Cumbre Vieja (La Palma) : bilan actuel de l’éruption // Current assessment of the eruption

Aucun événement majeur n’a été observé ces dernières heures sur le Cumbre Vieja. La lave continue de sortir d’une bouche située à l’ouest du cône principal et elle circule ensuite essentiellement en tunnels. Dans les zones où la lave réapparaît en surface, elle se divise en deux branches qui se déplacent vers l’ouest en recouvrant les coulées précédentes. Les autres centres d’émission de lave au niveau du cône principal sont très peu actifs.

Le dimanche 12 décembre 2021 à 15h13, l’éruption du Cumbre Vieja dépassera en durée celle de Tehuya en 1585 qui était la plus longue de l’histoire de La Palma.
Le Cumbre Vieja a émis plus de 120 millions de mètres cubes de magma, selon les dernières données publiées le 47ème jour d’activité. On ne recense aucune victime, à part le décès d’un homme qui est tombé de son toit en déblayant la cendre.
La magnitude maximale des séismes enregistrés à La Palma a été de M 5,1 le matin du 19 novembre.Le plus grand nombre de séismes a été enregistré le 30 novembre avec 375 événements. La superficie des deux deltas de lave est de 50 hectares. Le plus grand couvre 44 hectares, soit l’équivalent de l’ensemble de l’État du Vatican.
La lave a affecté 360 hectares de cultures : 224,99 hectares de bananiers, 62,37 hectares de vignes et 27,33 hectares d’avocatiers.
Jusqu’à présent, 1 628 bâtiments ont été touchés par la lave, dont 1 304 maisons, 179 structures à usage agricole, 74 usines et entrepôts industriels, 40 entreprises de loisirs et d’accueil, 15 écoles, temples et espaces pour usage public.
La surface des terres couvertes par les coulées de lave atteint 1 173 hectares. A cette surface, il faut ajouter les zones que la lave n’a pas touchées, mais qui sont ensevelies sous la couche de cendres, par endroits de plusieurs mètres d’épaisseur.
Plus de 7000 personnes ont été évacuées depuis le début de l’éruption. Près de trois mois après le début de la crise, seules 30 familles ont pu rentrer chez elles dans deux quartiers de Los Llanos.

Sources: IGN,Pevolca,El Pais.

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No major event has been observed in recent hours on Cumbre Vieja. Lava continues to come out of a vent located west of the main cone and then travels mainly in tunnels. In areas where lava reappears on the surface, it splits into two branches that move westward, covering previous flows. The other lava emission centers at the main cone are not very active.
On Sunday December 12th, 2021 at 3:13 p.m., the eruption of Cumbre Vieja will exceed in duration that of Tehuya in 1585, which was the longest in the history of La Palma.
Cumbre Vieja has emitted more than 120 million cubic meters of magma, according to the latest data released on the 47th day of activity. There are no victims, apart from a man who fell from his roof while clearing the ash.
The maximum magnitude of earthquakes recorded in La Palma was M 5.1 on the morning of November 19th, with the highest number of earthquakes recorded on November 30th with 375 events. The area of ​​the two lava deltas is 50 hectares. The largest one covers 44 hectares, which is the equivalent of the entire Vatican State.
Lava has affected 360 hectares of crops: 224.99 hectares of banana plantations, 62.37 hectares of vines and 27.33 hectares of avocado trees.
So far 1,628 buildings have been affected by the lava, including 1,304 houses, 179 structures for agricultural use, 74 factories and industrial warehouses, 40 leisure and hospitality businesses, 15 schools, temples and spaces for public use. .
The land area covered by lava flows reaches 1,173 hectares. To this surface, one must add the areas that the lava has not affected, but which are buried under the layer of ash, in places several meters thick.
More than 7,000 people have been evacuated since the start of the eruptio. Almost three months after the start of the crisis, only 30 families have been allowed to return to their homes in two areas of Los Llanos.
Sources: IGN, Pevolca, El Pais.

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Semeru: les lacunes de la prévision et de la prévention éruptives // The shortcomings of eruptive prediction and prevention

Au lendemain de l’éruption meurtrière du Semeru (39 morts et 12 disparus, et des dizaines d’autres gravement brûlés), on se rend compte une fois de plus à quel point la prévision volcanique est faible, surtout sur les volcans explosifs de la Ceinture de Feu du Pacifique.
L’éruption du Semeru s’est produite sans prévenir. Elle soulève des questions et des doutes au sein de la population sur l’efficacité du système indonésien d’alerte aux catastrophes et sur les dangers de la reconstruction sur les pentes fertiles mais dangereuses d’un volcan.
Les autorités ont déclaré que des messages d’alerte avaient été envoyés aux administrateurs locaux, mais elles ont reconnu qu’ils n’avaient pas donné lieu à un ordre d’évacuation, « en partie parce que l’activité du volcan est difficile à prévoir. »
Les messages recommandant des évacuation sont normalement relayés par l’agence nationale de gestion des catastrophes, comme ce fut le cas en 2017 lorsqu’elle a ordonné à 100 000 personnes vivant près du mont Agung à Bali de quitter immédiatement la zone de danger. C’était une bonne mesure de prévention, même si aucune éruption majeure n’a eu lieu.
Curah Kobokan est l’un des villages détruits par la dernière éruption du Semeru. En javanais, ce nom signifie « bol en train de déverser », en référence à la rivière qui passe à proximité. Autrefois source de vie, la rivière est devenue source de malheur pour ce village. Lorsque le Semeru est entré en éruption, le cours d’eau a véhiculé d’épaisses coulées de boue et de cendres à haute température qui se sont déversées directement dans Curah Kobokan, transformant le village en un champ de cendres grises qui a englouti les lignes électriques, tandis que seuls les toits des maisons dépassaient de la fange.
Les villageois disent que l’air est devenu « brûlant et noir » en quelques secondes. Les gens ont crié et se sont enfuis; certains se sont réfugiés dans une maison de prière, d’autres se sont blottis dans une canalisation en béton. Sur les huit villageois interrogés, aucun n’a déclaré avoir été prévenu d’une éruption imminente. Ils ont tous ajouté que si les gens avaient été prévenus, ils seraient partis. Au lieu de cela, en quelques minutes, la coulée pyroclastique les a tués.
La dévastation causée par le Semeru peut être attribuée à un ensemble de facteurs, mais personne ne se sent responsable. Cela me rappelle la dernière grande éruption du volcan Fuego (Guatemala) et ses centaines de morts. À la suite de l’événement, l’INSIVUMEH et le CONRED se sont mutuellement attribués la responsabilité du désastre.
Le directeur de l’agence géologique indonésienne a déclaré que des messages avaient été envoyés aux autorités locales pour les avertir du risque de coulée pyroclastique et que la rivière près de Curah Kobokan était marquée en rouge sur la carte.
L’agence de gestion des catastrophes de Java Est a déclaré que les mises e garde avaient été transmises aux agences locales, mais qu’il n’y avait pas eu d’ordre spécifique d’évacuation.
Les scientifiques expliquent que la nature de l’éruption – un effondrement du dôme de lave peut-être déclenché par des facteurs externes tels que de fortes pluies – était difficile à prévoir. Un chercheur explique que les éruptions déclenchées par les effondrements de dômes de lave représentent environ 6 % de l’ensemble des éruptions volcaniques.
Un autre facteur causal de la tragédie est la réalité de la vie sur les pentes du Semeru, où au fil des décennies, les villageois se sont habituées à l’activité volcanique, y compris les émissions de gaz et de vapeur au sommet du volcan.
Alors que les autorités évaluent les dégâts (100 000 maisons ont été endommagées ou détruites), il semble y avoir une prise de conscience du danger de vivre si près du volcan. Le président indonésien a déclaré qu’au moins 2 000 maisons devraient être déplacées.
Avec 142 volcans potentiellement actifs, l’Indonésie a la plus forte densité de population vivant à proximité de l’un d’eux. 8,6 millions de gens habitent à moins de 10 km d’un volcan. Lorsque des coulées pyroclastiques se déclenchent, il n’y a pas le temps de fuir. Si de véritables mesures de prévention ne sont pas mises en place, la vraie question sera de savoir quel volcan indonésien sera le prochain tueur…
Source : d’après un article paru dans Yahoo News.

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In the wake of the deadly Semeru eruption (39 dead and 12 missing, with tens of others severely burnt) one realises once again how low volcanic prediction is, above all on the explosive volcanoes of the Pacific Ring of Fire.

The Semeru eruption occurred with no warning and it raises questions and doubts among the population about the effectiveness of Indonesia’s disaster warning system, and the dangers of rebuilding on the volcano’s fertile but precarious slopes.

Officials said some messages were sent to local administrators but acknowledged they did not result in an evacuation order, « in part because the volcano’s activity is hard to predict. »

Warnings to evacuate are normally relayed by the national disaster mitigation agency, such as in 2017 when it ordered 100,000 people living near Bali’s Mt Agung to immediately leave the danger zone It was the right prevention measure, although no major eruption occurred.

One of the villages affected by Mt Semeru’s last eruption was Curah Kobokan which, in Javanese, means « pouring bowl », a reference to the river that snakes by it. Once a source of life, the river also became the community’s downfall. When Semeru erupted, the river carried thick and hot flows of lava and ash directly into Curah Kobokan, turning the village into a field of gray ash piled as high as the powerlines, a few roofs jutting out of the newly formed disaster landscape.

Villagers say the air grew blazing hot and pitch black in seconds. People screamed and fled in panic, some taking refuge in a prayer house, others huddled in a concrete drain. Out of eight residents interviewed, not one said they received warning of an impending eruption. They added that if there had been a warning, people would have evacuated. Instead in a matter of minutes, la pyroclastic flow killed a lot of people.

The devastation wreaked by Semeru can be ascribed to a deadly confluence of factors, for which no one wants to take the blame. This reminds me of the last major eruption of Fuego volcano (Guatemala) which killed hundreds of people. Following the event, INSIVUMEH and CONRED accursed each other of the disaster.

The head of Indonesia’s geological agency says messages were sent to local officials warning of hot ash clouds and that the river near Curah Kobokan was marked red on the map.

The East Java disaster mitigation agency says the warnings were passed on to local resilience officers but there were no specific orders to evacuate.

Experts say the nature of the eruption, a collapse of the lava dome possibly triggered by external factors such as heavy rain, was also difficult to predict. A researcher explains that eruptions triggered by lava dome collapses account for about 6% of all volcanic eruptions.

Another causal factor for the tragedy is the reality of life on Semeru’s slopes, where over the decades communities have become inured to volcanic activity, including the summit letting off steam.

As disaster officials survey the devastation (100,000 homes were damaged or destroyed), there is growing talk about the danger of living so close to the mountain. The Indonesian President said that at least 2,000 homes should be moved.

With 142 volcanoes, Indonesia has the largest population living in close range to a volcano, including 8.6 million within 10km. When pyroclastic flows are triggered, there is no time to run. If no new prevention measures are taken, the real question will be to knowwhich Indonesian volcano will be the next killer…

Source: after an article published in Yahoo News.

Photos : C. Grandpey