Agung (Bali / Indonésie): Nouvel épisode éruptif // New eruptive episode

16 heures : La nuit est maintenant tombée sur l’île de Bali et la webcam dirigée vers l’Agung montre qu’une incandescence est toujours présente au niveau du cratère. La sismicité n’est pas élevée, mais elle reste supérieure à la normale, ce qui traduit très probablement une émission de gaz et de vapeur. On continue à enregistrer des séismes basse fréquence. Il ne semble pas y avoir eu de nouvelle apparition d’un volumineux panache au cours de la journée du 26 octobre. Il serait vraiment intéressant de savoir ce qui se passe à l’intérieur du cratère et surtout quelle est la source du rougeoiement : simple incandescence au fond du cratère ou, ce qui serait plus inquiétant, formation d’un dôme de lave.

L’alerte volcanique est maintenue à 3 (Siaga) tandis que l’alerte aérienne a été portée à la couleur Rouge. Le panache éruptif généré par l’épisode éruptif d’hier se dirigeait vers l’île de Lombok. De petites retombées de cendre ont été observées dans les localités sous le vent. Comme je l’indiquais précédemment, certaines compagnies aériennes (4 selon Antara News)ont annulé des vols par précaution, mais l’aéroport de Bali continue à fonctionner normalement.

Soit dit en passant, il semblerait qu’aucune solution fiable n’ait été trouvée par le transport aérien pour faire face aux nuages de cendre volcanique. Quid du système AVOID qui devait résoudre le problème? Je me suis toujours montré sceptique devant les solutions  proposées qui n’ont, à ma connaissance, jamais été testées en conditions éruptives réelles. Il ne suffit pas de déverser des sacs de cendre au-dessus du Golfe de Gascogne pour juger de la faisabilité d’un système! Les annulations de vols décrétées par certaines compagnies aériennes suite aux dernières émissions de cendre de l’Agung confirment qu’elle sont confrontées aux même problèmes qu’en 2010 au moment de l’éruption de l’Eyjafjoll en Islande.

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23 heures : Le jour est maintenant levé sur l’île de Bali et les webcams montrent à nouveau un volumineux panache de cendre s’échapper du cratère de l’Agung. Il est intéressant de noter une intensification de la sismicité dans le même temps (voir ci-dessous). Il est l’heure d’aller dormir en France (du moins pour moi) et on verra demain matin comment la situation va évoluer. Le rapprochement des événements éruptifs, l’incandescence visible dans le cratère et l’intensification de la sismicité confirment que la situation doit être surveillée de très près. Il ne faudrait pas oublier que quelque 100 000 personnes ont été autorisées à regagner leurs habitations quand le niveau d’alerte a été abaissé à 3.

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16:00: Night has now fallen on the island of Bali and the webcam directed towards Mt Agung shows that a glow is still present at the crater. Seismicity is not high, but it remains above background level, which most probably reflects a gas and steam emission. Low frequency earthquakes continue to be recorded. It looks as if there was no new voluminous plume during the day of October 26th. It would be really interesting to know what is going on inside the crater and especially what is the source of the glow: simple incandescence on the crater floor or, what would be more disturbing, formation of a lava dome.
The volcanic alert is kept at 3 (Siaga) while the aviation colour code has been raised to Red. The eruptive plume generated by yesterday’s eruptive episode was heading for Lombok Island. Minor ashfall was observed in downwind municipalities. As I put it earlier, some airlines have cancelled flights as a precaution, but Bali airport continues to operate normally.

By the way, it seems that no reliable solution has been found by air transport to cope with volcanic ash clouds. What about the AVOID system that was supposed to solve the problem? I have always been skeptical of the proposed solutions that, to my knowledge, have never been tested in real eruptive conditions. It is not enough to dump sacks of ash over the Bay of Biscay to judge the feasibility of a system! Flight cancellations by some airlines (4, according to Antara News) following the latest ash emissions of Mt Agung do confirm that they face the same problems as in 2010 when Eyjafjoll erupted in Iceland.

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11 pm: Daylight has now appeared on the island of Bali and the webcams again show a voluminous ash plume coming out of the crater of Mt Agung. It is interesting to note an intensification of seismicity at the same time (see below). It’s time to go to sleep in France (at least for me) and we’ll see tomorrow morning how the situation will evolve. The shorter time lapse between eruptive events, the visible glow in the crater and the intensification of seismicity confirm that the situation must be monitored very closely. It should not be forgotten that some 100,000 people were allowed to return to their homes when the alert level was lowered to 3.

L’Agung vu ce soir par la webcam

Le panache de cendre du 27 novembre au matin (heure locale) et le tracé sismique correspondant (en bas de page).  [Source: VSI]

Pas d’éruption en vue sur l’Öræfajökull (Islande) // No short term eruption on Öræfajökull (Iceland)

Dix jours après que la couleur de l’alerte aérienne de l’Öræfajökull ait été élevée au Jaune, le géophysicien Magnus Tumi Guðmundsson affirme qu’il n’y a aucun signe d’éruption au niveau du glacier. Il confirme ce que j’ai écrit le 18 novembre: « Les données montrent qu’il existe une source de chaleur d’origine géothermale dans la région ». À mon avis, cette seule activité géothermale explique l’affaissement de la glace dans la caldeira et la formation d’un ‘chaudron’. La sismicité observée à cette époque était très superficielle et pouvait difficilement être causée par une ascension de magma. De plus, aucune augmentation significative du tremor n’a été observée.
Un autre géophysicien islandais, Ólafur Flóvenz, pense qu’une éruption a probablement lieu sous l’Öræfajökull et que le magma a probablement atteint la surface. Cependant, cela ne semble pas être le cas. La sismicité a chuté sur le glacier et aucun paramètre physique n’indique qu’une éruption a lieu ou est imminente. Par exemple, aucune crue majeure n’a été observée.
Comme je l’ai écrit le 24 novembre, un plan d’évacuation est prêt en cas d’éruption et la zone est étroitement surveillée.
Source: Iceland Review.

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Ten days after the aviation colour code for Öræfajökull was raised to Yellow, geophysicist Magnús Tumi Guðmundsson says there is no evidence of an eruption in the glacier. He confirms what I wrote on November 18th : “Data shows that there is geothermal heat in the area”. To my mind, this geothermal activity accounted for the collapse of the ice within the caldeira and the formation of a cauldron. The seismicity that was observed by that time was very shallow and could hardly have been caused by some magma ascent. Besides, no significant rise of the tremor had been observed.

Another Icelandic geophysicist, Ólafur Flóvenz, claimed that an eruption was most likely taking place in Öræfajökull and that the magma had most likely reached the surface. However, this does not seem to be the case. Seismicity has dropped on the glacier and no physical parameters indicate that an eruption is taking place or is imminent. No major flooding has been observed.

As I put it on November 24th, an evacuation plan is ready in case of an eruption and the area is closely monitored.

Source: Iceland Review.

Image satellite de l’Öræfajökull (Source: ESA)

Ours polaires et morses en danger // Endangered polar bears and walruses

Signe évident du réchauffement climatique, quelque 200 ours polaires se sont rassemblés en septembre 2017 sur l’île Wrangel, dans la mer des Tchouktches, dans l’extrême-orient russe. Ils s’étaient rassemblés pour dépecer la carcasse d’une baleine venue s’échouer sur la rive. Le groupe d’ours comprenait de nombreuses familles, dont deux mères suivies chacune par quatre oursons.

Pour les scientifiques, cette situation illustre bien les conséquences du réchauffement climatique. La hausse des températures provoque la fonte des glaces plus tôt dans l’année, et pousse ainsi les populations d’ours polaires de l’Arctique à passer plus de temps sur la terre ferme. Ces animaux se rapprochent alors dangereusement des villages.

Les ours viennent traditionnellement se rassembler et se reposer sur l’île Wrangel entre les mois d’août et de novembre, après la fonte des glaces et avant de pouvoir repartir à la chasse aux phoques. C’est également la principale zone de l’océan Arctique où ils donnent naissance à leurs petits.

Aujourd’hui, les ours polaires passent en moyenne un mois de plus sur l’île qu’il y a 20 ans. Au cours de l’automne 2017, les observateurs en ont recensé 589, soit plus du double des estimations précédentes.

Des observations identiques sont faites sur le comportement des morses, autre espèce animale de l’Arctique menacée par le réchauffement climatique. Tout comme les ours sur l’île Wrangel, les morses se rassemblent par milliers sur une plage près de Point Lay, en Alaska, vers la fin du mois d’août. En cause, la fonte de la banquise qui prive ces animaux de nourriture et de refuge et les pousse à s’entasser sur cette petite île.

Ces rassemblements sont de plus en plus fréquents. En 2014, quelque 35 000 animaux se sont regroupés sur cette même plage, fin septembre, mais c’est la première fois en 2017 que ce phénomène se produit si tôt dans l’année.

Ces rassemblements s’avèrent dangereux pour les morses du Pacifique, qui manquent de nourriture et peuvent développer des maladies. Certains risquent en outre d’être écrasés par leurs congénères si le groupe décide de se déplacer subitement, par exemple lors du passage d’un avion.  .

Les morses se hissent habituellement sur la glace pour chasser leur nourriture. Ils plongent à partir de blocs de glace flottants pour se nourrir de palourdes sur le fond de l’océan. À mesure que la banquise fond, cet habitat se déplace vers le nord, au-delà des eaux peu profondes du plateau continental et dans les eaux arctiques trop profondes pour les animaux en quête de nourriture. Puis ils s’échouent sur le rivage, se serrant les uns contre les autres, parfois par milliers, où des bousculades meurtrières peuvent se produire.
En septembre 2017, environ 2 000 morses se trouvaient près de la plage de Point Lay. Les échouages ​​massifs de morses ont été observés pour la première fois au large de Point Lay en 2007, lorsque l’étendue des glaces de mer arctiques a chuté de 1,5 million de kilomètres carrés en dessous de la moyenne – une superficie équivalente à celle de l’Alaska et du Texas réunis.
Les efforts du président Trump pour se retirer de l’accord climatique de Paris et pour ouvrir l’Arctique aux forages gaziers et pétroliers aggraveront la perte de glace de mer et d’autres menaces pour les morses du Pacifique.

Sources: France Info, Anchorage Daily News.

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An obvious sign of global warming, some 200 polar bears gathered in September 2017 on Wrangel Island in the Chukchi Sea in the Russian Far East. They gathered to feed on the carcass of a whale that had washed up on the shore. The bear group included many families, including two sows, each of whom was followed by four cubs.
For scientists, this situation is a good illustration of the consequences of global warming. Rising temperatures are causing the ice to melt earlier in the year, pushing Arctic polar bear populations to spend more time on dry land. These animals are then coming dangerously close to the villages.
Bears traditionally come together and rest on Wrangel Island between August and November, after the ice melts and before they can go back to the seal hunt. It is also the main area of ​​the Arctic Ocean where they give birth to their young.
Today, polar bears spend an average of one month more on the island than 20 years ago. In the fall of 2017, observers counted 589, more than double the previous estimates.

Similar observations are made on the behaviour of walruses, another Arctic animal species threatened by global warming. Just like the bears on Wrangel Island, walruses congregate by the thousands on a beach near Point Lay, Alaska, in late August. This is because the melting ice pack deprives these animals of food and shelter and pushes them to pile up on this small island.
These gatherings are more and more frequent. In 2014, some 35,000 animals gathered on the same beach in late September, but this is the first time in 2017 that this phenomenon occurs so early in the year.
These gatherings are dangerous for Pacific walruses, who lack food and can develop diseases. Some may also be crushed by their peers if the group decides to move suddenly, for example because of the noise made by a passing plane. .
Walruses usually hunt on the ice to look for food. They dive from floating ice blocks to feed on clams on the bottom of the ocean. As the pack ice melts, this habitat moves northward beyond the shallow waters of the continental shelf and into Arctic waters that are too deep for foraging animals. Then they run aground on the shore, huddling against each other, sometimes by the thousands, where deadly jostling can happen.
As of September 2017, about 2,000 walrus were found near Point Lay beach.  Massive landings of walruses were observed for the first time off Point Lay in 2007, when the extent of Arctic sea ice dropped by 1.5 million square kilometers below average – an area equivalent to that of Alaska and Texas combined.
President Trump’s efforts to withdraw from the Paris climate agreement and open the Arctic to oil and gas drilling will increase the loss of sea ice and other threats to Pacific walruses.

Sources: France Info, Anchorage Daily News.

Photo: C. Grandpey

Image webcam: Round Island (Alaska)