Nouvelle alerte climatique // New climate warning

Selon une nouvelle étude, publiée le 1er février 2022 dans les Proceedings de l’Académie Nationale des Sciences, le monde court un risque de plus en plus important de devoir faire face à des événements météorologiques extrêmes. Pour arriver à cette conclusion, les auteurs de l’étude ont analysé comment l’augmentation de la température de surface de la Terre modifiera à la fois l’humidité et une partie de l’énergie contenue dans l’atmosphère.
Des chercheurs originaires de Chine et des États-Unis expliquent qu’à mesure que les températures de la planète augmentent, l’humidité et l’énergie contenue dans l’atmosphère le font encore plus rapidement. L’augmentation de l’humidité et de l’énergie atmosphérique est fortement corrélée aux tendances montrées par les épisodes extrêmes de chaleur et de précipitations.
Le réchauffement de la surface de la Terre provoque une augmentation plus rapide de l’humidité car l’air chaud peut absorber plus de vapeur d’eau, tandis que le réchauffement des mers et des terres envoie plus d’eau dans l’atmosphère par évaporation.
On sait que des émissions non contrôlées de gaz à effet de serre pourraient entraîner jusqu’à 4,8°C de hausse des températures de surface d’ici 2100, mais l’étude nous apprend qu’une telle situation pourrait faire grimper la mesure intégrée jusqu’à 12°C d’ici 2100, par rapport à l’ère préindustrielle. Cela pourrait aboutir à une augmentation de 60 % des précipitations extrêmes, avec une augmentation de 40 % de l’énergie nécessaire à l’alimentation des tempêtes tropicales.
Dans le même temps, les épisodes de chaleur extrême pourraient devenir 14 à 30 fois plus fréquents en raison de la combinaison d’une chaleur et d’une humidité élevées. Cette combinaison meurtrière de chaleur et d’humidité ultra-élevées que l’on voit actuellement dans certaines parties de l’Inde, du Golfe Persique, de l’Amérique du Nord et de l’Europe, s’accentuera et deviendra encore plus meurtrière. L’étude qualifie une telle augmentation de « débilitante », en particulier pour les populations vulnérables qui n’ont pas accès à la climatisation.
C’est l’augmentation de l’humidité accompagnée de la hausse des températures qui transformera le changement climatique en une crise climatique d’ampleur mondiale. L’amplification de l’humidité qui va de pair avec le réchauffement deviendra plus prononcée à mesure que le climat se réchauffera car elle augmente de façon exponentielle avec la température.
Dans la conclusion de leur étude, les auteurs posent cette question: « Combien de preuves supplémentaires faudra-t-il pour démontrer que nous allons droit dans le mur si nous n’infléchissons pas la courbe des émissions de gaz à effet de serre?
Source : Yahoo Actualités.

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According to a new study, published on February 1st, 2022 in the Proceedings of the National Academy of Sciences, the world is at growing risk of extreme weather events. To come to this conclusion, the aauthors of the study analysed how increasing surface temperatures will alter both humidity and a measure of the energy contained in the atmosphere.

Researchers in China and the U.S. explain that as global temperatures climb, humidity and atmospheric energy do so even faster. The boost in humidity and atmospheric energy are strongly correlated with trends in extreme heat and precipitation events.

Surface warming is causing a faster increase in humidity, since warm air can hold more water vapor, and warming seas and land surfaces are giving up more water into the atmosphere through evaporation.

While unchecked emissions might bring up to 4.8°C of surface warming by 2100, the study finds it could cause the integrated measure to climb by up to 12°C by 2100, relative to the preindustrial era. This could yield up to a 60% increase in extreme precipitation, with a 40% increase in the energy to power tropical thunderstorms.

At the same time, heat extremes could become 14 to 30 times more frequent, due to the combination of high heat and humidity. The most lethal combinations of ultra-high heat and humidity, which are being seen now in parts of India, the Persian Gulf, North America and Europe, would get hotter and even more deadly. The study calls this increase « debilitating » especially for vulnerable populations that lack access to air conditioning.

It is the humidity increase accompanied by warming which makes climate changes into a climate crisis worldwide. The humidity amplification of the warming becomes more pronounced as the climate becomes warmer in the future because it increases exponentially with temperature.

In the conclusion of their study, the authros ask: « How much more evidence do we need to see that it’s going to be bad if we don’t bend the emissions curve downward?

Source: Yahoo News.

 

Anomalies thermiques à la surface de la Terre en 2021 (Source: NASA)

Coup de chaud en montagne

Le réchauffement climatique a encore frappé et ceux qui habitent les zones de montagne viennent de s’en apercevoir. L’épais manteau neigeux qui avait recouvert nos passifs en novembre avec plus de 120 à 130 cm dans les Alpes du nord, a fondu « comme neige au soleil » au cours du mois de décembre. Début janvier, les pistes de ski des stations du Massif Central faisaient peine à voir. Une fine couche a recouvert le sol le 4 janvier, mais ce ne sera probablement pas suffisant pour colmater la brèche. Le plus inquiétant, c’est que la fonte ultra rapide a eu lieu pendant la période de l’année habituellement la moins favorable à ce phénomène.

Le redoux a duré très longtemps, entre le 13 décembre 2021 et le 4 janvier 2022. Météo France précise que les trois dernières semaines sont les plus chaudes jamais enregistrées pour une fin d’année, tant en durée qu’en intensité.

La fonte amorcée à la mi décembre s’est accentuée entre le 27 et le 30 décembre 2021 avec l’arrivée d’un flux d’air subtropical accompagné de fortes pluies qui ont atteint des altitudes élevées, jusqu’à 3000 m. Du jamais vu à cette époque de l’année!.Il est bien évident que le manteau neigeux n’a pas supporté cette situation et s’est considérablement aminci.

Ce n’est pas tout. Une nouvelle vague de redoux due à la présence d’un anticyclone d’origine subsaharienne a fait bondir l’isotherme 0°C à 3700 – 3800 m pendant plusieurs jours. A 2500 m d’altitude, le thermomètre affichait +10°C. Sur les pistes, les gens skiaient dans de la soupe, comme en fin de saison au printemps.

La période de redoux est en train de prendre fin, mais elle va laisser des traces et devra rester dans les mémoires car c’est une preuve supplémentaire du réchauffement climatique.

Certains vont me faire remarquer que dans le même temps plusieurs régions des Etats Unis – District de Colombie, par exemple – connaissant un froid rigoureux avec des tempêtes de neige. Comme je l’ai indiqué précédemment, la situation est provoquée par les fluctuations du courant-jet (jet stream) qui entraîne des variations climatiques spectaculaires et une multiplication des événements extrêmes. Certaines régions du Proche-Orient viennent de connaître des déluges de pluie et de grêle auxquels elles ne sont pas habituées. L’impression que le climat sur Terre est en train de devenir fou est une preuve criante du changement climatique.

Les enneigeurs ne fonctionnent pas quand la température est trop élevée (Photo: C. Grandpey)

Arctique : incendies et dégel du permafrost // Arctic : wildfires and permafrost thawing

J’ai écrit plusieurs articles sur le dégel du pergélisol dans l’Arctique et ses impacts sur l’environnement, en particulier en Sibérie où des pingos et des cratères sont apparus sur la Péninsule de Yamal

Le réchauffement climatique reste la principale cause du dégel du pergélisol dans la partie arctique de l’Alaska, mais une nouvelle étude prenant en compte 70 ans de données révèle que les incendies dans la toundra accélèrent ce dégel et participent à l’apparition de « thermokarst », autrement dit des affaissements brutaux de terrain provoqués par le dégel du permafrost. L’étude, intitulée « Accélération des thermokarsts dans la toundra arctique à cause du changement climatique et des incendies de végétation », est la première à prendre en compte sur plusieurs décennies le rôle du feu dans le dégel global du pergélisol.
On sait que le pergélisol arctique représente une énorme accumulation de matières végétales et animales congelées; c’est une immense réserve de carbone qui, si elle dégelait et se dégradait, pourrait plus que doubler la quantité de carbone dans l’atmosphère. Ce processus est imprévisible, est mal connu. L’objectif de cette nouvelle étude est de faire progresser notre compréhension de l’écosystème du pergélisol.
L’équipe de chercheurs a analysé 70 années d’imagerie aérienne et satellitaire pour calculer la vitesse de formation des thermokarsts dans différentes régions du nord de l’Alaska. Les scientifiques ont également utilisé des modèles d’apprentissage automatique pour déterminer les contributions relatives du changement climatique, des incendies et de la morphologie du paysage au déclin du pergélisol.

Ils ont découvert que la formation des thermokarsts s’est accélérée de 60 % depuis les années 1950. Bien que le changement climatique soit le principal moteur de cette accélération, le feu a joué un rôle non négligeable dans ce processus. Le feu n’a brûlé que 3 % du paysage arctique au cours de cette période, mais il est responsable de plus de 10 % de la formation des thermokarsts.
Les chercheurs ont découvert que des incendies à répétition dans les mêmes zones continuent d’endommager la toundra mais n’accélèrent pas davantage la formation des thermokarsts. L’étude révèle qu’un seul incendie peut accélérer la formation de thermokarsts pendant plusieurs décennies.
Les modèles prévoient que la multiplication des thermokarsts ne fera qu’augmenter avec le réchauffement climatique. En plus du dégel du pergélisol, le réchauffement de l’atmosphère assèche la toundra et augmente son inflammabilité. Il est donc probable que la foudre déclenchera davantage d’incendies, ce qui provoquera encore plus de dégradation du pergélisol.
Le dégel et l’affaissement du pergélisol ont d’autres effets sur le paysage. Par exemple, les lacs situés dans des dépressions où le pergélisol est encore gelé peuvent se vider lorsqu’il se dégrade. La disparition du pergélisol engendrera forcément un chamboulement de l’environnement arctique.
Source : médias d’information américains.

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I have written several posts on the thawing of permafrost in the Arctic and its impacts on the environment, especially in Siberia where pingos and craters appeared on the Yamal Peninsula.

While climate change is the primary driver of permafrost degradation in Arctic Alaska, a new analysis of 70 years of data reveals that tundra fires are accelerating that decline, contributing to a phenomenon known as « thermokarst, » the abrupt collapse of ice-rich permafrost as a result of thawing. The study, entitled « Thermokarst acceleration in Arctic tundra driven by climate change and fire disturbance », is the first to calculate the role of fire on permafrost integrity over many decades.

It is known that the Arctic permafrost is a vast storehouse of frozen plant and animal matter, a carbon stockpile that, if thawed and degraded, could more than double the amount of carbon in the atmosphere. This process, which is unpredictable, is poorly understood. The aim of the new study is to advance our understanding of the permafrost ecosystem.

The research team analyzed seven decades of air and satellite imagery to calculate the rate of thermokarst formation in different regions of Arctic Alaska. The scientists also used machine-learning-based modeling to determine the relative contributions of climate change, fire disturbance and landscape features to observed permafrost declines.

They found that thermokarst formation has accelerated by 60% since the 1950s. Although climate change is the main driver of thermokarst acceleration, fire played a disproportionately large role in that process. Fire burned only 3% of the Arctic landscape in that time period but was responsible for more than 10% of thermokarst formation.

The researchers found that repeated fires in the same areas continued to damage the tundra but did not further accelerate thermokarst formation. The study reveals that a single fire can accelerate thermokarst formation for several decades.

Models predict that thermokarst will only increase with climate change. In addition to thawing permafrost, climate warming dries out the tundra, increasing its flammability. This makes it more likely that lightning strikes will spark fires, causing even more permafrost degradation.

Thawing and collapsing permafrost also leads to other landscape changes. For example, lakes sitting in frozen permafrost depressions may drain when that permafrost degrades. The loss of permafrost will inevitably upset the Arctic environment.

Source: US news media.

La toundra recouvre la majeure partie du nord de l’Alaska

Thermokarst dans le nord de l’Alaska

(Photos : C. Grandpey)

Rapport annuel sur l’Arctique // Arctic Report Card

Alors que la planète se réchauffe à la vitesse V, ce qui se passe dans l’Arctique, où les températures augmentent deux fois plus vite que dans le reste du monde, affecte de plus en plus les modes de vie dans l’ensemble de la planète.
Le 14 décembre 2021, une équipe de 111 scientifiques de 12 pays a publié le 16ème Rapport annuel sur l’Arctique. Vous verrez un résumé du Rapport dans l’excellente vidéo ci-dessous. Vous trouverez le Rapport dans son intégralité en cliquant sur ce lien:

https://www.arctic.noaa.gov/Report-card

Comme un contrôle de santé annuel chez un médecin, le Rapport fait le point sur les signes vitaux de l’Arctique : températures de l’air, températures de surface de la mer, glace de mer, couverture neigeuse, calotte glaciaire du Groenland, verdissement de la toundra et niveaux de photosynthèse des algues océaniques, tout en prenant en compte d’autres indicateurs de santé et facteurs émergents qui apportent une lumière sur les changements intervenus dans l’Arctique.
Comme le précise le Rapport, le réchauffement rapide d’origine anthropique continue d’être à l’origine de la plupart des changements et, en fin de compte, ouvre la voie à des perturbations qui affectent les écosystèmes et les communautés dans leur globalité.
La banquise arctique, indicateur majeur du changement climatique dans le monde, continue de rétrécir sous l’effet de la hausse des températures. En prenant en compte les données de 2021, les 15 plus faibles étendues de glace de mer pendant l’été se sont toutes produites au cours des 15 dernières années.
La banquise s’amincit également à un rythme alarmant en même temps que la glace pluriannuelle la plus ancienne et la plus épaisse de l’Arctique disparaît. Cette perte de glace de mer diminue la capacité de l’Arctique à refroidir le climat de la planète. Le phénomène peut également avoir un impact sur les systèmes météorologiques de basse latitude, avec une probabilité accrue de sécheresses, vagues de chaleur et tempêtes hivernales extrêmes.
De même, la fonte persistante de la calotte glaciaire du Groenland entraîne une hausse du niveau des mers dans le monde entier, avec un risque de plus en plus important d’inondations et d’érosion côtières pour un plus grand nombre de communautés.
Ce passage de la glace à l’eau a des conséquences évidentes dans tout le système arctique. Les huit principaux fleuves de la région déversent davantage d’eau douce dans l’océan Arctique. Fait remarquable et très inquiétant, le sommet de la calotte glaciaire du Groenland a connu ses toutes premières précipitations sous forme de pluie au cours de l’été 2021.

Ces évolutions ont profondément modifié l’Arctique aujourd’hui. Elles donnent également du crédit à de nouvelles modélisations qui montrent le risque pour l’Arctique de passer d’un système dominé par la neige à un autre dominé par la pluie en été et en automne au moment où la température de la planète se situera à seulement 1,5°C au-dessus de l’époque préindustrielle.
Cette hausse de température atteint actuellement 1,2°C. Cette évolution vers davantage de pluie et moins de neige transformera forcément les paysages, tout en favorisant un recul encore plus rapide des glaciers et le dégel du pergélisol. Le dégel du pergélisol affecte les écosystèmes mais contribue également au réchauffement climatique en permettant aux restes de plantes et d’animaux auparavant gelés de se décomposer en libérant de nouveaux gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Le dernier Rapport annuel sur l’Arctique souligne à quel point le recul des glaciers et la détérioration du pergélisol constituent des menaces réelles pour la vie humaine en raison des inondations et des glissements de terrain soudains qu’ils peuvent engendrer. Le Rapport appelle à des efforts internationaux coordonnés pour identifier ces dangers. Une intensification de la pluie dans l’Arctique ne fera que multiplier ces menaces.
Source : La Conversation.

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As the planet rapidly warms, what happens in the Arctic, where temperatures are rising twice as fast as the rest of the globe, increasingly affects lives around the world.

On December 14th, 2021, a team of 111 scientists from 12 countries released the 16th annual Arctic Report Card, a yearly update on the state of the Arctic system. You will see a summary of the Report in the excellent video below. You’ll find the whole report by clicking on this link :

https://www.arctic.noaa.gov/Report-card

Like an annual checkup with a physician, the Report assesses the Arctic’s vital signs, including surface air temperatures, sea surface temperatures, sea ice, snow cover, the Greenland ice sheet, greening of the tundra, and photosynthesis rates by ocean algae, while inquiring into other indicators of health and emerging factors that shed light on the trajectory of Arctic changes.

As the Report describes, rapid and pronounced human-caused warming continues to drive most of the changes, and ultimately is paving the way for disruptions that affect ecosystems and communities far and wide.

Arctic Sea ice, a central vital sign of global climate change, is continuing to shrink under warming temperatures. Including data from 2021, 15 of the lowest summer sea ice extents have all occurred in the last 15 years.

The sea ice is also thinning at an alarming rate as the Arctic’s oldest and thickest multi-year ice disappears. This loss of sea ice diminishes the Arctic’s ability to cool the global climate. It can also alter lower latitude weather systems to an extent that makes droughts, heat waves and extreme winter storms, more likely.

Similarly, the persistent melting of the Greenland ice sheet is raising seas worldwide, exacerbating the severity and exposure to coastal flooding and coastal erosion for more communities around the planet.

This transition from ice to water and its effects are evident across the Arctic system. The eight major Arctic rivers are discharging more freshwater into the Arctic Ocean. Remarkably, the summit of the Greenland ice sheet experienced its first-ever observed rainfall during summer 2021.

These developments point to a changed and more variable Arctic today. They also give credence to new modeling studies that show the potential for the Arctic to transition from a snow-dominated to rain-dominated system in summer and autumn by the time global temperatures rise to only 1.5 degrees Celsius above pre-industrial times.

The world has already warmed by 1.2°C. Such a shift to more rain and less snow will further transform landscapes, fueling faster glacier retreat and permafrost loss. The thaw of permafrost not only affects ecosystems but also further adds to climate warming by allowing previously once-frozen plant and animal remains to decompose, releasing additional greenhouse gases to the atmosphere.

This year’s report highlights how retreating glaciers and deteriorating permafrost are also posing growing threats to human life through abrupt and localized flooding and landslides. It urges coordinated international efforts to identify these hazards. More rain in the Arctic will further multiply these threats.

Source: The Conversation.