Péninsule de Reykjanes (Islande) : Et si on parlait des gaz ?

Après la non demande en mariage du regretté Georges Brassens, voici la non éruption dans la péninsule islandaise de Reykjanes. Les scientifiques, volcanologues et autres, ne comprennent pas pourquoi le magma joue les timides et pourquoi la lave n’arrive par à montrer son nez à la surface.

Tout ce beau monde scientifique est à l’affût et guette les moindres réactions des instruments, qu’ils s’appellent sismomètres, tilrmètres ou satellites. Ces derniers semblent confirmer la présence d’une intrusion magmatique active, mais au final, l’éruption tant espérée se fait attendre

On nous parle beaucoup de sismicité et de déformation mais, assez étrangement, les mesures de gaz sont aux abonnés absents. Pourtant, s’il y a  présence et déplacement de magma, il y a forcément des émissions de gaz. En tout cas, elles ne sont jamais mentionnées dans les différents articles relatifs à la situation sur la Péninsule de Reykjanes.

En tazieffien convaincu, j’ai toujours accordé de l’importance aux gaz qui sont le moteur des éruptions. Sans eux, la lave ne pourrait pas percer la surface. Les sites hydrothermaux et autres émanations gazeuses sont nombreux dans la Péninsule de Reykjanes, mais personne ne parle de la fluctuations et de la composition des gaz.

A une époque, j’ai effectué des observations sur les émanations gazeuses sur les basses pentes de l’Etna car les géochimistes de l’Institut des Fluides de Palerme m’avaient expliqué que les gaz des basses pentes étaient de bons indicateurs du comportement éruptif du volcan. Les variations de hélium en particulier méritaient d’être prises en compte. Vous trouverez un résumé de mes observations sous l’entête de ce blog.

Je pense donc qu’il serait souhaitable de s’attarder  plus que le font les scientifiques islandais sur l’évolution de la composition des gaz sur la péninsule et, en particulier, voir si certains s’échappent des fractures que les séismes ont ouvertes ces derniers temps.

Site hydrothermal à proximité de Krisuvik (Photo : C. Grandpey

L’éruption de 1783 du Laki (Islande) dans les archives paroissiales

Le 8 juin 1783, une fissure de 27 kilomètres de long déchire le paysage islandais. C’est le point de départ d’une éruption qui durera jusqu’au 7 février 1784. Elle a produit 14,7 kilomètres cubes de lave qui ont recouvert une superficie de 599 kilomètres carrés. La fissure est ponctuée de quelque 140 cratères, évents et de cônes orientés dans une direction SO-NE, celle du rift qui tranche l’Islande dans son ensemble.

Cette lave a menacé de nombreux Islandais, leurs animaux et leurs biens. L’éruption a produit de grandes quantités de gaz et de cendres. Ces dernières, très riches en fluor, ont empoisonné les champs, les prairies et les étangs. 50 % des bovins, 79 % des ovins et 76 % des chevaux ont péri entre 1783 et 1785.

L’éruption a également profondément affecté la vie de la population, avec la famine de la brume, ou Móðuharðindin. Le régime alimentaire islandais de l’époque était principalement basé sur la viande et le poisson, de sorte que les retombées de cette éruption ont été catastrophiques. En 1785, environ 20 % de la population islandaise était morte de faim, de malnutrition ou de maladie.

Cette éruption est remarquable par ses impacts bien au-delà de l’Islande. Les gaz – surtout le dioxyde de soufre (SO2) – ont été transportés en Europe par le jet-stream et le SO2 est apparu sous la forme d’un brouillard sec à odeur de soufre. Les populations en Europe ignoraient qu’une éruption volcanique s’était produite en Islande au même moment et que c’était cet événement qui causait ce brouillard sec inhabituel. Une autre caractéristique de l’été 1783 a été la coloration  rouge sang du ciel au coucher et au lever du soleil.

Par sa durée, le brouillard sec a pu avoir des effets négatifs sur la végétation et la santé humaine en Europe continentale. Plusieurs plantes se sont fanées, les feuilles ont changé de couleur et certains arbres ont perdu leurs feuilles. Le brouillard sec a frappé plus durement les personnes souffrant de problèmes respiratoires ou cardiaques préexistants. Dans plusieurs régions, les gens se sont plaints de douleurs aux yeux.

Différentes explications ont été données par la population pour expliquer le temps inhabituel de 1783. La plus populaire pour justifier la présence du brouillard sec tournait autour des nombreux séismes qui ont semblé se produire tout au long de l’année : En février et mars 1783, une séquence de cinq très forts tremblements de terre a secoué la Sicile et la Calabre, faisant environ 30 000 victimes. D’autres séismes se sont produits pendant l’été. Ainsi, le 6 juillet, un tremblement de terre a secoué une partie de la France et a été ressenti en Franche-Comté, dans le Jura, en Bourgogne et à Genève. Il n’a pas fait beaucoup de dégâts, mais il s’est produit alors que le brouillard sec était encore dense et étendu.

Ces rapports de séismes ont donné foi à l’idée d’une  «  révolution souterraine  » reliant entre eux les  événements en Islande et en Calabre. On croyait que les volcans du monde entier étaient reliés par des canaux souterrains. On a également rapporté qu’un brouillard sec s’était formé juste avant le premier séisme en Calabre, faisant craindre que ce brouillard sec ne soit qu’un présage pour un grand tremblement de terre à venir.

Un fidèle lecteur de mon blog – que je remercie très sincèrement – vient de me faire parvenir plusieurs pages des archives paroissiales du village de Canet (Aude) où il est fait allusion à cette période tourmentée de 1783 -1784. En voici un extrait :

« Il a paru dans les jours de cette année un phénomène aussi rare qu’inexplicable ; il a excité la curiosité des savants et des plus habiles astronomes dans les villes les mieux instruites ; mais c’est en vain qu’on a cherché à deviner l’énigme. Le temps seul nous l’a appris et jusqu’à ce moment, le peuple a été dans la frayeur sur un événement qui paraissait (…..) des plus grands malheurs ! Voici le fait :

Le soleil, tant à son lever qu’à son coucher parut comme obscurci, la terre était alors couverte comme d’une fumée qui empêchait les personnes de pouvoir se connaître à vingt pas, quelquefois même il était impossible de s’apercevoir. Cet état durait jusque sur les sept heures du matin, le soleil reprenait alors la clarté naturelle et les nuages qui couvraient toute la terre se dissipaient. Vers les cinq heures du soir les mêmes nuages réapparaissaient, le soleil s’obscurcissait et disparaissait ainsi de notre hémisphère. Ce n’était que quelques heures après que le soleil s’était couché que les nuages disparaissaient aussi. Ce phénomène dura jusque vers la fin du mois d’août sans qu’on peut découvrir ce qu’il pouvait nous annoncer. Chacun se livrait à des conjonctures, les uns voulaient que ce fut le pronostic de quelques maladies contagieuses que nous aurions dans le pays, les autres prétendirent que nous aurions quelque fort tremblement de terre. D’autres enfin moins craintifs disaient que c’était la faute du tremblement de terre qui était arrivé il n’y avait pas longtemps à Messine. Ce tremblement fut si fort que toute la ville de Messine à l’exception d’un couvent de Cap(?) fut engloutie et les habitants par conséquent ensevelis dans les ruines. Il y a des maisons de campagne assez près de cette malheureuse ville qui furent transportées à quelques distances de leur sol. Les rivières changèrent de lit et il n’y eut que très peu d’habitants qui à la première secousse arrivèrent à courir dans les champs qui furent sauvés. »

On retrouve dans ces écrits paroissiaux du sud de la France nombre d’événements mentionnés par les historiens qui ont étudié l’époque autour l’éruption islandaise du Laki, en particulier la référence aux séismes qui se sont produits en Calabre et en Sicile.

Etna (Sicile) : 14ème paroxysme ! // 14th paroxysm !

Vers 2 heures du matin (heure locale) le 17 mars 2021, l’INGV a observé une nouvelle hausse du tremor, signe du déclenchement d’un nouveau paroxysme. Comme lors des événements précédents, l’activité strombolienne dans le Cratère SE s’est intensifiée. Vers 3 heures du matin, des fontaines de lave jaillissaient du cratère. Comme d’habitude, une coulée de lave s’est dirigée vers la Valle del Bove. L’activité a diminué vers 6 heures ce matin et le 14ème paroxysme est maintenant terminé. Au vu des images fournies par les webcams, le spectacle semble avoir été gâché par la couverture nuageuse.

Source : INGV.

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At around 2 a.m. (local time) on March 17th, 2021, INGV observed a new rise in the tremor, the sign a new eruptive crisis was starting. As in previous events, Strombolian activity in the SE Crater intensified. Around 3 a.m., lava fountains were active in the crater. As usual, a lava flow moved towards the Valle del Bove. Activity declined around 6 a.m. this morning and the 14th paroxysm is now over. In view of the images provided by the webcams, the show seems to have been marred by the cloud cover.

Source: INGV.

Péninsule de Reykjanes (Islande): le magma sortira-t-il ? // Will magma erupt or not ?

L’activité sismique sur la Péninsule de Reykjanes a marqué le pas le 16 mars 2021, mais de nouvelles images InSAR indiquent que le dyke magmatique continue de progresser à une profondeur qui se situe toujours à environ 1 km sous la surface.

Les nouvelles images satellites montrent qu’au cours de la semaine écoulée, la croûte terrestre de chaque côté du dyke s’est écartée d’une vingtaine de centimètres. Cette poussée a provoqué des fissures le long de la route qui longe la côte sud de la péninsule. Les conducteurs sont priés d’être prudents.

Les scientifiques considèrent toujours le secteur de Nátthagi, juste au sud du Fagradalsfjall, comme le point le plus probable de sortie de la lave si une éruption doit avoir lieu. La Preotection Civile travaille sur un plan d’urgence en cas d’éruption. Les pelleteuses et les bulldozers sont prêts à intervenir pour protéger les infrastructures telles que les routes ou les zones habitées. Cependant, il n’est pas prévu que ces équipements creusent des fossés pour détourner la lave afin de sauver les routes, car ces dernières sont relativement faciles à reconstruire. Toutefois, si une éruption menaçait les centrales électriques ou les localités de la région, cette option serait envisagée.

Si une éruption se produit à Nátthagi, il est peu probable qu’elle menace les zones habitées ou les centrales électriques. Un géophysicien du Met Office islandais explique qu’il y a encore des signes évidents que le magma est en mouvement et que le calme actuel de la sismicité ne signifie probablement pas la fin de l’essaim dans la péninsule de Reykjanes.

Source: Iceland Review. .

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While the seismic activity on the Reykjanes eninsula was less strong on March 16th, 2021 than it has been for the past few weeks, new InSAR images indicate that the magma dike keeps growing at a similar depth as before, about 1 km underneath the surface.

The new satellite images indicate that over the past week, the earth’s crust on either side of the dike has been pushed apart by about 20 cm. The shifts in the land have caused cracks alongside the nearby road along the south coast of the peninsula. Drivers are asked to be careful.

Scientists still consider Nátthagi, just south of Mt Fagradalsfjall the most likely point of eruption and the Department of Civil Defense and Emergency Response is working on a contingency plan if an eruption were to occur. Excavators and bulldozers are ready to be used to protect infrastructure in the area such as roads or inhabited areas. However, they likely wouldn’t risk digging ditches to redirect lava to save roads, as roads are relatively easily reconstructed, but if an eruption threatens powerplants or towns in the area, this option is available.

If an eruption occurs in Nátthagi, it is unlikely to threaten inhabited areas or power plants.

A geophysicist at the Icelandic Met Office explains that that there are still clear signs that magma is on the move and that today’s comparative calm in seismicity does not probably mean the end of the Reykjanes Peninsula earthquake swarm.

Source: Iceland Review.

Source : Icelandic Road and Coastal Administration