Un joli cadeau de Noël !

Les glaciers sont des rivières de glace en mouvement. Il leur arrive de vomir à leur front des objets ou des personnes qu’ils ont cachés pendant des décennies ou même des siècles au fond de leurs crevasses.. A Chamonix, le glaciers des Bossons fait partie des généreux donateurs.

Dans des notes écrites le 15 septembre 2018 et le 14 novembre 2020, j’ai rappelé que des avions se sont écrasés sur le massif du Mont Blanc. Régulièrement, des fragments humains et autres débris sont retrouvés dans la zone de ces accidents.

Il y a quelques jours, un trésor de pierres précieuses découvert en 2013 sur le glacier des Bossons et provenant probablement du crash d’un avion indien, le « Kangchenjunga » en 1966, a été partagé 8 ans après avoir été retrouvé, entre son découvreur et la ville de Chamonix. Chaque lot est évalué à environ 150.000 euros. Pour mémoire, le Boeing 707 effectuait la liaison Bombay-New York. Il s’était écrasé sur le glacier avec 117 passagers à bord à environ 4.750 mètres d’altitude. Aucun passager n’avait survécu à l’accident. Quinze ans plus tôt, un autre avion d’Air India, le « Malabar Princess », s’était écrasé sur le même glacier le 3 novembre 1950 à 4.700 mètres d’altitude, faisant 48 morts. La rumeur avait alors couru qu’il contenait des lingots d’or, mais les recherches sont restées vaines

La loi prévoit que, aucun héritier n’ayant été retrouvé dans un délai de deux ans, le trésor revienne pour moitié à l’alpiniste qui en a fait la découverte, et pour moitié au propriétaire du glacier des Bossons où il a été trouvé, c’est-à-dire à la commune de Chamonix. Les huit années d’attente correspondent à l’enquête internationale qui a fait suite à la découverte. Il a fallu du temps pour expertiser le trésor et pour demander des explications au niveau des personnes qui étaient dans l’avion et de leurs héritiers.

Les pierres, enfermées dans une petite boîte métallique, avaient été retrouvées à l’été 2013 par un jeune alpiniste savoyard. Il avait apporté son trésor, composé en majorité d’émeraudes et de saphirs, à la gendarmerie afin qu’il soit remis à son propriétaire.

Le glacier des Bossons charrie régulièrement des débris des catastrophes aériennes survenues au Mont-Blanc. En 1975 déjà, un guide de haute montagne y avait découvert le train d’atterrissage du « Malabar Princess. » On peut le voir aujourd’hui au Chalet des Bossons, accompagné d’une petite exposition qui explique les circonstances des accidents.

Les pierres du lot dévolu à la ville de Chamonix figureront désormais dans la collection de son nouveau musée des cristaux dont l’inauguration a eu lieu le 18 décembre 2021.

Source: Yahoo News.

Photos: C. Grandpey

Ils voient des éruptions partout!

Il suffit que la sismicité trahisse quelques soubresauts de la Terre pour que les réseaux sociaux s’affolent, s’enflamment, et que le mot « éruption » se mette à pulluler. Malheureusement – ou heureusement pour les régions concernées – tout n’est pas aussi simple. Ce n’est pas parce que la Terre ne met à trembler qu’une éruption va se produire. Ce serait trop facile et les différents observatoires l’ont bien compris, même s’ils ne peuvent pas trop s’aventurer dans les pronostics.

Ces derniers jours, un essaim sismique significatif a affecté la Péninsule de Reykjanes en Islande, pile poil où s’est déroulée la dernière éruption qui venait d’être déclarée « officiellement terminée ». Dans le doute, les autorités islandaises ont tout de suite réagi en élevant le niveau d’alerte volcanique à « incertitude » et la couleur de l’alerte aérienne à Orange. On ne sait jamais. Ce qui est rassurant, c’est que les autres paramètres susceptibles d’annoncer une éruption (émissions gazeuses, déformation du sol, hausse de la température, etc) font pour le moment défaut.

Le problème avec la Péninsule de Reykjanes, c’est qu’elle se trouve sur la dorsale médio-atlantique où les événements d’origine tectonique sont nombreux. Il est donc très difficile de dire si le dernier essaim sismique a une origine tectonique ou volcanique. Certains pensent que la sismicité est provoquée par un déplacement latéral du magma dans le sous-sol, phénomène qui avait précédé la sortie de la lave au mois de mars. Les prochains jours et les prochaines semaines nous diront si cette hypothèse est exacte et si une éruption a eu lieu.

Sur l’île éolienne de Vulcano, c’est un peu le branle-bas de combat suite à une intensification des émissions gazeuses – de CO2 en particulier – et une hausse de températures au niveau des fumerolles sur la lèvre et à l’intérieur de la Fossa. Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont tout de suite pensé qu’il s’agissait des prémices d’une éruption semblable à celle qui a secoué le volcan à la fin du 19ème siècle. Là encore, c’est aller un peu vite en besogne, car il manque certains paramètres pour faire une telle affirmation. Comme je l’ai écrit précédemment, j’ai connu une situation semblable à Vulcano dans les années 1990 – époque où j’effectuais des observations sur l’île – et il n’y a pas eu d’éruption à cette époque. Se méfier en particulier de la densité des panaches fumerolliens qui ne signifient pas forcément que le volcan traverse une hausse d’activité et qu’il va entrer (et non pas « Rentrer », comme on peut le lire) en éruption. .

Le problème en 2021, ce sont les émissions de CO2 dans le secteur de Volcano Porto. Il a été demandé aux habitants d’aller dormir ailleurs afin qu’ils ne se fassent asphyxier par le gaz pendant leur sommeil. Cela s’appelle le principe de précaution. Reste à savoir pendant combien de temps il pourra être appliqué…

S’agissant du Semeru (Indonésie), le mot « éruption » a été prononcé dès que l’on a appris que des coulées pyroclastiques avaient déferlé sur des villages et tué des dizaines de personnes. Trop tard. La prévision éruptive reste quasiment impossible sur les volcans de la Ceinture de Feu du Pacifique, ce qui explique des bilans humains élevés. Côté prévision, nous ne savons pas faire grand-chose et le principe de précaution est souvent mis en place pour éviter que des personnes se fassent tuer. Mais c’est parfois déjà trop tard.

La prévision à La Palma (Iles Canaries) a été correcte, ce qui a donné le temps aux autorités d’évacuer les populations menacées. Le Cumbre Vieja est bien différent du Semeru. Les coulées de lave – même si elles peuvent avancer rapidement – laissent le temps de déguerpir et au final, il n’y a pas eu de morts directement liées à l’éruption.

Après une période de calme, l’Etna (Sicile) s’est réveillé en décembre 2021 avec une petite activité strombolienne dans le Cratère Sud-Est. Tout de suite, le mot « éruption » a jailli comme un diable de sa boîte sur les réseaux sociaux L’apparition d’une petite coulée de lave au pied d’une paroi de la Valle del Bove a ravivé les souvenirs de l’éruption de 1991-1993 qui avait débuté dans ce secteur de l’Etna, Au final, le volcan s’est calmé, la lave a cessé de s’écouler, et il n’y a pas eu d’éruption…

C’était à La Palma (capture écran webcam)