L’éruption de White Island (2019) au cinéma // A movie after the 2019 White Island eruption

Le 9 décembre 2019, une explosion soudaine s’est produite à White Island (Nouvelle-Zélande). Elle a tué 21 personnes et blessé 26 autres. Parmi les 47 victimes, il y avait 24 Australiens, 9 Américains, 5 Néo-Zélandais, 4 Allemands, 2 Chinois, 2 Britanniques et un Malaisien. La plupart de ces touristes ne portaient que des T-shirts et des shorts. 38 étaient des passagers d’un navire de croisière – l’Ovation of the Seas – qui effectuait un voyage de 12 jours autour de la Nouvelle-Zélande. Ils avaient acheté l’excursion sur White Island auprès d’une agence de voyage néo-zélandaise. J’ai décrit l’événement et ses conséquences dans plusieurs notes de ce blog. Dans les jours et semaines qui ont suivi la catastrophe, il s’est agi de trouver qui était responsable de la sécurité des touristes et de savoir si des manquements étaient constatés, bref, qui pouvait être tenu pour responsable du drame.
Un film intitulé « The Volcano : Rescue From Whakaari » vient de sortir. Il a été réalisé par Rory Kennedy. Pour autant que je sache, il ne peut être vu que sur Netflix. On peut lire qu’il s’agit d’« un récit précis de l’éruption volcanique de Whakaari / White Island. […] Le film raconte viscéralement une journée où des gens ordinaires ont été appelés à faire des choses extraordinaires, tout en plaçant cet événement tragique dans le contexte plus large de la nature, de la résilience et du pouvoir de notre humanité commune. »
À en juger par la bande-annonce, il s’agit d’un film catastrophe américain typique qui s’appuie sur des événements réels. J’ai décrit avec détail ce qui s’est passé sur l’île que j’ai moi-même visitée en janvier 2009.

Au final, la tragédie a montré qu’on ne sait pas prévoir les éruptions volcaniques, encore moins sur ce type de volcans explosifs de la Ceinture de Feu du Pacifique. Je pense que tenir les volcanologues néo-zélandais responsables de la mort de ces personnes serait un non-sens. De la même manière, le navire de croisière et l’agence de voyage doivent-ils être tenus responsables? Je ne le pense pas. Le niveau d’alerte volcanique n’était pas particulièrement élevé et aucune éruption n’était envisagée par les agences volcanologiques néo-zélandaises. La suite se résume à une bataille d’avocats et une question d’argent. Il était clair que les participants blessés et ceux – ou leurs familles – qui avaient perdu un être cher voulaient des compensations financières.
Voici la bande-annonce du film:
https://youtu.be/hnxGV9RQutE

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On Dcember 9th, 2019, a sudden explosion occurred at White Island (New Zealand). It killed 21 people and injuring 26 others. The 47 people were identified as twenty-four Australians, nine Americans, five New Zealanders, four Germans, two Chinese, two Britons and one Malaysian. Many of them were just wearing T-shirts and shorts for the day. Of these people, 38 were passengers on a shore excursion from the cruise ship Ovation of the Seas which was on a 12-day voyage around New Zealand. I described the event and its consequences in several posts on this blog. Questions were asked about who was responsible for the safety of tourists and, if failings are found, who would be held accountable

A film entitled “The Volcano: Rescue From Whakaari” has just been released. It was directed by Rory Kennedy. As far as I know it can only be seen on Netflix. It is supposed to be « a close examination of the Whakaari / White Island volcanic eruption. […] The film viscerally recounts a day when ordinary people were called upon to do extraordinary things, placing this tragic event within the larger context of nature, resilience, and the power of our shared humanity. »

Judging from the trailer, it is a typical American disaster movie based on real events. I carefully described what happened on this island I personally visited in January 2009. In the end, the tragedy showed that we cannot predict eruptions, even less on this type of explosive volcanoes of the Pacific Ring of Fire. I think that holding NZ volcanologists responsible for these people’s deaths would be a nonsense. In the same way, should the cruise ship and the travel agency be held resposible ? I don’t think so. The alert level for the volcano was not very high and no eruption was predicted by the NZ volcanological agencies. The rest was just battle of lawyers and a matter of money. It was clear to me that the participants who were injured and those – or their families – who lost a dear person wanted financial compensations.

Here is the trailer :

https://youtu.be/hnxGV9RQutE

White Island avant et après l’éruption (Photos: C. Grandpey, GeoNet)

Dernières nouvelles des Tonga // Latest news from Tonga

Les survols effectués par des avions australiens et néo-zélandais ont permis d’obtenir les premières images de la zone affectée par la puissante éruption du volcan Hunga Tonga-Hunga Ha’apai le 15 janvier 2022. Les Tonga sont recouvertes d’une couche de cendres de plusieurs centimètres d’épaisseur. La priorité devra être donnée au déblaiement de la piste de l’aéroport de Nuku’alofa afin qu’un vol C-130 Hercules avec assistance humanitaire puisse atterrir. Dans le même temps, deux navires devaient quitter la Nouvelle-Zélande aujourd’hui.
La capitale des Tonga, Nuku’alofa, a reçu des vagues de tsunami atteignant jusqu’à 1,20 m, tandis que les îles Ha’apai ont été frappées par des vagues de 5 à 10 m de hauteur,
. L’eau est entrée jusqu’à 500 mètres à l’intérieur des terres et a causé des dégâts importants.
Il semble qu’une personne ait été tuée par le tsunami aux Tonga et que deux autres soient portées disparues. 2 personnes se sont noyées au Pérou.
L’électricité et les réseaux locaux de téléphonie mobile ont été rétablis sur l’île principale de Tongatapu, mais le réseau électrique n’est pas encore stabilisé. Les appels internationaux et inter-îles restent impossibles en raison de la coupure du câble sous-marin.
Un autre problème concerne l’eau potable. Aux Tonga, de nombreuses personnes utilisent l’eau de pluie et les réserves ont été contaminées par la cendre volcanique.
Les images du satellite Sentinel-2 acquises le 17 janvier confirment que l’île créée lors de l’éruption de 2014-2015 a été complètement détruite (voir images ci-dessous).
Les scientifiques locaux n’excluent pas d’autres explosions dans les prochains jours.
Source : médias australiens et néo-zélandais.

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The overflights performed by Australian and New Zealand planes allowed to get first pictures of the disaster zone in Tonga after the powerful eruption at Hunga Tonga-Hunga Ha’apai volcano on January 15th, 2022. Tonga is covered in a layer of ash several centimeters thick. Priority should be given to the clearing of the runway at Nuku’alofa airport so that a C-130 Hercules flight with humanitarian assistance might land. In the meantime, two ships were expected to depart from New Zealand today.

Tonga’s capital Nuku’alofa experienced tsunami waves up to 1.2 m, while Ha’apai Islands were hit by waves up to 5 – 10 m in height, with the water reaching up to 500 m inland and causing major damage.

It appears that one person was killed by the tsunami in Tonga and two more re reported missing. 2 people got drowned in Peru.

Electricity and local mobile phone networks have been restored on the main island of Tongatapu but the power connection is not yet stable. International and inter-island calls are still not possible due to the damage to the undersea cable.

Another problem is the drinking water. In Tonga, many people use rain water and the reserves have been contaminated by the ash.

Sentinel-2 satellite images acquired on January 17th confirm the island created during the eruption in 2014-2015 was completely destroyed (see images below).

Local experts do not exclude more explosions in the coming days.

Source: Australian and New Zealand news media.

Images satellites montrant l’île avant et après l’éruption

Yellowstone: Gare à la prison! // Yellowstone may send you to jail!

Sortir d’un sentier à Yellowstone peut vous conduire en prison; c’est ce que vient d’apprendre à ses dépens une femme de 26 ans du Connecticut. Elle a été condamnée à une semaine de prison après avoir quitté le sentier de caillebotis qui permet de traverser le Norris Geyser Basin, l’un des endroits les plus chauds et les plus dangereux du Parc national de Yellowstone. Elle a également été condamnée à payer une amende de 1 000 dollars et 40 dollars de frais de dossier. De plus, cette femme devra effectuer des travaux d’intérêt général à hauteur de 1 000 dollars pour le compte du Yellowstone Forever Geological Resource Fund, le partenaire à but non lucratif du parc national.
La femme et deux autres personnes ont quitté le sentier de caillebotis pour s’approcher d’un geyser dans le Norris Geyser Basin. Plusieurs autres visiteurs les ont vues, se sont inquiétés et ont fait des photos et vidéos des trois personnes avant de les signaler aux autorités du parc.
Le Norris Geyser Basin est un des hauts lieux du Parc de Yellowstone. De nombreux panneaux rappellent – à juste titre – aux visiteurs qu’ils ne doivent pas quitter les sentiers. En 2016, un homme de l’Oregon s’est probablement dissous dans l’eau acide après être tombé accidentellement dans une source chaude de Norris. Son corps n’a jamais été retrouvé.
Les autorités du parc rappellent au public que le sol est fragile et mince et que l’eau à très haute température qui se trouve juste sous la surface peut provoquer des brûlures graves, même mortelles. Plus de 20 personnes sont décédées des suites de brûlures après être tombées dans les sources chaudes de Yellowstone.
Source : Médias d’information américains.

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Stepping off a trail in Yellowstone could land you in jail, and a tourist is learning that lesson the hard way. A 26-year-old woman from Connecticut was sentenced a week in jail after walking on thermal ground in Norris Geyser Basin, the hooest and one of the most dangerous places in Yellowstone National Park. She was also ordered to pay a $1,000 fine and $40 in fees. Additionally, the woman will have to pay $1,000 in community service to the Yellowstone Forever Geological Resource Fund, the nonprofit partner of the national park.

The woman and two other people walked onto a thermal pool and geyser in Norris Geyser Basin. They got off the boardwalk and walked on thermal ground. Multiple other people were concerned and took photos and videos of the three persons and reported them to the Park authorities. .

Norris Geyser Basin is a popular area that has many signs warning people to stay on the boardwalk. In 2016, an Oregonman probably dissolved in the acid waterafter trying to soak in a thermal area in Norris. Workers couldn’t find any remains.

Park authorities aptly remind the public that he ground is fragile and thin and scalding water just below the surface can cause severe or fatal burns. More than 20 people have died from burns suffered after they entered or fell into Yellowstone’s hot springs.

Source: U.S. news media.

Photos: C. Grandpey

Du jamais vu, mais que l’on reverra !

Au cours de la tempête Alex, les cumuls d’eau de pluie enregistrés en l’espace de 24 heures dans les Alpes-Maritimes dépassent tous ceux jamais observés dans le département. Ainsi, 500 mm ont été enregistrés à Saint-Martin-Vésubie.

Les météorologues de Météo France expliquent que c’est une véritable « bombe météorologique » qui a explosé au-dessus de la région. Le phénomène se caractérise  par la rapidité de sa formation. Les baromètres ont parfaitement traduit la chute de pression atmosphérique d’une trentaine d’hectopascals en 12 heures, d’où l’expression « bombe météorologique ».

Le problème est que ces dépressions de petite taille et très localisées sont mal appréhendées par les modèles de simulation atmosphérique. Un décalage géographique de quelques dizaines de kilomètres peut ainsi avoir d’importantes conséquences car ces bombes météorologiques peuvent laisser derrière elles des dégâts très importants.

Les bombes météorologiques restent relativement rares. Météo France indique que la dernière s’était produite en Bretagne le 6 mars 2017, avec des rafales atteignant 193 km/h. Elle a provoqué la mort de 12 personnes.

Tous les témoins s’accordent pour dire que la catastrophe dans les Alpes-Maritimes est « du jamais vu » dans la région. Le problème est que le « jamais vu » a tendance à se répéter à travers le monde. Je me tiens au courant très régulièrement de ce type d’actualité et je ne peux que constater que la situation dramatique vécue en France affecte de nombreuses populations à travers le monde. En voici quelques exemples recensés au cours du mois de septembre :

  • Pas très loin des Alpes-Maritimes, un épisode méditerranéen a tué deux personnes dans le Gard le 19 septembre 2020, avec une hauteur de précipitations de 468 mm enregistrée en 6 heures à Valleraugue. Du jamais vu depuis l’année 1900.
  • Le 18 septembre 2020, la tempête subtropicale « Alpha », la 22ème et la plus précoce de la saison dans l’Atlantique en 2020, a frappé le Portugal en occasionnant d’importants dégâts.
  • Le 18 septembre également, au moins dix personnes ont perdu la vie quand la tempête tropicale “Noul” a frappé le Sud-est Asiatique entre le Vietnam, le Laos le Thaïlande et le Myanmar (ex-Birmanie) en causant de gros dégâts.
  • Plus de 240 000 personnes ont été affectées et 140 000 déplacées quand des inondations catastrophiques ont frappé quelque 80 localités en Ethiopie au mois de septembre. Du jamais vu selon les autorités.
  • Toujours en Afrique, de très sévères inondations ont affecté le Ghana. Le bilan est de 5 morts, avec quelque 1 700 habitations endommagées ou détruites.
  • En Indonésie, des inondations et des glissements de terrain ont frappé Jakarta et ses environs au cours du mois de septembre. On déplore deux morts et une vingtaine de blessés. Les autorités font remarquer que depuis le mois de janvier 2020, au moins 123 personnes ont péri au cours de catastrophes naturelles provoquées par des intempéries. De tels chiffres n’avaient encore jamais été atteints. Les inondations continuent d’affecter à l’heure actuelle l’ouest de l’île de Java où l’on déplore des personnes disparues et des maisons submergées.

Le mois d’octobre suit la même tendance. Outre les victimes dans les Alpes-Maritimes, on peu citer les 40 personnes qui ont péri dans les pires inondations de tous les temps au Nigeria, avec la perte de 2 millions de tonnes de riz.

La tempête tropicale “Gamma” est la 24ème de la saison à s’être formée dans l’Atlantique Nord. C’est aussi la plus précoce ; elle est apparue le 3 octobre et bat ainsi le record établi le 27 octobre 2005.  Cette tempête vient d’atteindre la Péninsule du Yukatan au Mexique avec de très fortes pluies et des inondations, en particulier dans les zones montagneuses, comme cela s’est produit dans le secteur de Saint-Martin-Vésubie. On déplore au moins 6 morts et plusieurs milliers de personnes ont dû être évacuées.

Obnubilée qu’elle est par la Covid-19, la presse française ne mentionne pas ces événements qui sont pourtant aussi dramatiques que ceux survenus dans le sud-est de notre pays.

S’agissant des causes, on est en droit de se poser des questions car la répétition et l’accélération des événements extrêmes est inquiétante. Le principal coupable semble bien le réchauffement climatique. Pourtant, je n’en ai guère entendu parler au cours des dernières heures. Il est vrai que je ne fais qu’effleurer les bulletins d’informations. L’urgence de la situation humanitaire est telle qu’il faut avant tout essayer de panser les blessures infligées par la tempête Alex.

Je remarque que, comme au Portugal et au Mexique, la tempête Alex est historiquement précoce. Aucune tempête majeure n’avait été enregistrée par Météo France avant le 15 octobre depuis 1980. Le problème, c’est que la Méditerranée est encore très chaude ce qui amplifie les précipitations. Avec le réchauffement climatique, la mer se réchauffe de plus en plus et cette température élevée joue un rôle de carburant dans les phénomènes extrêmes comme la tempête Alex

Qu’on le veuille ou non, il faudra se demander si les activités humaines et les émissions de gaz à effet de serre ne portent pas une part de responsabilité !

Du jamais vu, mais que l’on reverra !

Des épisodes pluvieux de plus en plus fréquents et intenses

(Source : Météo France)