Solidarité caraïbe

Un article paru sur le site Martinique la 1ère montre que toute la Caraïbe se sent concernée par ce qui se passe à St Vincent-et-les-Grenadines avec l’éruption de La Soufrière. Toutes les îles sont prêtes à aider leur voisine en difficulté.

Il est vrai que la plupart des composantes de l’arc antillais sont sous la menace d’une éruption. On l’a vu avec celle de la Montagne Pelée et ses quelque 28 000 victimes en 1902, ou celle de Soufriere Hills à Montserrat en 1995. Plusieurs autres édifices volcaniques sur terre ou au fond de l’océan peuvent se réveiller à tout moment.

A l’occasion de l’éruption en cours sur la Soufrière de St Vincent, il est prévu d’accueillir à  la Barbade, à Sainte-Lucie et à Antigua 20 000 personnes réfugiées, sur  110 000 habitants de St Vincent. La  Martinique ne fait pas partie des hébergeurs potentiels, même si l’île dispose d’infrastructures performantes pour affronter une crise majeure.

La raison, c’est que la Martinique ne fait plus tout à fait partie de la Caraïbe, ce qui n’était pas le cas il n’y a pas si longtemps. L’article explique que l’île est certes un membre associé de la Caricom, mais elle n’y occupe plus une position centrale. Les relations avec les îles voisines de la Caraïbe sont irrégulières et épisodiques. Désormais, la Martinique est davantage tournée vers la France et l’Europe.

En revanche, les relations personnelles, comme les échanges sportifs et culturels restent bien présents. Si besoin est, la Martinique saura se mobiliser pour aider Saint Vincent à se sortir de ce mauvais pas. De plus, en fonction des vents, la Martinique n’est pas à l’abri de l’arrivée de cendres volcaniques ou d’un tsunami provoqué par de violents séismes. La distance entre la Martinique et Saint-Vincent n’est que de 177 kilomètres.

L’auteur de l’article explique que la solidarité des Martiniquais sera d’autant plus facile qu’il existe des relations anciennes très fortes avec Saint-Vincent. L’île a été l’un des refuges de des nèg mawon martiniquais lorsque l’esclavage a été interdit dans les possessions de la Grande-Bretagne, quinze ans avant celles de la France.

Auparavant, Saint-Vincent a été une plaque tournante de la rébellion des captifs africains échappés des bateaux négriers ou des plantations, alliés aux natifs de l’île, les Kalinagos – improprement appelés Caraïbes par les colons français. Ces opprimés n’ont pas cessé de guerroyer contre les colons et leurs milices. Des captifs évadés se sont établis dans l’île, s’y sont mariés et ont donné naissance à un peuple nouveau, les Garifunas, déportés plus tard en Amérique centrale par les Anglais.

Les souvenirs de cette époque montrent que les relations entre Martinique et Saint-Vincent ont de solides racines. La solidarité géographique et culturelle de Martinique vers Saint-Vincent ne sera pas donc un vain mot.

St Vincent sous la cendre de La Soufrière (Source : UWI)

Nouvelles de la Réunion, de Saint Vincent et d’Islande // News from St Vincent, Reunion Island and Iceland

Au quatrième jour de l’éruption du Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion), le tremor éruptif s’est stabilisé après avoir connu le déclin habituel après la sortie de la lave, puis quelques fluctuations.

Les données satellitaires ont permis de tracer le contour précis de la coulée de lave qui, le 11 avril au soir, avait parcouru environ 3,2 km. Le front de coulée se situait au niveau du cassé des Grandes Pentes, vers 1690 m d’altitude. La lave devrait désormais avancer un peu plus rapidement en direction de la Route des Laves, mais elle a encore un long chemin à parcourir avant de l’atteindre. Si elle continue sa progression, la coulée devrait toutefois être visible depuis la route dans les heures qui viennent.

Comme indiqué précédemment, cette coulée est alimentée par deux bouches éruptives, une principale et une secondaire qui émettent des fontaines de lave de 30 à 60 mètres de hauteur. Le site éruptif est toujours bien visible depuis le Piton de Bert. Attention de stationner correctement les véhicules et de respecter les horaires du couvre-feu, sinon gare aux amendes.

Attention!! Bivouacs interdits à partir du 13 avril 2021 !

Malgré l’instauration d’un couvre-feu de 18h à 5h, plusieurs rassemblements ont été constatés, en particulier dans le secteur du volcan à l’occasion de l’éruption, avec notamment des pique-niques, des veillées festives et des regroupements de plus de 6 personnes.. Afin d’éviter l’apparition de chaines de contamination, la pratique du bivouac est interdite à compter du mercredi 13 avril, sur l’ensemble du territoire.

Source : Presse réunionnaise, OVPF.

Situation de la coulée de lave le 11 avril 2021

Crédit photo : C. Holveck

++++++++++

À la lecture des médias locaux, il semble qu’aucune nouvelle éruption explosive ne se soit produite à La Soufrière de Saint-Vincent au cours des dernières heures. La presse s’attarde sur les coupures de courant dues à la cendre et sur les problèmes d’approvisionnement en eau. Les photos satellites montrent que le sommet du volcan est bouleversé. Il semble que la récente activité éruptive ait ouvert une nouvelle bouche et que les dômes de lave de 1979 et 2020-2021 aient disparu ou soient enfouis sous les matériaux émis par la dernière activité.

L’activité sismique de La Soufrière continue selon le schéma amorcé la veille. Le réseau sismique enregistre de courts épisodes de tremor de forte amplitude, chacun d’une durée d’environ 20 minutes, avec des intervalles de une à six heures. Ces épisodes de tremor semblent coïncider avec des périodes de fortes émissions de gaz et de cendre ou d’activité explosive. Le volcan continue d’émettre de grandes quantités de cendres. Les scientifiques de l’UWI affirment que les explosions et les retombées de cendres qui les accompagnent continueront probablement de se produire au cours des prochains jours.

84 abris hébergeant plus de 3 718 occupants sont désormais pleinement opérationnels. L’évacuation des personnes qui refusaient de quitter leurs localités se poursuit. La NEMO informe le public que, dans un effort pour protéger les droits, la vie privée, la santé (coronavirus) et la dignité des personnes dans les hébergemets d’urgence, les photos ou vidéos de personnes ne sont pas autorisées.

Dernière minute (à confirmer) : Une importante séquence explosive s’est produite sur La Soufrière vers 4h15 le 12 avril 2021.. Selon la NEMO, un effondrement du dôme a été observé, avec des coulées pyroclastiques le long des vallées sur la côte est et ouest.

Les scientifiques de l’UWI expliquent que le schéma éruptif s’est de nouveau modifié au cours des dernières heures.

Il y a maintenant quatre à cinq heures entre les explosions. Du magma juvénile est à présent émis lors des explosions. Il existe une incertitude quant à leur durée.

Les informations arrivent de manière désordonnée et dans un anglais souvent approximatif. Il est parfois difficile de faire le tri entre les événements  passés et la dernière actualité !

Source: Médias locaux.

Source: Capella Space.

++++++++++

L’éruption se poursuit dans la Gelingadalur (Islande) sans changement significatif. A noter toutefois qu’une 4ème fracture a donné naissance à un nouveau point d’émission de lave entre les fractures du 5 et du 7 avril 2021. L’événement s’est produit le 11 avril sur le coup de 3 heures du matin (heure locale).

Les visiteurs du site éruptif doivent se méfier des gaz volcaniques et prendre en compte les nouvelles restrictions d’entrée en Islande. La zone est sous surveillance et contrôlée de midi à minuit. En dehors de ces horaires, il en va de la responsabilité de chacun.

En cliquant sur ce lien, vous verrez une bone vidéo de l’éruption réalisée à l’aide d’un drone. La dernière partie en accéléré est un peu longue. C’est dommage car le reste est fort correct.

—————————————–

On the fourth day of the Piton de la Fournaise eruption (Reunion Island), the eruptive tremor has stabilized after experiencing the usual decrease after lava emerged, then some fluctuations.

Satellite data made it possible to trace the precise outline of the lava flow which, on the evening of April 11th, had travelled about 3.2 km. The flow front was at the start of the Grandes Pentes, about 1690 m a.s.l. The lava should now move a little faster towards the Route des Laves, but it still has a long way to go before it reaches the road. At the curren rate, the flow should be visible from the road in the coming hours.

As I put it previously, this flow is supplied by two eruptive vents, a main and a secondary which emit lava fountains 30 to 60 meters high. The eruptive site is still clearly visible from the Piton de Bert. Visitors should park vehicles correctly and respect the curfew hours, otherwise they will be fined.

Source: Reunion press, OVPF.

++++++++++

Reading the local news media, it seems no new powerful explosive eruption has occurred at St Vincent’s La Soufriere during the past hours. The press tells about the power outages because of the ashfall and the water supply problems. Satellite photos show that the summit of the volcano is completely changed. It looks as if the recent eruptive activity has opened up a large new vent, and the 1979 and 2020-21 lava domes are gone or buried.

Seismic activity at La Soufrière Volcano continued the pattern that began the day before. The seismic network recorded short episodes of high-amplitude seismic tremor, each lasting around 20 minutes, with gaps between them from one to six hours. The tremor episodes seem to coincide with periods of enhanced venting or explosive activity. The volcano continues to emit copious amounts of ash. UWI scientists say that explosions and accompanying ashfall are likely to continue to occur over the next few days.

84 shelters with more than 3718 occupants are now fully operational. The evacuation of persons who had previously remained behind in their communities continues. The National Emergency Management Organisation (NEMO) wishes to inform the public that in an effort to protect the rights, privacy, health (coronavirus) and dignity of persons living in the emergency shelters, unauthorized filming, video recording or taking of photos of persons will not be permitted in the emergency shelters.

Last minute (to be confirmed) : A large explosive eruption has occurred at the La Soufriere at about  4.15 am on April 12th, 2021.

According to NEMO, dome collapse and pyroclastic flows have ebbe observed along the valleys on the eastern and western coast.

UWI scientists explain that the eruptive pattern has changed over the last hours. There are now four to five hours between explosions. Fresh magma is being emitted in the ongoing explosions. There is uncertainty about their duration.

The news arrives in a disorderly manner and in an approximate English. It is sometimes difficult to sort out the past and the latest news!

Source : Local news media.

++++++++++

The eruption is going on in Gelingadalur (Iceland) with no significant changes. Visitors should beware of the volcanic gases and take into account the new entry retrictions in Iceland. It should be noted, however, that new lava emerged from a 4th fissure between the 5 and 7 April fissures. The event occurred on April 11th, 2021 at about 3 o’ clock in the morning (local time).

The eruption site is monitored and controlled from noon to midnight. The rest of the time, it is everyone’s responsibility.

Spectrogrammes et bruit sismique // Spectrograms and seismic noise

L’un des derniers articles hebdomadaires rédigés par des scientifiques de l’Hawaiian Volcano Observatory (HVO) – géré par l’USGS – traitait du bruit sismique qui apparaît souvent sur les spectrogrammes. Le HVO utilise un grand nombre de sismomètres pour localiser les séismes et identifier les signaux liés aux mouvements de failles et à ceux du magma à l’intérieur des volcans. Cependant, les sismomètres enregistrent également les vibrations générées par de nombreuses autres sources. Certains signaux sont facilement identifiables tandis que d’autres restent un mystère. Les spectrogrammes viennent en complément des formes d’onde généralement associées aux séismes car ils permettent d’identifier facilement des signaux complexes voire multiples. L’heure est affichée sur l’axe horizontal, la fréquence du signal est affichée sur l’axe vertical et l’intensité du signal apparaît en couleur. Plus la couleur est chaude, plus le signal est fort à une heure et à une fréquence spécifiques. Voici un exemple de spectrogramme enregistré dans une station située près de Pu’uO’o:

Une source fréquente de bruit sur les spectrogrammes est causée par le mauvais temps. Le bruit généré par le vent et la pluie se caractérise par un contenu diffus en moyenne ou haute fréquence. Dans le spectrogramme ci-dessus, la station commence à enregistrer une forte averse qui approche. Si un analyste a le moindre doute sur l’origine des signaux, il lui suffit de jeter un œil à l’une des webcams pour s’en assurer.

Ce spectrogramme montre deux signaux couramment observés. Le plus visible est un ensemble de lignes en forme de ruban dans la partie supérieure du spectrogramme. Ce btuit est provoqué par un hélicoptère qui vole à proximité de la station sismique. S’agissant de la récente éruption du Kilauea, le signal à basse fréquence constant que l’on voit au bas du spectrogramme sous forme d’une bande jaune-orange est le tremor éruptif qui a commencé juste après que la lave ait percé la surfacedans l’Halema’uma’u dans la nuit du 20 décembre 2020. Depuis cette époque, presque toutes les stations à proximité du nouveau lac de lave au sommet de Kilauea enregistrent ce signal continu.

L’image ci-dessus montre des téléséismes. Ce sont des séismes observés à au moins 1000 km de distance. Au moment où les télésismes atteignent des stations très éloignées, toutes les fréquences ont été perdues, sauf les plus basses. Le signal basse fréquence qui commence vers 23h19 sur ce spectrogramme du 19 mars est le téléséisme d’un événement de M 7.0 qui s’est produit près d’Ishinomaki (Japon). À titre de comparaison, les pics large fréquence qui apparaissent sous forme de lignes verticales de couleur plus claire tout au long du spectrogramme sont de petits séismes locaux.

Le spectrogramme ci-dessus montre des chutes de pierres ou des éboulements. Ces signaux ont un contenu fréquentiel large et une apparition progressive. De tels événements peuvent durer plusieurs minutes. Afin de les identifier parfaitement, les sismologues recherchent la légère diminution du contenu basse fréquence au fur et à mesure de la progression de l’événement. Cette caractéristique apparaît sous forme d’une hausse superficielle sur le spectrogramme du 25 mars à partir de 2 h 59. La majorité des récents effondrements observés par les sismologues du HVO ont eu lieu sur le Pu’uO’o. Certains ont été précédés par des hélicoptères en train de voler près du cône.

Des sismographes sont utilisés partout dans le monde s pour analyser des événements tels que des ouragans à l’approche, des chants de baleines, des fans qui font la fête lors de grands matchs de football et même des essais nucléaires.

À Hawaï, la météo, le trafic aérien local, les séismes liés aux éruptions et les éboulements font partie des signaux sismiques intéressants que les sismologues du HVO peuvent observer lorsqu’ils surveillent l’activité sismique.

——————————————-

A weekly article written by USGS Hawaiian Volcano Observatory (HVO) scientists dealt with the seismic noise that appears on the spectrograms. HVO uses dozens of seismometers to locate individual earthquakes and identify signals that are related to faulting and magma movement within our volcanoes. However, seismometers also record vibrations caused by a variety of other sources. Some signals are easily identifiable while others remain a mystery.

Spectrograms can be a useful addition to the waveforms typically associated with earthquakes because they allow to easily identify complex or even multiple signals. Time is displayed on the horizontal axis, signal frequency is displayed on the vertical axis, and signal intensity is shown in colour. The warmer the colour, the stronger the signal is at that specific time and frequency. The first spectrogram above was recorded at a station located near Pu’uO’o.

°°°°°°°°°°

A common source of noise seen on spectrograms is cause by the bad weather. Noise from wind and rain is characterized by its diffuse mid- to high-frequency content. In the spectrogram above, the station starts to record an approaching rainstorm. If an analyst has any doubt over whether the signals are actually weather, they just need to have a look at one of the webcams to make sure.

°°°°°°°°°°

 The second spectrogram above shows two commonly observed signals. The most noticeable is the set of ribbon-like lines across the top of the spectrogram. This is caused by a helicopter flying near the seismic station.

Speaking of the recent eruption, the steady low-frequency signal seen on the bottom of this spectrogram as a yellow-orange band is the eruptive tremor that started shortly after lava broke the surface in Halema’uma’u on the night of December 20th, 2020. Since then, nearly all stations in the vicinity of the newly formed lava lake at Kilauea’s summit have been recording this continuous signal.

°°°°°°°°°°

The third image above shows teleseisms. These are earthquakes observed from at least 1000 km away. By the time teleseisms reach very distant stations, all but the lowest frequencies have been lost. The low-frequency signal starting around 11:19 p.m. in this March 19th spectrogram is a teleseism from an M 7.0 earthquake that struck near Ishinomaki (Japan). For comparison, the broad-frequency spikes appearing as lighter-colored vertical lines seen throughout this spectrogram are small local earthquakes.

°°°°°°°°°°

 The fourth spectrogram above shows rockfalls. These signals have a broad frequency content and gradual onset. These types of events can last for minutes at a time. In order to perfectly identify them, seismologists look for the slight decrease in low frequency content as the event progresses. This feature appears as a shallow ramp on the March 25th spectrogram starting at 2:59 a.m. The majority of recent rockfalls observed by HVO seismologists have been on Pu’uO’o, some of which have been preceded by helicopters flying near the cone.

Around the world, seismographs have been used to document events such as impending hurricanes, whale songs, fans celebrating during big football games, and even nuclear testing. In Hawaii, weather, local air traffic, eruptive tremor, and rockfalls are a few of the interesting seismic signals that HVO seismologists can see while monitoring earthquake activity.