La Palma (Iles Canaries) : un désastre oublié // A forgotten disaster

En ce moment en France, on parle beaucoup de la Covid-19 et de la nécessité de vacciner les gens. A côté de cela, la catastrophe qui se déroule aux Canaries est largement oubliée.
Plus de deux mois après son début, l’éruption du Cumbre Vieja continue de causer de sérieux problèmes à la population de La Palma. Les habitants doivent faire face à une série de dangers, notamment des coulées de lave en constante expansion, des maisons ensevelies sous la cendre et des séismes.
Une nouvelle coulée de lave est entrée dans l’océan et a déclenché une réaction chimique. Les épais nuages de gaz potentiellement toxiques ont forcé les autorités à ordonner le confinement des habitants de trois villes sur le littoral. Ils ont reçu l’ordre de rester à l’intérieur avec les portes et les fenêtres fermées pour des raisons de sécurité.

Comme je l’ai indiqué précédemment, une autre coulée de lave s’est échappée du volcan le 25 novembre et s’est dirigée rapidement vers le sud-ouest en détruisant des zones épargnées jusqu’à présent. Elle a pénétré dans le cimetière de Las Manchas et menace des habitations. Le cimetière de Las Manchas avait une superficie de plus de 1 000 mètres carrés et abritait les restes de 3 160 défunts. Il contenait plus de 5 000 niches et c’était le seul crématorium de l’île. La mairie de Los Llanos avait proposé aux familles qui le souhaitaient l’exhumation des restes de leurs proches.

Les nuages de cendre et de gaz affectent également la partie orientale de La Palma. À Santa Cruz, la capitale de La Palma, les autorités ont recommandé aux habitants de porter des masques en raison des fortes concentrations de particules et de SO2 dans l’air. L’aéroport de La Palma est fermé depuis plusieurs jours à cause des cendres. Cette fermeture a bloqué l’entrée et le retour de milliers de touristes par avion, et en a obligé beaucoup à partir par la mer. La fermeture a eu un effet plus grave: des centaines de patients gravement malades qui ne peuvent être soignés sur l’île reçoivent un traitement dans d’autres parties des îles Canaries. Par exemple, La Palma ne dispose pas de services de radiothérapie ou de neurochirurgie,.

Depuis le début de l’éruption, plus de 7 000 personnes sur l’île ont été contraintes d’évacuer. Jusqu’à présent, l’éruption a couvert environ 1 074 hectares de terres et a entraîné la destruction de plus de 2 600 bâtiments dans la partie ouest de l’île, selon les données de Copernicus. Sur les 1 074 hectares de lave, environ 43 hectares sont en fait des terres nouvellement formées qui ont été créées à la suite de la coulée de lave dans l’océan Atlantique.
En plus de la destruction de bâtiments, la récolte de bananes de La Palma a également subi des pertes importantes. L’industrie bananière de l’île a perdu environ 100 millions de dollars de revenus.

Alors que des milliers de bâtiments agricoles et maisons d’habitation ont été engloutis par la lave, jetant à la rue des milliers de personnes, certains scientifiques essayent de voir le bon côté des choses. Ils affirment que l’activité volcanique est vitale pour la survie de l’île. Ils expliquent que si des éruptions ne se produisaient pas, les îles seraient complètement érodées par la mer. Autrement dit, bien qu’elle soit destructrice et traumatisante, l’éruption est aussi un processus constructif et l’île s’agrandit. Pas sûr que cet argument suffise à remonter le moral de ceux qui ont tout perdu.

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22 heures : Selon les données Copernicus, en date du 26 novembre au soir, les coulées de lave émises par le Cumbre Vieja occupent une superficie de 1 094,7 hectares. Dans sa progression vers la mer, la lave a détruit 2695 bâtiments, Le rapport de l’agence européenne montre que les eaux de ruissellement ont augmenté de 20,1 hectares au cours des 55 dernières heures et ont détruit 19 autres bâtiments.

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At the moment in France, there is a lot of talk about Covid-19 and the need to vaccinate people. Besides that, the disaster unfolding in the Canaries is largely forgotten.
More than two months after its start, the eruption of Cumbre Vieja continues to cause serious problems among the population of La Palma. Residents face a range of dangers, including ever-expanding lava flows, houses buried in ash and earthquakes.
A new lava flow entered the ocean and triggered a chemical reaction. Thick clouds of potentially toxic gas forced authorities to order the containment of residents of three coastal towns. They were ordered to stay inside with the doors and windows closed for safety reasons.
As I reported earlier, another lava flow came out of the volcano on November 25th and moved quickly southwest, destroying areas spared so far. It entered the cemetery of Las Manchas and threatens homes. Las Manchas cemetery was over 1,000 square meters in size and housed the remains of 3,160 deceased. It contained more than 5,000 niches and it was the only crematorium on the island. The municipality of Los Llanos had proposed to families the exhumation of the remains of their relatives.

Ash and gas clouds also affect the eastern part of La Palma. In Santa Cruz, the capital of La Palma, authorities have recommended that residents wear masks due to the high concentrations of particles and SO2 in the air. La Palma airport has been closed for several days due to the ash. The closure has blocked the entry and return of thousands of tourists by air, and forced many to leave by sea. The closure has had a more serious effect: hundreds of critically ill patients who cannot be treated on the island receive treatment in other parts of the Canary Islands. For example, La Palma does not have radiotherapy or neurosurgery services.

Since the eruption began, more than 7,000 people on the island have been forced to evacuate. So far, the eruption has covered around 1,074 hectares of land and resulted in the destruction of more than 2,600 buildings in the western part of the island, according to Copernicus data. Of the 1,074 hectares of lava, approximately 43 hectares is actually newly formed land that was created as a result of the lava flow in the Atlantic Ocean.
In addition to the destruction of buildings, the banana crops in La Palma also suffered significant losses. The island’s banana industry has lost around $ 100 million in revenue.

As thousands of farm buildings and residential homes have been engulfed in lava, throwing thousands onto the streets, some scientists are trying to see the bright side. They claim that volcanic activity is vital for the survival of the island. They explain that if eruptions did not occur, the islands would be completely eroded by the sea. In other words, although it is destructive and traumatic, the eruption is also a constructive process and the island grows. Not sure that this argument is enough to boost the morale of those who have lost everything.

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10:00 pm : According to Copernicus data, as of the evening of November 26th, the lava flows emitted by Cumbre Vieja occupy an area of 1,094.7 hectares. In its progress towards the sea, the lava destroyed 2,695 buildings. The European agency’s report shows that the runoff increased by 20.1 hectares in the last 55 hours and destroyed 19 other buildings.

Exposition « Glaciers en péril » à Limoges le 27 novembre !

Je participerai à une exposition de photos dans la galerie du Centre Commercial Corgnac (Super U) à Limoges le samedi 27 novembre de 10 heures à 18 heures.

Vous pourrez voir une dizaine de photos illustrant la fonte des glaciers en Alaska sous les coups de boutoir du réchauffement climatique, particulièrement intense dans cette région du globe.

Vous pourrez compléter votre visite en achetant mon dernier ouvrage « Glaciers en Péril – Les effets du réchauffement climatique » accompagné d’un CD de 160 photos, ainsi que « Dans les pas de l’ours« .

Ces deux livres sont en phase avec l’actualité, suite à la triste COP 26 de Glasgow et après la mort d’une ourse dans les Pyrénées.

Incendies de végétation et glace arctique // Wildfires and Arctic ice

D’énormes incendies de forêt ont ravagé la Californie et la Sibérie au cours des dernières années. Les scientifiques expliquent qu’ils peuvent avoir un impact plus vaste qu’on ne le pensait auparavant. En effet, ces vastes incendies envoient des particules de suie si haut dans l’atmosphère qu’elles sont transportées jusqu’en Arctique où elles intensifient les conséquences du réchauffement climatique.
Les températures au-dessus de l’Arctique augmentent deux fois plus vite qu’ailleurs dans le monde. La calotte glaciaire arctique agit comme un immense pare-soleil pour la Terre car elle renvoie une grande quantité de lumière solaire vers l’espace. À mesure que cet albédo disparaît, la lumière du soleil réchauffe la Terre, contribuant à l’augmentation des températures. Les modèles scientifiques prédisent déjà que d’ici le milieu du siècle l’Arctique sera complètement libre de glace en été.
Selon une étude publiée en novembre 2021 dans la revue Atmospheric Chemistry and Physics, les modèles climatiques actuels sous-estiment d’un facteur trois l’impact sur l’Arctique du carbone noir généré par les incendies de forêt.
L’impact des feux de forêt en Californie sur la calotte glaciaire arctique est encore mal connu, mais nous savons avec certitude que les feux de forêt ‘zombie’ (NDLR: ceux qui se consument de manière souterraine, même en hiver) en Sibérie et ceux qui ravagent l’Amérique du Nord année après année, rejettent du carbone noir qui atteint l’Arctique. Cette région du monde est très affectée car ces sources d’émission sont proches. En revanche, l’Antarctique n’est pas concerné car le continent est beaucoup plus éloigné.
A noter que les suies émises par les incendies en Inde noircissent également les glaciers de l’Himalaya et accélèrent leur fonte.
Un effet indiscutable du carbone noir est qu’il assombrit la glace et accélère sa fonte. En revanche, on n’est pas certain que le carbone noir réchauffe également l’atmosphère. Un chercheur finlandais explique que ses effets peuvent aller dans les deux sens. Les incendies de forêt, par exemple, peuvent dégager du soufre aux côtés du carbone noir, ce qui peut renvoyer la lumière dans l’espace et refroidir l’atmosphère. Si cet effet l’emporte sur les autres impacts du réchauffement, alors ce n’est peut-être pas si mauvais pour la planète. Cependant, d’autres particules qui composent le carbone noir peuvent être recouvertes de produits chimiques qui les rendent plus absorbantes, ce qui signifie qu’elles dégagent encore plus de chaleur. Selon l’origine du carbone noir et les différentes concentrations, il peut alors avoir un effet de refroidissement ou de réchauffement. Le consensus actuel tend toutefois à pencher pour un effet de réchauffement.
Source : Yahoo News. L’article original peut être lu dans le Business Insider.

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Huge wildfires have affected California and Siberia during the past years. Scientists say they may have wider-reaching implications than previously thought. The vast blazes send soot particles so high into the atmosphere that they are carried as far as the Arctic, where they intensify the impact of global warming.

Temperatures over the Arctic are rising twice as quickly as average global temperatures. The Arctic ice sheet acts like a huge sun visor for the Earth: it reflects a large amount of sunlight back to space. As this albedo disappears, the sunlight instead warms the Earth, contributing to global temperature rises. Scientific models already predict that by the middle of the century, the Arctic will be completely free of ice in the summer.

According to a study published in November 2021 in the journal Atmospheric Chemistry and Physics, current climate models underestimate the contribution of wildfires to black carbon in the Arctic atmosphere by a factor of three.

The impact of the wildfires in California on the Arctic ice sheet is still badly known, but we know for sure that the Zombie Siberian wildfires and those that ravage North America year after year, throw up black carbon that makes it to the Arctic. This region of the world is affected quite a lot because these emission sources are fairly close, whereas the Antarctic is much, much further away.

It should be noted that the soot emitted by fires in India also darkens the glaciers in the Himalayas and accelerates their mrelting.

One indisputable effect of the black carbon is that, as it darkens the ice, the ice is more likely to melt. There is more uncertainty about whether the black carbon also warms the atmosphere. A Finnish researcher explains that its effects can cut both ways. Forest fires, for instance, can give off sulfur alongside the black carbon, which may reflect light back into space and actually cool the atmosphere down. If this effect outweighs other warming impacts, then it may not be so bad for the planet. However, other particles that make up black carbon can be coated by chemicals that make them more absorbent, meaning that they will give off even more heat. Depending on the origin of the black carbon and the different proportions, then it can have a cooling effect and warming effect. The current consensus is leaning towards saying that there is a net warming effect.

Source: Yahoo News. The original article can be read in the Business Insider

Le carbone noir des incendies en Sibérie atteint la banquise arctique