19 heures : La sismicité continue à être intense sous le Vatnajökull et elle le sera probablement encore quelque temps, le temps que la situation se stabilise, tant au niveau tectonique que magmatique. Plus le temps passe, plus je suis persuadé que l’intrusion magmatique qui a lieu actuellement – les mesures de déformation ont prouvé que cette intrusion ne faisait aucun doute – a été provoquée par un ajustement tectonique dans la région. Il ne faudrait surtout pas oublier que l’Islande se trouve à la frontière entre deux plaques tectoniques en phase d’accrétion (c’est-à-dire d’écartement), ce qui favorise des injections temporaires de magma. Ces injections ou intrusions peuvent déboucher sur des éruptions, mais pas toujours. Le dyke actuellement en formation est important. Le Met Office a évalué sa longueur à 25 km, à une profondeur entre 5 et 10 km. Finira-t-il par une sortie du magma à la surface ? La question reste posée mais je ne le crois pas. La carte mise en ligne par le Met Office islandais (voir ci-dessous) qui montre la migration de la sismicité vers le NE depuis le début de la crise ne plaide pas en faveur d’un événement éruptif. On pourrait me faire remarquer que des événements de magnitude supérieure à M 3 ou M 4 se produisent de temps en temps (encore ces dernières heures) au niveau du Barðarbunga. C’est vrai, mais leur profondeur suggère qu’ils sont probablement dus à des ajustements tectoniques provoqués par des affaissements dans ce secteur, suite à la migration du magma vers le NE.
Toutefois, à mes yeux, les précautions prises par les autorités islandaises sont parfaitement justifiées. Une montée du magma, même si elle ne débouche pas sur une éruption avec les nuages de cendre souhaités par une certaine presse, peut contribuer à faire fondre le glacier et déclencher des inondations majeures. Il serait alors trop tard pour évacuer les zones concernées. Il est facile de déplacer quelques centaines de personnes mais, comme ailleurs dans le monde, une évacuation ne peut pas durer indéfiniment. Il faudra trouver le moment adéquat pour autoriser ces personnes à revenir chez elles.
Toujours est-il que pour le moment aucune éruption n’a eu lieu, ce qui n’empêche pas les médias et autres sites web de nous inonder de photos de nuages de cendre de l’Eyjafjallajökull. Certes, l’éruption de 2010 a laissé des traces dans les mémoires mais il est inutile de semer la confusion en associant en permanence ces images avec ce qui se passe actuellement sous le Vatnajökull.
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19:00: Seismicity continues to be intense beneath Vatnajökull and the situation will probably be the same for some time, until the situation stabilizes, both from a tectonic and magmatic standpoint. As time passes, I am more and more convinced that the magma intrusion that is taking place – strain measurements have shown that this intrusion was real – was caused by a tectonic adjustment in the region. We should remember that Iceland is located at the junction of two tectonic plates where an accretion is taking place, which makes it easy for magma to inject from time to time. These injections or intrusions can lead to eruptions, but not always. The dyke that is being built by the current intrusion is quite dramatic. The Met Office says it is about 25 km long, at a depth of 5-10 km. Will it eventually lead to an ascent of magma to the surface? The question remains open but I do not think so. The map released by the Icelandic Met Office (see below) that shows the migration of seismicity to the NE since the beginning of the crisis does not argue in favour of an eruptive event. Some people could point out that events with magnitudes greater than M 3 or M 4 occur from time to time at Barðarbunga volcano. That’s true, but they are probably due to tectonic adjustments caused by subsidence in this area, following the migration of magma towards the NE.
In my opinion, the precautions taken by the Icelandic authorities are perfectly justified. Magma ascent to the surface, even if it does not lead to an eruption with the ash clouds desired by certain media, can help melt the glacier and cause major flooding. It would be too late to evacuate the affected areas. It is easy to move a fewred people but, like elsewhere in the world, an evacuation cannot last too long. Authorities will have to find the right moment to allow these persons to go back home.
Source: Met Office islandais