Parmi les volcans actifs de la planète, quatre font actuellement la une des journaux: le Piton de la Fournaise (Réunion), l’éruption en Islande, les paroxysmes de l’Etna (Sicile) et le dôme de la Soufrière de Saint-Vincent. Il est intéressant de noter que les notions de prévision et de prévention volcaniques sont différentes sur ces quatre sites
A La Réunion, la sismicité est en hausse ces jours-ci au Piton de la Fournaise. Une inflation au sol est également enregistrée par l’Observatoire qui indique qu’une éruption pourrait survenir à court terme. Quand elle se produira, on sait déjà qu’elle sera effusive. Le volcan émettra une lave fluide et très chaude typique des éruptions de points chauds, celles qui ne tuent pas les gens. Lorsque le Piton de la Fournaise entre en éruption, les coulées de lave restent confinées dans l’Enclos Fouqué. De temps en temps, l’éruption peut survenir à l’extérieur de l’Enclos, comme en 1977 lorsqu’elle est devenue une menace pour le village de Piton Sainte Rose, mais il suffit que les habitants s’éloignent pour éviter de se trouver sur la trajectoire de la lave. Les dégâts ne sont pas humains; ils restent matériels, même s’il est triste de voir sa maison être avalée par la lave.

Eruption effusive à La Réunion (Crédit photo : Christian Holveck)
Il en est de même en Islande où l’éruption dans la Geldingadalur est effusive. D’un point de vue géologique, l’Islande est un point chaud situé sur la dorsale médio-atlantique. Le phénomène d’accrétion observé dans le pays provoque des éruptions effusives. La lave sort des fissures, un peu comme le sang sort d’une blessure sur un corps humain. Les zones habitées se trouvent actuellement loin de l’éruption. Le seul danger réside dans les gaz volcaniques qui peuvent empêcher les visiteurs d’atteindre le site éruptif.

L’éruption dans la Geldingadalur (Capture écran webcam)
16 paroxysmes ont été observés sur l’Etna (Sicile) depuis le 16 février 2021. Pour l’instant, les crises éruptives se limitent au cratère SE dans la zone sommitale du volcan. Les coulées de lave avancent dans la Valle del Bove et ne menacent pas les zones habitées. Cependant, cela pourrait changer, comme on a pu s’en rendre compte lors de l’éruption de 1991-94 lorsque la lave a failli pénétrer dans Zafferana Etnea. Si un jour une bouche éruptive s’ouvre sur les basses pentes du volcan, la situation deviendra rapidement critique pour les villages éparpillés sur les pentes du volcan. Personne ne sera tué mais la destruction matérielle sera importante, comme elle le fut en novembre 1928 lorsqu’une coulée de lave a englouti le village de Mascali, ou en 1669 lorsque la lave est entrée dans la ville de Catane.

La lave aux portes de Zafferana (Photo : C. Grandpey)
Des séismes volcano-tectoniques continuent d’être enregistrés sous la Soufrière de Saint-Vincent et leur magnitude est telle qu’ils sont parfois ressentis dans plusieurs villages. Le dôme qui s’est formé le 27 décembre 2020 ne cesse de croître et il a triplé de volume en trois mois. Il mesure aujourd’hui 921m de long, 243m de large et 105 mètres de hauteur. Le niveau d’alerte reste à Orange. La NEMO rappelle qu’aucun ordre d’évacuation n’a été émis pour le moment. Cependant, il est conseillé aux quelque 16 000 personnes vivant dans des communautés proches du volcan de se tenir prêtes en cas d’évacuation d’urgence. A St Vincent, la prévision et la prévention volcaniques sont importantes car le volcan peut avoir une activité explosive soudaine. Saint-Vincent-et-les Grenadines est situé sur l’arc volcanique des Petites Antilles qui peut être le siège d’éruptions explosives très dangereuses, avec des coulées pyroclastiques meurtrières comme lors de l’éruption de la Montagne Pelée en 1902. Le bilan des éruptions qui se produisent dans les zones de subduction est souvent très élevé. Ces dernières années, l’éruption du Merapi (Indonésie) en 2010 et celle du Fuego (Guatemala) en 2018 ont tué plusieurs centaines de personnes. Bien que l’éruption de 1979 à St Vincent n’ait tué personne, l’activité actuelle pourrait s’avérer rapidement dangereuse. C’est la raison pour laquelle le volcan est étroitement surveillé et les évacuations seraient rapidement décidées si une éruption semblait imminente.

Le dôme de lave de La Soufrière (Crédit photo : UWI)
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Among others, four volcanoes are currently making the headlines: Piton de la Fournaise (Reunion Island), the eruption in Iceland, the paroxysms at Mt Etna (Sicily) and the dome at St Vincent’s La Soufriere. It is interesting to notice that the notions of volcanic prediction and prevention are different on the four sites
On Reunion Island, seismicity is quite high these days at Piton de la Fournaise. Ground inflation is also recorded by the Observatory which indicates that an eruption might occur in the short term. When it happens, we know the eruption will be effusive. The volcano will emit hot and fluid lava typical of hotspot eruptions that do not kill people. When Piton de la Fournaise erupts, lava flows are confined to the Enclos. Once in a while, the eruption may occur outside the Enclos, like in 1977 when it became a threat to the village of Piton Sainte Rose, but residents just need to move away. The damage is not human; it is just material, even if it is sad to see one’s house engulfed in lava.
It is just the same in Iceland where the eruption in Geldingadalur is effusive. From a geological standpoint, Iceland is a hotspot located on the Mid-Atlantic Ridge. The accretion phenomenon observed in the country causes effusive eruption. Lava comes out of fissures, just like blood comes out of a wound on a human body. Populated areas currently lie far away from the eruption. The only danger lies with the volcanic gases that can prevent visitors from reaching the eruptive site.
16 paroxysms have been observed on Mt Etna (Sicily) since February 16th, 2021. For the time being, the eruptive crises are limited to the SE Crater in the volcano’s summit area. Lava flows travel into the Valle del Bove and do not threaten populated areas. However, this may change, as could be observed during the 1991-94 eruption when lava nearly entered Zafferana Etnea. If one day an eruptive vent opened on the lower flanks of the volcano, the situation would rapidly become critical to the villages scattered on the slopes of the volcano. No one would be killed but the material destruction would be high, like in November 1928 when a lava flow engulfed the village of Mascali or, earlier, when lava entered the town of Catania in 1669.
Volcano tectonic earthquakes continue to be recorded beneath St Vincent’s La Soufriere and their magnitude is such that they can be felt in several villages. The dome which appeared on December 27th, 2020 keeps growing and its volume tripled in three months. It is now 921 metres long, 243 metres wide and 105 metres high. The alert level remains at Orange. NEMO reminds residents that no evacuation order has been issued for the moment. However, the 16,000 persons living in communities close to the volcano are advised to heighten their preparedness in the event of an emergency evacuation. In St Vincent, volcanic prevision and prevention are important because the volcano might have a sudden explosive activity. St Vincent-and-the Grenadines is located on the Lesser Antilles volcanic arc that may cause dangerous explosive eruptions with life-threatening pyroclastic flows like during the Montagne Pelée eruption in 1902. The death toll of such eruptions that occur in subduction zones is often very high. In recent years, the 2010 eruption of Mt Merapi (Indonesia) and 2018 eruption at Fuego (Guatemala) killed several hundred people. Although the 1979 eruption at St Vincent did not kill anybody, the current activity might prove rapidly dangerous. This is the reason why the volcano is carefully monitored and evacuations would rapidly be decided if an eruption looked imminent.