Kilauea (Hawaii / Etats Unis)

drapeau francaisOn observe depuis le 20 avril une tendance globale au gonflement du Kilauea, probablement due à une montée de magma sous l’édifice volcanique, comme cela se produit périodiquement à Hawaii.

Graphique-Kilauea

Cette tendance inflationniste s’est traduite par une hausse du niveau du lac de lave dans le pit crater de l’Halema’uma’u. Il se trouvait à environ 34 mètres sous la lèvre le 25 avril. Aucun débordement du lac n’est toutefois à craindre dans le court terme, d’autant que la hausse du tiltmètre est irrégulière.

La montée de magma a également eu des effets sur le Pu’uO’o, avec une arrivée de lave bien visible la nuit sur le plancher du cratère le 23 avril. La lave a ensuite pris la direction du NE, ce qui a pu avoir comme conséquence une baisse temporaire de débit de la coulée Kahauale’a 2. Dans les jours qui ont suivi, la lave est restée présente dans le cratère. Elle n’était plus visible la nuit sur les webcams (sauf la caméra thermique) mais sa présence était trahie par des phases de gonflement du plancher.

 PuuOo-thermique

Certaines personnes – en particulier dans le district de Puna – se demandent si la coulée Kahauale’a 2 est susceptible de devenir une menace. En ce moment, la réponse est négative car le front se trouve en moyenne à 8 km de la source et l’alimentation n’est pas suffisamment constante pour faire avancer la lave vers les zones habitées (voir ma note du 18 avril à ce sujet). Le HVO et la Protection Civile restent toutefois très vigilants car on sait que la situation peut évoluer rapidement sur le Kilauea.

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drapeau anglaisSince April 20th, there has been an overall inflating tendency of Kilauea, probably due to a rise of magma beneath the volcanic edifice, as happens periodically in Hawaii.
This inflationary trend resulted in an increase in the level of the lava lake within the Halema’uma’u pit crater. It was about 34 metres below the rim on April 23rd. However, no overflow of the lake is to be feared in the short term, especially because the tiltmeter rise is irregular.
The ascent of magma also had effects on Pu’uO’o, with a wide lava flow visible at night on the crater floor on April 23rd. Lava then moved NE, which may have resulted in a temporary drop in the Kahauale’a 2 lava flow. In the days that followed, lava remained in the crater. It was no longer visible at night on the webcams (except the thermal camera), but its presence was betrayed by episodes of swelling of the crater floor.
thermal PuuOo
Some people – especially in the district of Puna – wonder whether the Kahauale’a 2 lava flow is likely to become a threat. At the moment, the answer is no because the front lies most often 8 km from the source and the lava supply is not constant enough to push the lava towards inhabited areas (see my note of April 18th ). However, HVO and the Civil Defence remain very vigilant because they know that the situation can change rapidly on Kilauea volcano.

L’Ol Doinyo Lengai (Tanzanie) bientôt un Géoparc de l’UNESCO // Ol Doinyo Lengai (Tanzania) set to be a UNESCO Geopark

drapeau francaisDepuis son lancement officiel en 2004, le réseau mondial des Géoparcs s’est agrandi et compte actuellement 100 membres dans 30 pays.

La Tanzanie est en passe de s’ajouter à cette liste car l’UNESCO vient de proposer que l’Ol Doinyo Lengai – la troisième plus haute montagne du pays après le Kilimandjaro et le Mont Meru – fasse partie du patrimoine géologique mondial. En tant que Géoparc, le volcan prendra plus de valeur dans les domaines du tourisme, de la conservation et de la géologie. Sa proximité avec le Parc du Ngorongoro sera un atout car ce dernier (déjà au patrimoine mondial de l’UNESCO) pourra aider les localités situées au pied du Lengai – Enkare Sero par exemple – à mettre davantage en valeur les abords de la « Montagne de Dieu ».

En tant que « géoparc », le Lengai attirera l’attention du monde sur le mode de gestion des catastrophes au sein des communautés locales. Elles pourront ainsi prendre en compte les changements climatiques du passé et servir d’indicateurs sur les modifications climatiques actuelles ; elles pourront aussi adopter la meilleure approche possible en matière d’énergies renouvelables et de tourisme vert.

Dans le cadre du « géoparc », le développement du tourisme se fera de manière équitable, ce qui contribuera à améliorer le caractère géographique de la montagne et donnera un nouvel élan au Circuit Nord de la Tanzanie (N’Gorongoro, Serengereti, Manyara, etc) qui reçoit déjà 90% des touristes qui visitent ce pays.

Source: Presse tanzanienne.

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drapeau anglaisSince its official launch in 2004, the Global Geoparks Network has expanded and currently includes 100 members in 30 countries.
Tanzania is poised to add to this list. Indeed, UNESCO has suggested that Ol Donyo Lengai – the third highest mountain in the country after Kilimanjaro and Mount Meru – should be part of the global geological heritage. As a Geopark, the volcano will get a higher value in the fields of tourism, conservation and geology. Its proximity to Ngorongoro be an asset as Ngorongoro (already UNESCO World Heritage) will help localities close to Lengai – Enkare Sero, for instance – to better manage the area around the « Mountain of God. »
As a « Geopark »,  Lengai will attract the world’s attention on disaster mitigation in local communities. These will have the opportunity to take into account the climate change of the past and serve as indicators of current climate changes ; they may also adopt the best possible approach to renewable energy sources and tourism.
The « Geopark » encourages the development of sustainable tourism, which will help to improve the geographical character of Ol Doinyo Lengai and give a new impetus to the Northern Circuit of Tanzania (Ngorongoro, Serengereti, Manyara, etc. ) which already gets 90% of tourists visiting the country.

Source: Tanzanian newspapers.

Voici le sommet du volcan lors de ma visite en décembre 2002 – janvier 2003. Il a beaucoup changé depuis!

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Les belles coulées de carbonatite ont disparu et le sommet est percé par un gouffre béant.

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Un séjour au Lengai permet aussi le parcourir le Rift…

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 …et d’aller visiter le cratère du Ngorongoro, pas très loin de là.

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(Photos:  C.  Grandpey)

Les volcans du Guatemala en images // Images of Guatemala volcanoes

drapeau francaisUne mission scientifique a récemment eu lieu au Guatemala. Son but était d’obtenir des images radar des volcans afin de détecter des déformations qui seraient le signe d’une activité imminente, avec les risques que cela suppose pour les zones boisées ou cultivées. A bord d’un avion C20 de la NASA, un radar à synthèse d’ouverture (RSO) a, entre autres,  rassemblé sur une même photo quatre volcans parmi les plus actifs du pays. On remarquera que tous les volcans se dressent le long d’une ligne née de la subduction de la plaque des Cocos sous celle des Caraïbes.

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(Crédit photo:  NASA)

Vous verrez une image plus grande en cliquant sur ce lien :

http://i.livescience.com/images/i/000/065/328/original/guatemala-volcanoes-140424.jpeg?1398378062

Le volcan à la forme conique au centre de l’image est l’Agua (3500 mètres) qui se dresse tout près de la ville d’Antigua (35 000 habitants), inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Le volcan tire son nom de la masse d’eau qui a accompagné un lahar en 1541. Quand j’ai visité Antigua, j’ai été impressionné par les traces laissées par le lahar sur le flanc du volcan et je me suis dit que ce n’était pas forcément une bonne idée de construire une ville à cet endroit.

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Sommet de l’Agua et trace du lahar  (Photo:  C. Grandpey)

Derrière l’Agua, on distingue parfaitement deux autres volcans. Celui de gauche est le Fuego – le volcan de feu – qui a montré une belle activité au cours des derniers mois. L’éruption la plus significative a eu lieu en septembre 2012, avec l’évacuation de plus de 30 000 personnes dans les villages au pied du volcan.

A côté du Fuego se dresse l’Acatenango dont les dernières éruptions (sans caractère particulièrement explosif) remontent aux années 1920 et à 1972. La dernière éruption digne de ce nom s’est produite il y a environ 1900 ans.

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Le Fuego et l’Acatenangovus depuis Antigua  (Photo:  C. Grandpey)

Le volcan au premier plan est le Pacaya dont la dernière éruption a eu lieu le 2 mars 2014 avec une activité strombolienne dans le cratère Mackenney et des coulées de lave.

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Le Pacaya  (Photo: C.  Grandpey)

La liste des volcans actifs du Guatemala serait incomplète si l’on ne mentionnait pas le Santa Maria dont les éruptions ont tué plusieurs milliers de personnes en 1902 et 1929 (voir mon livre Killer Volcanoes). En 1922 est né le Santiaguito dont l’activité est quasi permanente.

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Vue du Santa Maria (3772 m.)  [Photo:  C.  Grandpey]

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Le Santiaguito vu depuis le sommet du Santa Maria  (Photo:  C. Grandpey)

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drapeau anglaisA four-week radar-imaging mission was recently performed in Guatemala. Its aim was to provide data on land deformation near volcanoes, which can indicate imminent activity and danger to vegetation data in forested areas. NASA’s C20-A aircraft, carrying a Synthetic Aperture Radar (SAR), could take a picture showing four volcanoes among the most active in the country. One can notice that all the volcanoes are located along a line due to the subduction of the Cocos plate beneath the Caribbean plate.

A larger image can be seen by clicking on this link:

http://i.livescience.com/images/i/000/065/328/original/guatemala-volcanoes-140424.jpeg?1398378062

The conical volcano in the middle of the image is Agua (3,500 metres), the mountain close to Antigua (pop. 35,000) and a UNESCO World Heritage site. The volcano gets its name from a 1541 lahar, because of the watery flood associated with this event. When I visited Antigua, I was impressed by the traces left by the lahar and I told myself that building a city so close to the volcano was not the best idea.

 Behind Agua, one can see two peaks. The one on the right is Fuego – the Volcano of Fire – which has been quite active during the past months. The most significant eruption occurred in September 2012 and led to the evacuation of more than 30,000 people from nearby villages.

Next to Fuego is Acatenango, which erupted in the 1920s and again in 1972, though those eruptions did not involve explosive ejections of ash and lava. The last explosive eruption of the volcano was about 1,900 years ago.

Finally, the volcano in the foreground is Pacaya whose most recent eruption was on March 2nd 2014 with strombolian activity in the Mackenney Crater and lava flows.

However, the list of Guatemala active volcanoes should also include Santa Maria whose eruptions killed several thousand people in 1902 and 1929. Santiaguito was born in 1922 at the foot of Santa Maria and has been quite active since then.

 

Merapi (Ile de Java / Indonésie)

drapeau francaisLe Merapi a connu une hausse soudaine d’activité sismique le 20 Avril avec au final une explosion qui a entraîné des retombées de cendre dans un rayon de 15 kilomètres sur les versants sud-est, sud et sud-ouest du volcan.
Des secousses ont été enregistrées pendant environ 20 minutes à 4h21 (heure locale) dimanche dernier. Il a été fait état d’incandescence au sommet du Merapi au moment de l’explosion, mais il n’y a pas eu d’écoulement de lave. Cela signifie qu’il ne s’agissait probablement pas d’une nouvelle phase éruptive. Le volcan a essentiellement expulsé des gaz, principalement du CO2.
En juillet 2013, le Merapi avait déjà vomi de la vapeur et projeté des matériaux au cours d’une autre explosion. Les volcanologues locaux avaient dit à l’époque que l’explosion n’était pas une éruption, mais plutôt un événement phréatique dû à l’eau de pluie qui avait provoqué une accumulation de pression en venant en contact avec la roche chaude à l’intérieur de l’édifice volcanique.
Le niveau d’alerte du Mont Merapi reste « actif – normal ». Les personnes vivant à proximité du volcan et les randonneurs sont invités à rester vigilants et ne pas aller jusqu’au sommet.

Source : The Jakarta Post.

Ces explosions phréatiques ne se produisent pas seulement sur ​​le Merapi. On peut les observer sur beaucoup d’autres volcans à travers le monde. Elles sont particulièrement dangereuses car elles ont lieu sans prévenir. J’ai personnellement été confronté à un événement similaire sur l’Etna dans les années 1990 lorsque le plancher du cratère central s’est soudain soulevé et a explosé à deux reprises en envoyant des bombes à plusieurs centaines de mètres du cratère.

Le Merapi fait partie des volcans les plus dangereux. Ses dernières éruptions sont décrites dans mon dernier livre « Killer Volcanoes, éruptions meurtrières des temps modernes » (voir colonne de gauche de ce blog).

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drapeau anglaisMount Merapi showed an episode of increased seismic activity on April 20th which culminated with an explosion that showered ash over areas within a 15-kilometer radius on the southeast, south, and southwest sides of the volcano.

Tremors were recorded for around 20 minutes at 4:21 a.m. (local time) on Sunday. Some glow was observed around the time of the blast at the top of Mt Merapi, but there was no lava flow. This means the mountain was probably not entering a new eruptive phase.

Most of the material from the blast included gases, mainly CO2. .

Last July, Merapi had already spewed steam and debris in another explosion. Local volcanologists said at the time that the blast was not an eruption, but rather a phreatic event due to rainwater building up pressure when it came in contact with hot material within the volcanic edifice.

Mount Merapi’s alert level remains “active-normal”. People living near the volcano and hikers are advised to stay vigilant and not go as far as the summit.

Source: The Jakarta Post.

Such phreatic explosions not only occur on Mount Merapi. They can be observed on many other volcanoes around the world. They are particularly dangerous as they take place without warning. I was personally confronted with a similar event on Mount Etna in the 1990s when the floor of the central crater suddenly rose before exploding twice and sending bombs several hundred meters out of the crater.