Mauna Loa (Hawaii): dernière mise à jour // Latest update

7 heures (heure française) : Dans une mise à jour publiée à 9h00 (heure locale) le 8 décembre 2022, et confirmée dans la soirée, le HVO indique que l’éruption du Mauna Loa dans la zone de rift nord-est se poursuit avec un changement majeur depuis la veille. La bouche au niveau de la Fracture n° 3 reste active mais l’alimentation en lave semblait être très réduite au moment de la publication de la mise à jour. On voyait pourtant une superbe fontaine de lave (voir image ci-dessous) sur la webcam le matin, mais l’activité semble avoir chuté dans la soirée.

Selon l’Observatoire, la lave déborde des chenaux près de la bouche éruptive mais les coulées se déplacent à moins de 4 km de la source. Les chenaux en aval de ce secteur semblent taris et n’alimentent probablement plus la coulée principale.
À 5 h 30 le 8 décembre, le front de coulée était à l’arrêt à environ 2,8 km de la Saddle Road. La coulée de lave est maintenant inactive sur la majeure partie de sa partie inférieure.
Les émissions de SO2 restent élevés et le tremor reste présent sous la fracture active.
Il est trop tôt pour dire si l’éruption touche à sa fin ou si elle marque juste une pause. Les prochaines heures ou jours nous en diront plus sur ce qui se passe.

Remarque personnelle : Il sera également intéressant de savoir comment se comporte le lac de lave dans le cratère de l’Halema’uma’u au sommet du Kilauea. Ces derniers jours, son niveau a chuté de 4 ou 5 mètres avant de remonter de un mètre le 8 décembre. On peut se poser plusieurs questions. S’agit-il d’une simple réduction temporaire de son alimentation? Si oui, existe-t-il une relation avec la forte diminution de l’éruption du Mauna Loa? Le niveau du lac a-t-il chuté suite à une migration du magma vers une zone de rift? Cette dernière hypothèse semble toutefois peu probable car les instruments, sismographes en particulier, n’indiquent rien de tel.

°°°°°°°°°°

9 décembre – 9h00 (heure locale), 20h00 (heure française) : L’éruption du Mauna Loa continue dans la Northeast Rift Zone. La bouche qui s’est ouverte dans la Fracture n°3 rsste active mais son alimentation en lave a considérablement faibli (voir image webcam ci-desssous) et les émissions de gaz sont faibles. Les coulées en aval de cette bouche active ne dépassent pas 2 km de longueur. Les chenaux de lave sur le parcours de la lave semblent taris et n’alimentent probablement plus le front principal qui s’est arrêté à environ 2,8 km de la Saddle Road.
Le HVO n’est pas en mesure de fournir d’explications sur le déclin actuel de l’éruption. Il est fréquent que les éruptions montent des variations de débit ou s’arrêtent complètement. Un retour à des niveaux d’alimentation en lave plus importants pourrait se produire et le HVO continue de surveiller de près cette activité.
Source : HVO.

°°°°°°°°°°

10 décembre, 7 heures (heure française) : Le dernier bulletin du HVO en date du 9 décembre 2022 à 15 h 30 (heure locale) informe le public que les émissions de lave et de gaz sont toujours faibles au niveau de la Fracture n°3 sur la zone de rift nord-est du Mauna Loa. Il semble que l’éruption vive ses dernières heures. Les coulées de lave ne s’étirent que sur 2,65 km en direction du nord-est. Les chevaux en aval de la source sont taris et n’alimentent probablement plus le front de coulée qui est inactif et s’est arrêté à environ 2,8 km de la Saddle Road.
Les scientifiques du HVO ont beau dire qu’ « il est fréquent que les éruptions augmentent et diminuent ou s’arrêtent complètement et un retour à un débit éruptif élevé pourrait se produire », la diminution progressive de l’apport de lave à la Fissure 3 tend à montrer que l’éruption est en phase terminale.

°°°°°°°°°°

10 décembre, 22h00 (heure française) : L’éruption du Mauna Loa dans la Rift Zone NE se poursuit, mais l’activité diminue régulièrement. La Fracture n°3 a considérablement réduit les émissions de lave et de gaz. Il est confirmé que les chenaux de lave qui partent de la fracture sont taris pour la plupart et que les coulées n’avancent plus. En conséquence, la Saddle Road n’est plus menacée, mais il faudra beaucoup de temps pour que la lave se refroidisse. Un petit lac de lave a remplacé les fontaines de lave à l’intérieur de la Fracture n°3.
Il y a maintenant moins de sismicité, ce qui signifie que l’alimentation est en train de décliner et que la lave ne se déplace pas autant qu’avant. Le HVO admet qu’un retour d’activité plus important est possible mais peu probable.
Source : HVO.

Activité de la Fracture n°3 le 9 décembre au matin ! (capture écran webcam)

—————————————–

7:00 am (French time) : In an update released at 9:00 am (local time) on December 8thn 2022, and confirmed in the evening, HVO indicates that the Northeast Rift Zone eruption of Mauna Loa continues with a major change since the day before. The fissure 3 vent continues to erupt but the supply of lava appeared to be much reduced at the time of the update, even though one could see a dramatic lava fountain on the webcam (see screenshot belox). It looked as if activity at the vent had declined in the evening.

According to the Observatory, lava is overtopping channels near the vent with flows no farther than 4 km from the source. The channels below this point appear drained of lava and probably no longer feed the main flow front.

As of 5:30 a.m. on December 8th, the flow front was stalled about 2.8 km from Saddle Road. The lava flow is now inactive for most of its lower length.

SO2 emission rates remain elevated and the tremor continues beneath the currently active fissure.

It is too early to say whether the eruption is coming to an end or if it is just having a pause. The next hours or days will tell us more about what is happening.

Personal note: It will also be interesting to know how the lava lake is behaving in Halema’uma’u crater at the summit of Kilauea. In recent days, its level dropped by 4 or 5 meters before rising again by one meter on October 8th . One can ask several questions. Is it just a temporary reduction of the lava sypply? If so, is there a relationship with the sharp decrease in the Mauna Loa eruption? Did the lake level drop due to magma migration to a rift zone? However, this last hypothesis seems unlikely because the instruments, seismographs in particular, indicate nothing of the sort.

°°°°°°°°°°

10 décembre 2022, 7 heures (heure française) : In a bulletin released on December 9th – 3:30 pm (local time), HVO informs the public that the Northeast Rift Zone eruption of Mauna Loa continues. The fissure 3 vent continues to erupt with a reduced supply of lava and reduced gas emissions. Low lave fountains feed flows extending only 2 km from the source. The channels below this point appeardrained of lava and probably no longer feed the main flow front. The main flow front is inactive and has stalled about 2.8 km from Saddle Road.

The significance of the reduced supply of lava is not yet clear; it is common for eruptions to wax and wane or pause completely. A return to high levels of lava discharge could occur and HVO continues to closely monitor this activity.

Source: HVO.

°°°°°°°°°°

December 10th, 10 pm (French time) : The Mauna Loa eruption in the NE Rift Zone continues, but activity is steadily decreasing. Fissure 3 has significantly reduced lava and gas emission output. There is confirmation that the lava channels from the fissure are mostly drained and the flows are stagnant. As a consequence, the Saddle Road is no longer under threat, but it will take a lot of time for lava to cool. A lava pond in Fissure 3 has replaced the lava fountains of the past days.

There is now less seismicity, which means lava is not supplied and is not moving as much as it has been. HVO admits that a return to higher level discharge is possible, but not likely.

Source: HVO.

Aérosols et réchauffement de l’Europe // Aerosols and global warming in Europe

Le réchauffement pendant les mois d’été en Europe est beaucoup plus rapide que la moyenne mondiale. Une étude menée par des chercheurs de l’Université de Stockholm suggère qu’en plus des émissions de gaz à effet de serre, une part substantielle de la hausse des températures est liée à la diminution des aérosols en Europe centrale et orientale.

La température moyenne à la surface du globe sur la période 2011-2020 est supérieure de 1,1 °C environ par rapport à 1850-1900, avec des augmentations plus importantes à la surface des terres (1,59 °C) que des océans (0,88 °C). Cette augmentation est principalement due aux gaz à effet de serre. Une partie du réchauffement a cependant été masquée par les aérosols. Les particules d’aérosols affectent le rayonnement solaire entrant, c’est-à-dire qu’elles dispersent une partie de la lumière du soleil vers l’espace, provoquant un effet de refroidissement. Lors des éruptions volcaniques majeures, on a observé que les aérosols contenus dans les gaz émis par un volcan pouvaient faire s’abaisser de quelques dixièmes de degré, voire quelques degrés, la température de la partie du globe concernée. Les particules d’aérosols ont en moyenne une durée de vie d’environ une semaine, ce qui signifie qu’elles refroidissent principalement le climat localement ou régionalement et à court terme.

Les gaz à effet de serre ont une longue durée de vie dans l’atmosphère. Le cumul des émissions anthropiques de dioxyde de carbone peut affecter le climat pendant des centaines d’années. Les gaz à effet de serre se propagent uniformément sur toute la planète.

Les aérosols anthropiques sur de grandes parties de l’Europe ont temporairement masqué, jusque vers 1980, une partie du réchauffement dû à l’augmentation des gaz à effet de serre. Un renversement de tendance, avec diminution des aérosols au cours de la période 1979-2020, a entraîné une augmentation du rayonnement solaire atteignant la surface du continent européen.

Parallèlement à la diminution des aérosols, la température en Europe s’est élevée considérablement au cours de la période 1991-2021, à raison d’environ +0,5 °C par décennie. Cela représente deux fois la moyenne mondiale et il s’agit du réchauffement le plus rapide de toutes les régions de l’OMM. Seules certaines régions polaires connaissent un réchauffement plus rapide.

Le réchauffement rapide en Europe centrale et orientale est d’abord et avant tout une conséquence des émissions humaines de gaz à effet de serre. Mais comme les émissions de particules d’aérosol, notamment celles des centrales au charbon, ont considérablement diminué au cours des quatre dernières décennies, l’effet combiné a conduit à une augmentation extrême de la température de plus de 2°C au lieu d’environ 1,1°C pour la moyenne mondiale.

La diminution des aérosols a moins joué en revanche dans le sud de l’Europe et notamment la péninsule ibérique où le réchauffement est amplifié en raison d’un sol plus sec et d’une diminution de l’évaporation. La couverture nuageuse a été réduite sur de grandes parties de l’Europe, probablement en raison de la moindre vapeur d’eau dans l’air.

Si les concentrations d’aérosols diminuent à l’avenir, d’autres régions de la Terre où la charge d’aérosols anthropiques est actuellement élevée connaîtront probablement un réchauffement accéléré quand le forçage des aérosols diminuera. La situation en Europe pourrait être un signe avant-coureur du réchauffement attendu dans les zones où les émissions d’aérosols sont aujourd’hui élevées. L’Inde était en 2019 le premier émetteur de SO2 anthropique de la planète avec 15% du total.

Source: global-climat.

———————————————–

Warming during the summer months in Europe is much faster than the global average. A study by researchers at Stockholm University suggests that in addition to greenhouse gas emissions, a substantial part of the rise in temperatures is linked to the decrease in aerosols in central and eastern Europe.
The average temperature on the surface of the globe over the period 2011-2020 was approximately 1.1°C higher than in 1850-1900, with greater increases on the surface of the land (1.59°C) than in the oceans (0.88°C). This increase is mainly due to greenhouse gases. Some of the warming, however, was masked by aerosols. Aerosol particles affect incoming solar radiation, i.e. they scatter some of the sunlight out to space, causing a cooling effect. During major volcanic eruptions, it has been observed that the aerosols contained in the gases emitted by a volcano could lower the temperature by a few tenths of a degree, or even a few degrees. Aerosol particles have an average lifespan of a bout a week, which means that they mainly cool the climate locally or regionally and in the short term.
Greenhouse gases have a long lifetime in the atmosphere. The cumulative anthropogenic emissions of carbon dioxide can affect the climate for hundreds of years. Greenhouse gases spread evenly across the planet.
Anthropogenic aerosols over large parts of Europe temporarily masked, until around 1980, part of the warming due to the increase in greenhouse gases. A reversal of the trend, with a decrease in aerosols during the period 1979-2020, led to an increase in solar radiation reaching the surface of the European continent.
In parallel with the decrease in aerosols, the temperature in Europe has risen considerably over the period 1991-2021, at an average rate of about +0.5°C per decade. This is twice the global average and is the fastest warming of any WMO region. Only some polar regions are experiencing faster warming.
Rapid warming in Central and Eastern Europe is first and foremost a consequence of human greenhouse gas emissions. But as aerosol particulate emissions, especially from coal-fired power plants, have declined dramatically over the past four decades, the combined effect has led to an extreme temperature increase of more than 2°C instead of about 1.1°C for the world average.
The decrease in aerosols, on the other hand, played less of a role in southern Europe and in particular the Iberian Peninsula, where the warming is amplified due to drier soil and a decrease in evaporation. Cloud cover has been reduced over large parts of Europe, likely due to less water vapour in the air.
If aerosol concentrations decline in the future, other regions of the Earth where anthropogenic aerosol loading is currently high will likely experience accelerated warming as aerosol forcing declines. The situation in Europe could be a harbinger of expected warming in areas where aerosol emissions are now high. India was in 2019 the first anthropogenic SO2 emitter on the planet with 15% of the total.
Source: global-climat.

 

Graphique montrant l’évolution des émissions de SO2 anthropiques par région. (Source : Smith et Al. (2011)

La cause de la récente sismicité en Sicile // The cause of the recent seismicity in Sicily

On a assisté au cours de la semaine écoulée à une hausse de la sismicité en Sicile. Le dernier événement en date est un séisme de magnitude M 2,9 qui a été enregistré à 5 kilomètres au nord-est de Rosolini, dans la province de Syracuse, à une profondeur de 8 kilomètres. Le 8 décembre 2022, un nouveau séisme de magnitude M 4,1 a été enregistré avec un épicentre entre les municipalités de Mazzarone (Catane), Chiaramonte Gulfi et Acate, dans la région de Raguse.
Les scientifiques de l’INGV ont expliqué que la cause de cette sismicité se trouve sur le complexe Alfeo-Etna, un immense système de failles pouvant atteindre une centaine de kilomètres de long, situé à l’est de l’escarpement ibléo-maltais, qui génère un essaim sismique avec des événements mineurs depuis novembre 2021. Les données géologiques et géophysiques acquises en mer ces dernières années indiquent que la zone de déformation, d’une orientation nord-ouest-sud-est, de la faille Alfeo-Etna modifie le fond marin au large de la côte ionienne en rejoignant, le long de la Timpa d’Acireale, les systèmes de failles actives du versant oriental de l’Etna.
S’agissant de la surveillance de la faille Alfeo-Etna, je vous renvoie à une note que j’ai publiée sur ce blog le 15 février 2021:

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2021/02/15/letude-de-la-faille-au-pied-de-letna-the-study-of-the-fault-at-the-foot-of-mt-etna/

Un scientifique de l’INGV indique que le système de failles Alfeo-Etna représente une frontière cinématique importante entre des blocs qui se déplacent différemment dans l’ouest de la mer Ionienne, dans le contexte de la convergence entre les plaques africaine et européenne.

—————————————-

The past week has seen an increase in seismicity in Sicily. The latest event is an earthquake with a magnitude M 2.9 which was recorded 5 kilometers northeast of Rosolini, in the province of Syracuse, at a depth of 8 kilometers. On December 8th, 2022, a new earthquake with a magnitude M 4.1 was recorded with an epicenter between the municipalities of Mazzarone (Catania), Chiaramonte Gulfi and Acate, in the Ragusa region.
The INGV scientists explained that the cause of this seismicity is on the Alfeo-Etna complex, a huge fault system, up to a hundred kilometers long, located east of the Ibleo-Maltese escarpment which has been generating a seismic swarm with minor events since November 2021. Geological and geophysical data acquired at sea in recent years indicate that the deformation zone, with a northwest-southeast orientation, of the Alfeo-Etna fault modifies the seabed off the Ionian coast as it merges, along the Timpa of Acireale, with the active fault systems of the eastern slope of Mt Etna.
Regarding the monitoring of the Alfeo-Etna fault, you can have a look at a post I published on this blog on February 15, 2021:
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2021/02/15/letude-de-la-faille-au-pied-de-letna-the-study-of-the-fault-at-the-foot-of-mt- etna/

An INGV scientist indicates that the Alfeo-Etna fault system represents an important kinematic boundary between differently moving blocks in the western Ionian Sea, in the context of the convergence between the African and European plates.

Source: INGV