Les enfants perdus d’Armero (Colombie) // Armero’s lost children (Colombia)

Le 13 novembre 1985, l’éruption du Nevado del Ruiz, en Colombie, a déclenché des coulées de boue à l’origine de ce que l’on appelle ‘la tragédie d’Armero’. Après 69 ans de sommeil, le volcan s’est réveillé et a surpris les villes voisines, malgré les mises en garde des volcanologues (Haroun Tazieff et Franco Barberi, en particulier) qui avaient alerté le gouvernement et demandé l’évacuation de la zone suite à la détection d’une activité volcanique deux mois auparavant.
La chaleur intense des coulées pyroclastiques qui se sont échappées du cratère, a fait fondre les glaciers, provoquant quatre énormes coulées de boue qui ont dévalé les pentes à 50 km/h. Ces lahars, s’engouffrant dans les ravines, ont englouti la ville d’Armero, tuant plus de 20 000 de ses quelque 29 000 habitants. Les victimes dans d’autres villes, notamment à Chinchiná, ont porté le bilan total à 23 000 morts.

Aujourd’hui, certains survivants de l’éruption de 1985 recherchent encore des enfants portés disparus. Après la catastrophe, la ville s’est retrouvée désertée. Le chaos qui a suivi a séparé de nombreux enfants de leurs familles qui continuent de les rechercher 40 ans plus tard.
Le Washington Times rapporte le témoignage de parents qui, la nuit de l’éruption, ont entendu des bruits étranges et sont sortis de chez eux pour voir ce qui se passait. Ils avaient appris aux informations que le volcan était en éruption, mais ils ont laissé leur fils, alors âgé de 5 ans, dormir à l’intérieur de la maison, pensant être suffisamment éloignés du Nevado del Ruiz pour être en sécurité.
Mais bientôt, la lave a fait fondre la calotte glaciaire au sommet du volcan et des coulées de boue ont dévalé les lits des rivières, provoquant une avalanche qui a tout dévasté sur son passage. Emportés par le lahar, les parents ont vu leur voiture être renversée et ont dû se réfugier dans un arbre, puis dans une maison voisine. La leur a été détruite et ils n’ont jamais revu leur fils.
Des années plus tard, ils ont appris que le nom de leur fils avait été diffusé dans une publicité télévisée et, selon une information, il se trouvait à l’Institut colombien de protection de l’enfance (ICBF). Ils ont tenté de le retrouver au siège de l’Institut à Bogota, mais l’accès leur a été refusé. On leur a demandé d’apporter des vêtements et des photos prouvant qu’ils étaient de la famille du garçon.
Des années plus tard, une sœur de la mère du garçon leur a raconté qu’à La Nouvelle-Orléans, un homme l’avait abordée et lui avait dit que son frère avait adopté un enfant victime de la tragédie d’Armero. Elle lui a montré une photo de son neveu, sans succès, et la personne en question n’a jamais pu être recontactée.
La Fondation Armando Armero, une organisation de la société civile, a recensé 580 enfants disparus, dont 71 auraient été adoptés. À ce jour, quatre d’entre eux ont été retrouvés vivants grâce à des prélèvements d’ADN. Selon cette fondation, « il n’y a pas de mode opératoire précis. Il est exagéré d’affirmer que les enfants ont été volés uniquement par l’ICBF ; il existe de nombreuses autres possibilités. Des personnes de la société civile se sont rendues à Armero juste après la tragédie, ont vu des enfants en perdition, les ont emmenés chez eux où ont été accueillis et élevés avec affection. »
Il y a quarante ans, il n’existait pas le même accès à l’information qu’aujourd’hui. Les familles effectuaient des recherches en personne dans les centres d’accueil et les bureaux de l’ICBF. Après la tragédie, ces structures ont accueilli au moins 170 enfants d’Armero, selon les documents retrouvés. Ces services indiquent avoir enquêté sur le nombre d’enfants placés en vue d’une adoption, car à l’époque, cette décision relevait des tribunaux.
Pendant de nombreuses années, les espoirs des familles reposaient sur le « livre rouge » de l’ICBF – ainsi nommé en raison de sa couverture rouge – qui contient des informations sur certains enfants d’Armero. Ce livre a été déclassifié en octobre 2025 mais, de toute façon, il ne recense pas tous les enfants portés disparus.
Malgré les difficultés, quatre décennies plus tard, les familles refusent d’abandonner leurs recherches.

Source : The Washington Times.

Crédit photo : USGS

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On November 13, 1985, an eruption of the Columbia volcano Nevado del Ruiz triggered mud flows that caused what is often called the Armero tragedy on November 13, 1985. The volcano’s eruption after 69 years of dormancy caught nearby towns unprepared, even though volcanological organizations had warned the government to evacuate the area after they detected volcanic activity two months earlier.

As pyroclastic flows erupted from the volcano’s crater, the heat melted the mountain’s glaciers, sending four enormous lahars down the slopes at 50 km/h. The lahars picked up speed in gullies and engulfed the town of Armero, killing more than 20,000 of its almost 29,000 inhabitants. Casualties in other towns, particularly Chinchiná, brought the overall death toll to 23,000.

Today, some survivors of the 1985 eruption are still searching for children that were reported missing. After the eruption, the town was left uninhabited. The ensuing chaos led many children to be separated from their families, who keep searching for them 40 years later.

The Washington Times gives the testimony of parents who, on the night of the eruption, heard strange noises and left the house to see if something was wrong. They had heard on the news that the volcano was erupting, but they left their son, 5 years old at the time, sleeping at home because they thought they were far enough away from Nevado del Ruiz.

But soon the lava melted the volcano’s snow-cap and mudflows rushed down the riverbeds, generating an avalanche that rushed down the mountains. The lahar overcame the parents, overturning their car and causing them to take refuge in a tree and then a nearby house.

Theirs was destroyed, and they never saw their son again.

Years later, they learned their son’s name had been shared in an ad on TV, and received information that he was at the Colombian Institute of Family Welfare (ICBF), the agency responsible for protecting children in the country. They tried to find him at the institute’s headquarters in Bogotá but were not allowed to enter. They were asked to bring clothes and photos proving they were the boy’s family.

Years later, a friend of the parents told them that in New Orleans, a man approached her and said that his brother had adopted a child who was a victim of the Armero tragedy. They showed him a photo of their son with no result and were never able to contact this person again.

The Armando Armero Foundation, a civil society organization, has documented 580 missing children, 71 of whom were reportedly adopted. So far, they have found four of them alive after collecting DNA samples. According to this foundation, “there is no single modus operandi. You can’t just say, ‘the children were stolen solely by the ICBF,’ there are many ways. Civilians even went to Armero right after the tragedy and saw children, took them home, and welcomed them with affection.”

Forty years ago, without the same access to information as today, families searched in person at shelters and ICBF offices. After the tragedy the offices received at least 170 children from Armero, according to the records they have found. They say that they are investigating how many were given up for adoption, since at that time it was a decision made by the courts.

For many years, the families’ hopes rested on the ICBF’s “red book,” named for its red cover, which contains records of some of the children from Armero. This book was declassified in October 2025, but is not a complete record of all the children reported missing or disappeared.

Despite the challenges, after four decades, families refuse to abandon their search.

Source : The Washington Times.

Volcans du monde // Volcanoes of the world

Suite au shutdown aux États Unis, la Smithsonian Institution n’est pas en mesure de diffuser son bulletin hebdomadaire habituel sur l’activité volcanique dans le monde. Mes informations concernent donc un nombre limité de sites éruptifs.

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Ces dernières heures, sur le Kilauea (Hawaï), la lave a débordé de tous les côtés sur le cône de la bouche sud, agrandissant considérablement le champ de coulées pāhoehoe autour du cône. Ces importants débordements sont différents de ceux observés lors des événements précédents ; ils se sont accompagnés de fontaines hémisphériques en forme de dôme, de 5 à 10 mètres de diamètre. Les débordements et les fontaines ont produit très peu de projections avant leur reflux à l’intérieur de la bouche éruptive, ce qui montre qu’il s’agit d’un magma bien dégazé. Trois petits épisodes de débordement se sont également produits au niveau de la bouche nord. Le sommet montre une inflation d’environ 25,7 microradians depuis la fin de l’Épisode 35. Cependant, l’inflation s’est stabilisée ces derniers jours, allongeant la période de prévision de l’Épisode 36. Néanmoins, les débordements répétés de ces dernières 24 heures laissent penser que le début de l’Épisode 36 pourrait être proche. Selon les modèles, il est susceptible de démarrer entre le 6 et le 11 novembre 2025. Jusqu’à présent, le HVO prévoyait son démarrage entre le 4 et le 8 novembre, avec une probabilité plus élevée entre le 5 et le 7 novembre. Il y a donc du retard à l’allumage !
Source : HVO.

Image webcam d’un débordement de lave

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Aucune nouvelle activité éruptive n’a été observée sur le Kanlaon (Philippines), dont le niveau d’alerte volcanique est maintenu à 2 (activité modérée). Cependant, le PHIVOLCS a émis un avis de risque de lahar. En effet, les fortes pluies associées à la tempête tropicale Kalmaegi, connue localement sous le nom de Tino, pourraient provoquer des coulées de sédiments volcaniques sur les pentes sud et ouest du volcan. Ces fortes pluies pourraient remobiliser les matériaux volcaniques déposés lors de l’éruption explosive du 24 octobre, un événement bref de trois à quatre minutes qui a généré des coulées pyroclastiques sur les pentes sud du volcan.

Épisode éruptif sur le Kanlaon (Crédit photo: Phivolcs)

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Des émissions de cendres de faible intensité ont été confirmées à White Island (Nouvelle-Zélande) suite à deux éruptions de courte durée le 30 octobre 2025. Le niveau d’alerte volcanique demeure à 3 et la couleur de l ‘alerte aérienne reste à Orange, indiquant une activité éruptive mineure. Un vol d’observation effectué le 3 novembre a fait état d’un panache de cendres s’élevant entre 400 et 500 m au-dessus du niveau de la mer.

Émissions de cendres le 3 novembre 2025 (Crédit photo : GeoNet)

Des dépôts de cendres fines se sont accumulés au fond du cratère en raison de cette activité éruptive de faible intensité. La température des bouches actives est d’environ 250 °C et a augmenté par rapport aux deux mesures précédentes effectuées avant les éruptions les plus récentes. Cependant, elle reste bien inférieure au maximum d’environ 500 °C enregistré plus tôt cette année.
Source : GeoNet.

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Rien de très nouveau sur le Sabancaya (Pérou) où une seule explosion d’intensité modérée a été observée au cours de la semaine écoulée. Elle a généré un panache de cendres qui s’est élevé à 1300 mètres au-dessus du sommet. La couleur de l’alerte aérienne reste Orange.

Source : IGP.

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Aucune activité volcanique n’a été détectée au niveau du complexe volcanique de l’Atka (Aléoutiennes / Alaska) depuis la petite explosion du 29 octobre 2025 (voir ma note précédente sur l’activité volcanique dans le monde). La couleur de l’alerte aérienne et le niveau d’alerte volcanique ont été abaissés respectivement au Vert et à Normal. Cependant, de brèves explosions peuvent se produire sur le volcan Korovin sans signes précurseurs significatifs.
Source : AVO.

Vue du Korovin (à gauche) et du Kliuchef (à droite) dans le complexe volcanique de l’Atka (Crédit photo: AVO) 

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L’USGS vient de m’informer que des signes d’activité ont été observés ces dernières semaines sur le volcan sous-marin Ahyi (Îles Mariannes du Nord) à partir des données satellitaires. Une décoloration de l’océan a été observée jusqu’à 1,6 km du volcan les 20, 21, 26 et 28 octobre, ainsi que le 5 novembre 2025. Aucune activité significative n’a été détectée par le réseau hydroacoustique installé sur Wake Island, bien que des panaches sous-marins aient été observés par le passé au niveau du volcan, sans apparition de signaux hydroacoustiques.
La couleur de l’alerte aérienne et le niveau d’alerte volcanique sont respectivement passés au Jaune et à Advisory (surveillance conseillée).. L’activité éruptive de l’Ahyi peut présenter un danger pour la navigation maritime au-dessus et à proximité du volcan dont le sommet s’est élevé à seulement une cinquantaine de mètres sous la surface de la mer au cours des éruptions précédentes. Toutefois, le manque de données locales en temps réel empêche les scientifiques de prévoir ou d’alerter sur des éruptions imminentes.

Source: USGS

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Due to the shutdown in the United States, the Smithsonian Institution is unable to release its usual weekly bulletin on global volcanic activity. My information therefore concerns a limited number of eruption sites.

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In the past hours on Kilauea (Hawaii), lava overflowed from all sides of the south vent cone and greatly enlarged the pāhoehoe flow field growing around the cone. These large overflows differed from the passive pond overflows of the previous events and instead had well developed hemispherical dome fountains 5-10 meters in diameter.  Both the overflows and the dome fountains had very little spattering until drainback, indicating that mostly degassed magma is being erupted at this time. Three small overflow episodes occurred from the north vent.The summit inflated with approximately 25.7 microradians of inflationary tilt since the end of Episode 35. However, the inflation has stalled over the past several days, lengthening the forecast window for Episode 36. However, the repeated overflows in the last day indicate the start of Episode 36 may be close. Models suggest a likely forecast window of November 6–11 2025.

Source : HVO.

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No new eruptive activity has been observed at Kanlaon (Philippines) whose volcanic alert level is kept at 2 (moderate unrest). However, PHIVOLCS has issued a lahar advisory, warning that heavy to intense rainfall from Severe Tropical Storm Kalmaegi, known locally as Tino, may generate volcanic sediment flows on the volcano’s southern and western slopes. Such rainfall could erode loose volcanic material deposited by the October 24 explosive eruption, a short three- to four-minute event that generated pyroclastic density currents descending the volcano’s southern slopes.

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Minor ash emissions were confirmed at White Island (New Zealand) following two short-lived eruptions on October 30, 2025. The Volcanic Alert Level remains at 3 and the Aviation Color Code at Orange, indicating minor eruptive activity. An observation flight on November 3 confirmed an ash plume rising 400–500 m above sea level.

Fine ash deposits have accumulated on the crater floor as a result of the persistent low-level activity. Vent temperatures are around 250°C and have increased compared to the previous two measurements prior to the most recent eruptions. However, temperatures remain well below the maximum of approximately 500°C recorded earlier this year.

Source : GeoNet.

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Nothing much has changed on Sabancaya (Peru), where only one moderate explosion was observed in the past week. It generated an ash plume that rose 1,300 meters above the summit. The aviation color code remains Orange.
Source: IGP.

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No volcanic activity has been detected at the Atka volcanic complex (Aleutians / Alaska) since the small explosion of October 29, 2025 (see my previous post about volcanic activity around the world). The Aviation Color Code and Alert Level have been lowered to Green and Normal, respectively. . However, brief explosive events at Korovin Volcano can occur without significant precursory unrest.

Source : AVO.

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The USGS has just sent me a message indicating that signs of unrest at Ahyi Seamount (Northern Mariana Islands) have been observed in satellite data over the past few weeks. Plumes of discolored water were observed drifting up to 1.6 km away from the volcano on October 20, 21, 26, 28 and November 5 2025. No significant activity has been detected in hydroacoustic array data at Wake Island, although submarine plumes have been observed at the volcano in the past without clear hydroacoustic signals.

The Aviation Color Code and Volcano Alert Level are being raised to YELLOW and ADVISORY. Eruptive activity at Ahyi Seamount may present a hazard to mariners in the water above and near the volcano. The summit has shallowed over the course of previous eruptions to 50 meters below sea level, but the lack of local real-time data means scientists are unable to forecast or warn of impending eruptions.

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Dernières nouvelles du Mont Rainier (Etats Unis) // Latest news of Mount Rainier (United States)

Dans un message reçu le 25 août 2025, l’Observatoire Volcanologique des Cascades (CVO) explique que l’activité sismique sur le mont Rainier (État de Washington) est revenue à la normale, après l’essaim qui avait débuté le 8 juillet 2025. Le niveau d’alerte volcanique et la couleur de l’alerte aérienne sont restés respectivement à NORMAL et VERT tout au long de l’essaim, car l’activité était liée au système hydrothermal du volcan et ne justifiait donc pas une modification des niveaux d’alerte. Au cours de l’essaim, le CVO a enregistré plus de 1 350 événements, ainsi que des milliers d’autres, trop faibles pour être localisés. La profondeur moyenne des séismes était d’environ 4,5 km sous le sommet du volcan. Le séisme le plus significatif de l’essaim a atteint M2,42 le 11 juillet 2025.
Lorsque l’essaim a commencé, il a rapidement atteint une fréquence maximale d’environ 40 événements par heure, avant de décliner au cours des semaines suivantes. Il se peut que les processus hydrothermaux soupçonnés d’être à l’origine de l’essaim se poursuivent à des niveaux trop faibles pour générer une sismicité détectable. Par conséquent, il est peu probable que l’activité sismique sous le volcan augmente dans les jours ou les mois à venir.
De plus, en coordination avec le Parc national du Mont Rainier, les scientifiques du CVO ont effectué une étude des gaz sur le volcan par hélicoptère le 4 août 2025. Les résultats montrent que la composition et le volume d’émission des gaz par les bouches actives n’ont pas varié par rapport aux mesures précédentes. De même, le réseau géodésique n’a enregistré aucune inflation ou déflation inhabituelle du volcan pendant l’essaim sismique.

L’Observatoire Volcanologique des Cascades fournit des informations complémentaires sur le Mont Rainier qui est un stratovolcan actif recouvert de glace. Il est situé à environ 73 km au sud-est de Tacoma et à 100 km au sud-sud-est de Seattle.

Les phénomènes les plus dangereux sur le mont Rainier sont les lahars, dont beaucoup ont atteint les basses terres du Puget Sound, aujourd’hui densément peuplées. Les autres risques incluent les retombées de cendres, les coulées pyroclastiques et les coulées de lave.

Photos: C. Grandpey

Le mont Rainier est considéré comme un volcan à très haut risque par le Système national d’alerte précoce (NVEWS) de l’USGS. Il dispose d’un vaste réseau de surveillance.
A part quelques exceptions météorologiques ; la totalité des lahars se sont formés lors d’éruptions. Aucune preuve physique ne permet de confirmer une éruption signalée – mais très controversée – en 894. Il n’existe pas, non plus, de confirmation d’éruptions qui auraient eu lieu aux 18ème et 19ème siècles. L’éruption la plus récente dont les preuves géologiques sont solides remonte à environ 1 000 ans.

Photo: C. Grandpey

Il convient de noter que, comme ailleurs dans le monde, les glaciers du mont Rainier fondent rapidement. Cela signifie que le risque de lahars destructeurs provoqués par une activité éruptive diminue avec le temps.

Couloir de lahar sur le Mt Rainier (Photo: C. Grandpey)

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In a message sent to me on 25August 2025, the Cascades Volcano Observatory (CVO) explains that seismic activity at Mount Rainier (Washington State) has returned to normal rates of seismicity, after the earthquake swarm that began on July 8, 2025.  The Volcano Alert Level and Aviation Color Code for the volcano remained at NORMAL/GREEN throughout the swarm, as the activity was related to the volcano’s hydrothermal system. The swarm resulted in over 1,350 events and thousands of additional earthquakes too small to locate. The average depth of the earthquakes was about 4.5 km beneath the summit of the volcano. The largest earthquake of the swarm reached M2.42 on July 11, 2025.

When the swarm began, it quickly reached a maximum rate of about 40 earthquakes per hour. Over the next several weeks, the rate decreased. The hydrothermal processes that are believed to have caused the swarm may be continuing at levels too small to generate detectable seismicity. Therefore, there is a small chance of brief increases in seismic activity under the volcano in future days to months.

Additionally, in coordination with Mount Rainier National Park, CVO scientists conducted a helicopter gas survey of Mount Rainier on August 4, 2025. The results showed that the compositions and emission rates of gases emitted from active steam vents on the volcano were broadly consistent with previous measurements. Similarly, the geodetic network did not record any unusual inflation or deflation at the volcano during the earthquake swarm.

The Cascades Volcano Observatory provides some additional information about Mount Rainier. Mount Rainier is an active, ice-clad stratovolcano geographically within the Mount Rainier National Park. It is located about73 km southeast of Tacoma and 100 km south-southeast of Seattle.

The most hazardous phenomena from Mount Rainier are lahars, many of which reached as far as the now densely inhabited Puget Sound lowland. Other hazards include ashfall, pyroclastic flows, and short lava flows, however these stay well within the present limits of the National Park. Mount Rainier is considered a Very High Threat volcano according to the USGS National Volcano Early Warning System (NVEWS). The volcano has a widely distributed network of monitoring devices.

Nearly all of Mount Rainier’s far-traveled lahars formed during times of eruptions. No physical evidence exists to confirm a reported but disputed eruption in 1894, nor eruptions earlier in the 18th and 19th centuries.  The most recent eruption with strong geologic evidence was about 1,000 years ago.

It should be noted that like elsewhere in the world, the glaciers on Mount Rainer are melting rapidly. This means that the risk of dreadful lahars that would be caused by eruptive activity is decreasing with time.

Réchauffement climatique : laves torrentielles de plus en plus fréquentes

Avec le réchauffement climatique, une expression est en train de devenir à la mode : lave torrentielle.

Pour le volcanophile (parfois volcanologue) qui sommeille en moi, elle évoque inévitablement les lahars, ces coulées de boue qui, au moment des fortes pluies de la mousson, remobilisent les matériaux déposés par les éruptions volcaniques. Ces lahars se produisent essentiellement dans les pays comme l’Indonésie ou les Philippines où entrent en éruption des volcans explosifs qui vomissent d’énormes panaches de cendres.

Aujourd’hui, parmi les événements extrêmes – ceux qui font dire aux habitants « Du jamais vu ! » – provoqués par le réchauffement climatique figurent des phénomènes qui ressemblent fortement aux lahars asiatiques. Déclenchés par de violents orages, des torrents de boue charrient des blocs, des arbres et toutes sortes de matériaux, et dévalent les pentes à des vitesses relativement élevées. En France, on les a baptisés « laves torrentielles ». Je trouve l’expression assez bien choisie car elle évoque tout de suite quelque chose de concret.

Les géologues nous expliquent que les laves torrentielles se forment généralement dans les lits de cours d’eau ou les ravins dont la pente est supérieure à 25%. Cependant, il est pratiquement impossible de savoir à l’avance où elles se produiront. Dans les Alpes, elles peuvent charrier jusqu’à un demi-million de mètres cubes de matériaux. Chaque année, elles causent des dégâts importants et coûteux..

Avec l’accélération du réchauffement climatique, les laves torrentielles sont de plus en plus fréquentes. Des mesures de protection de la population et des infrastructures sont donc indispensables, en particulier dans les zones déjà impactées ou considérées comme à risque. Selon les scientifiques, il existe deux solutions : les systèmes d’alerte et les ouvrages de défense architecturale. S’agissant des systèmes d’alerte, l’un d’eux reconnaît une lave torrentielle en cours grâce à des instruments installés dans le lit du cours d’eau ou sur les berges. Des cordes métalliques se rompent au passage des matériaux, tandis que des capteurs enregistrent les ondes qui se propagent dans le sol. Toutefois, ces systèmes présentent parfois des failles et demandent à être améliorés. Le problème réside souvent dans le laps de temps très bref entre le moment où le signal d’alerte est envoyé et le moment où le torrent de boue arrive dans la vallée.

La dernière lave torrentielle a été observée dans la vallée de la Maurienne le 2 juillet 2025. Un violent orage a provoqué le débordement du torrent du Charmaix et un flot de boue a envahi les rues de Modane, causant de gros dégâts matériels, mais heureusement aucune victime.

Au cours des dernières années, les violents orages en montagne ont déclenché des coulées de boue. Il suffit de mentionner celle qui, dans la nuit du 20 au 21 juin 2024, a ravagé le hameau de la Bérarde (Isère). Elle est décrite dans mes notes du 10 juillet et 12 octobre 2024.

En Suisse, plusieurs laves torrentielles ont frappé les Grisons, le Tessin et le Valais entre la mi-juin et le début du mois de juillet 2024. Mais c’est le 23 août 2017 que s’est produite l’une des laves torrentielles les plus meurtrières. Environ 3,1 millions de mètres cubes de roche se sont abattus depuis le Pizzo Cengalo dans le Val Bondasca (Grisons). L’éboulement a emporté huit randonneurs qui n’ont jamais été retrouvés. Les laves torrentielles qui ont suivi l’éboulement dans le Val Bondasca ont endommagé de nombreux bâtiments et infrastructures dans la localité de Bondo. On estime que la lave torrentielle a transporté au total environ 500 000 mètres cubes de matériaux vers Bondo où aucune perte humaine n’a été déplorée.

Effondrement au Pizzo Cengalo (source: presse suisse)

Lave torrentielle à Bondo (Source: presse suisse)

Voici un document qui explique parfaitement le déclenchement, le déroulement et les risques générés par les laves torrentielles dans nos montagnes :

https://www.savoie.gouv.fr/contenu/telechargement/26993/204436/file/10+Annexe+5.pdf