Le Kilauea (Hawaii) il y a un siècle // Kilauea Volcano (Hawaii) a century ago

Il y a un siècle, il n’y avait pas de drones ou de satellites pour fournir des images aériennes des volcans. De telles représentations posaient d’énormes problèmes, y compris pour le Kilauea à Hawaii. L’image ci-dessous, qui montre la caldeira sommitale, n’a pas été prise depuis un avion. En effet, elle a été réalisée six ans avant le premier survol par un aéronef. L’image montre une maquette du volcan exposée dans un musée de l’Université de Harvard pendant de nombreuses décennies.
Voici une petite histoire de cette image:
Elle commence en mars 1913, lorsque George Carroll Curtis, artiste, géologue, géographe et expert en production de maquettes en relief, s’est rendu à Hawaï pour procéder à un examen attentif de la caldeira sommitale du Kilauea. Il a disposé tout un ensemble de points de repère et a pris des photos au niveau de chacun d’eux en utilisant une caméra panoramique tournante qui lui a permis d’obtenir une vue complète de la caldeira. Malgré tout, la réalisation de la maquette a pris beaucoup de temps car Curtis n’avait pas de perspective en hauteur du sommet du Kilauea.
Pour résoudre ce problème, Curtis a demandé à J.F. Haworth, un riche homme d’affaires de Pittsburg, de se rendre sur le Kilauea pour y pratiquer sa passion pour le cerf-volant. Toutefois, il ne s’agissait pas de cerfs-volants ordinaires. Chacun d’eux mesurait plus de 3,40 mètres de long et 2,70 mètres de large. Au lieu d’une ficelle pour les piloter, Haworth utilisait une bobine motorisée de corde à piano. Ainsi, les cerfs-volants étaient capables de soulever une charge utile d’environ 45 kilogrammes. Pour l’étude du Kilauea, la charge utile était une caméra positionnée à l’extrémité d’un fil d’une soixantaine de mètres sous le cerf-volant. Un petit appareil était installé sur la corde à piano pour déclencher l’appareil photo.
Lorsque Haworth est arrivé sur Kilauea en 1915, il a constaté que la photographie à l’aide d’un cerf-volant n’était pas chose facile sur un volcan. Les vents forts qui soufflaient au sommet ont traîné à plusieurs reprises le photographe sur la lave coupante, lui occasionnant des blessures et autres contusions. Il a finalement réussi à prendre une série de photos du sommet du Kilauea de différentes hauteurs. Ces photographies aériennes ont énormément accéléré le travail de Curtis dans la réalisation de sa maquette.
En 1917, la carte en relief a finalement été installée dans le département de géologie du musée de l’Université de Harvard et elle a été présentée au public. La maquette circulaire avait un diamètre de 4,30 mètres. Elle a été réalisée à une échelle de 125 pieds pour un pouce (soit 38 mètres pour 2,5 centimètres) ; il n’y avait donc pas d’exagération verticale. À cette échelle, Curtis a pu montrer le sommet du Kilauea dans ses moindres détails. La maquette révélait de nombreuses caractéristiques géologiques qui n’avaient pas été observées auparavant, comme les ravines dans la partie méridionale de la caldeira. Les photographies de la maquette sont utiles encore aujourd’hui pour localiser les sites historiques, y compris les routes et d’autres structures qui n’existent plus depuis longtemps.
Source: USGS / HVO.

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A century ago, there were no drones or satellites to provide aerial images of volcanoes. Such depictions posed enormous challenges. Kilauea Volcano was no exception. The image below showing the summit caldeira was not taken from a plane; indeed, it was taken six years before the first airplane overflight. The image actually shows a model of the volcano displayed at a Harvard University museum for many decades.

Here is a short story of the photo :

The story began in March 1913, when George Carroll Curtis, an artist, geologist, geographer, and expert in the production of relief models, travelled to Hawaii to make a careful survey of the caldeira at the summit of Kilauea. He established a network of survey flags and took photographs at each using a revolving panoramic camera that provided a complete view the caldeira. But progress constructing the model was slow, because Curtis lacked a high altitude perspective of Kilauea’s summit.

To solve this problem, Curtis encouraged J.F. Haworth, a wealthy businessman from Pittsburg, to go to Kilauea and pursue his hobby of flying kites. But these were no ordinary kites. Each box kite was over 3.40 metres long and 2.70 metres wide. Instead of a string, Haworth used a motorized reel of piano wire to launch and tether the kites, which were capable of lifting a payload of about 45 kilograms. For the Kilauea study, the payload was a camera positioned on a wire line about 60 metres below the kite. A small device was sent up the piano wire to trip the camera shutter for each photograph.

When Haworth arrived at Kilauea in 1915, he found that kite photography was not easy on a volcano. High winds at the summit repeatedly dragged the photographer over sharp lava, leaving him bruised. But he finally succeeded in taking a series of photos of Kilauea’s summit from various altitudes. These aerial photographs enormously speeded up the work of Curtis on his model.

In 1917, the relief map was finally installed in the Geological Section of the Harvard University Museum and opened for public viewing. The circular model was 4.30 metres in diameter, and it was built with a scale of 125 feet to an inch (38 metres to 2.5 centimetres), so there was no vertical exaggeration. At this scale, Curtis was able to depict minute details of the summit. The model shows many geologic features that had not been observed before, such as the elaborate drainage system on the south side of the caldera. Photographs of the model are useful even today to locate historic sites, including roads and other structures that are long gone.

Source : USGS / HVO.

Vue de la maquette de George Carroll Curtis montrant le cratère de l’Halema’uma’u en 1917. On remarquera la finesse des détails, comme la première route permettant aux automobiles d’atteindre la lèvre du cratère. (Source: USGS / HVO)

 

Bárðarbunga (Islande / Iceland)

La sismicité est actuellement faible sur le Bárðarbunga (voir ci-dessous), le volcan qui se cache sous la glace du glacier Vatnajökull. Cependant, beaucoup d’articles dans les journaux – les tabloïds britanniques en particulier – prédisent une éruption à court terme. Ces articles se réfèrent à quatre séismes de magnitude M 3.2 à M 4.7 qui ont secoué le volcan à la fin du mois d’octobre 2017.
La cause de cette sismicité est peut-être le remplissage du réservoir magmatique sous le volcan après la dernière éruption qui a eu lieu de septembre 2014 à février 2015. Les volcanologues islandais pensent que la sismicité pourrait s’accentuer suite à l’effondrement de la caldeira du volcan pendant la dernière éruption. En conséquence, il se peut que le magma pousse et fasse se soulever à nouveau cette caldeira en provoquant des séismes plus importants.
En fait, personne ne sait vraiment ce qui se passe sous le Vatnajökull. Notre capacité à prédire les éruptions est très faible, comme l’a récemment confirmé la situation sur le Mont Agung en Indonésie. Le système volcanique du Bárðarbunga a une longueur d’environ 190 kilomètres et une largeur de 25 kilomètre. Il est entré en éruption au moins 26 fois au cours des 1100 dernières années. Avant l’éruption de 2014-2015, le système s’était manifesté pour la dernière fois en 1910. Le glacier Vatnajokull recouvre une partie de ce système volcanique. Si le magma stocké sous le glacier devait atteindre la surface, il ferait rapidement fondre la glace et provoquerait très certainement une inondation désastreuse. Toutefois, ne nous affolons pas. Comme le dit le proverbe, « Avec des si, on mettrait Paris en bouteille. »
Personne ne sait vraiment ce qui va se passer dans cette partie de l’Islande. Comme l’a dit un scientifique: « Il se pourrait que cette sismicité ponctuée d’événements plus importants continue pendant des années … Il se peut aussi que l’équilibre du volcan se rompe rapidement et que l’on assiste à une nouvelle éruption, mais c’est difficile à dire. »
Source: Iceland Monitor.

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Seismicity is currently low at Bárðarbunga (see below), the volcano that hides under the ice of the Vatnajökull Glacier. However, there are many articles in the newspapers – the British tabloids in particular – to predict an eruption in the short term. These articles refer to four earthquakes with magnitudes ranging from M 3.2 to M 4.7 that shook the volcano in late October 2017.

The causes of this seismicity may be the refilling of the magma reservoir beneath the volcano after the last eruption from September 2014 to February 2015. Experts think the earthquakes may get stronger because the volcano’s caldera floor collapsed somewhat during the last eruption, so that the magma may be pushing the caldera back up, leading, in part, to these larger earthquakes.

Actually, nobody knows for sure. Our ability to predict eruptions is very low, as the situation on Mt Agung in Indonesia really confirmed it. The Bárðarbunga volcanic system is about 190 kilometres long and 25 kilometres wide. It has erupted at least 26 times over the past 1,100 years. Before the 2014-2015 eruption, the system had last erupted in 1910. The Vatnajokull Glacier covers part of this system. If the magma stored under the glacier were to erupt, it could rapidly melt the ice there and cause a disastrous flood. As the saying goes, “If ifs and ands were pots and pans, there’d be no work for tinkers’ hands.”

Nobody really knows what will happen next in that part of Iceland. As one expert said: « It might be that this trend of large earthquakes might continue for years…Or, the equilibrium of the volcano will be broken soon, and we will see another eruption. It is hard to say. »

Source: Iceland Monitor.

Source: IMO