Les changements au sommet du Kilauea (Hawaii) vus depuis l’espace // The changes at the Kilauea summit (Hawaii) seen from space

Les images radar d’amplitude (SAR) ci-dessous ont été acquises par le système satellitaire Cosmo-SkyMed de l’Agence Spatiale Italienne et montrent les changements intervenus dans la caldeira du Kilauea entre le 5 mai à 6h12 (heure locale) – au-dessus – et le 17 mai à 6h12  – au-dessous.
Le satellite envoie un signal radar à la surface du sol et mesure la force de la réflexion. Les zones claires indiquent une forte réflexion et les zones sombres une faible réflexion. Les fortes réflexions proviennent de surfaces irrégulières ou de reliefs qui pointent en direction du radar, alors que les réflexions faibles proviennent de surfaces lisses ou de pentes inclinées à l’opposé du radar.

L’image du 17 mai a été acquise après deux petites explosions de la bouche éruptive (i.e. l’Overlook Crater) au sommet du volcan. Les principaux changements par rapport à l’image du 5 mai comprennent: (1) un assombrissement de la zone au sud de l’Halema’uma’u, qui peut correspondre à l’accumulation de cendre sur la période de 12 jours entre les images; (2) un agrandissement de la bouche éruptive sur le plancher de Halema’uma’u ; sa superficie est passée d’environ 48 500 mètres carrés le 5 mai à environ 137 000 mètres carrés le 17 mai; et (3) le creusement d’une petite dépression (d’environ 60 000 mètres carrés) au niveau de la lèvre est de l’Halema’uma’u qui traduit l’affaissement d’une partie de la lèvre vers le puits d’effondrement en train de s’agrandir sur le plancher du cratère.
Source: HVO.

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The radar amplitude images below were acquired by the Italian Space Agency’s Cosmo-SkyMed satellite system and show changes to the caldera area of Kilauea Volcano that occurred between May 5th at 6:12 a.m. (local time) – above – and May 17th at 6:12 a.m. – below.

The satellite transmits a radar signal at the surface and measures the strength of the reflection, with bright areas indicating a strong reflection and dark areas a weak reflection. Strong reflections indicate rough surfaces or slopes that point back at the radar, while weak reflections come from smooth surfaces or slopes angled away from the radar.

The May 17th image was acquired after two small explosions from the summit eruptive vent. Major changes with respect to the May 5th image include: (1) a darkening of the terrain south of Halema‘uma‘u, which may reflect accumulation of ash over the 12-day period between the images; (2) enlargement of the summit eruptive vent on the floor of Halema‘uma‘u, from about 48 500 square metres on May 5th to about 137 000 square metres on May 17th; and (3) the development of a small depression (area of about 60 000 square metres) on the east rim of Halema‘uma‘u that reflects slumping of a portion of the rim towards the growing collapse pit on the crater floor.

Source: HVO.

Source: Agence Spatiale Italienne

Dernières nouvelles de l’éruption du Kilauea (Hawaii) // Latest news of the Kilauea eruption (Hawaii)

8 heures (heure française): Les scientifiques du HVO ont identifié une 21ème fracture dans les Leilani Estates, en dessous de Makamae Street. En outre, plusieurs fractures se sont réactivées dans la subdivision de Lower Puna et le HVO signale des coulées de lave pahoephoe dans le secteur.

La Federal Aviation Administration a avisé les pilotes de l’aviation civile qu’une restriction de vol temporaire doit être respectée dans un rayon de 5 milles marins (environ 9 km) du Kilauea à 30 000 pieds (environ 9 000 mètres) suite à l’éruption explosive du cratère de l’Halemaumau qui a généré un volumineux panache de cendre.
Des masques sont distribués gratuitement (un masque par membre de chaque famille) dans différents centres de la Lower East Rift Zone pour se protéger contre la cendre. Un troisième centre d’hébergement a également été ouvert à la Sure Foundation de Keeau. Il accueillera plus spécifiquement les personnes ayant des problèmes respiratoires, mais tout le monde est le bienvenu.
Source: HVO et journaux locaux.

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20h00 (heure française): Le HVO vient d’indiquer qu’une nouvelle fracture (n° 22) s’est ouverte entre la n° 19 et la n° 20. Plusieurs fractures sont actives avec des projections de lave.  La coulée de lave émise par la fracture n° 17 n’a pas progressé. Comme je l’ai déjà écrit, une nouvelle fracture (n° 21) s’était ouverte le 17 mai à Leilani Estates après une journée de forte pollution atmosphérique à Pahoa et dans d’autres parties de Lower Puna, ce qui a entraîné la fermeture d’écoles et d’un bureau de poste. D’autres fractures se sont réactivées dans les Lanipuna Gardens et au nord-est de cette subdivision.

Les géologues expliquent que cette partie de l’East Rift Zone du Kilauea continue de s’étirer avec l’arrivée d’un nouveau magma et que l’on s’attend à l’ouverture de nouvelles fractures. Des fissures atteignant parfois un mètre de largeur ont été signalées dans les Leilani Estates. Steve Brantley, un volcanologue du HVO que je salue ici, a déclaré qu’un capteur GPS utilisé pour suivre la déformation du sol s’était déplacé de 15 centimètres en 24 heures. C’est une indication que la zone de rift est soumise à de fortes contraintes.
Les opérations continuent à la centrale PGV pour « tuer » trois puits et empêcher les émissions incontrôlées de sulfure d’hydrogène.
Des niveaux importants de SO2 ont été détectés à Pahoa, avec 2,7 parties par million (ppm) à l’ancienne caserne de pompiers. La Protection Civile considère que tout ce qui dépasse 1 ppm reçoit un code de couleur «rouge», ce qui signifie que le gaz peut commencer à poser des problèmes au sein de la population. Cependant, ces chiffres sont temporaires et ne justifient pas des évacuations.
Source: Hawaii Tribune Herald.

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8 a.m. (French time): HVO scientists have identified a 21st fissure in Leilani Estates, down rift of Makamae Street. In addition, several fissures have reactivated in the Lower Puna subdivision and HVO reports pahoephoe lava flows in the area.

The Federal Aviation Administration has alerted general aviation pilots that a Temporary Flight Restrictions exists within a 5-nautical-mile (about 9 km) radius of Kilauea volcano to 30,000 feet  (about 9,000 metres), after the explosive ash-and-smoke eruption from Halemaumau Crater.

Free masks (one mask per family member) for ash protection are being distributed in different centres of the Lower East Rift Zone. A third shelter has also been opened at Sure Foundation, located in Keeau. The shelter will cater specifically to people with breathing issues, but everyone is welcome.

Source: HVO and local newspapers.

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8 p.m. (French time): HVO is reporting a new fissure n° 22, between fissures 19 and 20. Several fissures are active with spattering. The lava flow at fissure 17 has not advanced. As I put it before, a new lava fissure (n° 21) had opened on May 17th in Leilani Estates after a day of heavy air pollution in Pahoa and other parts of Lower Puna that prompted closures of schools and a post office. Other fissures were reactivated in Lanipuna Gardens and northeast of the subdivision.

Geologists say that portion of Kilauea’s East Rift Zone continues to expand with new magma and more eruptions are expected. Large ground cracks as wide as one metre were reported in Leilani. Steve Brantley, an HVO volcanologist I salute here said a GPS instrument used for tracking ground deformation had moved as much as 15 centimetres in 24 hours. This is an indication the rift zone is being forced apart.

Efforts to kill three wells at PGV geothermal plant to prevent unabated releases of hydrogen sulphide are ongoing.

Levels of  SO2 were detected in Pahoa as high as 2.7 parts per million at the old fire station. Civil Defense considers anything above 1 ppm as colour code “red,” which means it can start affecting the general population. However, such readings are temporary and do not justify evacuations.

Source : Hawaii Tribune Herald.

Crédit photo: USGS / HVO

Ça chauffe sur l’Ile de la Réunion ! // Things are getting heated on Reunion Island !

Le Journal de l’Ile de la Réunion a publié un article fort intéressant qui met bien en évidence la difficulté d’accès du public à un site éruptif actif. Pour le moment, l’Enclos Fouqué est fermé dès qu’une éruption débute. Pour permettre aux touristes et à la population locale d’admirer de plus près les éruptions du Piton de la Fournaise, une solution serait de les conduire en sécurité sous la houlette de guide compétents. Cela fait pas mal de temps que cette hypothèse est évoquée, mais le Préfet traîne les pieds. Aujourd’hui, les guides de montagne perdent patience et interpellent le Préfet pour qu’il donne son feu vert à l’accompagnement de touristes sur les sites éruptifs. Ils menacent de se mobiliser dans les prochains jours.

Depuis le 27 avril dernier, c’est à huis clos que se poursuit le spectacle de l’éruption du Piton de la Fournaise. Maintenu à bonne distance, le public doit toujours se contenter du point de vue depuis le Piton de Bert pour tenter d’apercevoir un peu de lave. La fermeture est même devenue totale : plus aucune accréditation n’est accordée par la Préfecture pour descendre dans l’Enclos Fouqué. C’est donc en douce, et avec le risque de ne pas être couverts en cas d’accident, que quelques passionnés se rendent au plus près de l’éruption. Sans eux, il n’y aurait pas d’images dans les médias, sur les réseaux sociaux et dans les journaux TV locaux et nationaux. Ces observations sont également utiles pour le travail scientifique de l’Observatoire Volcanologique.

Présenté comme l’atout touristique numéro un de La Réunion, le volcan est cadenassé à double tour. Selon les informations obtenues par le Journal de l’Ile, c’est en enjambant les grilles de l’Enclos qu’une équipe de la télévision espagnole a pu tourner la semaine dernière un reportage sur l’éruption. Diffusé en Espagne, il pourrait faire venir des touristes à la Réunion, mais il faudrait qu’ils puissent accéder au volcan !

Entre tout interdire et tout ouvrir, le Préfet avait ouvert une porte en se disant favorable à un accompagnement sécurisé, avec la reprise d’un projet initié dès 2010 par le Syndicat national des accompagnateurs en montagne. Dans la foulée, 47 accompagnateurs ont suivi une formation début 2017, financée par la Région, et se sont équipés en conséquence. L’investissement a été estimé en moyenne à 2 500 euros par professionnel. Une phase de test avait été mise en place lors de l’éruption de juillet 2017. La Préfecture avait jugé le projet «réaliste» mais ne pouvait totalement le valider car certains points restaient à améliorer notamment en matière de couverture radio. Deux nouvelles simulations concluantes ont été menées en mars 2018 et il ne manque plus que le feu vert de l’Etat. C’est la transmission avec la Préfecture qui est désormais au point mort.

Le lendemain du début de l’éruption actuelle, un mail a été envoyé à la Préfecture demandant l’autorisation d’enclencher le dispositif d’accompagnement. On attend toujours la réponse ! S’il fait toujours débat – il serait payant – le dispositif permettrait de conduire des groupes de 8 personnes dans l’Enclos, jusqu’à 80 personnes au maximum par rotation, à environ 200 mètres du site éruptif.

Depuis le début de l’éruption, les initiateurs du projet sont submergés d’appels de locaux et de touristes. Aujourd’hui, ils perdent patience. Faute d’avancées, ils promettent de passer à l’action dans les prochains jours.

L’interdiction d’accès au volcan a des répercussions jusqu’en métropole. Spécialisée dans l’organisation rapide de voyages « spécial éruption », l’agence Aventure et Volcans continuera de «boycotter La Réunion tant que l’accès au volcan ne sera pas autorisé, comme promis à de nombreuses reprises lors des différents salons du tourisme», écrit Tanguy de Saint-Cyr, son responsable, sur les réseaux sociaux. Cela ne manquera pas de réjouir Hawaï et d’autres destinations volcaniques à travers le monde.

Source : Journal de l’Ile.

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The Journal de l’Ile de la Réunion has published a very interesting article that highlights the difficulty of public access to an active eruptive site. For the moment, the Enclos Fouqué is closed as soon as an eruption begins. To allow tourists and the local population to have a closer look at the eruptions of Piton de la Fournaise, one solution would be to accompany them safely under the guidance of competent guides. It’s been a long time since this hypothesis has been mentioned, but the Préfet dragged his feet. Today, mountain guides are losing patience and call on the Préfet to give the go-ahead to accompany tourists on eruptive sites. They threaten to take action in the coming days.

Since April 27th 2018, the show of the eruption of Piton de la Fournaise is taking place in camera. Maintained at a safe distance, the public is only allowed to watch the eruption from Piton Bert in order to try to see a little lava. The closure has even become total: no more accreditation is granted by the Prefecture to go down in the Enclos Fouqué. It is therefore illegally, and with the risk of not being insured in case of accident, that some enthusiasts get closer to the eruption. Without them, there would be no images in the media, on social media, and in local and national TV news. These observations are also useful for the scientific work of the Volcano Observatory.
Presented as the number one tourist attraction of Reunion Island, the volcano is totally padlocked. According to information obtained by the Journal de l’Ile, a team of the Spanish television managed to get into the Enclos by climbing over the entrance gate last week and could make a report on the eruption. Broadcast in Spain, it could bring tourists to Reunion, but they would need to have access to the volcano!
Between prohibiting and opening everything, the Préfet had opened a door saying he was in favor of a secure accompaniment, with the resumption of a project initiated in 2010 by the National Union of Mountain Guides. In the wake of the Préfet’s words, 47 guides attended a training session in early 2017, funded by the Region, and got equipped accordingly. The investment was estimated at an average of 2,500 euros per guide. A test phase was set up during the eruption of July 2017. The Prefecture judged the project « realistic » but could not fully validate it because some points remained to be improved, in particular in terms of radio coverage. Two new successful simulations were conducted in March 2018 and only the green light of the State is missing.

The day after the start of the current eruption, an email was sent to the Prefecture requesting permission to activate the accompaniment. The guides are still waiting for the answer! If it is still controversial – tourists would have to pay – the project would lead groups of 8 people into the Enclos, up to 80 people maximum per rotation, about 200 metres from the eruptive site.
Since the beginning of the eruption, the initiators of the project have been overwhelmed by calls from locals and tourists. Today, they are losing patience. If nothing is done, they promise to take action in the coming days.
The ban on access to the volcano has repercussions as far as the metropolis. Specialized in the rapid organization of « special eruption » trips, the agency Aventure et Volcans will continue to « boycott Reunion Island as long as access to the volcano is not allowed, as was promised many times at various tourism fairs » , wrote Tanguy de Saint-Cyr, its manager, on social networks. This will delight Hawaii and other volcanic destinations around the world.
Source: Journal de l’Ile.

Frustration des touristes devant un spectacle qu’ils ne peuvent pas approcher (Crédit photo: Christian Holveck)