboat Geyser has erupted three times in two months the last one was on April 27th – and scientists do not know why.

According to seismicity data, the recent eruptions have been a little bit smaller than in the past. Even if they are smaller, they are still impressive, even compared with those of Old Faithful. Indeed, the April Steamboat eruptions discharged about 200 to 400 cubic metres of water each, about 10 times the amount of water released by an Old Faithful eruption. The problem is that Steamboat lacks the faithfulness of its colleague in the Park. .

The Steamboat Geyser is located in the Norris Geyser Basin, known to be the hottest and most changeable thermal area in Yellowstone. Before March 15th, the last time this geyser spewed was in September 2014. The day of the first eruption, park staff detected activity on nearby seismometers, thermal and water discharge gauges. The rangers arrived in time to observe steam from the geyser but no water column. According to USGS, this is a usual occurrence after a vigorous water eruption with the steam phase lasting several hours.

Not one person is known to have witnessed the initial water column from these three eruptions. This time of year, the Norris Geyser Basin is closed to tourists until the snow melts and winter damage to trails can be repaired. If it wasn’t for sensors near the eruption site, and the rocks and mud that were ejected by the geyser, nobody would have realised an eruption took place..

Scientists missed the second eruption by only minutes. A team of Yellowstone National Park geologists was in the area for the April 19th eruption, but the geyser became active only 15 minutes after they had left the site.

The activity of the third eruption was observed from a driver passing through the area.

USGS geologists say that the Steamboat Geuser’s latest eruption have nothing to do with volcanic activity ay Yellowstone and are not a sign that an eruption is going to occur in the short term. Although the caldera is considered active, scientists believe that it is unlikely to erupt in the next thousand years. Geysers are reflecting processes that are occurring in the shallowest part of the system – tens to perhaps a few hundreds of metres deep – whereas the magmatic system starts about 5 km down.

From a volcanic point of view, the Yellowstone caldera has been subsiding since late 2015 and there has not been any change in that behaviour in the last couple of months that could be related to the recent Steamboat activity. Scientists aren’t sure whether the new activity is due to a new thermal disturbance or whether the geyser is merely entering a period of more frequent eruptions, as in the 1980s, when numerous eruptions from the geyser were separated by weeks or even days. Multiple eruptions also occurred in 2003. Or, it could be that the current eruptions simply reflect the randomness of geysers. It could be years until the Sreamboat erupts again.

Scientists hope that there will be more eruptions so that they can figure out how to detect them before they start. They are going to place seismometers near Steamboat Geyser. If it erupts again, they should be able to record any precusory activity. With a seismometer near the geyser itself, they hope to pick up on signals they can’t record in a station farther away. The seismic date can possibly give geologists a way to predict when the geyser will erupt but can also give them insights into what is happening in the subsurface plumbing system before an eruption.

Sources : National Park Service, USGS, Yellowstone Volcano Observatory.

Quelques vues du Norris Geyser Basin. Attention! Ne pas quitter les sentiers de visite. Danger de mort. (Photos: C. Grandpey)