Islande : Quelques informations supplémentaires sur l’éruption // Some additional information about the eruption

Le Met Office islandais indique de nombreuses données ont été collectées à propos de l’éruption en cours, notamment des mesures sur site et à distance ainsi que des travaux de modélisation prévoyant l’évolution possible de l’événement dans les prochains jours.

L’éruption volcanique dans la Geldingadalur dure maintenant depuis une dizaine de jours. La lave est basaltique et très fluide ; il y a très peu d’activité explosive. Il s’agit d’une très petite éruption et le débit de lave est stable à 5-7 m3 / s depuis le début.. Actuellement, le champ de lave se trouve à l’int »rieur de la Geldingadalur, mais si l’éruption se poursuit à un rythme similaire, il est probable que la lave se dirigera vers l’est en direction de la Merardalur. Personne ne sait combien de temps durera l’éruption.

Actuellement, la lave est riche en MgO (8,5%), ce qui indique qu’elle provient d’une profondeur de 17 à 20 km. Les dernières analyses des éléments traces et des isotopes de la lave montrent que le magma alimentant l’éruption dans la Geldingadalur a une composition différente de celle des laves historiques sur la péninsule de Reykjanes. Cette évolution de la géochimie s’explique probablement par une nouvelle arrivée de magma en provenace du manteau, différent des magmas précédents, sous la péninsule de Reykjanes.

Les images satellites obtenues le 23 mars 2021 ont révélé que le cône éruptif mesurait une vingtaine de mètres de hauteur. L’épaisseur moyenne du champ de lave était alors de 9,5 m. Le volume de lave émis était de 1,8 million de mètres cubes avec un débit de 5,7 mètres cubes par seconde depuis le début de l’éruption.

Il y a une pollution constante par les gaz à proximité du site de l’éruption. Aucun événement tectonique significatif n’a été enregistré depuis le début de l’éruption. Il n’y a actuellement aucune indication de nouvelles fractures vont s’ouvrir ailleurs le long du dyke magmatique. Cette éruption nécessite une surveillance spécifique quant à son déroulement, mais aussi quant aux effets des gaz émis sur la qualité de l’air, en particulier dans les zones sous le vent. Source: Icelandic Met Office, Université d’Islande.

—————————————-

The Icelandic Met Office indicates that a lot of data has been collected about the current eruption, including on-site and remote measurements along with modeling work forecasting the event’s possible behaviour over the coming days.

The volcanic eruption in Geldingadalir has now been ongoing for nine days. The lava is basaltic and highly fluid with little explosive activity. It is a very small eruption and the lava flow has been steady at 5-7 m3/s since its onset. Currently the extent of the lava field is within Geldingadalur but if the eruption keeps ongoing at a similar rate, it is modeled that the lava will flow east towards Merardalur valley. There is no way to tell how long the eruption will last.

 The current magma is rich in MgO (8.5%) which indicates that it is from depths of around 17-20 km. New trace element and isotope analyses of the Geldingadalir lava provide further evidence that the magma feeding the Geldingadalir eruption has a different composition to the historical Reykjanes lavas. This shift in geochemistry potentially reflects a new and distinct batch of magma arriving from the mantle beneath Reykjanes.

Satellite images collected on March 23rd, 2021 revealed that the eruptive cone was 20 metres high. The average thickness of the lava field was 9.5 m. Le volume of emitted lava was 1.8 million cubic metres with a lava output of  5.7 cubic metres per second since the start of the eruption.

There has been constant gas pollution close to the eruption site. There have been no indications of significant tectonic movements since the eruption started. There is currently no indication of new openings at other locations along the magma injection path.

This eruption calls for specific and targeted monitoring of the eruption itself and also of the gas´s effects on air quality and the downwind environment.

Source : Icelandic Met Office, University of Iceland.

Vue de l’éruption ce soir. La lave reste très fluide avec un débit relativement constant. L’éruption ne semble pas près de s’arrêter (Capture image webcam)

La cendre et les lapilli de l’Etna // Mt Etna’s ash and lapilli

Le 17ème paroxysme de l’Etna est maintenant complètement terminé. Il a été particulièrement long. C’est d’ailleurs le plus long de la série qui a débuté le 16 février 2021. L’INGV précise que les coulées de lave apparues lors de cet événement sont maintenant inactives et en cours de refroidissement. Comme lors des paroxysmes précédents, l’Etna a vomi de volumineux panaches de cendre qui ont entraîné la fermeture momentanée de l’aéroport de Catane. Une couche de lapilli d’environ 1 cm d’épaisseur a été observée dans le secteur du Refuge Sapienza et les balais ont repris du service dans la région de Catane.

Le journal La Sicilia s’attarde sur une étude publiée dans Nature Geoscience.sur la formation des cendres et des lapilli de l’Etna. Des chercheurs appartenant à plusieurs organismes de recherche dont l’INGV de Catane expliquent que « le magma fluide de volcans basaltiques comme l’Etna et le Stromboli se fragmente tel un verre qui tombe à terre. Comme ce magma est fluide, de nombreuses fractures se recomposent, ce qui réduit la quantité de cendre émise et donc son impact sur les populations qui vivent autour des volcans. »

En étudiant les échantillons de matériaux émis par un grand nombre d’éruptions basaltiques, les scientifiques ont découvert que dans tous les échantillons il y avait des cristaux microscopiques brisés par la fragmentation du magma. La morphologie de ces cristaux révèle que le magma basaltique, apparemment fluide, est en fait fragile et se fragmente comme un verre qui se brise en tombant. Il est aussi très intéressant de remarquer que le magma est encore à l’état de fusion lors de sa fragmentation, de sorte que la plupart des fractures parviennent à se « recomposer », ce qui réduit la quantité de cendres émise par le volcan. Selon les auteurs de l’étude, les résultats obtenus permettront d’estimer le nombre et la taille des particules émises lors des futures éruptions. De plus, ces nouvelles observations aideront à mieux comprendre la dynamique des éruptions passées.

Source : La Sicilia, INGV.

—————————————–

Etna’s 17th paroxysm is now completely over. It was particularly long. It was the longest in the series which began on February 16th, 2021. INGV specifies that the lava flows that appeared during this event are now inactive and in the process of cooling. As in previous paroxysms, Mt Etna emitted voluminous plumes of ash which caused the temporary closure of Catania airport. A layer of lapilli about 1 cm thick was observed in the Refuge Sapienza area and brooms are back in service in the Catania region.

The local newspaper La Sicilia tells about a study published in Nature Geoscience on the formation of ash and lapilli from Mt Etna. Researchers from several research organizations including the INGV of Catania explain that “the fluid magma of basaltic volcanoes like Etna and Stromboli shatters like falling glass. As this magma is fluid, many fractures recompose, which reduces the amount of ash emitted and therefore its impact on the populations living around volcanoes.”

By studying samples of materials emitted by a large number of basalt eruptions, scientists found that in all samples there were microscopic crystals shattered by the fragmentation of magma. The morphology of these crystals reveals that the basaltic magma, apparently fluid, is in fact brittle and shatters like glass when falling. It is also very interesting to note that the magma is still in the state of fusion during its fragmentation, so that most of the fractures manage to « recompose », which reduces the amount of ash emitted by the volcano. According to the study’s authors, the results obtained will make it possible to estimate the number and size of particles emitted during future eruptions. In addition, these new observations will help to better understand the dynamics of past eruptions.

Source: La Sicilia, INGV.

Panache de cendre émis lors du 16ème paroxysme

Emissions de cendre de la Voragine (Photo : C. Grandpey)

Stromboli : 10 minutes pour fuir en cas de paroxysme ! // Stromboli: 10 minutes to flee in the event of a paroxysm !

Selon une étude effectuée par une équipe de chercheurs italiens issus des universités de Florence, Palerme, Pise et Turin, ainsi que de l’INGV, la surveillance de la déformation du sol sur un volcan permettrait de comprendre à l’avance quand une violente éruption va se produire. Les travaux de ces chercheurs – publiés dans la revue Nature Communications  – se sont appuyés sur l’activité éruptive du Stromboli (Sicile). Ils ont mis au point un système d’alerte automatique en temps réel.

Les chercheurs ont rassemblé des milliers de données au cours des 15 dernières années, à l’aide de capteurs inclinométriques très sensibles. Ces capteurs ont permis de constater que les explosions paroxystiques du Stromboli sont précédées d’une déformation faible mais nette du sol, de l’ordre du millionième de degré. Le phénomène se répète à l’identique pour chaque épisode éruptif, du plus faible au plus violent. L’ensemble de l’édifice volcanique commence à connaître une inflation près de 10 minutes avant l’explosion strombolienne provoquée par la dilatation des gaz lors du processus d’ascension du magma dans le conduit d’alimentation.

Les signaux détectés par les chercheurs sont cruciaux non seulement pour alerter lors des événements explosifs mais aussi lors de ceux qui se produisent après coup, comme les tsunamis qui peuvent avoir des effets dévastateurs.

Un chercheur rappelle que les éruptions volcaniques explosives sont des phénomènes violents et soudains dont la dynamique est si rapide qu’ils échappent au contrôle de la plupart des réseaux de surveillance. De telles éruptions représentent un grave danger, en particulier lorsque les zones entourant le volcan sont densément peuplées ou constituent une attraction touristique. C’est le cas à Stromboli où des milliers de visiteurs sont attirés par l’activité strombolienne spectaculaire qui se produit chaque jour. Cette activité modérée peut être interrompue par des événements beaucoup plus violents, comme ceux observés en juillet et août 2019, avec des colonnes éruptives de plusieurs kilomètres de haut, des incendies de végétation et de petites vagues de tsunami, sans oublier les retombées de cendres et de lapilli sur l’île.

La Protection Civile explique que  le système d’alerte automatique pour les paroxysmes à Stromboli est opérationnel à titre expérimental depuis octobre 2019 et représente le premier système d’alerte automatique au monde pour les éruptions volcaniques explosives.

Source : La Sicilia.

Cet article appelle plusieurs remarques de ma part. D’une part, l’accès au sommet du Stromboli étant actuellement interdit aux touristes, le risque aux personnes lors d’un paroxysme est très faible. Ce nouveau système d’alerte permettra-t-il à la situation d’évoluer avec une ouverture du sommet aux touristes accompagnés de guides ?

Ensuite, un laps de temps de 10 minutes me semble bien court pour avertir les guides qui se trouveraient au sommet du volcan avec des groupes de touristes.

S’agissant de la population de l’île dans son ensemble, quel système d’alerte préviendra les habitants ? Sirènes ? Pas sûr qu’une dizaine de minutes soit un temps suffisant pour se mettre à l’abri d’une fureur du volcan. La Sicile n’est pas le Japon !

Enfin, pour déclencher le système d’alerte, quel niveau d’inflation permettra de faire la différence entre une éruption strombolienne classique un peu forte et un paroxysme digne de ce nom ?

——————————————

According to a team of Italian researchers from the universities of Florence, Palermo, Pisa and Turin, as well as the INGV, monitoring the deformation of the ground on a volcano would make it possible to understand in advance when a violent eruption would occur. The work of these researchers – published in the journal Nature Communications – was based on the eruptive activity of Stromboli (Sicily). They have developed an automatic alert system, in real time.

Researchers have collected thousands of data over the past 15 years, using highly sensitive tiltmeter sensors. These sensors have shown that the paroxysmal explosions of Stromboli are preceded by a weak but clear deformation of the ground, of the order of a millionth of a degree. The phenomenon is repeated identically for each eruptive episode, from the weakest to the most violent. The entire volcanic edifice begins to experience inflation nearly 10 minutes before the Strombolian explosion caused by the expansion of gases during the process of magma ascent in the supply duct. The signals detected by researchers are crucial not only to alert during explosive events but also during those that occur after the events, such as tsunamis which can have devastating effects.

A researcher recalls that explosive volcanic eruptions are violent and sudden phenomena whose dynamics are so rapid that they escape the control of most surveillance networks. Such eruptions represent a serious danger, especially when the areas surrounding the volcano are densely populated or are a tourist attraction. This is the case with Stromboli where thousands of visitors are drawn to the spectacular Strombolian activity that occurs every day. This moderate activity can be interrupted by much more violent events, such as those observed in July and August 2019, with eruptive columns several kilometres high, vegetation fires and small tsunami waves, not to mention the fall of ash and lapilli on the island.

The Civil Protection authorities explain that the automatic warning system for paroxysms at Stromboli has been operational on an experimental basis since October 2019 and represents the first automatic warning system in the world for explosive volcanic eruptions.

Source: La Sicilia.

This article calls for several comments. On the one hand, since access to the summit of Stromboli is currently closed to tourists, the risk to people during a paroxysm is very low. Will this new alert system allow the situation to evolve with the opening of the summit to tourists accompanied by guides?

Then, a period of 10 minutes seems very short to warn the guides who would be at the summit of the volcano with groups of tourists. With regard to the population of the island as a whole, what warning system will notify the inhabitants? Sirens? Not sure that ten minutes is enough time to take shelter from the fury of the volcano. Sicily is not Japan!

Finally, before triggering the warning system, what level of inflation will make the difference between a typical Strombolian eruption that is a little strong and a real paroxysm ?

Photo : C. Grandpey