Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion) : nouvelles de l’éruption // News of the eruption

L’éruption du Piton de la Fournaise qui a débuté le 9 avril 2021 continue. L’intensité du tremor reste relativement stable. Sur le site de l’éruption, on observe maintenant trois bouches éruptives, une principale et deux secondaires en aval.

Le front actif de la coulée de lave principale n’a guère évolué depuis la veille. Le front de coulée se situe toujours dans le haut des Grandes Pentes. A noter qu’une cassure dans le chenal de la coulée principale a fait dévier un bras de lave vers le sud, avec une menace pour l’une des stations sismologiques de l’OVPF

Le débit éruptif moyen est actuellement estimé à 12,5 m3/s..

Le sommet du volcan montre une faible déflation de l’ordre d’un centimètre, en lien logique avec la vidange en cours du réservoir magmatique superficiel située sous le cratère Dolomieu à 1,5-2 km de profondeur.

Les émissions de CO2 dans le sol en champ lointain et en champ proche  sont en augmentation. Ce paramètre sera à surveiller les prochains jours car une telle augmentation pourrait indiquer un nouvel apport de magma.

Source : OVPF.

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The eruption of Piton de la Fournaise that began on April 9th, 2021 continues. The intensity of the tremor remains relatively stable. At the site of the eruption, there are now three eruptive vents, one main and two secondary downslope.

The active front of the main lava flow has hardly changed since the previous day. The flow front is still located in the upper part of the Grandes Pentes. A break in the channel of the main flow has diverted a lava branch towards the south, with a threat to one of OVPF’s seismological stations

The average eruptive ouput is currently estimated at 12.5 m3 / s.

The summit of the volcano shows a weak deflation of about one centimetrr, in logical connection with the drainage in progress of the shallow magma reservoir located under the Dolomieu Crater at a depth of 1.5-2 km.

Far-field and near-field CO2 emissions at the soil are increasing. This parameter should be monitored over the next few days because such an increase could indicate a new influx of magma.

Source: OVPF.

Photo : C. Holveck

Islande : nouvelles de l’éruption // Iceland : news of the eruption

Selon le Met Office, l’activité du cratère le plus au nord, au-dessus des vallées de Meradalir, a considérablement faibli le 14 avril 2021. Les volcanologues locaux disent que c’est un résultat logique de l’augmentation du nombre de bouches à des altitudes plus basses, de sorte de la lave s’écoule par gravité. Cependant, il semble qu’il n’y ait pas de réduction de l’alimentation magmatique car le débit de lave est estimé à plus de 10 m3 par seconde.

Les membres de la sécurité sur le terrain ont indiqué le 14 avril que de la lave s’approchait du sentier A et ils ont conseillé aux touristes de faire preuve d’une extrême prudence. Les volcanologues expliquent qu ‘«un lac de lave considérable s’est formé et que toutes les coulées de lave, ainsi que les cratères, sont remplis à ras bord. Les parois du lac de lave peuvent s’éventrer à tout moment. » Si c’est le cas, il est probable que de nouvelles coulées de lave commenceront brutalement à couler en se dirigeant très probablement vers l’est. Par conséquent, le sentier A dans cette zone doit être évité.

L’accès au site de l’éruption est fermé aujourd’hui 15 avril, en raison des mauvaises conditions météo, avec des vents violents et de fortes pluies.

Source: médias islandais.

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IMO says that the activity of the northernmost crater, above Meradalir valleys,   was vastly reduced on April 14th, 2021. Local volcanologists say it is a logical result of the increased number of vents at lower elevations. However, it seems there is no reduction in the magma supply as the lava out put is estimated at more than 10 m3 per second.

Rescuers on the field indicated on April 14th that lava was approaching hiking trail A and advised people to exercise extreme caution. Volcanologists warn that “a considerable lava lake has formed, and all the lava rivers, as well as craters, are filled to the brim. The sides of the lava lake can burst at short notice.” It is likely that sudden streams of lava will start flowing from underneath the lava crust, most likely toward the east. Therefore, hiking trail A in that area should be avoided.

Access to the eruption site is closed today April 15th, due to inclement weather with strong winds and heavy rain.

Source: Icelandic news media.

La Soufrière de St Vincent : trop de cendre et pas assez d’eau // St Vincent’s La Soufriere : too much ash and not enough water

L’éruption de La Soufrière de St Vincent continue avec des colonnes de cendre et des coulées pyroclastiques dernièrement observées dans la partie orientale du volcan. Même si les panaches de cendre montent en ce moment moins haut dans le ciel, les scientifiques estiment que l’éruption actuelle est plus puissante que celle de 1979 et se rapproche de celle de 1902.

La cendre rejetée par le volcan impacte lourdement l’île, mais aussi les autres îles de la Caraïbe. A l’est, la Barbade est également touchée. Au fil des jours et du vent, d’autres îles voient arriver des particules de cendre. Pour le moment, les vents d’altitude poussent la cendre vers l’est, ce qui épargne la Guadeloupe et la Martinique. En revanche, les scientifiques pensent que la Barbade sera probablement impactée durant plusieurs mois, voire un an. Sur place, les autorités ont annoncé la fermeture de l’aéroport Grantley Adams, jusqu’au vendredi 16 avril.

Grenade et Sainte-Lucie sont également touchées. De fines particules de cendre ont été observées dès le samedi 11 avril. Les habitants de Ste Lucie rapportent que dans les rues de la localité de Vieux-Fort, les passants étaient obligés de se couvrir les voies respiratoires, et toussaient à cause de la cendre. La veille, ce sont d’abord les pêcheurs qui se sont plaints de l’arrivée du nuage de cendre qui rendait leur activité plus difficile. Beaucoup sont rentrés à quai bredouille car la cendre dans l’eau avait fait fuir les poissons.

D’autres îles, comme Trinidad & Tobago craignent, elles aussi, de voir arriver la cendre. Selon les services météorologiques, il y a 20% de chances qu’elle atteigne les deux îles d’ici le jeudi 15 avril. L’impact ne sera pas aussi fort qu’à la Barbade, mais les autorités mettent déjà en garde la population.

Dans les prochains jours, le nuage de cendre qui se déplace à 3000-5000 mètres d’altitude va probablement atteindre les Iles Canaries puis l’Espagne avec un impact qui sera faible.

Une crise de l’eau est apparue à St Vincent. Comme je l’ai déjà écrit, les abondantes retombées de cendre causées par l’éruption de La Soufrière ont perturbé considérablement l’approvisionnement régulier en eau. L’Autorité en charge de la gestion de l’eau à Saint-Vincent a déclaré que les habitants doivent se préparer au rationnement de cette dernière. L’eau est livrée aux localités de l’île par camions. L’Autorité n’a pas été en mesure de pomper l’eau des rivières et, à l’heure actuelle, seuls 15 pour cent des réserves sont disponibles. La quantité d’eau collectée avant l’éruption diminue. Une offre limitée est désormais disponible dans la zone verte; 250 gallons seront livrés dans les localités de l’île sous le vent.

Des bouteilles d’eau en provenance de la Grenade et Trinidad ne devraient pas tarder à arriver à Saint-Vincent. La Collectivité Territoriale de Martinique a décidé d’envoyer 5 400 litres d’eau de son stock sur l’île. La Frégate Ventose a acheminé le 13 avril 2021 ce premier don de la Martinique pour les habitants de Saint-Vincent.

Source: presse locale.

Dernière minute : L’éruption explosive de La Soufrière continue. La dernière crise a été observée à 11h38 le 14 avril 2021l. Comme je l’ai déjà écrit, des coulées pyroclastiques sont observées dans la partie orientale du volcan. Selon les scientifiques de l’UWI, les explosions et les retombées de cendre qui les accompagnent  continueront de se produire au cours des prochains jours, avec une intensité semblable aux événements actuels.

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The eruption at St Vincent’s La Soufrière continues with ash columns and pyroclastic flows recently observed in the eastern part of the volcano. Even though the ash plumes is now rising less high in the sky, scientists estimate that the current eruption is more powerful than that of 1979 and is close to that of 1902.

The ash from the volcano has heavily impacted the island, but also the other islands of the Caribbean. To the east, Barbados is also affected. Over the days and according to the wind, other islands see ash particles arriving. For the moment, the high winds are pushing the ash eastward, sparing Guadeloupe and Martinique. In contrast, scientists believe that Barbados will likely be impacted for several months, or even a year. The authorities have announced the closure of Grantley Adams airport until Friday, April 16th.

Grenada and Saint Lucia are also affected. Fine particles of ash were observed from Saturday April 11th. The inhabitants of St Lucia report that in the streets of the town of Vieux-Fort, passers-by were forced to cover their respiratory tract, coughing from the ashes. The day before, the fishermen complained about the arrival of the ash cloud, making their activity more difficult. Many returned to the quayside empty-handed, because the ashes in the water had scared the fish away.

Other islands, such as Trinidad & Tobago are also afraid of seeing the ash coming. According to meteorological services, there is a 20% chance that the ash will reach both islands by Thursday, April 15th. The impact will not be as strong as in Barbados, but authorities are already warning the population.

In the coming days, the ash cloud which trales at an altitude of 3,000-5,000 m is likely to reachthe Canary Islands and then Spain with a low impact.

A water crisis is developing in St Vincent. As I put it before, heavy ashfall from La Soufriere eruption has created significant disruption to the regular water supply. St Vincent’s Central Water and Sewage Authority says that citizens should prepare for water rationing. Water is being delivered to communities across the island by trucks. The company has not been able to extract water from the rivers, and at present, only 15 percent of regular storage is available. Water collected before the eruption is dwindling. A limited supply is now available in the green zone; however, 250 gallons will be released to communities on the island’s Windward side.

Grenada and Trinidad have shipments of bottled water en route to St Vincent. Martinique’s CTM has decided to send 5 400 litres of water. This first donation arrived in St Vincent on April 13th, 2021 in the evening.

Source: presse locale.

Last minute : La Soufriere continues to erupt explosively with its latest eruption at about 11.38 am on April 14th, 2021l. As I put it before, pyroclastic flows are observed in the eastern part of the volcano.  UWI says that explosions and accompanying ashfall, of similar or larger magnitude, are likely to continue to occur over the next few days.

Photo satellite de l’arc antillais réalisée le 11 avril 2021. Les lignes circulaires formant des ondulations sur dans la partie droite de l’image sont des ondes de gravité créées par l’éruption et qui se déplacent à la surface de l’océan. (Source: NOAA)

Satellite photo of the West Indies arc on April 11th, 2021. The circular lines spreading out like ripples on the right side of this image are gravity waves created by the explosive eruption of La Soufrière and are travelling at the surface of the ocean. Ash clouds and gravity waves pulsed over Barbados and other Caribbean Islands all weekend. (Source : NOAA)

Sargasses à la Martinique : Que fait l’Etat français ?

En ce moment, tous les projecteurs sont braqués – à juste titre- sur Saint-Vincent-et-les-Grenadines où le volcan de La Soufrière connaît l’une des plus puissantes éruptions de son histoire. Comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises, la cendre qui s’accumule partout sur l’île cause de graves problèmes alors que St Vincent est également affectée par la pandémie de Covid-19, ce qui rend la vie encore plus difficile dans les hébergement temporaires .

La Martinique est elle aussi confrontée à des problèmes, même si leur ampleur n’a rien à voir avec ce qui se passe à St Vincent.

Lors de mes visites sur l’île, j’ai eu l’occasion de me rendre compte des désagréments causés par les sargasses, en particulier au moment de leur échouage sur les côtes.

La Martinique a été épargnée par les algues pendant plusieurs mois, mais elles ont de nouveau envahi les côtes, surtout le rivage atlantique au cours des dernières semaines. Le phénomène a pris une ampleur impressionnante dans le sud Atlantique où de nombreuses plages sont impraticables.

Les habitants du littoral, ceux du Marigot par exemple, n’en peuvent plus. Ainsi, une personne a déclaré sur le site Martinique la 1ère : « Il n’y a pas longtemps, on s’est enfermé dans la maison, parce que l’odeur montait vraiment. Le matin au réveil, c’est désagréable. On n’a plus la possibilité de sortir comme on veut. C’est invivable. Quand il y a beaucoup de, pluie, c’est insupportable. On ne peut pas dormir le soir. Ça abîme tout notre matériel, télé, réfrigérateur, voiture.» Des habitants de la Pointe Faula m’avaient tenu des propos identiques et avaient fait état de malaises chez des personnes ayant inhalé l’hydrogène sulfuré (H2S) émis par les algues quand elles se décomposent sur le rivage.

La situation est identique au Robert. Depuis des années, les habitants sont incommodés par les émanations de gaz causées par les sargasses en putréfaction. Ceux qui le pouvaient ont quitté leur domicile, pour s’installer loin du littoral. D’autres ont réaménagé entièrement leur maison.

Pour tenter d’endiguer les échouages, des solutions de fortune ont été imaginées. Un marin pêcheur, a fabriqué des filets à sargasses. Il les a installés à Frégate et au Cap Est.

La ville du Robert utilise le Sargator, un navire collecteur de sargasses, censé collecter près de 40 tonnes d’algues par heure. Une autre machine amphibie permet la collecte des algues plus près du littoral. Mais elle est en panne. Pour éviter l’échouage des sargasses, sur les côtes, la ville a aussi installé plusieurs barrages filtrants. Ces différentes solutions sont parfois efficaces, mais elles restent insuffisantes devant l’ampleur du phénomène. Des solutions existent pour améliorer l’efficacité des machines destinées à l’enlèvement des algues, mais le coût financier reste considérable pour les collectivités.

En plus des sargasses, la Martinique est victime de la brume de sable. Ces deux phénomènes naturels sont liés car la brume de sable accentue le phénomène des sargasses.

Les nuages de sable se forment au-dessus du désert du Sahara. Ils se nourrissent aussi de poussières en suspension venant d’Europe après avoir traversé la Méditerranée.  .
Les particules fines contenues dans la brume de sable contiennent des nutriments issus de l’agriculture intensive. En tombant dans la mer, elles deviennent une denrée précieuse pour les sargasses qui se reproduisent alors à grande vitesse.

S’agissant de la brume de sable, il n’y a pas grand-chose à faire, juste attendre qu’elle se dissipe. Les solutions ne dépendent pas uniquement de la France, mais de la planète toute entière et de sa fâcheuse tendance à polluer à tout va.

Par contre, des solutions pourraient être mises en œuvre pour arrêter, ou au moins ralentir, la prolifération des sargasses. Comme indiqué précédemment, ces mesures ont un coût, mais ce ne devrait pas être aux seules collectivités martiniquaises de payer. Il faudrait que l’Etat français mette lui aussi la main au portefeuille. En 2018, Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition Ecologique, avait promis une somme de 13 millions d’euros pour résoudre le problème des sargasses. Qu’en est-il de cette somme ? A quoi a-t-elle servi ?

Il ne faudrait pas que ceux qui nous dirigent oublient que la Martinique est un département français, comme les Alpes Maritimes par exemple. Imaginons un instant une prolifération de sargasses devant les plages de Nice ou de Cannes avant la saison estivale; je puis vous assurer que de gros moyens seront mis en œuvre pour les éliminer rapidement. Alors pourquoi par à la Martinique, ou à la Guadeloupe qui est également concernée par ce poison ?

Source: Martinique la 1ère.

Sargasses à la Pointe Faula (Photos: C. Grandpey)