Nouvel effondrement de l’Arête des Cosmiques

Ce qui vient de se passer au pied de l’Aiguille du Midi rappelle l’événement survenu le 22 août 2018 (voir ma note du 24 août de cette même année). Selon le refuge des Cosmiques, un nouvel effondrement s’est produit ce mercredi 31 août au matin. Après le bivouac de la Fourche et la face nord de la Tour ronde, la face sud de l’Aiguille du Midi fait à son tour les frais du dégel du permafrost de roche et du réchauffement climatique de cet été.

Vous pourrez assister à l’effondrement en cliquant sur cette page de Montagnes Magazine :

https://www.montagnes-magazine.com/actus-video-eboulements-arete-cosmiques

Photo: C. Grandpey

Quelques nouvelles du Mauna Loa (Hawaii) // Some news of Mauna Loa (Hawaii)

Culminant à 4 169 mètres d’altitude, le Mauna Loa est le plus haut volcan du monde. La montagne s’élève à 17 kilomètres au-dessus de sa base qui s’enfonce dans le fond de l’océan. La superficie de sa partie émergée, 5 271 km2, représente plus de la moitié de la surface de la Grand Ile d’Hawaii.
Le Mauna Loa n’a pas connu d’éruption depuis 38 ans après s’être manifesté presque tous les sept ans au début du 20ème siècle. La dernière éruption a eu lieu entre le 25 mars et le 15 avril 1984. Cependant, le Mauna Loa s’agite parfois dans son sommeil et il nous rappelle qu’il se réveillera un jour et entrera de nouveau en éruption.
Les scientifiques de l’Observatoire des Volcans d’Hawaii (le HVO) ont observé le début d’un essaim sismique sur le Mauna Loa dans la soirée du 2 août 2022; il a duré jusqu’aux premières heures du 3 août. Sur une période d’environ 10 heures, 90 événements ont été localisés sous la région sommitale du volcan. De nombreux autres séismes ont été détectés, mais ils étaient de trop faible intensité pour être localisés avec précision. Le nombre total de séismes au cours de l’essaim a culminé à plus de 200 par heure.
Tandis que l’essaim se produisait, les scientifiques du HVO ont essayé de comprendre où se trouvait sa source et si l’activité était en train de migrer. Les séismes ont été localisés à environ 3 km sous le sommet du Mauna Loa. Ils ne se déplaçaient pas horizontalement ou verticalement au fil du temps. Le fait que la sismicité ne se rapprochait pas de la surface était le signe qu’il n’y avait pas d’ascension du magma et qu’une éruption était donc peu probable.
Des essaims similaires se sont produits sous le sommet du Mauna Loa dans le passé. Au printemps 2021, un essaim sous le sommet a inclus un millier d’événements sur une période de sept semaines avec une pointe de 40 secousses par jour.
Un autre paramètre intéressant concerne la déformation de l’édifice volcanique. Un inclinomètre installé dans la partie nord de Moku’āweoweo – la caldeira sommitale du Mauna Loa – a montré une légère inflation d’environ 1,5 microradians. Ce n’est que la deuxième fois depuis l’installation d’inclinomètres électroniques en 1999 qu’un instrument au sommet du Mauna Loa montre un mouvement du sol associé à une activité volcanique. La première fois, c’était pendant l’activité du printemps 2021.
Le réservoir magmatique du Mauna Loa se recharge lentement depuis des décennies. En observant l’évolution de l’activité au cours des 18 derniers mois, les scientifiques du HVO se demandent ce qu’elle indique sur les processus en cours au sein du Mauna Loa. Les changements observés au niveau la déformation du sol tendent à montrer des processus moins profonds que par le passé sur le Mauna Loa.
L’activité sismique et la déformation du sol sont revenues aux niveaux qui ont précédé l’événement d’août 2022 et les scientifiques du HVO affirment qu’une éruption n’est pas imminente.
Source : USGS, HVO.

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Culminating at 4,169 meters above sea level, Mauna Loa is the highest volcano in the world. It rises 17 kilometers above its base, which sinks into the ocean floor, and the area of its emerged part, 5,271 km2, represents more than half of the surface of Hawaii Big Island.

Mauna Loa has not erupted in 38 years after erupting nearly every seven years in the early 20th century. The last eruption was between March 25th and April 15th, 1984. However, Mauna Loa occasionally stirs in its slumber and reminds us that it will someday awake and erupt again.

Most recently, scientists at the Hawaiian Volcano Observatory (HVO) observed the start of a seismic swarm on Mauna Loa in the evening of August 2nd, 2022, until the early hours of August 3rd. Over a period of about 10 hours, 90 earthquakes were located beneath Mauna Loa’s summit region, and many more earthquakes were detected, but they were too small to precisely locate. The total number of earthquakes peaked at over 200 per hour.

As the swarm was happening, HVO scientists tried to understand where the earthquakes were located, and whether the activity was migrating.

The earthquakes occurred around 3 km below the surface of Mauna Loa’s summit and their locations did not shift horizontally or vertically to another region or depth over time. The observation that the earthquakes did not get shallower was a comforting indicator that the swarm was unlikely to be from magma rapidly ascending into an eruption.

Similar swarms have happened beneath Mauna Loa’s summit in the past. During the Spring of 2021, an earthquake swarm beneath Mauna Loa’s summit produced about a thousand events over a span of seven weeks with a peak rate of 40 earthquakes per day.

Another interesting parameterwas a change in the deformation of the volcanic edifice. A tiltmeter on the north side of Moku‘āweoweo – Mauna Loa’s summit caldera – showed a change of about 1.5 microradians. This reflected a tiny inflation of Mauna Loa.

This is only the second time since electronic tiltmeters were installed in 1999 that a tiltmeter at Mauna Loa’s summit has shown ground movement associated with volcanic activity. The first time was during the Spring 2021 activity.

Mauna Loa’s magma storage system has been slowly recharging for decades and these new observations over the past 18 months lead HVO scientists to ask what these observations indicate about processes occurring within Mauna Loa. The changes observed in ground deformation reinforce an interpretation that shallower processes than in the past are occurring on Mauna Loa.

Both earthquake activity and ground deformation have returned to previous levels following the August 2022 event and HVO scientists say an eruption is not imminent.

Source: USGS, HVO.

Le Mauna Loa et la Mauna Kea, deux géants à Hawaii (Source: Wikipedia)

Mauna Loa, le parfait volcan bouclier

Caldeira sommitale du Mauna Loa (Photos: C. Grandpey)

Eté météorologique 2022 : le 2ème plus chaud en France

L’été météorologique se termine officiellement le 31 août 2022, mais Météo France est déjà en mesure d’annonce que l’été 2022 en France a été le deuxième plus chaud après 2003, avec des pics de chaleur « exceptionnels ». On remarquera que les 10 étés les plus chaud figurent tous dans les deux décennies écoulées. C’est assez logique étant donné que le réchauffement climatique tel que nous les connaissons à l’heure actuel a commencé vers 1975.

Durant cet été météorologique, on a enregistré une température moyenne de 22,67°C, contre 23,10°C lors de l’été 2003.

L’été 2022 a été marqué par plusieurs records de température. Les 42 degrés Celsius ont été atteints à Nantes le 18 juillet, un record absolu. De plus, il n’y a pas eu de journées fraîches depuis début juillet

La mer a, bien sûr, subi les effets de ces fortes chaleurs. Ainsi, la température de la Méditerranée a enregistré une hausse de l’ordre de « 4 à 5 degrés » par rapport aux normales saisonnières.

On va maintenant attendre le bilan d’agences comme la NASA, la NOAA et ERA5 pour savoir comment s’est comporté l’été 2022 à l’échelle de la planète.

Source: Météo France.

Les vagues de chaleur en France depuis 1947. 2022 n’y figure pas encore. (Source: Météo France)

Crues glaciaires et inondations catastrophiques au Pakistan // Glacial outbursts and Pakistan’s disastrous floods

Depuis le mois de juin 2022, les inondations au Pakistan causées par le réchauffement climatique, les pluies de mousson, la négligence des autorités locales et la fonte des glaciers ont tué plus de 1 100 personnes. Il s’agit des inondations les plus meurtrières au monde depuis celles de 2017 en Asie du Sud. Le 25 août 2022, le gouvernement pakistanais a déclaré l’état d’urgence.
Les glaciers des chaînes de montagnes du nord du Pakistan (Hindu Kush, Himalaya et lKarakorum) fondent rapidement en raison de la hausse des températures, et quelque 3 044 lacs glaciaires se sont formés dans ces zones de montagnes. Parmi ces lacs, 33 sont exposés à des crues glaciaires dangereuses. Il s’agit d’événements soudains qui peuvent provoquer le déferlement de millions de mètres cubes d’eau et de matériaux, avec à la clé la perte de vies, de biens et de moyens de subsistance dans les villages de montagne isolés et souvent très pauvres. Plus de 7,1 millions de personnes sont vulnérables dans une région où 25% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Les lacs glaciaires sont des étendues d’eau naturelles qui sont retenues par de la glace ou des moraines. Un débordement de ces lacs peut être causé par une foule de facteurs : des avalanches de glace ou de roche, l’effondrement du barrage morainique dû à la fonte de la glace à l’intérieur, des séismes ou des arrivées soudaines d’eau dans le lac, à cause de fortes pluies ou la vidange soudaine de lacs. en amont sur le glacier.
Une étude récente a donné plus de détails sur les effets du réchauffement climatique sur les crues glaciaires. Selon des analyses détaillées s’appuyant sur 40 ans de mesures satellitaires, les glaciers ont perdu l’équivalent de près de 45 centimètres de glace par an depuis l’an 2000. Il s’agit de l’analyse récente la plus fiable sur l’influence du réchauffement climatique sur les glaciers de l’Himalaya. . On peut lire que « si une population réside à moins de 20 kilomètres en aval d’un lac glaciaire, le danger est bien réel. Ces endroits nécessitent une bonne surveillance et un important travail de prévention pour éviter des drames. »
Les inondations causées par des débordements de lacs glaciaires ne sont pas un phénomène nouveau au Pakistan. De tels phénomènes se sont souvent produits dans la partie nord du pays au cours des vingt dernières années. Une jeune fille a été tuée et 11 autres personnes ont été blessées à Chitral en 2020 lorsqu’une crue glaciaire a emporté six maisons et endommagé 16 autres. L’inondation ainsi provoquée a également dévasté les champs de blé et de haricots, ce qui a entraîné des pertes financières importantes pour la population locale.
La vidange brutale d’un lac glaciaire affecte les régions en aval avec des crues soudaines et des coulées de boue et de matériaux. Le Pakistan compte environ 7 000 glaciers, dont 3 044 ont donné naissance à des lacs glaciaires. Beaucoup d’autres sont considérés comme dangereux en raison de la hausse des températures. Au moins 7 millions de personnes dans le Gilgit Baltistan et le Khyber Pakhtunkhwa sont menacées par les futurs lacs glaciaires.La principale mesure à prendre pour éviter une crue glaciaire consiste à réduire le volume d’eau dans le lac afin de limiter le débit maximum en cas de crue. Des mesures devraient également être prises en aval, dans la zone exposée aux crues glaciaires, afin de protéger les infrastructures.
Source: Environmental News and Articles from Pakistan (ENVPK).

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Since June 2022, floods in Pakistan caused by global warming, monsoon rains, negligence of local authorities, and melting glaciers have killed more than 1,100 people. It is the world’s deadliest flood since the 2017 South Asian floods. On August 25th, 2022, Pakistan declared a state of emergency.

Glaciers in Pakistan’s northern mountain ranges (Hindu Kush, Himalayas, and Karakorum) are melting quickly due to rising temperatures, and a total of 3,044 glacial lakes have formed in these mountains. Of them, 33 glacial lakes have been identified as being vulnerable to dangerous glacial lake outburst floods (GLOF). GLOFs are abrupt events that can cause the release of millions of cubic meters of water and debris, resulting in the loss of lives, property, and livelihoods in isolated and impoverished mountain villages. Over 7.1 million people are vulnerable in this region where 25 percent of the population is living below the poverty line.

Glacial lakes are natural water reservoirs that have been dammed by ice or moraines. A lake outburst can be caused by a variety of factors: ice or rock avalanches, the collapse of the moraine dam due to the melting of buried ice, earthquakes, or sudden inputs of water into the lake, such as heavy rains or drainage from lakes further up the glacier.

A recent study has given more details about the effects of climate change on glacial outbursts. According to detailed research based on 40 years of satellite measurements, glaciers have lost the equivalent of almost 45 centimeters of the ice per year since 2000. The research represents the most recent trustworthy analytical result on the influence of climate change on the glaciers of the Himalayas. One can read that « if a population resides fewer than 20 kilometers downstream of a glacier lake, the hazard is greater. These places require careful monitoring and preparation to avoid casualties. »

Flooding caused by glacial lake outbursts is not a new phenomenon in Pakistan. Such glacier outbreaks have occurred often in the northern sections of the nation over the previous two decades. A young girl was killed and 11 others were injured in Chitral in 2020 when a glacier flood washed away six houses and damaged 16 others. The glacier flood also devastated wheat and bean fields, resulting in significant financial losses for local households.

A glacier lake’s unexpected eruption affects downstream regions with flash floods and debris flow. Pakistan has around 7,000 glaciers, 3,044 of which have generated glacial lakes. Many others have been identified as a possible concern as a result of rising temperatures. At least 7 million people in Gilgit Baltistan and Khyber Pakhtunkhwa are at risk from future glacial lakes. The most essential mitigating method for minimising GLOF risk is to minimize lake capacity in order to limit peak surge discharge. Measures should be done downstream in the GLOF prone area to safeguard infrastructure from the devastating powers of the GLOF surge.

Source: Environmental News and Articles from Pakistan (ENVPK).

 

Ces deux images prises par le satellite Landsat 8 de la NASA montrent l’apparition d’un lac glaciaire devant le front du glacier Shishpar dans le nord du Pakistan. La photo de gauche a été réalisée en avril 2018, celle de droite un an plus tard…