L’agitation de l’Askja (Islande) [suite] // Unrest at Askja Volcano (Iceland) [continued]

Dans une note publiée le 12 février 2023, j’indiquais que des images satellites de l’Askja montrent des trous dus à la fonte de la glace à la surface de l’Oskjuvatn ; ils sont plus grands que les années précédentes. Les scientifiques ont déclaré que les trous ne peuvent s’expliquer que par une augmentation de l’activité hydrothermale dans le lac.
Des scientifiques de l’Université d’Islande ont survolé l’Askja à bord d’un avion de la Garde côtière le 16 février et ont pu observer la fonte anormalement rapide de la glace sur Öskjuvatn. D’habitude, l’eau est gelée jusqu’en avril. Une image satellite du 13 février (voir ci-dessous) montre que la neige a fondu sur les pentes à l’est d’Öskjuvatn. La glace a également fondu sur la moitié du lac, qui couvre une superficie de 1 100 hectares.
Les scientifiques sont convaincus que la fonte de la glace est causée par la chaleur due à l’activité hydrothermale. Ils attendent maintenant les résultats des instruments qui étaient à bord de l’avion de la Garde côtière, tels que les données radar et de température. L’équipe scientifique a largué un appareil GPS, une balise et un thermomètre depuis l’avion dans l’Öskjuvatn. Comme je l’ai déjà écrit, la terre s’est élevée de 50 centimètres depuis août 2021 et une chambre magmatique s’est formée sous le volcan. Des chercheurs de l’Université de Cambridge pensent qu’il y a au moins dix kilomètres cubes de magma sous le volcan
Les volcanologues islandais ne s’attendent pas à une éruption à court terme, mais reconnaissent leur incapacité à prévoir un tel événement. Ils pensent qu’ils en verront les signes annonciateurs sur les sismomètres du MET Office quelques heures ou quelques jours avant qu’il se produise.
Les touristes ne visitent pas l’Askja à cette période de l’année. Il faudra intensifier la surveillance du volcan lorsque le printemps arrivera et les touristes aussi.
Source : Iceland Review.

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In a post published on February 12th, 2023, I indicated that a series of satellite images of Askja showed large thaw holes in the ice on Oskjuvatn, as compared to previous years. Scientists then said that the holes were big and could only be explained by increased geothermal heat in the water.

University of Iceland scientists flew a Coast Guard plane over Askja on February 16th and could observe the unusually quick melting of ice on Öskjuvatn. The water is normally frozen until April. A satellite image from February 13th (see below) shows that snow had melted on the slopes east of Öskjuvatn. Ice had also melted from half of the lake, which covers an area of 1,100 hectares.

Scientists are convinced that the melting is caused by geothermal heat. They are now waiting for the results from instruments on board the Coast Guard plane, such as radar and temperature data. The team also dropped a GPS device, a buoy, and a thermometer from the plane into Öskjuvatn lake. As I put it before, the land has risen by a total of 50 centimetres since August 2021, and a magma chamber has formed underneath. Researchers at Cambridge University assume that there are at least ten cubic kilometres of magma beneath the volcano

Icelanding volcanologists do not expect an eruption in the short term, but they don’t know for sure. They think they will see the signs of an eruption on the seismometers at the MET Office some hours or days before it happens.

Tourists are not visiting the Askja volcano at this time of year. It will be necessary to monitor conditions closely when spring comes and tourists arrive.

Source : Iceland Review.

 

Image satellite des zones de fonte dans l’Oskjuvatn le 13 février 2023 (Source : Iceland Review)

A voir absolument !

La chaîne France 2 a diffusé le 7 février 2023 un excellent documentaire intitulé « Royaumes de glace : L’Arctique. » Il est disponible sur le site de France Télévisions jusqu’au 14 février.

https://www.france.tv/france-2/royaumes-de-glace/4531480-l-arctique.html

Avec la voix off de Lambert Wilson, le film nous montre l’Arctique au fil des saisons et la lutte des animaux pour faire face au réchauffement climatique.

Comme on peut le lire dans la présentation du documentaire, « des forêts enneigées aux déserts de l’Arctique, une variété extraordinaire d’animaux peuple ces terres d’une beauté immaculée. Tous sont confrontés aux mêmes défis. La neige, la glace, et l’alternance de saisons extrêmes. Mais aujourd’hui, ces royaumes de glace disparaissent sous nos yeux, et avec eux, un équilibre subtil, bâti au fil des millénaires. Certaines espèces et certains écosystèmes sont parfois filmés pour la dernière fois. »

Les conséquences du réchauffement climatique sont terribles. Avec la fonte trop rapide de la glace de mer, les ours polaires doivent parcourir des distances considérables pour se nourrir. Le permafrost dégèle à vue d’oeil, avec l’ouverture soudaine de cratères géants en Sibérie. En fondant, la calotte glaciaire du Groenland laisse échapper des quantités colossales d’eau douce qui contribuent à la hausse du niveau des océans et à l’accélération des glaciers. Un peu plus au sud, la toundra devient un marécage…

Les images sont superbes, mais ce n’est pas surprenant car le documentaire est réalisé par la BBC.

A noter qu’un autre documentaire conduit le téléspectateur vers les régions les plus froides et les plus inaccessibles de notre planète : l’Arctique, l’Antarctique et les plus hauts sommets. Il était diffusé, lui aussi, le 7 février mais …. à l’heure où je vais me coucher. Rien n’est perdu ; il est accessible jusqu’au 14 février.

Les glaciers fondent au Groenland et la glace de mer disparaît… (Photos : C. Grandpey)

Le manque de glace sur les Grands Lacs et ses conséquences // The lack of ice on the Great Lakes and its consequences

La glace a mis du temps à se former cette année sur les Grands Lacs américains. Seulement 3,2 % de la surface des lacs était prise par la glace à la mi-janvier 2023. C’est 18 % de moins que la moyenne pour cette période de l’année. L’absence de glace n’est pas une bonne chose pour l’écosystème des lacs. Cette situation peut provoquer de puissantes vagues dangereuses et des tempêtes de neige à effet de lac.
Les prévisions du National Ice Center des États-Unis au début du mois de décembre étaient différentes selon les secteurs. Selon ces prévisions, les lacs Michigan, Érié et Ontario devaient avoir moins de glace, tandis que le lac Supérieur devait être au-dessus de la normale. On s’attendait à ce que le lac Huron ait une année moyenne. Cependant, ces prévisions sont très incertaines car la croissance de la glace est très dynamique et peut changer en quelques jours, en particulier sur les lacs moins profonds. Par exemple, la couverture de glace a atteint jusqu’à 7 % en moyenne sur tous les lacs après la vague de froid de décembre 2022, mais elle a ensuite rapidement diminué avec l’arrivée de températures plus clémentes. Le changement a été particulièrement prononcé sur le lac Érié où la couverture de glace a d’abord atteint 23 % avant de chuter et se stabiliser à environ 3 %.
Moins de glace signifie aussi plus de neige. En hiver, lorsque des masses d’air froid et sec traversent les lacs, elles absorbent de l’eau par évaporation en cours de route. Lorsque la masse d’air touche la terre, elle laisse tomber toute cette eau à travers un phénomène appelé ‘neige à effet de lac’. La couverture de glace agit comme un bouclier et empêche l’eau du lac de s’évaporer. Lorsqu’il y a moins de glace, la neige tombe en abondance autour des lacs, comme on a pu le voir à Buffalo N.Y., qui se trouve sur les rives du lac Érié. Fin décembre 2022, plus d’1,20 m de neige recouvrait la ville et ses environs. La tempête a fait 44 morts dans les comtés d’Erié et de Niagara.
Une faible couverture de glace peut avoir des conséquences désastreuses. En effet, pendant les mois d’hiver où sévissent les tempêtes, la couverture de glace atténue la force des vagues. Lorsque la couverture de glace est faible, les vagues peuvent devenir très grosses et causer des inondations et une érosion des rives du lac. C’est également ce qui se passe en Alaska lorsqu’il y a un manque de glace de mer. En janvier 2020, le long de la rive sud-ouest du lac Michigan, le niveau très haut du lac s’est ajouté à des vents très forts, ce qui a généré des vagues de 4 mètres de haut qui ont inondé les rives.
Selon les scientifiques, le réchauffement climatique et les températures élevées sont responsables du manque de glace sur les Grands Lacs. La diminution de la couverture de glace aura probablement des effets en cascade sur les écosystèmes des lacs et en particulier sur les poissons. Par exemple, le grand corégone, une pièce maîtresse de la pêche sur les Grands lacs et une importante source de nourriture pour d’autres poissons comme le doré jaune, fait partie des nombreux poissons qui seront affectés par le manque de glace en hiver. Le doré jaune et la perchaude ont, eux aussi, besoin d’hivers prolongés. S’ils ne passent pas assez de temps dans l’eau froide pendant l’hiver, leurs œufs seront beaucoup plus petits, ce qui rendra leur survie plus difficile.
La diminution de la couverture de glace sur les lacs retarde également la migration des oiseaux vers le sud. Le réchauffement des lacs et la perte de la couverture de glace au fil du temps entraîneront également des précipitations plus abondantes, favorables à la prolifération d’algues nocives qui peuvent être toxiques pour les humains et les animaux domestiques.
Les scientifiques se posent beaucoup de questions sur l’ampleur des changements à venir dans l’écosystème et le réseau trophique des Grands lacs si la couverture de glace continue de diminuer. Si nous ne parvenons pas à contrôler le réchauffement climatique, il y aura forcément des changements que nous pourrons anticiper et d’autres que nous ne connaissons pas encore et qui nous échapperont probablement.
Source : USA Today, via Yahoo Actualités.

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Ice has been slow to form this year over the American Great Lakes, with only 3.2% of the lakes covered by mid-January 2023. This is roughly 18% below average for this time of year. No ice is not a good thing for the lakes’ ecosystem. It can even stir up dangerous waves and lake-effect snowstorms.

The U.S. National Ice Center Forecast’s outlook at the beginning of December showed a mix of predictions. According to the forecast, Lakes Michigan, Erie and Ontario were predicted to have less ice, while Lake Superior was expected to be above normal. Lake Huron was expected to have an average year. However, this prediction has a great deal of uncertainty because ice growth is very dynamic and can change in a matter of days, especially on the shallower lakes. For example, ice cover jumped up to 7% on average across all the lakes after the December 2022 cold snap, but then quickly fell when milder temperatures arrived. The change was especially pronounced on Lake Erie, where ice cover rose to 23% and later sat at around 3%.

Less ice also means more snow. In the winter, when cold, dry air masses move across the lakes, they pick up water along the way through evaporation. When the air mass hits land, it drops all that water through lake-effect snow. Ice cover acts as a shield, stopping water from evaporating off the lake. So, when there is less ice people around the lakes typically see more snow, as could be seen in Buffalo N.Y., which sits on the shores of Lake Erie. By the end of December 2022, more than 120 centimeters of snow covered the city and surrounding areas. The storm resulted in 44 deaths in Erie and Niagara counties.

Little ice cover can be disastrous. Indeed, during stormy winter months, ice cover tempers waves. When there is low ice cover, waves can be much larger, leading to lakeshore flooding and erosion. This is what happens in Alaska when there is a lack os sea ice. In January 2020 along Lake Michigan’s southwestern shoreline, record high lake levels mixed with winds that whipped up 4-meter-high waves that flooded shorelines.

According to scientists, global warming and the highrt temperatures are responsible for the lack of ice on the Great Lakes. A downturn in ice coverage due to climate change will likely have cascading effects on the lakes’ ecosystems and especially the fish. For instance, Lake whitefish, a mainstay in the lakes’ fishing industry and an important food source for other fish like walleye, are one of the many fish that will be impacted by the lack of ice in winter. Walleye and yellow perch also need extended winters. If they don’t get enough time to overwinter in cold water, their eggs will be a lot smaller, making it harder for them to survive.

Declining ice cover on the lakes is also delaying the southward migration of birds. Warming lakes and a loss of ice cover over time also will be coupled with more extreme rainfall, likely inciting more harmful algae blooms that can be toxic to humans and pets.

There is still a big question mark on the extent of the changes that will happen to the lakes’ ecosystem and food web as ice cover continues to decline. Unless we can keep climate change in check, there will be changes that we anticipate and others that we don’t know about yet.

Source : USA TODAY via Yahoo News.

Vues du Lac Supérieur, une véritable mer intérieure (Photos: C. Grandpey)

Attaque mortelle d’ours polaire en Alaska

Dans une note publiée le 12 janvier 2023, j’attirais l’attention sur la situation de plus en plus difficile des ours polaires dans le nord canadien. Dans la région, leur nombre a chuté de près de 50 %. A cause du réchauffement climatique très rapide dans l’Arctique, la glace indispensable à leur survie est en train de disparaître et complique la capture des phoques dont l’espèce se nourrit.

Le drame qui vient de se produire en Alaska est probablement à mettre en relation avec la situation climatique dans l’Arctique. Avec la réduction de plus en plus rapide de la glace de mer, les ours polaires séjournent de plus en plus longtemps sur le continent. Ils viennent souvent rôder à proximité des zones habitées, à la recherche de nourriture, comme les carcasses de baleines. Cela augmente la fréquence des interactions avec les êtres humains.

En principe, les ours polaires ne s’attaquent pas aux personnes, surtout au cœur de l’hiver. La glace est suffisamment abondante sur la banquise pour leur permettre de chasser les phoques. Dans le monde entier, 20 personnes ont été tuées sur un total de 73 attaques d’ours polaires entre 1870 et 2014, selon l’ONG Polar Bears International. Avant le 18 janvier 2023, la dernière attaque mortelle en Alaska remontait à 1990.

Le 18 janvier 2023, une femme de 24 ans et son nourrisson ont été tués par un ours polaire à Wales un village Inupiat de 150 habitants sur la rive du détroit de Bering, dans le nord-ouest de l’Alaska. La tragédie a eu lieu pendant une tempête de neige rendant la visibilité très mauvaise. Selon les témoins, l’attaque a eu lieu près de l’école. L’animal a été abattu par un habitant pendant qu’il s’en prenait à la jeune femme et son fils âgé d’un an.

Des policiers et des agents spécialisés doivent être envoyés dans ce village afin d’essayer de comprendre la cause de la tragédie. Un scientifique de Polar Bears International explique que les attaques d’ours polaires ont généralement lieu entre fin juillet et début décembre, pendant la période sans glace, mais pas pendant l’hiver. Elles sont en général menées par des ours jeunes qui sont voraces car leur corps requiert de l’énergie pour leur croissance, ou bien des ours en fin de vie qui ont du mal à se battre avec les autres ours pour les bonnes zones de chasse.

Source : Anchorage Daily News.

 

Photo: C. Grandpey

Vous trouverez plus d’explications sur les mœurs des ours dans le livre « Dans les pas de l’Ours » que j’ai écrit avec Jacques Drouin et qui a été publié aux Editions Séquoia.