Le Stromboli et Vulcano inquiètent la presse italienne // Stromboli and Vulcano worry the Italian press

Hier soir, la presse sicilienne titrait: « Que se passe-t-il dans les Iles Eoliennes? » J’aurais envie de répondre: rien de très grave. C’est vrai que le Stromboli et la Fossa de Vulcano montrent ensemble des signes d’activité, mais ce n’est pas la première fois que se produit une telle situation.

A Stromboli, on observe ces jours-ci un débordement de lave dans la partie nord de la terrasse cratèrique tandis que l’activité strombolienne continue sans variation particulière. Cette situation se reflète dans le trémor qui conserve une certaine stabilité à un niveau moyen. La coulée de lave arrive à mi pente de la Sciara del Fuoco. Des blocs se détachent de son front et roulent jusque dans la mer.

De son côté, la Fossa di Vulcano inquiète les scientifiques et les autorités locales à cause des émissions de gaz, essentiellement de CO. Par précaution, les habitants du secteur autour du port doivent quitter leurs maisons entre 23 heures et 6 heures . En effet, les lits se trouvant à quelques dizaines de centimètres au-dessus du sol, la présence de CO2 pourrait devenir dangereuse pendant le sommeil. On a signalé la mort de chats sur l’île. Dans les années 1990, Haroun Tazieff m’avait dit qu’il était fréquent de trouver des cadavres de petits animaux au niveau du cratère. L’accès aux bains de boue et à la plage de Levante est également interdit.. Le maire de Lipari a demandé à l’ARPA d’effectuer des mesures précises des gaz avec avec des équipements sophistiqués pour vérifier à quels endroits se situe les émissions dans la zone rouge.

Comme je l’ai indiqué précédemment, la situation actuelle à Vulcano me rappelle celle que j’ai connue et pour laquelle j’ai effectué des mesures dans les années 1990. Je ne serais pas surpris que cette année encore, la situation redevienne progressivement normale sans qu’une éruption se produise. La dernière ayant eu lieu en 1890, une surveillance étroite du volcan doit toutefois être assurée.

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Last night, the Sicilian press headlined: « What’s going on in the Aeolian Islands? » I would like to answer: nothing very serious. It is true that Stromboli and Fossa di Vulcano together show signs of unrest, but this is not the first time that such a situation has occurred.

At Stromboli, there is currently a lava overflow in the northern part of the crater terrace while Strombolian activity continues without any significant fluctuation. This situation is reflected in the tremor which keeps a certain stability at a medium level. The lava flow travels down mid-slope on the Sciara del Fuoco. Blocks detach from its front and roll into the sea.

For its part, the Fossa di Vulcano worries scientists and local authorities because of gas emissions, mainly CO. As a precaution, residents of the area around the port must leave their homes between 11 p.m. and 6 a.m. Indeed, the beds being a few tens of centimeters above the ground, the presence of CO2 could become dangerous during sleep. Cat deaths have been reported on the island. In the 1990s, Haroun Tazieff told me that it was common to find the corpses of small animals at the crater. Access to the mud baths and the Levante beach is also prohibited. The mayor of Lipari has asked ARPA to carry out accurate gas measurements with sophisticated equipment to check where the emissions are. in the red zone.
As I put it previously, the current situation iat Vulcano reminds me of the one I experienced and for which I carried out measurements in the 1990s. I would not be surprised if again this year the situation gradually returned to normal. without an eruption occurring. The last one took place in 1890, so close monitoring of the volcano should be performed.

Le Stromboli le 25 novembre 2021 (capture écran webcam)

Kilauea (Hawaii) : l’activité mouvementée de l’Halema’uma’u // Halema’uma’u’s eventful activity

La lave a fait sa réapparition sur le Kilauea, dans le cratère de l’Halema’uma’u, le 29 septembre 2021, mais ce n’est pas la première fois que l’on observe de la lave dans ce cratère qui a subi des changements à répétition au cours des deux derniers siècles.
Avant 1924, la taille et la forme du lac de lave dans l’Halema’uma’u changeaient fréquemment et la lave se répandait généralement sur le plancher de la caldeira du Kilauea.
Après l’effondrement de l’Halema’uma’u en 1924, le contour du cratère est resté en l’état jusqu’en 2018. Des lacs de lave éphémères allaient et venaient, en particulier dans les années 1950 et 1960, et ont connu leur apogée avec le lac de lave qui a occupé le cratère entre 2008 et 2018.
Le changement récent le plus important au sommet du Kilauea s’est produit en 2018 lorsque le plancher de l’Halema’uma’u s’est effondré de 500 mètres, avec une augmentation du volume de la caldeira de près d’un kilomètre cube. L’éruption de 2018 et l’effondrement du sommet du Kilauea ont mis fin à une période d’activité continue qui avait persisté pendant des décennies.
Une période de calme relatif a suivi les événements de 2018. Elle a pris fin avec le retour de l’activité éruptive au sommet du Kilauea en décembre 2020.
Le Kilauea est entré en éruption le 20 décembre 2020. La lave s’est déversée dans la pièce d’eau au fond de l’Halema’uma’u à partir de bouches qui se sont ouvertes sur les parois du cratère. Le lac s’est vaporisé en quelques heures. L’éruption a formé un nouveau lac de lave qui est resté présent durant cinq mois. Le lac de lave a rempli 226 m du cratère de l’Halema’uma’u avec 41 millions de mètres cubes de lave.
Le Kilauea est de nouveau entré en éruption le 29 septembre 2021. Des bouches se sont ouvertes au centre de l’ancien lac de lave et sur les parois de l’Halema’uma’u. Un nouveau lac de lave a commencé à se former, à s’élever et a continué de remplir le cratère. En ce moment, la lave est émise par une bouche unique et elle a ajouté 30 millions de mètres cubes au volume du lac.
La lave a maintenant rempli Halema’uma’u jusqu’à moitié de la hauteur laissée par l’effondrement de 2018. Le lac de lave a une profondeur de 282 m, mais il n’y a aucun risque de remplissage et de débordement. Les 71 millions de mètres cubes de lave qui se sont accumulés au cours de l’année écoulée représentent moins de 10% du volume de 1 kilomètre cube qui s’est effondré en 2018.
De grands volumes de lave sont nécessaires pour faire s’élever d’un mètre le niveau du lac de lave. En effet, la largeur du cratère augmente au fur et à mesure que l’on s’élève. En ce moment, plus de 670 000 mètres cubes de lave sont nécessaires pour faire s’élever la surface d’un mètre ; au vu du débit effusif actuel, cela prend environ deux jours.
Une question est de savoir si cette période de remplissage annonce une autre période dominée par des éruptions sommitales, comme cela a été observé avant 1924, ou si c’est le prélude à une activité éruptive dans la zone de rift, comme cela s’est produit après la présence de lacs de lave au sommet du Kilauea dans les années 1950 et 1960.
Source : USGS/HVO.

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Lava reappeared within Kilauea’s Halema’uma’u Crater on September 29th, 2021 but this is not the first time lava has been seen in the crater which has undergone repeated changes during the past two centuries.

Prior to 1924, the size and shape of the Halemaʻumaʻu lava lake changed frequently and lava commonly spilled out across the floor of Kīlauea caldera.

After the 1924 collapse of Halemaʻumaʻu, the outline of the crater remained constant until 2018. Ephemeral lava lakes came and went, especially during the 1950s and 1960s, and culminated with the 2008–2018 lava lake.

The most significant recent change at Kīlauea’s summit occurred in 2018 when the floor of Halemaʻumaʻu crater collapsed 500 meters and the volume of the caldera increased by almost a cubic kilometer. The 2018 eruption and summit collapse of Kīlauea ended a period of continuous flank and summit activity that had persisted for decades.

A period of quiet uncertainty followed the 2018 events. This ended with the return of eruptive activity at Kīlauea’s summit in December 2020.

Kīlauea erupted on December 20th, 2020. Lava poured from vents on the walls of Halemaʻumaʻu crater into the water lake, which boiled away in a matter of hours. The eruption formed a new lava lake and lasted for five months. The lava lake filled in 226 m of Halemaʻumaʻu crater with 41 million cubic meters of lava.

Kīlauea erupted again on September 29th, 2021. Vents opened in the center of the older lava lake and on the walls of Halamaʻumaʻu. The lava lake began to rise and continue to fill the crater. Lava is currently erupting from a single vent and has added a total of 30 million cubic meters to the volume of the lava lake.

Lava has now refilled Halamaʻumaʻu more than half the distance it collapsed in 2018. The lava lake is 282 m deep, but Halemaʻumaʻu is in no danger of filling and overflowing anytime soon. The 71 million cubic meters of lava that has erupted in the past year account for less than 10 percent of the 1 cubic kilometer volume that collapsed in 2018.

Greater volumes of lava are needed for each increase of one meter of lake level rise because the width of the crater increases with elevation. At this point, more than 670,000 cubic meters of lava needs to erupt to raise the surface 1 meter; at the current eruption rate, this takes about two days.

An important question for HVO scientists is whether this period of refilling is a prelude to an era dominated by summit eruptions, similar to pre-1924 activity, or whether it is the prelude to increased rift zone activity, like what followed the summit lava lakes of the 1950s and 1960s.

Source: USGS / HVO.

Lac de lave dans l’Halema’uma’u en 2016 (Crédit photo : HVO)

 

Graphique montrant les différents niveaux de l’Halema’uma’u en suivant une ligne de l’ouest (gauche) à l’est (droite). [Source: USGS].

La Palma (Iles Canaries) : un désastre oublié // A forgotten disaster

En ce moment en France, on parle beaucoup de la Covid-19 et de la nécessité de vacciner les gens. A côté de cela, la catastrophe qui se déroule aux Canaries est largement oubliée.
Plus de deux mois après son début, l’éruption du Cumbre Vieja continue de causer de sérieux problèmes à la population de La Palma. Les habitants doivent faire face à une série de dangers, notamment des coulées de lave en constante expansion, des maisons ensevelies sous la cendre et des séismes.
Une nouvelle coulée de lave est entrée dans l’océan et a déclenché une réaction chimique. Les épais nuages de gaz potentiellement toxiques ont forcé les autorités à ordonner le confinement des habitants de trois villes sur le littoral. Ils ont reçu l’ordre de rester à l’intérieur avec les portes et les fenêtres fermées pour des raisons de sécurité.

Comme je l’ai indiqué précédemment, une autre coulée de lave s’est échappée du volcan le 25 novembre et s’est dirigée rapidement vers le sud-ouest en détruisant des zones épargnées jusqu’à présent. Elle a pénétré dans le cimetière de Las Manchas et menace des habitations. Le cimetière de Las Manchas avait une superficie de plus de 1 000 mètres carrés et abritait les restes de 3 160 défunts. Il contenait plus de 5 000 niches et c’était le seul crématorium de l’île. La mairie de Los Llanos avait proposé aux familles qui le souhaitaient l’exhumation des restes de leurs proches.

Les nuages de cendre et de gaz affectent également la partie orientale de La Palma. À Santa Cruz, la capitale de La Palma, les autorités ont recommandé aux habitants de porter des masques en raison des fortes concentrations de particules et de SO2 dans l’air. L’aéroport de La Palma est fermé depuis plusieurs jours à cause des cendres. Cette fermeture a bloqué l’entrée et le retour de milliers de touristes par avion, et en a obligé beaucoup à partir par la mer. La fermeture a eu un effet plus grave: des centaines de patients gravement malades qui ne peuvent être soignés sur l’île reçoivent un traitement dans d’autres parties des îles Canaries. Par exemple, La Palma ne dispose pas de services de radiothérapie ou de neurochirurgie,.

Depuis le début de l’éruption, plus de 7 000 personnes sur l’île ont été contraintes d’évacuer. Jusqu’à présent, l’éruption a couvert environ 1 074 hectares de terres et a entraîné la destruction de plus de 2 600 bâtiments dans la partie ouest de l’île, selon les données de Copernicus. Sur les 1 074 hectares de lave, environ 43 hectares sont en fait des terres nouvellement formées qui ont été créées à la suite de la coulée de lave dans l’océan Atlantique.
En plus de la destruction de bâtiments, la récolte de bananes de La Palma a également subi des pertes importantes. L’industrie bananière de l’île a perdu environ 100 millions de dollars de revenus.

Alors que des milliers de bâtiments agricoles et maisons d’habitation ont été engloutis par la lave, jetant à la rue des milliers de personnes, certains scientifiques essayent de voir le bon côté des choses. Ils affirment que l’activité volcanique est vitale pour la survie de l’île. Ils expliquent que si des éruptions ne se produisaient pas, les îles seraient complètement érodées par la mer. Autrement dit, bien qu’elle soit destructrice et traumatisante, l’éruption est aussi un processus constructif et l’île s’agrandit. Pas sûr que cet argument suffise à remonter le moral de ceux qui ont tout perdu.

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22 heures : Selon les données Copernicus, en date du 26 novembre au soir, les coulées de lave émises par le Cumbre Vieja occupent une superficie de 1 094,7 hectares. Dans sa progression vers la mer, la lave a détruit 2695 bâtiments, Le rapport de l’agence européenne montre que les eaux de ruissellement ont augmenté de 20,1 hectares au cours des 55 dernières heures et ont détruit 19 autres bâtiments.

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At the moment in France, there is a lot of talk about Covid-19 and the need to vaccinate people. Besides that, the disaster unfolding in the Canaries is largely forgotten.
More than two months after its start, the eruption of Cumbre Vieja continues to cause serious problems among the population of La Palma. Residents face a range of dangers, including ever-expanding lava flows, houses buried in ash and earthquakes.
A new lava flow entered the ocean and triggered a chemical reaction. Thick clouds of potentially toxic gas forced authorities to order the containment of residents of three coastal towns. They were ordered to stay inside with the doors and windows closed for safety reasons.
As I reported earlier, another lava flow came out of the volcano on November 25th and moved quickly southwest, destroying areas spared so far. It entered the cemetery of Las Manchas and threatens homes. Las Manchas cemetery was over 1,000 square meters in size and housed the remains of 3,160 deceased. It contained more than 5,000 niches and it was the only crematorium on the island. The municipality of Los Llanos had proposed to families the exhumation of the remains of their relatives.

Ash and gas clouds also affect the eastern part of La Palma. In Santa Cruz, the capital of La Palma, authorities have recommended that residents wear masks due to the high concentrations of particles and SO2 in the air. La Palma airport has been closed for several days due to the ash. The closure has blocked the entry and return of thousands of tourists by air, and forced many to leave by sea. The closure has had a more serious effect: hundreds of critically ill patients who cannot be treated on the island receive treatment in other parts of the Canary Islands. For example, La Palma does not have radiotherapy or neurosurgery services.

Since the eruption began, more than 7,000 people on the island have been forced to evacuate. So far, the eruption has covered around 1,074 hectares of land and resulted in the destruction of more than 2,600 buildings in the western part of the island, according to Copernicus data. Of the 1,074 hectares of lava, approximately 43 hectares is actually newly formed land that was created as a result of the lava flow in the Atlantic Ocean.
In addition to the destruction of buildings, the banana crops in La Palma also suffered significant losses. The island’s banana industry has lost around $ 100 million in revenue.

As thousands of farm buildings and residential homes have been engulfed in lava, throwing thousands onto the streets, some scientists are trying to see the bright side. They claim that volcanic activity is vital for the survival of the island. They explain that if eruptions did not occur, the islands would be completely eroded by the sea. In other words, although it is destructive and traumatic, the eruption is also a constructive process and the island grows. Not sure that this argument is enough to boost the morale of those who have lost everything.

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10:00 pm : According to Copernicus data, as of the evening of November 26th, the lava flows emitted by Cumbre Vieja occupy an area of 1,094.7 hectares. In its progress towards the sea, the lava destroyed 2,695 buildings. The European agency’s report shows that the runoff increased by 20.1 hectares in the last 55 hours and destroyed 19 other buildings.

Exposition « Glaciers en péril » à Limoges le 27 novembre !

Je participerai à une exposition de photos dans la galerie du Centre Commercial Corgnac (Super U) à Limoges le samedi 27 novembre de 10 heures à 18 heures.

Vous pourrez voir une dizaine de photos illustrant la fonte des glaciers en Alaska sous les coups de boutoir du réchauffement climatique, particulièrement intense dans cette région du globe.

Vous pourrez compléter votre visite en achetant mon dernier ouvrage « Glaciers en Péril – Les effets du réchauffement climatique » accompagné d’un CD de 160 photos, ainsi que « Dans les pas de l’ours« .

Ces deux livres sont en phase avec l’actualité, suite à la triste COP 26 de Glasgow et après la mort d’une ourse dans les Pyrénées.