Après les catastrophes, les victimes essaient souvent de trouver les responsables, oubliant qu’elles ont leur part de responsabilité. C’est ce qui se passe au Guatemala après l’éruption du volcan Fuego.
Il ne faudrait pas oublier que, même si le volcan n’a pas provoqué d’éruption destructrice depuis 1974, il est actif de manière quasi permanente depuis 2002 (voir image de la webcam ci-dessous), et au cours de l’année écoulée, il a envoyé à plusieurs reprises des coulées de lave qui ont parfois parcouru plus de 2 kilomètres sur ses flancs (voir les différentes notes parues sur ce blog).
Au lendemain de la catastrophe humanitaire provoquée par la dernière éruption, les survivants demandent pourquoi les autorités ont permis la construction de certains villages sur la trajectoire des coulées pyroclastiques. Selon le dernier bilan officiel, au moins 109 personnes ont été tuées et près de 200 sont toujours portées disparues.
San Miguel Los Lotes est un exemple de ces villages. Niché sur les flancs du Fuego, le hameau se trouve au débouché d’une ravine qui a canalisé un écoulement pyroclastique qui a enfoui les maisons jusqu’aux toits.
Les habitants expliquent que le village San Miguel Los Lotes existe depuis les années 1950, époque où il a été implanté pour servir de logement aux cueilleurs de café qui travaillaient dans les plantations locales. Depuis cette époque, aucune avalanche de cendre n’avait traversé le village. Les habitants pensaient qu’ils étaient en sécurité. La cendre empruntait toujours la ravine de Las Lajas, juste au nord. Selon eux, la responsabilité incombe au gouvernement qui a construit un pont à travers la ravine. Ils sont persuadés que le pont – que l’on a vu s’effondrer quand une coulée pyroclastique l’a frappé, dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux – est probablement la cause du désastre qui a frappé le village. En effet, la coulée a été bloquée par le pont et les matériaux se sont accumulés derrière lui, ce qui a provoqué un débordement et le déversement de ces matériaux dans la vallée étroite au sud, là où se trouve San Miguel Los Lotes.
En tant que pays, le Guatemala souffre d’un triple problème: des institutions faibles; un nombre incalculable de logements construits sans autorisation par des personnes pauvres partout où cela était possible; l’absence de réglementation sur l’utilisation des terres car le zonage n’existe que dans cinq des 340 municipalités du pays.
En théorie, le gouvernement a le pouvoir de déclarer une zone à haut risque et d’ordonner aux gens de partir, mais le problème sera de savoir comment les reloger. Cela devient un casse-tête social et financier.
Au Guatemala, 99% des catastrophes naturelles surviennent dans des localités pauvres. Un facteur complique la situation dans des villages comme San Miguel Los Lotes : ils existent depuis des décennies. La plupart des gens ne veulent pas partir parce qu’ils ont vécu là pendant 50 ou 60 ans et ils n’ont jamais eu de problème. Si on vient leur dire qu’il y a un risque potentiel, les plus anciens disent: «On a vécu ici pendant 50 ans et rien n’est arrivé».
Les municipalités sont responsables de la délivrance des permis de construire. Les poursuites en cours contre des responsables locaux de Guatemala City à propos de la coulée de boue de 2015 à Cambray qui a tué 280 personnes sur une colline où des habitations n’auraient pas dû être construites pourrait faire réfléchir les autorités.
Les sauveteurs ont suspendu leurs efforts de recherche dans les villages dévastés par l’éruption. Les personnes qui ont perdu des proches sont désespérées et certaines ont entrepris elles-mêmes le travail à haut risque avec des outils rudimentaires. La CONRED, l’agence qui gère les catastrophes au Guatemala, a déclaré que les conditions météorologiques et la cendre volcanique encore chaude rendaient la situation trop dangereuse pour les sauveteurs. 72 heures se sont écoulées depuis l’éruption de dimanche. C’est la fenêtre au-delà de laquelle les autorités ont dit qu’il serait extrêmement improbable de trouver des survivants au milieu de la cendre, de la boue et d’autres matériaux qui avaient recouvert les maisons jusqu’à leurs toits.
Source: Associated Press.
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After disasters, the victims often try to find the people who are responsible, forgetting they have their own part of responsibility. This is what is happening in Guatemala after the eruption of Fuego Volcano.
It should not be forgotten that, even though the volcano has not caused a destructive eruption since 1974, it has been almost permanently active since 2002 (see image of the webcam below), and during the past year, it repeatedly sent lava flows that sometimes travelled more than 2 kilometers on its flanks (see the various notes on this blog).
The survivors are asking why authorities ever allowed the building of some villages in the path of destructive pyroclastic flows. At least 109 people were killed and nearly 200 remain missing, according to the most recent official toll.
Nestled on the flanks of the extremely active volcano, the hamlet of San Miguel Los Lotes was square in the path of a gulch that channeled the downhill flow of fast-moving hot rock, ash and debris when the mountain erupted Sunday, burying homes up to their rooftops.
While the volcano had not produced a similar town-destroying outburst since 1974, it has been almost continuously active since 2002, and over the past year, it has repeatedly sent lava or superheated flows of ash and debris running down ravines on its flanks, sometimes for more than 2 kilometres.
Still, locals said that since San Miguel Los Lotes was first settled in the 1950s as housing for coffee pickers who worked on local plantations, such rivers of ash and rock had never flowed through the village. Residents thought they were safe. They said any ash flows normally would travel down Las Lajas, just to the north. In their opinion, the responsibility lies on the government which built a bridge across the gully of Las Lajas. They believe that bridge – which was seen collapsing as the ash flow hit it in a video shared on social media – may have had fatal consequences. The downward flow became blocked by the bridge and debris that piled up behind it, causing it to overflow into the narrow valley just to the south, where Los Lotes is located.
As a country, Guatemala suffers from a triple problem: weak institutions; a huge amount of informal housing built by poor residents wherever they can; and a lack of land use and zoning regulations, which exist in only five of the country’s 340 townships.
The government technically has the power to declare an area high risk and order people to leave, but the problem will be how to relocate them. It becomes a very big social and financial problem.
99 percent of natural disaster problems happen in poor communities. One complicating factor for towns like Los Lotes is that they have existed for decades. Most of the people don’t want to relocate because they have lived in Los Lotes for 50 or 60 years and they have never had a problem. If a public official tells them there is a potential risk, the older residents will tell him: “I’ve lived here for 50 years and nothing has happened.’”
Townships are responsible for issuing building permits, and ongoing prosecutions of local officials in Guatemala City for the 2015 Cambray mudslide in which about 280 died on a hillside where housing should not have been built could make authorities think twice.
Rescuers have suspended search and recovery efforts at villages devastated by the eruption, leaving people with missing loved ones distraught and prompting some to take up the risky work themselves with rudimentary tools. CONRED, the national disaster agency, said weather conditions and still-hot volcanic material were making it too dangerous for rescuers. 72 hours have passed since Sunday’s eruption. That is the window beyond which officials earlier said it would be extremely unlikely to find any survivors amid the ash, mud and other debris that buried homes up to their rooftops.
Source: Associated Press.

La dernière éruption ne marque pas un réveil du Fuego. Le volcan se manifestait régulièrement depuis plusieurs années (Capture d’image de la webcam en 2017)

Image satellite du village de San Miguel Los Lotes avant et après l’éruption du Fuego (Source: NASA)