Nouveau réchauffement stratosphérique soudain // New sudden stratospheric warming

Un réchauffement stratosphérique soudain (en anglais Sudden Stratospheric Warming ou SSW) est un phénomène météorologique pendant lequel le vortex polaire dans l’hémisphère hivernal voit ses vents généralement d’ouest ralentir ou même s’inverser en quelques jours. Un tel phénomène va rendre le vortex plus sinueux, voire le rompre. Le changement est dû à une élévation de la température stratosphérique de plusieurs dizaines de degrés au-dessus du vortex. Elle grimpe très rapidement, passant de -70/-80°C à -10/-20°C degrés (soit une élévation d’une soixantaine de degrés en quelques jours).  Pour rappel, la stratosphère est la couche atmosphérique située au dessus de celle où nous vivons – la troposphère – à une altitude située entre 10 et 50 km environ.

Durant un hiver habituel dans l’hémisphère nord, plusieurs événements mineurs de réchauffement stratosphérique se produisent, avec un événement majeur environ tous les deux ans. Dans l’hémisphère sud, les SSW semblent moins fréquents et moins bien compris.

En conséquence, un réchauffement stratosphérique soudain et ses implications pour le vortex polaire peuvent avoir de sérieuses conséquences sur le climat de nos latitudes. L’air froid peut se retrouver piégé dans le jet stream (frontière entre l’air froid polaire et de l’air doux des tropiques) et être décalé jusqu’à nos latitudes, dans des régions peu habituées à un froid glacial, comme ce fut le cas en mars 2018 en Europe ou en février 2012 en France. Ces épisodes de SSW ne semblent toutefois pas avoir de relation avec le réchauffement climatique actuel ; ce sont de simples événements climatiques ponctuels.

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Les températures à haute altitude au-dessus du pôle Nord montent actuellement en flèche ; elles ont atteint 10°C en à peine une semaine. Ce réchauffement stratosphérique soudain perturbe le vortex polaire, ce qui pourrait avoir des conséquences importantes pour les conditions météorologiques dans l’hémisphère nord au mois de mars.
Cependant, le phénomène est encore mal compris et les scientifiques, bien qu’ils aient réussi à prévoir cet événement de réchauffement il y a deux semaines, disent qu’il est trop tôt pour savoir quel impact cela aura sur la météo dans les latitudes inférieures. Ces événements de réchauffement, qui se produisent en moyenne deux hivers sur trois, ne se déroulent pas toujours de la même manière.
Il se dit que l’événement actuel pourrait déclencher une réaction en chaîne qui chamboulerait les modèles météorologiques. Par exemple, l’est des États-Unis a connu des mois de janvier et de février exceptionnellement doux. Certains précédents réchauffements stratosphériques soudains accompagnés de perturbations du vortex polaire ont provoqué des vagues de froid extrêmes et de violentes tempêtes hivernales.
La dernière fois qu’un réchauffement stratosphérique soudain s’est produit, c’était le 5 janvier 2021. Un peu plus d’un mois plus tard, une vague d’air froid jamais vue depuis 1989 a plongé le centre des États-Unis dans une période de gel historique, provoquant la mise à l’arrêt du réseau électrique au Texas, un bilan de 330 morts, et plus de 27 milliards de dollars de dégâts.
Les scientifiques interrogés sur l’événement en cours disent qu’il est trop tôt pour savoir s’il déclenchera des conditions météorologiques extrêmes ou modifiera de manière significative les régimes météorologiques en cours dans l’hémisphère nord.

Les premiers jours du mois de mars s’annoncent froids en France, avec un épisode de vent de nord-nord-est d’une longueur inhabituelle. Reste à savoir si ces conditions météorologiques sont liées à un réchauffement stratosphérique soudain.

Source: Météo France,The Weather Channel.

En cliquant sur ce lien, vous aurez une très bonne explication (en anglais) du réchauffement stratosphérique soudain et du comportement du vortex polaire.

https://youtu.be/VnlFFaF_l7I

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A Sudden Stratospheric Warming (SSW) is a meteorological phenomenon during which the polar vortex in the winter hemisphere sees its generally westerly winds slow down or even reverse within a few days. Such a phenomenon will make the vortex more sinuous, or even break it. The change is due to a rise of several tens of degrees in stratospheric temperature above the vortex. It climbs very quickly, going from -70 / -80 ° C to -10 / -20 ° C degrees (an increase of about sixty degrees in a few days). As a reminder, the stratosphere is the atmospheric layer located above the one where we live – the troposphere – at an altitude between 10 and 50 km approximately.

During a typical winter in the northern hemisphere, several minor stratospheric warming events occur, with one major event occurring approximately every two years. In the southern hemisphere, SSWs appear to be less frequent and less well understood.

As a result, sudden stratospheric warming and its implications for the polar vortex can have serious consequences for the climate of our latitudes. Cold air can get trapped in the jet stream (border between cold polar air and mild tropical air) and be shifted to our latitudes, in regions not used to freezing cold, like this was the case in March 2018 in Europe or in February 2012 in France. However, these episodes of SSW do not seem to have any relation to current global warming; they are simple one-off climatic events.

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Temperatures at the high altitudes above the North Pole are currently soaring, jumping up to 10°C in barely a week. This SSW is disturbing the polar vortex, which in turn could have major implications for weather patterns across the northern hemisphere in March.

However, the phenomenon is still poorly understood and scientists, despite successfully predicting this warming event two weeks ago, say it is too soon to know what it will mean for the weather in the lower latitudes. These events, which occur in two out of every three winters on average, don’t play out in a prescribed way.

There has been some speculation that the current event could trigger a chain reaction that would reshuffle weather patterns. For instance, the eastern U.S. has seen an exceptionally mild January and February and some previous sudden stratospheric warming and polar vortex disruptions have precipitated extreme cold snaps and severe winter storms.

The last time a sudden stratospheric warming event occurred was on January 5th, 2021. Just over a month later, the most dramatic cold air outbreak since 1989 plunged the central U.S. into a historic deep freeze, causing the collapse of Texas’s power grid, claiming at least 330 lives and incurring more than $27 billion in damages.

Multiple experts interviewed about the ongoing event say it’s too soon to know whether this one will trigger extreme weather or meaningfully change prevailing weather regimes over the northern hemisphere.

The first days of March are expected to be cold in France, with an unusually long episode of north-northeast winds. It remains to be seen whether these meteorological conditions are linked to a sudden stratospheric warming.

Source: Météo France,The Weather Channel.

By clicking on this link, you will get a very good explanation of the Sudden Stratospheric Warming and the behaviour of the polar vortex :

https://youtu.be/VnlFFaF_l7I

Variables de comportement du vortex polaire dans l’hémisphère nord : stable, décalé, rompu  (Source: Met Office)

Veuillez attacher vos ceintures ! // Please fasten your seatbelts !

Il y a de très mauvaises conditions météo ces jours-ci sur le continent américain, mais aussi à Hawaï, et le trafic aérien peut être sérieusement affecté par de fortes turbulences. Les passagers doivent garder leur ceinture attachée lorsque le signal est allumé dans l’avion.
Le vol 35 d’Honolulu Airlines entre Phoenix et Hawaï a rencontré de fortes turbulences environ 30 minutes avant d’atterrir à Honolulu le 18 décembre 2022, et certains passagers ont été éjectés de leur siège. L’Airbus A330 s’est posé sans encombre, mais 36 personnes ont été blessées lors de l’événement, dont 11 grièvement.
La compagnie aérienne n’avait jamais connu un tel incident. Le vol était complet, avec 278 passagers et 10 membres d’équipage. Certains voyageurs ont subi des coupures, notamment à la tête, ainsi que des bosses et des ecchymoses, tandis que d’autres souffraient de nausées et vomissaient à la suite des violentes secousses.
Les turbulences ont été céusées par une forte tempête – connue sous le nom de tempête Kona ou dépression de Kona – qui peut affecter Hawaï avec des vents violents, des orages, de fortes pluies accompagnées d’inondations.
Source  : médias d’information hawaïens.

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There are very poor wintry conditions these days in continental U.S. But also in Hawaii and air trafic can be seriouly affected by strong turbulences. Passengers are warned they should keep their seatbelts fastened when the seatblet sign is on in the plane.

Honolulu Airlines flight 35 from Phoenix to Hawaii encountered severe turbulence roughly 30 minutes before landing in Honolulu on December 18th, 2022, causing some passengers to fly out of their seats. While the Airbus A330 landed safely, 36 people were injured during the event, of which 11 seriously.

The airline hadn’t experienced an incident of this nature in recent history The flight was full, carrying 278 passengers and 10 crew members. Some travellers suffered cuts, including to the head, as well as bumps and bruises while other were nauseous and vomited as a result of extreme motion.

The turbulence was caused by a strong storm — known as Kona storm and Kona low — affecting Hawaii with a variety of weather hazards, including damaging high winds, potentially severe thunderstorms, heavy rain and flooding.

Source : Hawaiian news media.

Météo et climat : ne pas confondre !

A en juger par les commentaires sur les réseaux sociaux – Facebook en particulier – beaucoup de gens ont encore des doutes sur l’existence du réchauffement climatique. Il suffit que notre pays traverse une période un peu froide pour que ces mêmes personnes se posent des questions sur la hausse des températures sur notre planète. Qu’elles aillent donc demander ce qu’en pensent les responsables des stations de sports d’hiver qui reculent leur date d’ouverture les uns après les autres. Et ce n’est pas fini au vu du redoux significatif prévu la semaine prochaine.

Il faudrait que ces négationnistes en herbe apprennent avant tout à faire la différence entre les mots « météo » et « climat ». La météo s’intéresse au temps qu’il va faire à court terme alors que le climat couvre des périodes beaucoup plus longues comme une décennie ou un siècle. Ainsi, on s’aperçoit qu’aujourd’hui, la température moyenne d’un mois de janvier en France est 1,34°C plus élevée qu’il y a 100 ans, malgré des périodes de froid exceptionnelles comme au mois de janvier 1985.

Voilà pourquoi la météo et le climat sont deux choses bien différentes. Dire que le réchauffement climatique n’existe pas simplement parce qu’il fait froid dehors n’est pas très futé !

Le réchauffement climatique est un phénomène progressif, même si les statistiques actuelles montent qu’il a tendance à s’accélérer – il faut le noter – parallèlement aux concentrations de gaz carbonique dans l’atmosphère. Il ne fait guère de doute que les banquises polaires et nos glaciers vont continuer à fondre. Les chutes de neige en montagne vont prendre de l’altitude. C’est pour cela que les stations de basse et moyenne altitude, les plus exposées au réchauffement climatique, ont intérêt à se diversifier rapidement si elles ne veulent pas connaître de graves difficultés.

J’ai indiqué sur ce blog le 7 décembre dernier que 2022 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée en France, malgré la fraîcheur de ce mois de décembre. La moyenne sera comprise entre 14,2°C et 14,6°C.

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2022/12/07/2022-lannee-la-plus-chaude-en-france-2022-the-hottest-year-in-france/

Donc plus de doute à avoir, le réchauffement climatique est là et même bien là, peu importe le temps qu’il fait dehors !

La Mer de Glace et les autres glaciers vont continuer à reculer et s’amincir. Gare à l’alimentation en eau dans certaines régions du monde!

Mon livre « Glaciers en Péril » (15 euros sur commande; 10 euros lors de mes conférences) reste plus que jamais d’actualité!

Islande : temps pourri et fermeture du site de l’éruption // Iceland : poor weather conditions and closure of the eruption site

Mauvaises conditions météorologiques dans le sud-ouest de l’Islande le 7 août 2022. Une alerte météo a été émise par le Met Office. La dernière mise à jour indique : « Des vents sont prévus avec des vitesses de 49 km/h à 65 km/h sur la péninsule de Reykjanes, y compris le site de l’éruption. Fortes pluies et conditions de brouillard avec une mauvaise visibilité. Risque pour les voitures avec remorques ou camping-cars et mauvaises conditions pour randonneurs ou cyclistes. Se rendre sur le site de l’éruption pendant l’alerte météo est dangereux et le site de l’éruption pourrait être fermé.
On aperçoit parfois l’éruption dans le brouillard. Il semble qu’elle soit un peu moins intense que les jours précédents, ce qui est confirmé par le tremor éruptif. La sismicité est faible sur la péninsule. Mais tout peut changer rapidement….

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Dernière minute : En raison des conditions météorologiques défavorables susmentionnées, la police a finalement décidé de fermer l’accès au site de l’éruption dans la Meradalir. L’interdiction d’accès a commencé à 5 heures du matin le 7 août 2022 et la décision sera réévaluée le 8 août dans l’après-midi.
Si vous aimez les foules, c’est le moment d’aller en Islande ! Le 6 août, on a comptabilisé 4 666 personnes sur le site de l’éruption!

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Poor weather conditions in SW Iceland on August 7th, 2022. A weather warning has been released by the Met Office. The latest update says: « Winds are forecast with speeds 49 km/h-65 km/h in the Reykjanes peninsula, including the eruption site. Heavy rain and foggy conditions with poor visibility. Risk to cars with trailers or RVs and bad condition for hikers or cyclists. Traveling to the eruption site during the warning is unsafe and might be closed. »

The eruption can sometimes be seen through the fog. It looks as if it is a bit less intense than during the previous days, which seems to be confirmed by the eruptive tremor. Seismicity is low on the peninsula. But everything may change rapidly….

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Last minute : Because of the above-mentioned adverse weather conditions, the police has finally decided to close access to the eruption site at Meradalir. It started at 5 AM on August 7th, 2022 and the decision will be reevaluatedon August 8th in the afternoon.

If you like crowds, it is time for you to go to Iceland! On August 6th, there were 4,666 hikers at the eruption site!