Le verdissement du Groenland // The greening of Greenland

Avec l’accélération du réchauffement climatique dans l’Arctique, les calottes glaciaires et les glaciers fondent, contribuant ainsi à l’élévation du niveau de la mer dans le monde.

Photo: C. Grandpey

Selon une étude publiée le 14 février 2024, la superficie abandonnée par la glace au Groenland au cours des trois dernières décennies est environ 36 fois plus grande que la ville de New York. Cette surface laisse désormais la place aux zones humides et aux arbustes.
La surface recouverte par la végétation au Groenland a doublé entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2010. De vastes zones du pays autrefois couvertes de glace et de neige ont été transformées en roches arides, en zones humides ou en zones arbustives. À elles seules, les zones humides ont quadruplé au cours de cette période.

 

Vue du glacier Russell (ouest du Groenland). Sa fonte a permis à des praires humides et des arbustes de s’installer là où il y avait autrefois de la glace et de la neige (Crédit photo : Université de Leeds)

En analysant les images satellite, les scientifiques ont découvert que le Groenland avait perdu 28 707 kilomètres carrés de glace au cours de cette période de 30 ans. Ils ont mis en garde contre les graves conséquences de cette situation sur le changement climatique et l’élévation du niveau de la mer.

Images satellites montrant le nord-ouest du Groenland le 2 septembre 1973 (haut) et le 20 août 2022 (vas) [Source : NASA]

La hausse de la température de l’air a entraîné une perte de glace, avec dans son sillage une augmentation de la température des terres. Cela a provoqué le dégel du pergélisol et une libération du dioxyde de carbone et du méthane qui réchauffent la planète, ce qui contribue à aggraver le réchauffement climatique. Le dégel du pergélisol provoque également une instabilité des sols, ce qui pourrait avoir un impact sur les infrastructures et les bâtiments. Dans le même temps, l’eau produite par la fonte des glaces déplace les sédiments qui finissent par former des zones humides et des marais.

Immeuble sur pilotis en Sibérie pour éviter le réchauffement du permafrost (Crédit photo : Siberian Times)

Comme je l’ai déjà écrit, la fonte de la glace dans l’Arctique dans son ensemble crée une boucle de rétroaction. La neige et la glace réfléchissent généralement l’énergie du soleil dans l’espace dans le cadre d’un phénomène appelé albédo qui empêche un réchauffement excessif dans certaines parties de la Terre. Le problème, c’est que, à mesure que la glace disparaît, les zones qui s’assombrissent absorbent davantage d’énergie solaire et augmentent ainsi la température de la surface terrestre, ce qui peut entraîner une accélération de la fonte et d’autres impacts négatifs. La fonte de la glace augmente également la quantité d’eau dans les lacs, où cette dernière absorbe plus de chaleur que la neige, ce qui entraîne une hausse des températures à la surface des terres.
Le Groenland s’est réchauffé deux fois plus vite que le reste de la planète depuis les années 1970, et les auteurs de l’étude préviennent que des températures plus extrêmes sont probables dans les années à venir.
Le Groenland est la plus grande île du monde et est principalement recouvert de glace et de glaciers. Environ 57 000 personnes vivent dans ce pays, qui est autonome au sein du Royaume du Danemark. Une grande partie de la population est autochtone et de nombreuses personnes dépendent des écosystèmes naturels pour leur survie. C’est pourquoi l’écoulement de sédiments et de nutriments dans les eaux côtières est particulièrement problématique pour les communautés autochtones qui dépendent de la pêche, ainsi que pour les chasseurs qui vivent dans d’autres parties de l’île. Les changements actuels qui affectent le Groenland sont un drame, en particulier pour les populations autochtones dont les pratiques traditionnelles de chasse de subsistance dépendent de la stabilité de ces écosystèmes fragiles.
Source  : CNN News via Yahoo Actualités.

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With the acceleration of global warming in the Arctic, both the icesheets and the glaciers are melting, contributing to sea level rise around the world.

According to a study published on February 14th, 2024, the area of Greenland’s ice loss in the past three decades is roughly 36 times the size of New York City, and is rapidly giving way to wetlands and shrubs.

The amount of vegetation in Greenland doubled between the mid-1980s and mid-2010s, as vast areas of the country that were once covered in ice and snow were transformed into barren rock, wetlands or shrub area. Wetlands alone quadrupled during that period.

By analyzing satellite imagery, scientists found that Greenland had lost 28,707 square-kilometers of ice in the 30-year period. They warned of a cascade of impacts that could have serious consequences for climate change and sea level rise.

Warmer air temperatures have driven ice loss, which has in turn raised land temperatures. That has caused the thawing of permafrost, and that melt releases planet-warming carbon dioxide and methane, contributing to more global warming. The thawing of permafrost is also causing land instability, which could impact infrastructure and buildings. At the same time, water released from the melting ice is moving sediment that eventually forms wetlands and fenlands.

As I put it before, he loss of ice in the Arctic as a whole is creating a feedback loop. Snow and ice typically reflect the sun’s energy back into space in a phenomenon called albeido, preventing excessive heating in parts of the Earth. But as ice disappears, those areas that are getting darker absorb more solar energy, raising land surface temperatures, which can cause further melt and other negative impacts. Ice melt also increases the amount of water in lakes, where water absorbs more heat than snow, which increases land surface temperatures.

Greenland has been warming at twice the global mean rate since the 1970s, and the study’s authors warn that more extreme temperatures in the future are likely.

Greenland is the world’s biggest island and is mostly covered by ice and glaciers. Around 57,000 people live in the country, which is an autonomous country within the Kingdom of Denmark. Much of the population is indigenous and many people rely on natural ecosystems for their survival. This is why the flow of sediments and nutrients into coastal waters is particularly problematic for indigenous communities that rely on fishing, as well as for hunters on other parts of the island. The current changes that affect Greenland are critical, particularly for the indigenous populations whose traditional subsistence hunting practices rely on the stability of these delicate ecosystems.

Source : CNN News through Yahoo News.

Le glacier Perito Moreno (Argentine) et le réchauffement climatique // Perito Moreno (Argentina) and global warming

En Argentine, le glacier Perito Moreno est situé dans le Parc national Los Glaciares, à 78 kilomètres d’El Calafate, en Patagonie. Son front, long de 5 000 mètres et haut de 60 mètres, s’étend jusqu’au Lago Argentino. Il a une superficie de 250 km2 et une longueur de 30 kilomètres ; c’est l’un des 48 glaciers alimentés par le champ de glace du sud de la Patagonie que l’Argentine partage avec le Chili.

 

Crédit photo: Wikipedia

Il y a quelques années encore, le glacier Perito Moreno était l’un des trois seuls glaciers de Patagonie à ne pas reculer. Son front avançait d’environ deux mètres par jour, soit environ 700 mètres par an. Par endroits, son épaisseur atteint 700 mètres.

Source: NASA

Le champ de glace du Perito Moreno a résisté au changement climatique pendant des décennies, sans croître ni reculer malgré la hausse des températures, mais aujourd’hui il subit l’impact du réchauffement climatique. Des morceaux de glace pesant plusieurs tonnes se détachent du front du glacier avec une fréquence inquiétante, et déclenchent d’impressionnantes gerbes d’eau qui véhiculent des morceaux de glace, comme on peut le voir sur la vidéo insérée dans cet article de presse :
https://us.yahoo.com/news/hear-spectacular-ice-calving-argentinas-144022506.html

En plus de la plus grande fréquence des effondrements, un phénomène est particulièrement inquiétant : l’apparition de mares d’eau à la belle couleur bleue à la surface du glacier. Elles sont dues à l’intense rayonnement solaire pendant l’été. Tout comme pour les lacs de fonte observés à la surface de la glace arctique, au Groenland par exemple, l’eau de ces mares s’infiltre dans la glace jusqu’à atteindre le substrat rocheux où elle agit comme lubrifiant et accélère la progression du glacier. C’est ce qui explique la récente accélération du Perito Moreno. La hausse des températures a augmenté à la fois le volume et le nombre de ces pièces d’eau. La température dans la région du Perito Moreno a augmenté de 0,2°C par décennie entre 1996 et 2020, donc plus que les décennies précédentes au 20ème siècle.

Crédit photo : NASA

Admirer l’effondrement du front d’un glacier est, à mes yeux, aussi impressionnant qu’observer une éruption au sommet du Stromboli ou de l’Etna. J’ai eu la chance d’observer le phénomène à plusieurs reprises en Alaska et j’ai ressenti la même émotion que devant une éruption volcanique. Le bruit des effondrements et de la glace qui vient percuter la surface de l’eau parvient à vos oreilles quelques secondes après l’événement car il faut maintenir une bonne distance de sécurité. Les impressionnantes vagues déclenchées par l’effondrement pourraient constituer un danger pour le bateau où vous vous trouvez.
Voici une courte vidéo que j’ai réalisée lors de l’effondrement du glacier Sawyer en Alaska où les glaciers fondent à une vitesse incroyable :

https://www.youtube.com/watch?v=jZtvNMxoxdY

Glacier Sawyer (Photo: C. Grandpey)

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In Argentina, the Perito Moreno Glacier is located in the Los Glaciares National Park, 78 kilometers from El Calafate, in Patagonia. Its glacial front, 5,000 meters long and 60 meters high, extends into Lake Argentino. It has a surface area of 250 km2 and a length of 30 kilometers ; it is one of 48 glaciers fed by the Southern Patagonian Ice Field which Argentina shares with Chile.
Up to a few years ago, the Perito Moreno Glacier was one of only three glaciers in Patagonia that did not retreat. Its front advanced about two meters per day, or about 700 meters per year. In some places its thickness reaches 700 meters.

Although the Perito Moreno ice field defied climate change for decades, neither growing nor retreating despite rising global temperatures, it is now undergoing the impact of global warming. Slabs weighing many tons cascade from the glacier’s front with alarming frequency, leaving an eruption of ice and water in their wake, as can be seen on the video inserted in this article :

https://us.yahoo.com/news/hear-spectacular-ice-calving-argentinas-144022506.html

What is particularly worrying is the appearance of blue ponds of water at the surface of the glacier.They are caused by the intense summer solar radiation. Just like the ponds observed at the surface of glaciers in the Arctic, the water from these ponds seeps into the ice until iit reaches the bedrock where it acts as a lubricant and sepeeds up the glacier’s advance. This accounts for the recent acceleration of Perito Moreno. Rising temperatures have increased both the volume and number of these ponds. Perito Moreno’s temperature has increased by 0.2°C per decade between 1996 and 2020, slightly more than earlier decades in the 1900s.

Watching the collapse of a glacier’s front is as impressive as an eruption at the summit of Stromboli or Mount Etna. I could observe the phenomenon several times in Alaska and I felt the same kind of emotion as before a volcanic eruption. The noise of the crashes reach your ears a few seconds after the event because you have to stand far from the glacier as the waves triggred by the collapse could be a danger to the boat.

Here is a short video I shot during the collapse of the Sawyer Glacier in Alaska where glaciers are melting at an incredible pace :

https://www.youtube.com/watch?v=jZtvNMxoxdY

Le rebond isostatique au Groenland // Isostatic rebound in Greenland

Quand je lis des articles de la presse grand public à propos du réchauffement climatique et de ses conséquences, j’ai l’impression que cette situation est une découverte pour les journalistes, alors que je lance des messages d’alerte depuis longtemps sur ce blog. Le public met vraiment du temps à assimiler les conséquences de la hausse des températures !

Un article paru sur le site de France Info nous explique que « des petites îles apparaissent au Groenland à cause du changement climatique et de la fonte des calottes glacières. Alors que, dans de nombreux endroits du globe, la fonte des glaces contribue à faire monter le niveau de la mer et à submerger certaines zones, au Groenland : c’est l’inverse qui se produit. En fondant, la glace allège le poids qui repose sur le socle de ce territoire de 2, 2 millions de kilomètres carrés, et contribue à l’élévation du niveau du sol. »

Photo: C. Grandpey

Ce n’est pas nouveau. Il s’agit d’un phénomène appelé « rebond isostatique » que l’on observe également en Islande (voir, par exemple, ma note du 17 mai 2022). Dans ce pays, certains scientifiques se demandent même si l’allègement de la masse glaciaire au-dessus des volcans ne pourrait pas favoriser la remontée du magma. La fonte des glaciers étant un phénomène relativement récent, nous n’avons pas suffisamment de recul pour tirer des conclusions. Pour le moment, aucun événement éruptif significatif n’est venu corroborer cette hypothèse.

S’agissant du Groenland, des chercheurs de l’Institut de l’université technique du Danemark ont réussi à mesurer très précisément ce phénomène sur une période récente. En analysant les données d’un réseau d’une soixantaine de stations GPS situées le long des côtes groenlandaises, les scientifiques ont constaté que le socle rocheux s’est élevé de 20 cm en l’espace de 10 ans, entre 2013 et 2023. Cela fait donc deux mètres d’élévation en un siècle. (NDLR : cela suppose que le rebond isostatique a commencé dans les décennies de début du 20ème siècle). Ce phénomène entraîne l’apparition de nouveaux îlots. Ce ne sont que des cailloux pour l’instant mais à terme, les chercheurs pensent que « la superficie totale du Groenland va augmenter, et ce phénomène est à mettre en lien avec le changement climatique dû aux activités humaines. »

Schéma illustrant le rebond isostatique (Source: https://profsvt.site)

Une autre découverte faite au Groenland révèle que, grâce à la présence d’une catégorie spécifique bactéries dans le sol, certaines zones sèches du Groenland absorbent du méthane. En moyenne depuis 20 ans, les zones sèches et non glacées du Groenland auraient absorbé sept fois plus de méthane que n’en ont rejeté les zones humides. L’île arctique est donc un puits pour le méthane, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, même si cela est loin de compenser les émissions de méthane de la Sibérie, qui subit de son côté le dégel du permafrost, un sujet que j’ai abordé dans plusieurs notes sur ce blog.

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When I read articles from the general press about global warming and its consequences, I have the feeling that this situation is a discovery for journalists, even though I have been warning for a long time on this blog. The population is really taking time to assimilate the consequences of rising temperatures!
An article published on the France Info website explains that “small islands are appearing in Greenland because of climate change and the melting of the ice caps. While in many places around the world melting ice contributes to rising sea levels and submerging certain areas, in Greenland the opposite is happening. By melting, the ice lightens the weight resting on the bedrock of this territory of 2.2 million square kilometers, and contributes to the rise in ground level. »
This is not new. This is a phenomenon called “isostatic rebound” which is also observed in Iceland (see, for example, my post of May 17th, 2022). In this country, some scientists even wonder if the reduction of the glacial mass above volcanoes could not favour the ascent of magma. The melting of glaciers being a relatively recent phenomenon, we do not have enough hindsight to draw conclusions. For the moment, no significant eruptive event has corroborated this hypothesis.
Regarding Greenland, researchers from the Institute of the Technical University of Denmark have succeeded in measuring this phenomenon very precisely over a recent period. By analyzing data from a network of around sixty GPS stations located along the Greenlandic coast, scientists found that the bedrock has risen by 20 cm in the space of 10 years, between 2013 and 2023. That’s two meters of elevation in a century. (Editor’s note: This assumes that the isostatic rebound began in the early decades of the 20th century). This phenomenon has led to the appearance of new islets. These are only pebbles for the moment, but in the long term, the researchers believe that « the total surface area of Greenland will increase, and this phenomenon is linked to climate change caused by human activities. »

Another discovery made in Greenland reveals that, thanks to the presence of a specific category of bacteria in the soil, certain dry areas of Greenland absorb methane. On average over the past 20 years, dry, ice-free areas of Greenland have absorbed seven times more methane than wet areas have released. The Arctic island is therefore a sink for methane, which is rather good news, even if it is far from compensating the methane emissions from Siberia, which is undergoing the thaw of permafrost, a subject that I I have discussed in several posts on this blog.

Changement climatique et disparition de civilisations // Climate change and civilisation collapse

La découverte d’une période de refroidissement à partir de l’an 536 pose la question de l’impact du climat sur les épidémies, migrations et autres invasions survenues peu après. Cet événement climatique provoqué par une activité volcanique quelque part dans le monde a pu jouer un rôle dans les profonds bouleversements qu’a connu le continent eurasien à cette époque.

Dans une note publiée sur ce blog le 20 avril 2018, j’ai avancé les différentes hypothèses concernant les éruptions du 6ème siècle.

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2018/04/20/les-eruptions-du-6eme-siecle-the-sixth-century-eruptions/

La disparition d’anciennes civilisations prospères et intelligentes soulève de nombreuses questions parmi les archéologues, les historiens et les scientifiques. Depuis des années, les scientifiques tentent de résoudre ces mystères et ont élaboré diverses théories.
Aujourd’hui, les chercheurs se demandent si une modification du climat aurait pu contribuer à la disparition des civilisations anciennes. En utilisant la datation au carbone 14, les isotopes présents dans les sédiments des rivières ou des lacs, l’étude des cernes sur les arbres et diverses autres techniques, ils commencent à mieux comprendre dans quelle mesure un événementt climatique a pu contribuer à l’effondrement de ces anciennes sociétés.

L’Empire romain avait une taille impressionnante : 75 millions de citoyens et une superficie qui allait du nord de la Grande-Bretagne jusqu’aux confins du Sahara. En général, plus une civilisation est impressionnante et prospère, moins on comprend pourquoi elle s’effondre brutalement.
L’Empire romain avait tout pour être prospère : des villes interconnectées par des voies de communication, une monnaie universelle, des bibliothèques et même un système d’égouts performant. Aujourd’hui, les chercheurs pensent qu’une modification du climat a contribué à sa chute.
L’Empire romain a longtemps bénéficié d’un temps chaud, humide et stable qui a permis des récoltes abondantes et une réussite économique. Lorsque des éruptions volcaniques ont entraîné le monde vers le «Petit âge glaciaire» des 6ème et 7ème siècles, l’Empire romain a commencé à perdre pied. La période de refroidissement a entraîné de faibles rendements agricoles, la famine et des problèmes sanitaires. Certaines régions de l’Empire romain sont devenues moins hospitalières et plus ouvertes aux invasions. La famine et les mauvaises conditions sanitaires ont également favorisé la propagation de maladies. Rome a été confrontée à trois fléaux différents : la variole, la peste de Cyprien et la peste bubonique. En fin de compte, les épidémies, la famine et les invasions ont frappé Rome, contribuant ainsi à sa chute.

Rue à Pompéi (Photo: C. Grandpey)

Les Vikings se sont installés pour la première fois au Groenland après qu’Erik le Rouge ait été exilé d’Islande vers 985 après JC. Une population viking a vécu au Groenland pendant environ 465 ans, de 985 à 1450. Mais elle a brusquement disparu, laissant derrière elle maisons et villages. Au 15ème siècle, les signes d’une implantation nordique ont disparu des archives géologiques.
La théorie la plus répandue est qu’un événement climatique aurait provoqué ce bouleversement. Une étude a révélé qu’entre 1100 et 1400, l’élévation du niveau de la mer aurait pu provoquer l’inondation des colonies vikings jusqu’à 3 mètres de hauteur, sur une superficie de 200 kilomètres carrés.
La cause de l’élévation du niveau de la mer ne serait pas une période de réchauffement climatique faisant fondre les glaciers, mais le Petit Âge Glaciaire qui aurait provoqué l’extension et l’alourdissement de la calotte glaciaire du sud du Groenland, la plus proche des colonies nordiques. Sous l’effet de cette masse, la terre se serait recouverte d’eau. La calotte glaciaire serait même devenue si imposante que sa gravité aurait attiré l’océan à proximité.
Même si l’élévation du niveau de la mer n’a peut-être pas été la seule raison du départ des Vikings du Groenland, elle a certainement été un facteur majeur et s’est ajoutée à des problèmes sociaux, à la rareté des ressources et à d’autres facteurs politiques.

Statue d’Erik le Rouge à Reykjavik (Photo: C. Grandpey)

Au cœur de l’actuel Guatemala, Tikal aurait été fondée en 600 avant J.C., et certains de ses premiers édifices dateraient de 250 à 900 après J.C. À son apogée, Tikal comptait plus de 60 000 habitants, était le centre économique de la civilisation maya et avait la taille du Texas.
Des recherches récentes soulignent les effets catastrophiques de la sécheresse sur les Mayas. Les chercheurs ont collecté quatre preuves du réchauffement du climat à partir de trois lacs voisins et d’une stalagmite au fond d’une grotte, ce qui a permis de mettre au point un modèle de l’équilibre entre l’évaporation et les précipitations.
Les résultats révèlent des périodes de sécheresse intense durant une décennie, principalement dues à une diminution des pluies estivales. Les Mayas avaient misé sur ces pluies pour faciliter leurs pratiques agricoles, de sorte que les effets ont été catastrophiques lorsque les précipitations ont chuté.
Une étude publiée en 2020 explique que les sources d’eau mayas étaient contaminées par des algues toxiques et du mercure. Les Mayas ont construit leur ville de manière à capter autant d’eau de pluie que possible dans des réservoirs. Cependant, leur utilisation fréquente du cinabre, un minerai à base de mercure, mélangé à l’eau de pluie, a pollué les réservoirs, les rendant toxiques. Avec la sécheresse persistante, le manque d’eau potable, la diminution des récoltes et la prolifération des maladies, les Mayas ont rassemblé les conditions parfaites pour l’effondrement de leur civilisation.

Photo: C. Grandpey

L’île de Pâques, également connue sous le nom de Rapa Nui, se trouve à 3 200 kilomètres à l’ouest de l’Amérique du Sud et a longtemps constitué un exemple en matière de gestion des ressources. Pendant de nombreuses années, l’hypothèse principale de l’effondrement de la civilisation Rapa Nui a été attribuée à la déforestation par la population, ce qui aurait conduit à la cannibalisation, à la guerre et au déclin de la société.
Cependant, avec les progrès technologiques et les changements de méthodologie au cours des 20 dernières années, différentes hypothèses ont émergé. Au lieu de la déforestation, des études pensent que les rats amenés par les colons européens pourraient en être la cause de la chute de la société Rapa Nui.
La déforestation et l’introduction de maladies par les colons européens en 1722 ont créé un ensemble d’événements qui ont contribué à la disparition de Rapa Nui. La population a chuté à 111 habitants en 1877, non pas à cause du cannibalisme mais plutôt à cause des marchands d’esclaves.

Moai sur l’île de Pâques (Crédit photo: Wikipedia)

L’étude complète, qui inclut la chute d’autres civilisations, est disponible sur le site Web de Business Insider.

https://www.businessinsider.com/photos-ancient-civilizations-impacted-climate-change-photos-2023-10?r=US&IR=T

La note que vous venez de lire n’est qu’une synthèse de cette étude. J’ai utilisé à plusieurs reprises le conditionnel dans les explications de la chute des civilisations passées. Si certaines, comme la disparition de la civilisation maya, sont assez bien identifiées, d’autres sont encore assez mystérieuses et parfois discutables Il se peut que des phénomènes climatiques majeurs aient joué un rôle dans la disparition de ces civilisations, mais d’autres événements sont probablement à prendre en compte.

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The discovery of a cooling period from the year 536 raises the question of the impact of climate on the epidemics, migrations and other invasions that occurred shortly after. This climatic event caused by volcanic activity somewhere in the world may have played a role in the profound upheavals experienced by the Eurasian continent at the time.
In a post published on this blog on April 20th, 2018, I put forward the different hypotheses concerning the 6th century eruptions.
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2018/04/20/les-eruptions-du-6eme-siecle-the-sixth-century-eruptions/

The disappearance of ancient civilisations has raised a lot of questions among, archaeologists, historians and scientists. For years, scientists have been trying to solve these mysteries and have developed varying theories.

Today, researchers are wondering whether climate change might have contributed to the collapse of ancient civilizations. Using carbon dating, isotopes in river or lake sediment, coring trees, and a variety of other techniques, they are starting to gain a better understanding of climate change as a contributing factor to ancient societal collapse.

The Roman Empire had an impressive size with 75 million citizens at its peak and extending from northern Britain to the edges of the Sahara. But the more impressive a civilization, the more puzzling it becomes when it collapses.

The Roman Empire had everything to be prosperous : interconnected cities, a universal currency, highways, libraries, and even a functioning sewage system. Today, researchers are suggesting that climate change contributed to the collapse.

The Roman Empire benefitted from warm, wet, and stable weather that allowed abundant crops and economic success. When volcanic activity grew and led the world into the « Late Antique Little Ice Age, » the Roman Empire began to lose its foothold. The ice age led to low crop yields, famine, and poor health. It also made areas of the Roman Empire less hospitable and more open to invasion. Famine and poor health in the interconnected, colder areas of the Roman Empire also made it ripe for a plague to spread. Changing weather introduced new diseases, and Rome dealt with three different plagues: smallpox, the Plague of Cyprian, and the bubonic plague. In the end, plagues, famine, and invasion all befell Rome as the weather shifted, contributing to its downfall.

The Vikings first settled in Greenland after Erik the Red, was exiled from Iceland for manslaughter in around AD 985. Soon, a group of Vikings lived in Greenland for about 465 years, from 985 to 1450. But suddenly, they disappeared, leaving behind their homes and communities, and in the 15th century, signs of Norse habitation disappeared from the geological record.

The newest leading theory is that climate change was a major contributing factor. A study has found that from 1100 to 1400, rising sea levels could have flooded Viking settlements by as much as 3 meters, affecting an area of 200 square kilometers square miles.

The reason for the rise in sea levels was not a heating period that melted glaciers and caused the sea level to rise, but the Little Ice Age which caused the Southern Greenland Ice Sheet, the nearest to Norse settlements, to grow and weigh down the land. As a result, the land was filled with water. The ice sheet even grew so large that its gravity pulled the ocean near it.

Though rising sea levels might not have been the sole reason for leaving Greenland, it was certainly a major factor when compounded with social unrest, scarcity of resources, and other political factors.

In today’s Guatemala, Tikal is believed to have been founded in 600 BC, with some of its first buildings dating from AD 250 to 900. At its peak, Tikal had over 60,000 citizens, was the economic hub of Mayan civilization, and occupied a land mass about the size of Texas.

Recent research points to the catastrophic effect of drought on the Mayans. Researchers used four detailed records of past climate change obtained from three nearby lakes and a stalagmite on a cave floor, developing a model of the balance between evaporation and rainfall.

The results point to intense droughts lasting for a decade, mainly from decreased summer rain activity. The Mayans had bet on summer rains to aid their farming practices, so the effects were catastrophic when rainfall was reduced by even a modest amount.

Research published in 2020 suggests that Mayan water sources were contaminated with toxic algae and mercury. The Mayans built their city in a way that aimed to capture as much rainwater as possible in centralized reservoirs in the city. However, their frequent use of cinnabar, a mercury-based ore, mixed with the accumulated rainwater and polluted the reservoirs, turning them poisonous. Together with persistent drought, lack of drinking water, diminishing crops, and proliferating disease, the Mayans met the perfect storm for the collapse of a civilization.

Photo: C. Grandpey

Easter Island, also known as Rapa Nui, is 3,200 kilometers west of South America and has long been a cautionary tale of resource management. For many years, the leading hypothesis for the collapse of the Rapa Nui civilization was attributed to the deforestation by the people, which led to cannibalization, warfare, and societal decline.

However, with technological advances and methodology changes in the last 20 years, different hypotheses have come to light. Instead of the Rapa Nui causing deforestation, studies believe rats brought over by European settlers might have caused it.

Deforestation and the introduction of diseases from European settlers in 1722 created a combination of events that contributed to the demise of the Rapa Nui. The population of Rapanui dropped to 111 in 1877, not because of cannibalism but rather because of slave traders.

The traditional narrative of « ecocide » done by the Rapa Nui has continually been contested in the past two decades as newer research has pointed to these other factors.

The comprehensive study including the collapse of other civilisations can be found on the Business Insider website.

https://www.businessinsider.com/photos-ancient-civilizations-impacted-climate-change-photos-2023-10?r=US&IR=T

The post you have just read is only a summary of this study. I have repeatedly used the conditional to explain the fall of past civilizations. If some, like the disappearance of the Mayan civilization, are fairly well identified, others are still quite mysterious and sometimes debatable. Major climatic phenomena may have played a role in the disappearance of these civilizations, but other events probably need to be taken into account.