Nouvelles de La Palma (Iles Canaries) // News from La Palma (Canary Islands)

9 heures : Comme cela se produit fréquemment sur des volcans de ce type au bout d’un certain temps, la lave du Cumbre Vieja s’écoule majoritairement à l’intérieur de tunnels, sans affecter de nouveaux territoires. Toutefois, il arrive que la lave perce encore la surface.
A partir du foyer effusif situé à l’ouest du cône principal, la lave continue de s’écouler à l’intérieur d’un tunnel qui comporte plusieurs ouvertures causées par des effondrements de la voûte, et d’où partent deux coulées qui se déplacent vers l’ouest en recouvrant l’ancienne lave.
La sismicité à des profondeurs intermédiaires reste faible et semble globalement marquer le pas.
Selon les dernières estimations, la zone affectée par l’éruption couvre une superficie de 1 184 hectares. Les deltas de lave s’étendent toujours sur environ 48 hectares.
Selon les données fournies par le Cadastre, 1 628 bâtiments ont été détruits, soit, 66 de plus que les dernières données. 1 304 sont à usage résidentiel, 179 à usage agricole, 74 à usage industriel, 40 à usage de loisirs et d’accueil, 15 à usage public et 16 à d’autres usages.

La surface de cultures affectée par l’éruption couvre actuellement 359,82 hectares, soit 9,43 de plus que le dernier relevé. 224,81 hectares correspondent à des bananeraies, 62,34 à des vignobles et 27, 33 à des avocatiers.

L’éruption strombolienne du Cumbre Vieja, si elle n’est pas majeure d’un point de vue strictement volcanique (elle a un VEI de 3 sur une échelle de 8), aura causé de très gros dégâts sur l’île de La Palma. Beaucoup de gens ont tout perdu. Le gouvernement espagnol et l’Union Européenne ont apporté une aide significative, mais elle ne suffira jamais à compenser toutes les pertes. Beaucoup de plaies resteront ouvertes.

Source: Pevolca, IGN.

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17 heures : La sismicité a bien diminué à La Palma. L’IGN a localisé quelques petits séismes au cours de la journée du9 décembre 2021. La magnitude maximale a atteint M 2,9 à Fuencaliente, à une profondeur de 15 kilomètres.

Bonne nouvelle: la trentaine de familles qui avaient été évacuées dans la commune de Los Llanos de Aridane en raison de la présence d’une coulée de lave qui menaçait leurs habitations ont été autorisées à rentrer chez elles. Il s’agit des maisons situées dans la rue Nicolás Brito País et dans le quartier de Las Martelas de Abajo.

Sources: IGN, Pevolca.

Depuis le début de l’éruption, la Garde Civile contrôle très étroitement les zones habitées affectées par l’éruption où des maisons ont été détruites, endommagées ou simplement évacuées par sécurité. Les personnes en infraction se font rappeler à l’ordre et verbaliser. Un étranger responsable de l’organisation d’excursions avec des groupes de personnes a été surpris par la Garde Civile en compagnie de trois autres randonneurs alors qu’il était entré dans la zone d’exclusion en empruntant des chemins détournés. Le responsable du groupe a reconnu être l’organisateur de ce type d’excursion, pour lequel il a facturé une somme d’argent. Tous seront verbalisés pour violation des dispositions de la loi 17/2015, du 9 juillet et pour infraction grave à cette loi. Les Espagnols ne plaisantent pas avec ce type de comportement passible d’une amende pouvant aller de 30 000 et 60 000 euros.

Source: El Pais.

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As often happens on volcanoes of this type after a certain time, the lava from Cumbre Vieja mainly flows inside tunnels, without affecting new territories. However, sometimes lava still pierces the surface.
From the effusive focus located to the west of the main cone, lava continues to flow inside a tunnel which has several skylights caused by roof collapses, and from which two flows start. travelling west, covering ancient lava.
The seismicity at intermediate depths remains low and seems to have generally slowed down.
According to the latest estimates, the area affected by the eruption covers an area of ​​1,184 hectares. The lava deltas still extend over approximately 48 hectares.
According to the data provided by the Cadastre, 1,628 buildings were destroyed, that is, 66 more than the previous data. 1,304 are for residential use, 179 for agricultural use, 74 for industrial use, 40 for leisure and hospitality use, 15 for public use and 16 for other uses.
The area of ​​crops affected by the eruption currently covers 359.82 hectares, 9.43 more than the last record. 224.81 hectares correspond to banana plantations, 62.34 to vineyards and 27, 33 to avocado trees.
The Strombolian eruption of Cumbre Vieja, if it is not major from a strictly volcanic point of view (it has an VEI of 3 on a scale of 8), has caused extensive damage on the island of La Palma . A lot of people have lost everything. The Spanish government and the European Union have provided significant help, but it will never be enough to make up for all the losses. Many wounds will remain open.
Source: Pevolca, IGN.

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5:00 p.m : Seismicity has decreased in La Palma. IGN located a few small earthquakes during the day of December 9th, 2021. The maximum magnitude reached M 2.9 at Fuencaliente, at a depth of 15 kilometers.
Good news: the thirty families who had been evacuated in the municipality of Los Llanos de Aridane due to the presence of a lava flow that threatened their homes have been allowed to return home. These are the houses located in Nicolás Brito País Street and in the neighborhood of Las Martelas de Abajo.
Sources: IGN, Pevolca.

Since the start of the eruption, the Civil Guard has been monitoring very closely the populated areas affected by the eruption where houses have been destroyed, damaged or simply evacuated for safety. Offenders are called to order and fined. A foreigner in charge of the organisation of excursions with groups of tourists was surprised by the Civil Guard in the company of three other hikers after he entered the exclusion zone by taking back roads. The group leader admitted to being the organizer of this type of excursion, for which he invoiced a sum of money. All will be fined for violation of the provisions of Law 17/2015, of July 9th and for serious breach of this law. The Spaniards do not joke with this type of behavior punishable by a fine of between 30,000 and 60,000 euros.
Source: El Pais.

La lave s’échappe parfois par les ouvertures qui percent la voûte des tunnels (capture écran webcam)

Le nouveau comportement des ours polaires // Polar bears’ new behaviour

Une vidéo très intéressante parue en 2020 dans la revue Polar Biology montrait un ours polaire en train de s’en prendre à un renne. Les images confirment que le changement climatique et la fonte de la glace de mer obligent les espèces à adapter leur alimentation à de nouvelles conditions de vie.

De mauvaise qualité mais parfaitement lisible, la vidéo a été tournée par des scientifiques polonais dans l’archipel du Svalbard. On peut voir une ourse adulte poursuivre un renne, le tirer sous l’eau et le noyer. Quelques instants plus tard, on voit le plantigrade traîner sa proie sur le rivage afin de la dévorer.
Les scientifiques polonais ont déclaré avoir vu à deux reprises l’animal utiliser « à peu près la même méthode » pour tuer un renne, ce qui les pousse à croire qu’il pourrait s’être « spécialisé » dans la chasse au renne.

Alors que la fonte de la glace de mer s’amplifie dans l’Arctique en raison du réchauffement climatique, les chercheurs ont observé que les ours polaires passent plus de temps sur terre dans la région du Svalbard. Le manque de glace limite l’accès des ours à leur principale proie – les phoques – et les oblige à rechercher des sources de nourriture terrestres riches en calories.
Les ours polaires sont classés comme mammifères marins en raison de leur habitat et de leurs sources de nourriture. Il n’est pas impossible que les scientifiques les fassent changer de catégorie et les considèrent aussi comme des animaux terrestres.

Les chercheurs qui étudient la faune arctique n’ont trouvé aucune preuve que les ours polaires chassaient le renne avant 2000. Toutefois, en 2013, des restes de rennes ont été retrouvés à plusieurs reprises dans leurs excréments. Ils ont conclu que le renne pourrait de plus en plus faire partie intégrante du régime alimentaire des ours polaires.
Bien qu’il ne soit pas aussi gras que les phoques, le renne pourrait devenir une source de nourriture de plus en plus importante pendant les mois d’été. Les chercheurs expliquent que si les mères apprennent à leurs oursons à chasser le renne avec succès, ces derniers, qui restent avec leur mère pendant plus de deux ans, pourraient, eux aussi, devenir des chasseurs de rennes.
Les scientifiques pensent également que le nouveau comportement des ours polaires aura un impact sur les oiseaux du Svalbard, même si les phoques continueront probablement d’être la principale source de nourriture au printemps et au début de l’été. Dans un article rédigé il y a plusieurs années, j’expliquais que les ours peuvent parcourir de grandes distances pour rechercher une nourriture alternative sur terre. Ils passent beaucoup plus de temps à proximité des aires de nidification des oiseaux, en particulier les oies polaires, ce qui laisse supposer que les œufs sont devenus une source de nourriture importante. Cette chasse aux œufs à grande échelle peut dévaster les populations d’oiseaux nicheurs. Si elle se poursuit dans les années à venir, on peut se demander ce qu’il adviendra de la population d’oies. Si leur nombre diminue – ​​ce qui serait logique – cela aura un impact sur l’ensemble de l’écosystème terrestre. Par exemple, les renards arctiques dépendent des jeunes oies pour se nourrir; l’alimentation des rennes est facilitée par les oies qui paissent dans la toundra et fertilisent le sol avec leurs déjections. Toute une chaîne alimentaire sera perturbée.
Source : Médias d’information internationaux.

À la recherche de nourriture sur terre, les ours polaires peuvent rencontrer des grizzlis, notamment dans le nord de l’Alaska où ils viennent se nourrir de carcasses de baleines. L’accouplement a lieu entre les deux espèces d’ours, donnant naissance à ce que l’on a appelé les « ours pizzly. »  C’est à lire dans cette note:
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2019/01/22/quand-grizzlis-et-ours-polaires-se-rencontrent-when-grizzlies-and-polar-bears-go-together/

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A very interesting video (see above) released in 2020 in the journal Polar Biology showed a polar bear attacking and killing a reindeer. It confirms that because of climate change and the melting of sea ice, the species are adapting their diet to their new living conditions.

The shaky hand-held video was shot by Polish scientists stationed in the Svalbard archipelago. One can see an adult female bear chasing a reindeer, then pulling it underwater and drowning it. Moments later the bear can be seen dragging its lifeless prey onto the shore in order to consume it.

Polish scientists said the bear was observed using “much the same method” to kill reindeer twice, leading them to think it could be becoming “specialized” at hunting the species.

As sea ice melting worsens across the Arctic due to global warming, researchers have observed polar bears are spending more time on land around Svalbard. The lack of ice is limiting the bears’ access to their primary prey, seals, forcing them to look for land-based high-calorie food sources.

Polar bears are classified as marine mammals due to their habitat and food sources, so their changing behaviour could one day lead to an adjustment as to how scientists categorize them.

Researchers studying the animals did not find evidence that polar bears had been hunting reindeer before 2000, but by 2013 their remains were found on several occasions through their scats. They concluded that reindeer could increasingly be forming a regular part of polar bear diets.

Despite not being as fatty as seals, reindeer appear to be an increasingly important food source during the summer months. Researchers say that if polar bear mothers learn to hunt reindeer efficiently, their offspring, which stay with their mothers for over two years, may also become reindeer hunters.

Scientists also believe their impact on the island’s birds will also likely increase, even though seals will likely continue to be a key food source during spring and early summer. As I put it in a post several years ago, bears may wander greater distances in search of alternative land-based food. They spend a lot more time near bird nesting grounds, which suggests eggs have become a significant food source. This type of mass egg hunting can devastate nesting bird populations. If it goes on in the coming years, one may wonder what will happen to the geese population in the future. If numbers decline – which is to be expected –it will have an impact on the whole terrestrial ecosystem. For example, Arctic foxes depend on young geese as food; reindeer food intake is facilitated by geese grazing the tundra. A whole food chain will be disrupted.

Source: International news media.

Looking for food on land, polar bears may encounter grizzlies ,especially in northern Alaska where they come to feed on the carcasses of whales. Mating occurs between the two species of bears, giving birth to what has been called « pizzly bears »:

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2019/01/22/quand-grizzlis-et-ours-polaires-se-rencontrent-when-grizzlies-and-polar-bears-go-together/

Photo: C. Grandpey

Les oies polaires sont de plus en plus souvent au menu des ours blancs (Photo: C. Grandpey)

La Palma (Iles Canaries) :Les miracles de la Nature // La Palma (Canary Islands) : Nature can work miracles

Tout le monde sait que la nature peut faire des miracles dans toutes sortes de circonstances. L’exemple le plus récent concerne les abeilles noires des Canaries qui doivent leur nom à leur aspect plus sombre que leurs congénères. Comme beaucoup d’autres êtres vivants sur l’île de La Palma, les abeilles ont été menacées par l’éruption du Cumbre Vieja. Leurs ruches ont rapidement été ensevelies sous une épaisse couche de cendre mais, chose assez incroyable, la plupart d’entre elles ont réussi à survivre.
Des dizaines de milliers d’abeilles noires des Canaries vivaient dans six ruches à environ 600 mètres du cône en éruption et elles ont réussi à s’en sortir malgré la proximité du danger. Une seule ruche a vu ses abeilles mourir, mais l’apiculteur pense que les insectes étaient peut-être déjà «faibles» avant l’éruption.
Les abeilles ont réussi à survivre pour plusieurs raisons. Le propriétaire des ruches a déclaré qu’il n’avait pas encore retiré la récolte de miel d’été. Cela a permis aux ruches d’avoir des réserves de nourriture au moment où l’épaisse couche de cendres les recouvrait et empêchait les abeilles de sortir. De plus, la cendre qui recouvrait les ruches était poreuse car constituée principalement de lapilli. Cette porosité a permis à l’air d’atteindre les ruches en passant à travers la cendre.
L’apiculteur avait d’autres ruches beaucoup plus proches du cône en éruption. De la même façon que dans celles où les abeilles ont survécu, les insectes ont utilisé de la propolis – un mélange résineux que les abeilles mellifères produisent en mélangeant de la salive et de la cire d’abeille avec des sucs extraits de plantes – pour protéger leurs ruches en les isolant des gaz volcaniques et de la cendre. Cette stratégie défensive a fonctionné au début de l’éruption, mais a finalement échoué car la lave (et non plus la cendre) a détruit les ruches.
Source : Nerdist, entre autres journaux.

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Everybody knows that Nature can work miracles in all sorts of circumstances. The most recent examle concerns the Canary Black Bees, a type of honeybees which owe their name to theirn dark appearance. Like many other living beings on the island of La Palma, the bees were threatened by the eruption of Cumbre Vieja. Their hives were soon buried under a thick layer of volcanic ash but, incredibly enough, most of them managed to survive.

Tens of thousands of Canary Black Bees, whose six hives were approximately 600 meters from the volcano’s erupting cone, were able to survive. Only one beehive saw its bees die, but the beekeeper said the insects may have already been “weak” before the eruption.

The bees managed to survive for several reasons. The owner of the hives said that he had not yet removed the summer honey harvest. This allowed the hives to have food reserves while the blanket of ash covered them and prevented the bees from flying out. Moreover, the ash that fell on the hives was also particularly porous as it consisted mainly of lapilli. This porousness allowed air to pass into the hives through the ash.

The beekeeper had other hives that were much closer to the volcano’s cone. Like the ones that did survive, those hives used propolis – a resinous mixture that honey bees produce by mixing saliva and beeswax with saps gathered from botanicals -to protect their hives by sealing them off from volcanic gases and ash. The tactic worked at first, but ultimately failed when lava (and not ash) buried the hives.

Source: Nerdist, among other newspapers.

Abeille noire des Canaies (Crédit photo: Giraffa)