Vatnajökull (Islande): Dernières nouvelles // Latest news

drapeau francais22 heures : Les scientifiques du Met Office islandais, de l’Institut des Sciences de la Terre et des représentants de la Protection Civile ont assisté à une réunion à 10 heures ce matin.
Les scientifiques ont indiqué que la sismicité intense continue. Plus de 700 événements ont été comptabilisés depuis minuit. Ils continuent à migrer vers le nord et se concentrent maintenant sur ​​10 km à l’extrémité du dyke qui s’étend sur 5 km au-delà du glacier Dyngjujökull.
On estime que le dyke sous le Dyngjujökull a maintenant une longueur de près de 35 km. La modélisation des données GPS indique qu’il contient environ 300 millions de mètres cubes de magma. D’autres stations de surveillance GPS en continu seront installées dans quelques jours au nord de Vonarskarð et sur ​​Urðarháls.
Rien ne montre que l’intensité de l’activité est en baisse. Actuellement, trois scénarios sont considérés comme les plus probables:
– La migration du magma pourrait arrêter, avec une réduction progressive de l’activité sismique.
– Le dyke pourrait atteindre la surface de la croûte terrestre, avec une éruption qui se produirait probablement près de l’extrémité nord du dyke. Ce serait probablement une éruption effusive avec une activité explosive limitée générant peu de cendre.
– Dans un autre scénario le dyke atteindrait la surface sous une partie importante ou sous la totalité du glacier. Cela produirait probablement une inondation de la Jökulsá á Fjöllum et peut-être une activité explosive avec production ce cendre.
D’autres scénarios ne sauraient être exclus. Par exemple, une éruption à l’intérieur de la caldeira du Bárðarbunga, mais actuellement ce scénario est considéré comme le moins probable.

Source: Iceland Review.

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drapeau anglais22 :00 : Scientists from the Icelandic Met Office, Institute of Earth Sciences and representatives of the Civil Protection Department attended a meeting at 10 am this morning.

The scientists indicated that intense seismicity continues. Over 700 events have been recorded since midnight. It continues to migrate northward and is now concentrated on the 10 km long tip of the dike extending 5 km beyond the edge of the Dyngjujökull glacier.

The dike beneath Dyngjujökull is now thought to be close to 35 km long. Modeling of GPS data indicates that it contains about 300 million cubic metres of magma. Additional stations for continuous GPS monitoring will be installed north of Vonarskarð and on Urðarháls within a few days.

There are no indications that the intensity of the activity is declining. Currently, three scenarios are considered most likely:

– The migration of magma could stop, with a gradual reduction in seismic activity.

– The dike could reach the surface of the crust, starting an eruption which would probably occur near the northern tip of the dike. This would most likely produce an effusive lava eruption with limited explosive, ash-producing activity.

– An alternate scenario would be the dike reaching the surface where a significant part, or all, of the fissure is beneath the glacier. This would most likely produce a flood in Jökulsá á Fjöllum and perhaps explosive, ash-producing activity.

Other scenarios cannot be excluded. For example, an eruption inside the Bárðarbunga caldera is possible but presently considered to be less likely.

Source: Iceland Review.

Kilauea (Hawaii / Etats Unis): La lave continue à avancer // Lava keeps moving on

drapeau francaisUn vol en hélicoptère effectué par les scientifiques du HVO vendredi a montré que la « coulée de lave du 27 Juin » se divise maintenant en deux branches. La branche nord se déplace vers le nord-est à travers un terrain relativement plat tandis que la branche sud s’écoule dans une ancienne fracture. En se basant sur la vapeur émanant de la fracture (voir la carte ci-dessous), les scientifiques estiment que la lave a parcouru 1,5 km pendant les quatre derniers jours. Le front de coulée se trouve à 3.5 km de la bordure de la réserve forestière de Wao Kele o Puna. Le front de coulée plus éloigné se trouve à 11 km de sa source sur le flanc du Pu’uO’o (distance en ligne droite). La coulée de lave ne représente pas une menace pour le moment mais, au train où vont les choses, elle pourrait devenir un problème pour les habitations dans les prochaines semaines.

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drapeau anglaisA HVO helicopter flight on Friday showed that the front of the “June 27th lava flow” has broken off into two branches.  The northern branch is travelling northeast across relatively flat land whereas the southern branch is flowing into a ground crack. Based on the steam emanating from the ground crack (see map below), scientists estimate the lava has travelled just 1.5 km in the last four days with the flow front 3.5 km from the eastern boundary of the Wao Kele o Puna Forest Reserve. The more distant flow front lies 11 km from the vent on the flank of Pu’uO’o (straight-line distance). The lava flow currently poses no threat but could become a problem for homes in the next few weeks.

Carte-coulee

On peut voir en rouge la progression de la coulée ces derniers jours.

Carte plus grande avec ce lien: http://hvo.wr.usgs.gov/maps/uploads/image-96.jpg

(Source: USGS / HVO)

Vatnajökull (Islande) : Y aura-t-il une éruption ? // Will there be an eruption ?

drapeau francaisAlors que les médias trépignent dans l’espoir d’une éruption spectaculaire qui remplira journaux et magazines, la situation actuelle en Islande appelle quelques réflexions.

– Tout d’abord, les gesticulations auxquelles nous assistons en ce moment – en particulier sur les réseaux sociaux – n’auraient pas lieu si l’Eyjafjallajökull n’avait pas déclenché une panique monstre dans le trafic aérien en 2010. Depuis cette date, des alertes sismiques ont été observées ailleurs en Islande (Reykjanes, Tjornes) mais la presse ne s’en est guère préoccupée. De la même façon, quand un volcanologue islandais a cru bon annoncer une éruption imminente de l’Hekla (on l’attend toujours !), il n’y a pas eu de remous dans les médias. Cette fois, la sismicité se trouve sous un glacier, alors on repense tout de suite au nuage de cendre de 2010 qui a laissé de sérieuses traces dans les mémoires.

– Pour le moment, aucune éruption n’a été observée et personne n’est en mesure de dire ce qui se passera dans les prochaines heures ou les prochains jours. Tout le monde semble se focaliser sur la sismicité qui secoue la région. Il est toutefois bon de rappeler que la seule sismicité ne suffit pas pour prévoir une éruption. Les événements récents à El Hierro (Iles Canaries) sont là pour le prouver. On a assisté à plusieurs essaims sismiques à répétition (avec des secousses importantes) mais aucun magma n’est apparu à la surface, sauf modestement à La Restinga lors de la première crise. Là aussi, la sismicité trahissait une intrusion magmatique. De plus, il faut savoir que des intrusions magmatiques identiques se sont déjà produites en Islande (dans la région du Krafla par exemple) sans sortie de la lave à la surface. Le site de la Smithsonian Institution  consacré au Barðarbunga indique à plusieurs reprises au cours des dernières années que des éruptions ont été « uncertain », ce qui signifie que le magma n’a pas percé la surface.

D’autres paramètres doivent être pris en compte, surtout dans une région où la sismicité est déjà forte naturellement. .

Il y a la déformation. Elle est très marquée depuis que la crise sismique a commencé, sous l’effet de l’intrusion magmatique et de la propagation du dyke vers le nord.  Là encore, sismicité et déformation ne sont pas des paramètres suffisants, même s’ils sont très importants et demandent la plus grande vigilance.

En revanche, personne ne fait état des modifications thermiques pour lesquelles les satellites sont très utiles. Vu le silence sur le sujet, il semblerait qu’aucune anomalie n’ait été détectée dans la région.

On n’entend pas parler non plus de l’aspect géochimique avec les modifications qui pourraient survenir dans les sources chaudes et dans les émanations gazeuses (variations de l’hélium ou du CO2, par exemple) situées à proximité du lieu sensible. J’ai encore en tête les paroles de Maurice Krafft qui comparait les paramètres volcaniques aux  symptômes d’une maladie.

Comme je l’ai souligné précédemment, le volcanisme islandais est complexe car la tectonique vient brouiller les cartes. Les désaccords qui sont apparus entre les scientifiques islandais montrent bien que nous sommes incapables à l’heure actuelle de formuler des pronostics. Il nous faut attendre et voir !

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drapeau anglaisWhile the media are impatiently waiting for a dramatic eruption that would fill newspapers and magazines, the current situation in Iceland requires some remarks.
– First, all the commotion we are witnessing right now – especially on social networks – would not occur if Eyjafjallajökull had not triggered a monster panic in air traffic in 2010.  Since that time, seismic alerts have been observed elsewhere in Iceland (Reykjanes Tjörnes) but the media did not feel interested. Similarly, when an Icelandic volcanologist talked about an imminent eruption of Hekla (we are still waiting for it!), there was no stir in the media. This time, the seismicity is located under a glacier, so people immediately think about the ash cloud in 2010 that left serious traces in the memories.
– For the moment, no eruption has been observed and no one is able to tell what will happen in the coming hours or days. Everyone seems to focus on the seismic activity in the region. However, it is worth remembering that seismicity alone is not enough to predict an eruption. Recent events in El Hierro (Canary Islands) are there to prove it. There have been repeated several seismic swarms (with big shakes) but no magma has appeared to the surface, except at La Restinga (in a modest way) during the first crisis. Again, seismicity betrayed a magma intrusion. Besides, we should keep in mind that similar magma intrusions have already occurred in Iceland (in the Krafla region for example) without any magma ascent to the surface. The website of the Smithsonian Institution dedicated to Barðarbunga indicates repeatedly in recent years « uncertain » eruptions, which means that magma did not pierce the surface.
Other parameters must be taken into account, especially in a region where seismicity is already strong naturally.
Deformation needs to be taken into account. It has been very strong since the seismic crisis began, due to the magma intrusion. However, seismicity and deformation are not sufficient parameters, although they are very important and require to be very vigilant.
There has been no report of thermal changes for which satellites are very useful. Given the silence on the subject, it appears that no thermal anomaly was detected in the region.
We do not hear either about geochemical changes that might have occurerd in the hot springs and the gaseous emissions near the active site. I still have in mind the words of Maurice Krafft who compared volcanic parameters to the symptoms of a disease.
As I put it before, Icelandic volcanism is complex because the tectonic aspect confuses the issue. The disagreements that arose among Icelandic scientists show that we are unable at this time to make predictions. We have to wait and see!

Krafla-blog

Fracture éruptive du Krafla  (Photo:  C.  Grandpey)