20 heures : La situation autour Barðarbunga n’a pas beaucoup changé au cours des dernières heures. Les zones proches du volcan ont été évacuées car on craint des inondations provoquées par la fonte de la glace. On ne sait pas combien de personnes ont été déplacées car la région est isolée, mais les services d’urgence islandais ont été placés en « alerte ».
Comme je l’ai écrit auparavant, le Met Office islandais a élevé lundi l’alerte aérienne à « Orange » après quatre jours d’activité sismique de plus en plus intense. Lundi, les sismologues ont enregistré une secousse de M 4,5, la plus forte dans la région depuis 1996.
Les pistes au nord du Barðarbunga ont été fermées mardi, après que le Met Office ait enregistré quelques 2600 séismes en quatre jours.
Les volcanologues islandais ont indiqué mardi que les dernières mesures montraient que le magma ne s’était pas approché de la surface et restait entre « trois et sept kilomètres en dessous ».
Au moment où j’écris ces lignes, la crise sismique continue sous le Barðarbunga mais on ne relève plus guère d’événements supérieurs à M3. De plus, les hypocentres ont tendance à ne plus être aussi proches de la surface. Ces deux paramètres suggèrent que l’on a affaire à la mise en place d’une poche magmatique sous le volcan mais que la pression n’est pas suffisante pour que le magma atteigne la surface. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’éruption. En 2010, l’éruption de l’Eyjafjallajökull avec son célèbre nuage de cendre avait été précédée d’une crise sismique au mois de février. Le volcanisme islandais est complexe car l’aspect tectonique se mêle aux données volcaniques. Il y a quelques semaines, des essaims sismiques ont affecté les péninsules de Reykjanes et de Tjornes ainsi que le secteur de l’Askja, sans pour autant être suivis d’une activité éruptive. Dans le cas présent, nous connaissons mal les processus éruptifs qui ont affecté le volcan Bardarbunga. La presse catastrophage espère bien sûr une éruption avec un beau nuage de cendre qui perturbera le trafic aérien mais je pense qu’elle va devoir faire preuve de patience car rien n’indique que l’événement se produira dans les prochains jours. Ailleurs en Europe, n’oublions pas que la sismicité qui a secoué El Hierro (Iles Canaries) il y a quelques mois correspondait probablement à une intrusion magmatique qui n’a débouché sur aucune éruption.
S’agissant d’un éventuel nuage de cendre, j’attends avec une grande impatience le détecteur de cendre AVOID que la compagnie EasyJet a prévu d’installer sur ses avions. Personnellement, je ne suis pas d’un enthousiasme débordant. Le système n’a jamais été vraiment testé in situ et ce n’est certainement pas en déversant des sacs de cendre dans l’atmosphère que l’on peut évaluer ses performances ! Si le Barðarbunga émet un nuage de cendre semblable à celui de son copain de 2010, je suis prêt à parier que nous assisterons à la même panique qu’il y a quatre ans !
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20:00: The situation around Barðarbunga has not much changed during the past hours. Areas close to the volcano have been evacuated as there are fears of floods caused by ice melting. It is not known how many people have been moved as the area is remote, but emergency services in Iceland have been placed on « alert ».
As I put it before, the Icelandic Meteorological Office raised its aviation alert to « orange »after four days of increasing seismic activity. On Monday, seismologists recorded an M 4.5 earthquake, the strongest in the region since 1996.
Roads in a sparsely populated area north of Barðarbunga were closed on Tuesday, as the Meteorological Office said it had recorded some 2600 tremors over the past four days.
Icelandic volcanologists indicated on Tuesday that the latest readings indicated that magma was not approaching the surface, but rather remaining « three to seven kilometres below ».
At the time I’m writing these lines, the seismic crisis continues as Barðarbunga but there are no more events above M3 events. Moreover, the hypocenters are less close to the surface. These two parameters suggest that we are dealing with the storage of a magma pocket under the volcano but the pressure is not sufficient for the magma to reach the surface. This does not mean that there will be no eruption. In 2010, the eruption of Eyjafjallajökull with its famous ash cloud was preceded by a seismic crisis in February. Icelandic volcanism is complex because tectonic activity mixes with volcanic data. A few weeks ago, intense seismic swarms were recorded on the Reykjanes and Tjornes peninsulas as well as in the Askja area but did not end up with eruptions. In the current situation, we know little about the eruptive processes that affected Bardarbunga volcano. The press which is keen on disasters is impatiently waiting for an eruption with a huge ash cloud that would disrupt air traffic but I think it will have to be patient because there is no indication that the event will occur in the coming days.
Regarding a possible ash cloud, I am aimpatient to see the efficiency of the AVOID ash detector that EasyJet plans to install on their aircraft. Personally, I’m not enthusiastic. The system was never really tested in situ and it is certainly not by dumping bags of ash in the atmosphere that you can evaluate its performance! If Barðarbunga emits an ash cloud similar to that of Eyjafjoll in 2010, I’m ready to bet that we will see the same panic as four years ago!
Zone désertique entre le Vatnajökull et l’Askja (Photo: C. Grandpey)