Dans son dernier article Volcano Watch, l’Observatoire des Volcans Hawaïens – le HVO – donne une bonne description des deux éruptions qui ont eu lieu en Islande sur la péninsule de Reykjanes. On se rend compte – comme je le pense personnellement – que les deux événements sont étroitement liés et que d’autres éruptions pourraient se produire à l’avenir.
Avant l’activité récente, la dernière période éruptive dans la région remonte à plus de 800 ans. Deux éruptions fissurales dans le système volcanique Krýsuvík-Trölladyngja ont généré d’importantes coulées de lave qui sont entrées dans l’océan sur les côtes nord et sud de la péninsule. Selon les volcanologues islandais, il se pourrait que la péninsule de Reykjanes soit entrée dans une période d’activité sur le long terme avec une alternance d’activité sismique, de déformation du sol et d’éruptions.
Le HVO rappelle que cette région est l’un des rares endroits où la dorsale médio-atlantique est visible sur terre, avec des éruptions consistant en des coulées de lave relativement fluide et peu de dépôts de tephra. L’aéroport international de Keflavik se trouve dans la partie ouest de la péninsule de Reykjanes et la capitale, Reykjavík, se trouve à l’extrémité nord-est. En conséquence, les éruptions sur la péninsule sont susceptibles d’y provoquer des perturbations.
L’activité actuelle le long du système Krýsuvík-Trölladyngja a commencé en janvier 2020 autour du mont Thorbjorn où on a enregistré une hausse de l’activité sismique et un soulèvement inhabituel de la surface du sol. Au vu des données sismiques et de déformation, les scientifiques ont conclu qu’une intrusion magmatique s’était produite à plusieurs kilomètres de profondeur. Tout au long de l’année 2020, plusieurs autres essaims sismiques et de nouveaux épisodes de possible intrusion magmatique se sont produits dans la région, ainsi que quelques séismes de plus forte intensité.
En février 2021, une hausse de la sismicité et un signal de déformation ont laissé supposer qu’une intrusion s’était produite près de Fagradalsfjall. Début mars, l’activité sismique s’est intensifiée, avec l’apparition d’un tremor volcanique. Ces événements ont été attribués à des mouvements de magma peu profonds, à environ 1-1,5 km de profondeur. Le Met Office islandais a alors indiqué qu’une éruption était possible sans prévenir car le magma était déjà proche de la surface.
Vers 20h45. le 19 mars 2021, une éruption a commencé près de Fagradalsfjall dans la vallée de Geldingadalir. Des fontaines de lave ont jailli d’une fissure d’environ 200 m de long. Après plusieurs semaines, l’activité éruptive s’est concentrée sur un seul bouche où les fontaines ont édifié un cône de projections (spatter cone)en forme de fer à cheval qui alimentait une coulée de lave bien canalisée.
Le site de l’éruption se trouvait à une dizaine de kilomètres des habitations les plus proches et à environ 2,6 km de la route côtière sud qui longe la péninsule. Il n’y avait donc pas de danger pour des infrastructures à proximité. L’activité éruptive a duré 6 mois et s’est officiellement terminée le 18 septembre 2021.
Après la fin de cette éruption, la présence d’une inflation tendait à prouver que du magma circulait en profondeur dans la zone. Fin décembre 2021, une nouvelle intrusion et un essaim sismique ont été enregistrés, comme cela s’était produit en mars 2020.
Le 30 juillet 2022, une activité sismique intense est réapparue sur la péninsule de Reykjanes. La déformation du sol autour de Fagradalsfjall indiquait que le magma de l’intrusion se trouvait à environ 1 km sous la surface. Le 2 août, le Met Office a publié un bulletin indiquant qu’une éruption près de Fagradalsfjall était probable « dans les prochains jours. » .
L’éruption a commencé le 3 août 2022. A 13h18, une nouvelle fissure s’est ouverte dans la vallée de Meradalir, située sur la crête nord du champ de lave de mars 2021. Une fois l’éruption commencée, la sismicité et les valeurs de déformation du sol ont rapidement ralenti. Contrairement à l’éruption de 2021, l’activité a considérablement diminué après moins de trois semaines. Dans la nuit du 21 août, l’activité a cessé sur le site de l’éruption et le tremor volcanique a disparu. Le Met Office n’a toujours pas déclaré que l’éruption était officiellement terminée, mais tous les paramètres montrent qu’il est très peu probable qu’elle recommence.
Source : USGS, HVO.
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In its latest Volcano Watch article, the Hawaiian Volcano Observatory – HVO – gives a good description of the two eruptions on Iceland’s Reykjanes Peninsula. It shows that the two events were closely connected, and that more eruptions might occur in the future.
Prior to the recent activity, the last eruptive period in the area was over 800 years ago. Two fissure eruptions from the Krýsuvík-Trölladyngja volcanic system produced extensive lava flows that entered the ocean on the peninsulas north and south coasts. According to Icelandic volcanologists, the Reykjanes Peninsula could be entering into a period of extended unrest that could include alternating seismic, deformation, and eruptive activity.
HVO reminds us that this region is one of the few places where the Mid-Atlantic Ridge is visible on land, with eruptions characterized by effusive lava flows and limited tephra deposits. Iceland’s international airport is located on the western end of Reykjanes Peninsula and the capital, Reykjavík, lies on the northeastern end. Therefore, eruptions on the peninsula have the potential to be highly disruptive.
The current unrest along the Krýsuvík-Trölladyngja volcanic system started in January 2020 around Mount Thorbjorn with seismic activity and uplift beyond the typical background levels. Scientists concluded that a magmatic intrusion had occurred at several kilometers depth based on seismic and deformation data. Throughout the year, several more seismic swarms and intrusive episodes occurred in the area, along with a few stronger earthquakes
In February 2021, increased seismicity and a deformation signal suggested an intrusion occurred near Fagradalsfjall. By early-March, seismic activity ramped up with increased seismic events and seismic tremor which was attributed to shallow magma movements at around 1-1.5 km depth. The Icelandic Meteorological Office (IMO) noted that an eruption was possible without any strong precursory signals because the magma was already close to the surface.
Around 8:45 p.m. on March 19th, 2021, an eruption began near Fagradalsfjall in Geldingadalir valley. Low lava fountains erupted from an approximately 200 m long fissure. After several weeks eruptive activity focused at a single vent where the fountains built a horseshoe-shaped spatter cone feeding a channelized lava flow.
The eruption site was approximately 10 km from the nearest populated region and about 2.6 km from the peninsula’s south coast road, so not in the immediate vicinity of critical infrastructure. The eruptive activity lasted for 6 months, and officially ended on September 18th, 2021.
After it ended, inflation suggested that magma was flowing into the area at depth. In late-December 2021, another intrusion and earthquake swarm followed, which appeared similar to the one in March 2020.
On July 30th, 2022, increased seismic activity reappeared on the Reykjanes Peninsula. Deformation around Fagradalsfjall suggested that magma from a shallow intrusion was approximately 1 km below the ground surface and on August 2nd, the IMO released a statement saying that an eruption near Fagradalsfjall in the coming days was likely.
The eruption began on August 3rd, 2022. At 1:18 p.m., a new fissure opened in Meradalir valley, located on the northern ridge of the March 2021 lava field. After the eruption onset, seismicity and deformation rates quickly slowed. Unlike the 2021 eruption, activity decreased significantly after less than three weeks. By the night of August 21st, there was no indication of volcanic activity at the eruption site, and the volcanic tremor had ceased. The IMO has not yet declared that the eruption was officially over, but all parameters show that it is highly unlikely to start again.
Source: USGS, HVO.
L’éruption de 2021 a parfois été spectaculaire et esthétique (Image webcam)
Loin d’être laide, l’éruption de 2022 fut moins spectaculaire (Image webcam)