Cumbre Vieja (La Palma): dernières nouvelles // Latest news

12 heures : L’IGN a enregistré 43 séismes au cours de la nuit écoulée. Trois événements ont dépassé la magnitude M 4,0. Le plus significatif, avec M 4,8, s’est produit à Villa de Mazo à une profondeur de 39 kilomètres. Quelques secondes plus tard, un autre séisme de M 4.7, a été enregistré au même endroit.

Comme je l’ai indiqué précédemment, une nouvelle entrée de lave dans la mer a entraîné le confinement de quelque 3.000 personnes dans la commune de Tazacorte (dans l’ouest de l’île) à cause des panaches de vapeur et de gaz. Le nouveau delta de lave en formation est situé dans la zone d’El Perdido, à environ trois kilomètres au sud de Puerto de Tazacorte et à un peu moins de deux kilomètres au nord du delta qui a commencé à se former le 28 septembre.

Pour la première fois depuis le début de l’éruption, les alertes concernant la mauvaise qualité de l’air à La Palma ont été étendues à la partie orientale de l’île, en particulier à la capitale, Santa Cruz de La Palma, à Breña Alta et Breña Baja. Les autorités recommandent à la population de limiter les déplacements en extérieur et d’utiliser des masques FFP2.

L’aéroport de La Palma reste fermé pour la quatrième journée consécutive à cause de la cendre volcanique.

Source: Pevolca, IGN.

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20 heures : Depuis cet après-midi, l’arrivée de lave dans l’océan s’est intensifiée, avec des images très spectaculaires, comme le montrent ces captures d’écran de la webcam qui filme l’événement :

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12:00 pm: IGN recorded 43 earthquakes during the past night. Three events exceeded magnitude M 4.0. The most significant, with M 4.8, occurred at Villa de Mazo at a depth of 39 kilometers. A few seconds later, another earthquake of M 4.7, was recorded at the same place.
As I indicated earlier, a new lava entry into the sea resulted in the confinement of some 3,000 people in the municipality of Tazacorte (western part of the island) due to the plumes of steam and gas. The new developing lava delta is located in the El Perdido area, about three kilometers south of Puerto de Tazacorte and just under two kilometers north of the delta that began to form on September 28th.
For the first time since the start of the eruption, alerts about poor air quality in La Palma have been extended to the eastern part of the island, in particular to the capital, Santa Cruz de La Palma, in Breña Alta and Breña Baja. The authorities recommend that the population limit outdoor activities and wear FFP2 masks.
La Palma airport remains closed for the fourth day in a row due to volcanic ash.
Source: Pevolca, IGN.

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8:00 pm : Sice early this afternoon, the arrival of lava into the ocean has intensified, with dramatic images (see above).

L’arrivée de la lave dans la mer le 22 novembre au soir (capture écran webcam)

La muographie permettra-t-elle un jour de prévoir les éruptions ? // Will muography some day help predict eruptions ?

J’ai expliqué dans des notes précédentes (21 novembre 2015, 11 juillet 2016) que les muons pourraient nous aider à comprendre la structure interne de certains volcans. Un nouvel article publié dans la presse américaine va plus loin et affirme que ces particules cosmiques pourraient être utilisés pour prévoir les éruptions.
Les muons sont partout et nous frappent à chaque seconde. Ces particules, qui se forment lorsque les rayons cosmiques pénètrent dans l’atmosphère terrestre, sont inoffensives et se désintègrent rapidement en formant des amas de particules encore plus fines.
Les muons pénètrent dans les objets comme le font les rayons X,. C’est ainsi qu’ils ont permis aux scientifiques de découvrir une chambre funéraire à l’intérieur de la Grande Pyramide d’Égypte il y a plusieurs années.
Les scientifiques utilisent également des muons pour cartographier la structure interne des volcans, ce qui pourrait un jour aider à prévoir des éruptions. C’est ce que l’on peut lire dans un article publié la semaine dernière dans les Proceedings of the Royal Society.
Pour créer ces cartes, les scientifiques mesurent la faculté des muons à traverser le magma qui circule dans les cavités, les chambres et entre les passages rocheux à l’intérieur des volcans. Ils utilisent ensuite ces informations pour créer des aperçus géologiques. Selon l’un des auteurs de l’article, la muographie, pourrait un jour permettre de suivre les mouvements du magma qui précèdent une éruption
Les muons ont une charge négative, mais sont 207 fois plus lourds que les électrons. Ils se déplacent presque à la vitesse de la lumière. Cette lourdeur et cette vitesse permettent aux particules de pénétrer dans des matériaux denses comme la roche volcanique. Plus l’objet est dense, plus les muons perdent de la vitesse et se désintègrent. De nombreux muons peuvent heurter le flanc d’un volcan et le traverser. Toutefois, si la structure de la montagne est suffisamment dense, par exemple parce qu’un passage est rempli de magma, un muon ne pourra pas sortir de l’autre côté du volcan.
Pour repérer quels muons ont réussi à traverser l’édifice volcanique, les scientifiques installent des détecteurs sur les flancs d’un volcan. Ces détecteurs créent une image de l’intérieur du volcan en capturant les muons qui ne se sont pas désintégrés lors de leur passage à travers l’édifice, et en notant les zones où les muons ne sont pas ressortis. Certains chercheurs réalisent cette cartographie depuis les airs en positionnant les détecteurs de muons à l’intérieur d’hélicoptères et en volant à proximité des flancs du volcan.
Les muons qui traversent complètement l’édifice volcanique projettent des zones sombres sur le détecteur de muons. Mais lorsque les muons frappent des parties denses et se désintègrent, ils laissent des zones plus claires. Autrement dit, plus l’objet est dense, plus zone imprimée est claire. Plus on dispose de détecteurs de muons autour d’un volcan, meilleure est l’image. En utilisant plusieurs détecteurs positionnés autour d’un objet, il est possible de créer une image 3D.
Les chercheurs ont utilisé la muographie pour scruter l’intérieur des volcans japonais Sakurajima et Asama, ainsi que trois volcans en Italie, dont le Vésuve, et La Soufrière de la Guadeloupe.
[NDLR : Le problème est que les détecteurs ne sont pas toujours faciles à mettre en place sur les flancs d’un volcan, comme on a pu le voir avec La Soufrière de la Guadeloupe. De plus, pour être efficaces, les détecteurs doivent être installés sur des volcans coniques, de forme pyramidale comme le mont Unzen au Japon, ou encore le Mayon aux Philippines. Les résultats seraient beaucoup plus aléatoires sur des volcans boucliers comme le Kilauea à Hawaii.]
En plus de la cartographie des entrailles d’un volcan, l’article explique que la muographie pourrait être utilisée pour repérer les réservoirs de magma à l’intérieur des volcans qui sont sur le point d’entrer en éruption et pour suivre le mouvement du magma en temps réel. Les éruptions sont souvent précédées d’une ascension du magma vers le sommet du volcan. L’utilisation de muons pour détecter le déplacement du magma dans la zone sommitale pourrait aider les scientifiques à détecter les éruptions imminentes. Cela permettrait d’évacuer des populations en toute sécurité avant une éruption. Cependant, la muographie est encore loin de ce résultat et le rêve de tout volcanologue n’est pas près de se réaliser…
Source (entre autres) : Business Insider.

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I explained in previous posts (21 November 2015, 11 July 2016) that muons could help us understand the inner structure of some volcanoes. A new article published in the American press goes farther and explains that these cosmic particles could be used to predict eruptions.

Muons are everywhere and strike us every second. These particles, which are created when cosmic rays enter the Earth’s atmosphere, are harmless and quickly decay into clusters of lighter particles.

The particles penetrate objects like X-rays do, which make them useful to scientists, who used muons to uncover a hidden chamber in Egypt’s Great Pyramid several years ago.

Scientists also use muons to map the internal structure of volcanoes, which could one day help predict dangerous eruptions, according to an article published last week in the Proceedings of the Royal Society.

To create those maps, scientists measure how efficiently particles pass through magma flowing through caverns, chambers, and rocky passages in volcanoes, then use that information to create geological blueprints. According to one of the authors of the article, muography, may one day make it possible to track magma movements that may precede an eruption

Muons have a negative charge, but are 207 times heavier than electrons, traveling at nearly the speed of light. That heaviness and speed allows particles to penetrate dense materials like volcanic rock. The denser the object, the more quickly muons lose speed and decay. Many muons can hit the side of a volcano and travel right through. But if the volcano is dense enough, for instance because a passage is filled with magma, a muon won’t make it out the volcano’s other side.

To spot which muons survived the journey, scientists set up muon detectors on the flanks of a volcano. Those detectors create an image of the volcano’s interior by capturing the muons that didn’t decay while passing through the volcano, and noting gaps where muons didn’t survive intact. Some researchers do this mapping from the air by positioning muon detectors inside helicopters and flying near the volcano’s flanks.

Muons that pass through completely cast dark shadows on the muon detector. But when muons hit dense parts of the volcano and decay more quickly, they leave lighter silhouettes. In short, the denser the object, the lighter the silhouette. The more muon detectors surrounding a volcano, the better the image. By using multiple detectors positioned around the object, it’s possible to build up a crude 3D image.

Researchers have used muography to glimpse inside Japan’s Sakurajima and Mount Asama volcanoes, as well as three volcanoes in Italy,including Vesuvius, and La Soufrière volcano in Guadeloupe.

[NDLR: The problem is that the detectors are not always easy to set up on the flanks of a volcano, as could be seen with La Soufrière. Moreover, to be effective, the detectors need to be installed on pyramid-like conical volcanoes like Mount Unzen in Japan. The operations would be much more diffiocult on shield volcanoes like Kilauea in Hawaii.

Beyond helping scientists map volcanic innards, the new article suggests muography could be used to spot magma reservoirs inside volcanoes that are primed to erupt and to track magma movement in real time. Eruptions are often preceded by magma rising toward the volcano’s summit, and using muons to detect magma flow in that summit area may help scientists detect impending eruptions. This would allow people to safely evacuate ahead of an eruption. However, muon technoly is still far from what is a volcanologist’s dream.

Source (among others) : Business Insider.

Image muonique de la Soufrière de la Guadeloupe (Source: CNRS)

Les ours dans les Pyrénées…et en Alaska!

C’était à prévoir: les réactions sont vives dans les Pyrénées après l’accident intervenu le samedi 20 novembre 2021 dans le département de l’Ariège., Une ourse accompagnée de deux oursons a attaqué un chasseur dans le Couserans. L’homme chassait le sanglier quand l’accident s’est produit. Il a été grièvement blessé par les crocs de l’animal, mais a eu le temps de l’abattre.

En Alaska, une région du monde que je connais bien, un tel événement serait apparu dans la rubrique des faits divers du journal local. Il arrive assez fréquemment que des chasseurs ou des randonneurs se fassent attaquer par un ours mâle, mais plus souvent par une ourse accompagnée de ses oursons. L’attaque est parfois mortelle. Dans certains cas, l’animal est abattu pendant l’accident, ou à postériori par les agents des Eaux et Forêts. En Alaska, on abat systématiquement un ours qui a tué ou attaqué un être humain. Dans le cas d’une agression, la victime est autorisée à tirer sur l’ours avec une arme à feu, à condition que la légitime défense soit prouvée. Abattre un ours sans raison apparente est interdit par la loi et très sévèrement puni.

En France, la situation est beaucoup plus compliquée car les ours ne vivent pas dans la toundra. Ils ont été réintroduits – ce mot est très lourd de sens – dans une région où l’élevage occupe de nos jours une place importante. Selon la présidente du conseil départemental, « cet accident est dramatique. Nous n’avons cessé d’alerter l’Etat sur les dangers de cette présence de l’ours. […] Ces ours ont été réintroduits sans concertation et désormais, nous faisons face à une reproduction galopante. L’ours ne cohabite avec aucune activité. » De son côté, le président de la fédération de chasse de l’Ariège a déclaré: « Nous ne sommes pas contre la réintroduction de l’ours, mais le pays n’est plus conçu pour permettre cette cohabitation. »

Les partisans de la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées tiennent évidemment un autre discours. Selon le directeur de l’association Pays de l’Ours, « avec cet accident, l’ours va se retrouver à nouveau sur le banc des accusés. Tout ceci n’est pas raisonnable. » Les membres de l’association font remarquer que « c’est la première fois depuis 25 ans qu’un ours blesse un homme dans les Pyrénées […]. Une ourse ne mord pas un homme sans raison. La seule explication possible est qu’elle ait senti ses oursons menacés. »

C’est exactement cela. On se retrouve dans la même situation qu’en Alaska où beaucoup d’accidents se produisent quand une ourse craint pour ses oursons.

Il est bien évident qu’un tel accident est rare dans les Pyrénées parce que la densité ursine est faible. Le nombre d’accidents va de pair avec l’importance de la population d’ours. Plus ils sont nombreux, plus le risque d’accidents est élevé.

En Alaska, la densité de la population d’ours dépend de l’abondance de la nourriture. Ainsi, sur la péninsule de l’Alaska ou sur l’île Kodiak, on rencontre des densités atteignant un ours par mile carré (2,6 km2). Ailleurs dans l’Etat, cette densité est plus faible, mais la rencontre avec un ours est toujours possible. J’ai connu de tels moments à plusieurs reprises, en particulier le long des rivières. Lorsque je taquinais le saumon, j’avais avec moi un spray anti-ours,au cas où. De plus , je conseille aux randonneurs de signaler leur présence, par exemple en accrochant un grelot à leur sac à dos. La pire des choses est de surprendre un ours. L’attaque est alors inévitable.

S’agissant des accidents, les dernières statistiques indiquent qu’il y a eu 66 attaques d’ours en Alaska de 2000 à 2017. Au cours de cette période, les rencontres ours-humains ont entraîné 68 hospitalisations. Cela représente en moyenne 3,8 admissions chaque année, tandis que le taux moyen d’hospitalisations pour attaque d’ours est de 8,6 pour 10 000 hospitalisations par an.

Quand j’ai pris cette photo d’une ourse…..

…les oursons étaient à une dizaine de mètres derrière elle. Photos express depuis le marchepied du véhicule et moteur allumé! (Photos: C. Grandpey)

Pour mieux connaître les ours: