La Palma : nouvelles de l’éruption // News of the eruption

18 heures : Aujourd’hui 19 novembre 2021, l’IGN a enregistré un séisme de magnitude M 5,1 à La Palma. C’est l’événement le plus puissant depuis le début de l’éruption du Cumbre Vieja.. Comme souvent, l’épicentre a été localisé à Villa de Mazo, à une profondeur de 37 km. Pour le reste, la sismicité aux niveaux intermédiaires continue de diminuer et reste à des profondeurs élevées. Le tremor volcanique reste à un niveau bas et la déformation de l’édifice volcanique continue globalement de diminuer.

On observe actuellement trois fronts de coulées actifs. L’un s’étend de la Montaña Rajada au nord de la Montaña Cogote (coulée n°11) ; un autre continue d’alimenter les deltas de lave, et le troisième, le plus intense, s’étend entre les coulées n°4 et n°7. Il occupe un nouvel espace au détriment des maisons et des fermes, mais il a ralenti sa progression et avance à environ 20 mètres par heure.
La lave a couvert 1 048 hectares, dont plus de 7 au cours des dernières 24 heures. Le delta de lave couvre près de 43 hectares.
Le panache volcanique atteint une hauteur d’environ 3 500 mètres et est orienté vers l’est et le sud-est, ce qui peut compliquer la navigation aérienne à partir du 20 novembre.

Les émissions de dioxyde de soufre poursuivent leur tendance à la baisse.

La superficie de cultures touchée par la lave s’élève à 314 hectares, dont 187 hectares de bananeraies, 60 de vignobles et 25 d’avocatiers.
Selon les données Copernicus, le nombre de structures affectées par l’éruption s’élève à 2731. 2616 ont été totalement détruits. A l’issue de deux mois d’éruption, les dégâts sont estimés à 900 millions d’euros.

Sources : IGN, Involcan, Pevolca.

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22 heures : Ce vendredi 19 novembre, on observe un nouveau débordement qui continue en ce moment et devra être surveillé attentivement.

Capture écran webcam.

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6:00 pm : Today November 19th, 2021, IGN recorded an M 5.1 earthquake in La Palma. It was the most powerful event since the beginning of the Cumbre Vieja eruption. As often, the epicenter was located at Villa de Mazo, at a depth of 37 km. For the rest, seismicity at intermediate levels continues to decrease and remains very deep. The volcanic tremor remains at a low level and the deformation of the volcanic edifice continues to decrease.
There are currently three active flow fronts. One extends from Montaña Rajada to the north of Montaña Cogote (flow No. 11); another continues to feed the lava deltas, and the third, the most intense, extends between flows n ° 4 and n ° 7. It occupies new space to the detriment of houses and farms, but it has slowed its progress and is advancing at around 20 meters per hour.
The lava covered 1,048 hectares, including more than 7 in the past 24 hours. The lava delta covers nearly 43 hectares.
The volcanic plume reaches a height of about 3,500 meters and is oriented east and southeast, which can cause problems to air traffic from November 20th.
Sulfur dioxide emissions continue their downward trend.
The area of crops affected by the lava amounts to 314 hectares, including 187 hectares of banana plantations, 60 of vineyards and 25 of avocado trees.
According to Copernicus data, the number of structures affected by the eruption amounts to 2731. 2616 were totally destroyed. After two months of eruption, the damage is estimated at 900 million euros.
Sources: IGN, Involcan, Pevolca.

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10:00 pm : A new lava overflow was observed on November 19th (see image above). It is going on tonight and should be closely monitored.

Nouvelles d’Islande // News from Iceland

Le 17 novembre, j’indiquais que, selon un rapport publié le 16 novembre 2021, une phase d’inflation avait été détectée en profondeur sous la montagne Fagradalsfjall. Cette inflation pourrait signifier qu’une activité éruptive est susceptible de reprendre dans la région, mais personne ne sait quand une telle éruption est susceptible de commencer
Aujourd’hui, les médias islandais nous informent qu’un séisme de magnitude M 3.0 a été enregistré sur la péninsule de Reykjanes, dans la soirée du 17 novembre. L’épicentre se trouvait à 3,5 km au nord-est de Grindavík. Quelques répliques ont également été enregistrées. De plus, un essaim sismique a débuté le même jour près dans le secteur de Þrengsli (sud-ouest de l’Islande) avec un événement de M 3,3.
Le Met Office islandais affirme que les habitants de Grindavik ne doivent pas être inquiets.De tels séismes sont probablement dus à la position de la région à la limite des plaques tectoniques, de sorte que l’activité sismique n’y est pas rare. Selon le Met Office, cette sismicité n’a aucun lien avec une activité volcanique.

Les médias islandais informent également le public que le sol a recommencé à se soulever sur la péninsule de Reykjanes. L’inflation a été détectée au nord du mont Keilir et au sud du site de l’éruption du Fagradalsfjall.
Le sol autour du Fagradalsfjall a montré une déflation pendant l’éruption elle-même, très probablement parce que le magma quittait la chambre magmatique pour s’écouler en surface. D’après les mesures GPS, la déflation a commencé à s’atténuer fin août, puis à s’intensifier vers la mi-septembre. Elle est toutefois minime et n’atteint que un à deux centimètres maximum.
Selon les modèles du Met Office, l’accumulation de magma en profondeur est la cause la plus probable de l’inflation, bien que les scientifiques pensent également qu’elle peut être liée à l’activité sismique enregistrée pendant un mois au sud de Keilir à la fin septembre. Aucun mouvement de terrain laissant supposer que le magma se rapproche de la surface n’a été observé. Aucune coulée de lave n’a été observée sur le Fagradalsfjall depuis le 18 septembre. Des émissions de gaz en très faible quantité sont toujours détectées sur le site de l’éruption.

Le Center for Disease Control (CDC) aux États-Unis a élevé cette semaine l’Islande niveau 4, autrement dit à très haut risque, en raison du nombre élevé de cas de COVID-19 dans le pays. Le niveau 4 est attribué aux pays ayant enregistré plus de 500 cas pour 100 000 habitants au cours des 28 derniers jours.
La République tchèque, la Hongrie et Guernesey ont également été classées au niveau 4 dans le même temps. La Belgique, les Pays-Bas, Singapour, la Turquie et les îles Vierges font partie des 70 destinations dans le monde que le CDC considère comme étant à très haut risque en ce moment.
Le CDC conseille aux résidents américains de ne pas se rendre en Islande actuellement. Ils doivent entreprendre le voyage uniquement s’ils sont vaccinés (comme l’exige également l’Islande) et suivre les réglementations locales sur le port du masque et la distanciation sociale.

Sources: Iceland Monitor, Iceland Review.

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On November 17th, I indicated that, according to a news report published on November 16th, 2021, inflation had been detected deep under Fagradalsfjall mountain. This inflation suggests that an eruption might start again in Fagradalsfjall, but it remains impossible to know when such an eruption might start

Today, Icelandic news media inform us that an M 3.0 earthquake hit the Reykjanes peninsula, in the evening of November 17th . Its source was 3.5 km northeast of Grindavík. Some aftershocks were also recorded. In addition, a seismic swarm began on the same day near the Þrengsli area (southwest Iceland) with an event measuring M 3.3.

A Met Office says there is no reason for Grindavik residents to be too worried. The cause of the quakes is probably due to the tectonic plate boundary in the region, and seismic activity in the area is not at all uncommon. He adds there is no indication of a connection to any volcanic activity.

Icelandic news media also inform the public that land has started rising again on the Reykjanes peninsula. The uplift has been detected north of Mt. Keilir and south of the Fagradalsfjall eruption site.

The land around Fagradalsfjall fell during the eruption itself, most likely because of the magma streaming out of the chamber beneath the surface. According to GPS measurements, land fall began to subside at the end of August and then rise again around the middle of September. The uplift is, however, minimal: only one to two centimetres at the highest points.

According to the Met Office’s models, the magma accumulation deep within the earth is the most likely cause of the uplift, although scientists also believe that it is connected to a month-long wave of seismic activity that began at the southern end of Keilir at the end of September. No dislocation has been observed on the surface as of this time, which might mean that magma is getting closer to the surface. There has been no lava flow at Fagradalsfjall since September 18th. Gas emissions are still being detected at the eruption site, but only in very small quantities.

The United States’ Center for Disease Control (CDC) has just designated Iceland Level 4, or Very High Risk, for travellers this week, due to the nation’s high COVID-19 rates. Level 4 is a designation reserved for nations with more than 500 cases per 100,000 residents in the past 28 days.

The Czech Republic, Hungary, and Guernsey were also listed as Level 4 at the same time. Belgium, The Netherlands, Singapore, Turkey, and the US Virgin Islands are among the 70 destinations around the world that the CDC has designated as Very High Risk at this time.

The CDC advises US residents not to travel to Iceland at this time. Americans who do choose to travel to Iceland are advised only to do so if vaccinated (as required by Iceland as well) and to follow local regulations on mask wearing and social distancing.

Sources: Iceland Monitor, Iceland Review.

On n’observe qu’un faible dégazage sur le site de Fagradalsfjall.

Les cristaux d’olivine du Kilauea (Hawaii) // The olivine crystals of Kilauea Volcano (Hawaii)

Les cristaux d’olivine – le minéral vert très répandu dans les laves hawaïennes – enregistrent quand et comment le magma se déplace à l’intérieur des volcans hawaïens avant les éruptions. Les géologues du HVO expliquent qu’ils peuvent utiliser ces cristaux comme des horloges pour mieux comprendre les événements qui ont précédé les éruptions sommitales du Kilauea en décembre 2020 et septembre 2021.
Les laves et leurs minéraux fournissent des indices sur l’histoire des magmas émis pendant les éruptions. Les récentes éruptions sommitales du Kilauea permettent aux scientifiques d’avoir « une fenêtre sur l’intérieur » du volcan et d’en savoir plus sur l’origine de la lave qui a percé le cratère de l’Halema’uma’u, et à quelle vitesse elle s’est déplacée vers la surface.
Les géologues mesurent la chimie des matériaux émis pour connaître la température du magma, pendant combien de temps il a séjourné à l’intérieur du volcan avant l’éruption, et si des magmas différents – plus anciens et plus froids – ont pu se mélanger au magma juvénile.
L’olivine est principalement composée d’éléments magnésium (Mg) et fer (Fe) ainsi que de silice. Le rapport entre Mg et Fe, également connu sous le nom de teneur en forstérite (Fo), peut donner des informations sur le magma dans lequel le cristal s’est développé.
Un taux de Mg plus élevé dans l’olivine (et donc un Fo plus élevé) signifie que les cristaux se sont développés dans des magmas plus chauds et généralement plus profonds. Au contraire, si la teneur en olivine Fo est faible, cela indique que les cristaux se sont développés dans un magma plus froid et généralement moins profond.
Après avoir recherché des cristaux d’olivine dans les matériaux émis par le Kilauea en décembre 2020 et septembre 2021, les scientifiques du HVO ont travaillé avec le laboratoire de microsonde électronique de l’Université d’Hawaï à Manoa pour photographier l’intérieur des cristaux d’olivine.
Ces images montrent que l’olivine récemment émise par le Kilauea peut être zonée, ce qui signifie que les noyaux des cristaux ont un Fo différent de celui de leurs bords. Cela correspond à un zonage normal dans lequel le Fo décroît de l’intérieur du cristal vers l’extérieur.
Le zonage normal des cristaux indique aux géologues qu’ils se sont d’abord développés dans une partie plus profonde et plus chaude du Kilauea, puis que leurs bords se sont développés plus tard après que le magma se soit déplacé vers une région moins profonde et plus froide.
La présence de cristaux zonés est intéressante pour le sommet du Kilauea. En effet, l’olivine du lac de lave qui était active de 2008 à 2018, avant l’effondrement du sommet, était généralement homogène, ce qui signifie qu’elle ne présentait aucun zonage.
Ces changements intervenus dans le Fo de l’olivine sont également intéressants à étudier car ils enregistrent en fait le temps mis par le processus de diffusion. Dans ce processus, les atomes de Mg du noyau d’olivine peuvent diffuser vers les bords au fil du temps pendant que l’olivine se trouve dans un magma chaud. En mesurant le changement de Fo du noyau au bord, puis en appliquant un modèle de ce changement, les géologues peuvent calculer combien de temps les cristaux sont restés au niveau le moins profond, là où les bords se sont développés avant d’entrer en éruption.
Les cristaux d’olivine de l’éruption de 2020 du Kilauea ont présenté des temps de diffusion d’environ 60 jours ou moins. Cela montre que les cristaux, qui à l’origine étaient logés profondément dans le volcan, se sont déplacés vers des régions peu profondes environ 60 jours avant leur éruption.
Environ 60 jours avant l’éruption du Kilauea en décembre 2020, le HVO a détecté fin octobre la première série d’essaims sismiques au cours de la période d’activité qui a conduit à l’éruption. Bien que l’essaim sismique initial se soit produit sous le terrain de camping de Nāmakanipaio, les temps de diffusion des cristaux d’olivine montrent que les séismes étaient peut-être le signe que le magma pénétrait à faible profondeur sous le sommet du Kilauea.
Au cours des prochaines semaines, les cristaux d’olivine de l’éruption du Kilauea qui a commencé le 29 septembre 2021 seront mesurés sur la microsonde électronique de l’Observatoire des Volcans de Californie. Les données seront ensuite modélisées pour calculer les échelles de temps à partir des «horloges» les plus récentes fournies par les cristaux. Cela permettra aux géologues de savoir si le même processus s’est répété cet automne ou si quelque chose de nouveau et de différent s’est produit avant la dernière éruption du Kilauea.
Source : USGS/HVO.

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Olivine crystals – the green mineral common in Hawaiian lavas – record when and where magmas move inside Hawaiian volcanoes before they erupt. HVO geologists explain that theye can use these little crystals like clocks to better understand the magmatic events leading to the December 2020 and September 2021 summit eruptions at Kilauea.

Lavas and their minerals erupted from Hawaiian volcanoes provide clues to the history of the magmas that are eventually erupted. Kilauea’s recent summit eruptions allow scientists to get “a glimpse inside” the volcano and the chance to learn more about where the magma that erupted in Halema‘uma‘u crater came from and how quickly it moved to the surface.

Geologists measure the chemistry of the erupted materials to find out how hot the magma was, how long it stayed inside the volcano prior to erupting at the surface, and how different magmas – older and cooler – might have mixed.

Olivine is primarily made of the elements magnesium (Mg) and iron (Fe) along with silica. The ratio of Mg and Fe, also known as the forsterite (Fo) content, can give information about the magma that the crystal grew in.

Higher Mg in olivine (and therefore higher Fo) means that crystals grew in hotter, and usually deeper, magmas. If the olivine Fo content is low, it tells us that crystals grew in a cooler, and usually shallower, magma.

After searching for olivine crystals in tephra erupted by Kilauea in December 2020 and September 2021, HVO scientists worked with the electron microprobe lab housed at the University of Hawaii at Manoa to take pictures of the insides of the olivine crystals.

These images show that Kilauea’s recently erupted olivine can be zoned, meaning that the cores of the crystals have different Fo than their rims. This corresponds to normal zoning where Fo decreases from the inside of the crystal to the outside.

Normal zoning in these crystals tells geologists that they first grew in a deeper, hotter part of Kilauea and then the rims of the crystals grew later after the magma had moved to a shallower, cooler region.

The presence of zoned crystals is interesting for Kilauea’s summit. Indeed, olivine from the lava lake that was active from 2008–2018, prior to the summit collapse, were typically homogeneous, meaning that they did not have any zoning.

These changes in olivine Fo are also special because they actually record time through a process called diffusion. In this process, Mg atoms from the olivine core can diffuse toward its rim over time while the olivine sits in a hot magma. By measuring the change in Fo from core to rim, and then applying a model of this change, geologists can calculate how long crystals sat at the shallower level where the rims grew before they erupted.

Kilauea’s 2020 olivine crystals have modeled diffusion times of about 60 days or less. This suggests that the crystals, which originally grew deeper in the volcano, moved up to shallow regions about 60 days before they erupted.

Around 60 days before Kilauea’s December 2020 eruption, HVO detected in late October the first set of earthquake swarms during the period of unrest leading to the eruption. Though the initial earthquake swarm occurred under Nāmakanipaio Campground, the modeled olivine crystal diffusion times suggest that the earthquakes could have been a sign that magma was intruding shallowly under Kilauea’s summit.

In the next few weeks, olivine crystals from Kilauea’s eruption that began on September 29th will be measured on the California Volcano Observatory’s electron microprobe. The data will then be modeled to calculate the timescales from these most recent “crystal clocks,” letting geologists know if the same process was repeated this Fall or if something new and different happened prior to the most recent eruption of Kilauea.

Source: USGS / HVO.

Dans ces images de cristaux mises en ligne par le HVO, on peut voir à gauche une vue au microscope de l’olivine émise lors de l’éruption du Mauna Loa en 1852.

Au centre, on a une vue grossie de l’intérieur d’une olivine prélevée pendant l’éruption du Kīlauea en décembre 2020, où les niveaux de gris indiquent l’abondance relative de fer (Fe). Le noyau plus foncé (noir à l’intérieur) de l’olivine est plus élevé en Mg (et donc avec une teneur en Fo plus élevée) que le bord plus clair (gris à l’extérieur). Ce cristal mesure environ 800 microns de diamètre.

À droite, on a une autre image électronique de l’olivine du 29 septembre 2021 qui présente, elle aussi, des changements dans la teneur en Fo entre le noyau et le bord. Ce cristal est plus petit, avec un diamètre de seulement 400 microns.

Images obtenues par la microsonde électronique de l’Université d’Hawaii à Manoa. (Source: HVO)

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Images of olivine from Hawaiian volcanoes:

Left: Green olivine from Mauna Loa’s 1852 eruption, viewed under a microscope.

Middle: Zoomed in image of the inside of an olivine from Kilauea’s December 2020 eruption, where grayscale indicates the relative abundance of iron (Fe). The darker core (black inside) of the olivine is higher in Mg (and a higher Fo content) than the lighter rim (gray outside). This crystal is approximately 800 microns across.

Right: Another electron image of olivine from 29 September 2021 that also has changes in Fo content between the core and rim. This crystal is smaller, only 400 microns across.

Images from the University of Hawai‘i at Mānoa electron microprobe. (Source: HVO)