Essaim sismique sur la Péninsule de Reykjanes (suite) // Seismic swarm on the Reykjanes Peninsula (continued)

Même s’il semble avoir perdu un peu d’intensité, l’essaim sismique se poursuit sur la Péninsule de Reykjanes. Ce dimanche 31 juillet 2022, on enregistre toujours des événements d’une magnitude supérieure à M 3,0., mais un seul a dépassé M 4,0 (M 4,2 en tout début de matinée). La plupart des hypocentres se trouvent entre 3 et 4 km de profondeur. Selon les volcanologues islandais, cette sismicité est probablement due à une intrusion magmatique ou à des mouvements de magma sous la surface.

La grande question est de savoir si la lave percera la surface. De toute évidence, personne n’est en mesure d’y répondre. Nous savons observer et décrire les éruptions, mais nous ne savons pas les prévoir, même si des progrès ont été réalisés au cours des dernières années. Lors de la dernière crise sismique du même type sur la péninsule, le magma était resté caché sous la surface.

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20 heures (heure française / 18 heures GMT): Alors que la sismicité semblait se stabiliser, voire marquer le pas, sur la péninsule de Reykjanes, plusieurs événements viennent d’être enregistrés avec des magnitudes de M 5,4, M 4,7, M 3,0, M4,3, M 3,4 e M 3,0, entre 17h48 et 17h 59 (GMT). Les hypocentres restent à faible profondeur, compris entre 0,7 et 4,3 km.

Effet du séisme de M 4,7 sur le cratère principal laissé par la dernière éruption:

 

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Although it seems to have lost some intensity, the seismic swarm continues on the Reykjanes Peninsula. This Sunday, July 31st, 2022, events with a magnitude greater than M 3.0 are still recorded, but only one exceeded M 4.0 (M 4.2 very early this morning). Most hypocentres are between 3 and 4 km deep. According to Icelandic volcanologists, this seismicity is probably due to magmatic intrusion or movements of magma below the surface.
The big question is whether lava will break through the surface. Obviously, no one is able to answer this question. We know how to observe and describe eruptions, but we do not know how to predict them, although progress has been made in recent years. During the last seismic crisis of the same type on the peninsula, the magma had remained hidden under the surface.

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8 p.m. (French time / 6 p.m. GMT): While seismicity seemed to stabilize, or even decrease, on the Reykjanes peninsula, several events have just been recorded with magnitudes of M 5.4, M 4.7, M 3.0 , M4.3, M 3.4 e M 3.0, between 5:48 p.m. and 5:59 p.m. (GMT). The hypocenters remain at shallow depths, between 0.7 and 4.3 km.

 

Source : IMO

La fonte des glaciers alpins dans les médias

Les médias français semblent avoir enfin pris conscience de la gravité de la situation glaciaire dans les Alpes et de plus en plus de reportages sont consacrés à ce sujet. Ainsi, BFMTV explique que le réchauffement climatique a un effet dévastateur et que les glaciers fondent à vue d’oeil, avec jusqu’à cinq centimètres d’épaisseur perdus par jour., et des conséquences parfois irréversibles.

La fonte glaciaire dans les Alpes dépasse les prévisions les plus optimistes des scientifiques. On pense maintenant qu’ils pourraient connaître leur plus forte perte de masse depuis au moins 60 ans, autrement dit depuis que les relevés sont effectués dans le massif.

Comme je l’ai rappelé à plusieurs reprises, pour avoir une idée de la santé d’un glacier, il faut observer sa zone d’accumulation – là où il prend naissance – et le débit de l’eau de fonte à son front. Un équilibre doit exister entre les deux zones, or ce n’est plus le cas. En observant la différence entre la quantité de neige tombée en hiver et la quantité de glace qui fond en été, les scientifiques s’aperçoivent que le glacier rejette un volume d’eau plus important que celui correspondant à la neige de l’amont.

Les chaleurs extrêmes et les nombreux épisodes caniculaires ont affaibli les glaciers des Alpes. L’hiver dernier a apporté relativement peu de neige sur le massif qui a ensuite subi deux grandes vagues de chaleur en début d’été 2022. Le thermomètre a frôlé les 30 degrés dans certaines zones montagneuses. En juillet, l’isotherme zéro degré s’est calé à 5184 mètres d’altitude, alors que le niveau habituel se situe entre 3000 et 3500 mètres. C’est presque 500 mètres plus haut que le Mont Blanc!

Les glaciers des Alpes sont petits, comparés à ceux des zones arctiques ou himalayennes. Ils sont donc plus vulnérables au changement climatique. Les températures dans les Alpes se réchauffent d’environ 0,3°C par décennie, soit environ deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Les conséquences sont terribles. D’ici 2100, les glaciers des Alpes devraient perdre plus de 80% de leur masse actuelle et il est trop tard pour faire machine arrière. Rien n’est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et, en supposant que des mesures soient prises, la fonte se poursuivra encore pendant des décennies.

Exemple de la fonte glaciaire ultra rapide dans les Alpes, le glacier suisse de Morteratsch s’est aminci de 200 mètres et a reculé à certains endroits de trois kilomètres. Le glacier voisin et parallèle Pers a aujourd’hui tellement reculé qu’une bande de sable le sépare de Morteratsch.

Beaucoup de glaciers ne sont plus recouverts de leur couche de neige protectrice et subissent donc de plein fouet les rayons de soleil et les températures douces. Les données montrent que le Morteratsch perd actuellement environ cinq centimètres par jour. La couverture des glaciers à l’aide de bâches blanches est une solution très provisoire. C’est mettre un emplâtre sur une jambe de bois.

Outre l’inquiétude environnementale, la disparition de glaciers révèle aussi des craintes économiques et patrimoniales pour les habitants des Alpes. Des conflits territoriaux ont commencé à voir le jour. L’accès à certains villages pourrait devenir trop dangereux et instable, alors que des stations de ski dépendent des glaciers.

C’est anecdotique et, en soi, quelque peu amusant : le refuge des Guides du Cervin, construit en Italie à 3480 mètres d’altitude, se trouve désormais en grande partie sur le territoire suisse en raison de la fonte du glacier de Théodule! Le glacier a perdu près d’un quart de sa masse entre 1973 et 2010, et laissé place à de la roche. C’est cette fonte qui a forcé la Suisse et l’Italie à revoir leur frontière, normalement définie par la ligne de séparation des eaux, dont l’écoulement vers le nord marque le territoire suisse, et celui vers le sud, l’Italie.

Avec la fonte du glacier de Théodule, les deux tiers du refuge se trouvent désormais du côté suisse. La position stratégique de la bâtisse attise les convoitises car elle est située à la jonction de Zermatt-Cervinia, une des plus grandes stations de ski au monde.

Le refuge a donc fait l’objet d’intenses négociations diplomatiques pendant plus de trois ans, jusqu’à ce qu’un compromis soit trouvé en 2021, mais les clauses du nouveau contrat n’ont pas été révélées. Ces années de négociation ont retardé la rénovation du refuge, aucun des villages des deux côtés de la frontière n’étant en mesure de délivrer le permis de construire. Les travaux ne seront pas terminés pour l’ouverture d’un nouveau téléphérique qui devrait permettre, fin 2023, d’accéder au Petit Cervin, un des plus hauts sommets skiables d’Europe (3883 m) depuis l’Italie.

Source: BFMTV.

Le glacier supérieur de Théodule (à gauche) et le glacier inférieur de Théodule (à droite) depuis le téléphérique du Petit Cervin (Source: Wikipedia)

La triste fin des glaciers pyrénéens

Les glaciers pyrénéens – ou ce qu’il en reste – vont mal, très mal. Dans des notes intitulées « L’agonie des glaciers pyrénéens » ou « Point de non-retour pour les glaciers pyrénéens », j’ai expliqué qu’ils se dirigeaient vers une disparition certaine car ils ne sont pas en mesure de faire face aux assauts du réchauffement climatique.

Il reste près de 25 glaciers dans la chaîne pyrénéenne, contre 45 au début des années 2000. Les épisodes de très forte chaleur que nous venons de traverser ont encore accéléré leur déclin. Cela s’ajoute à un faible cumul de neige au cours de l’hiver.

Les glaciologues pensent que les glaciers pyrénéens auront disparu en 2050 mais, au train où vont les choses, cette prévision pourrait se révéler trop optimiste. Certains, déjà en mauvais état, pourraient disparaître plus tôt que les prévisions.

A la sortie de l’hiver dernier, les bilans des mesures d’accumulation de la neige n’étaient déjà pas brillants. Les mesures réalisées sur le glacier d’Ossoue au Vignemale ont montré la valeur la plus faible enregistrée après 2006 au cours des vingt dernières années. La même faiblesse d’accumulation de neige a été enregistrée sur le glacier de la Maladeta, côté espagnol. Or, on sait que la zone d(‘accumulation joue un rôle essentiel pour un glacier. C’est elle qui le fait vivre. L’accumulation s’équilibre avec la fonte du glacier, mais avec le réchauffement climatique, cet équilibre est rompu depuis longtemps sur les glaciers pyrénéens.

Et puis, il y a la hausse des températures en altitude. La fraîcheur d’autrefois, qui ralentissait le fonte, a disparu. En 2022, il n’y a pas eu de gelées en altitude dans les Pyrénées depuis le 27 mai. On se retrouve dans la situation de l’année 2018 où il n’y avait pas eu de gelées de fin mai-début juin jusqu’au 1er octobre. Une différence avec 2019, c’est qu’en 2022, le printemps a été très chaud. De plus, en 2018, il y avait eu beaucoup de neige, ce qui n’a pas été le cas l’hiver dernier.

Il fait très chaud en altitude et des records ont été égalés en 2022. Pendant plusieurs jours au-dessus de 1.500 m, la température a atteint 30°C, voire 33 ou 34°C.

Preuve de la disparition ultra rapide des glaciers pyrénéens, celui qui existait encore il y a une dizaine d’années sur le site remarquable de la brèche de Roland, à la frontière franco-espagnole, a complètement disparu.

Source: Météo France, presse locale.

La chaîne pyrénéenne vue depuis le Pic du Midi de Bigorre: les glaciers manquent cruellement à l’appel (Photo: C. Grandpey)

Le glacier du Vignemale en 2021

Nouvelle activité sismique sur la Péninsule de Reykjanes (Islande) // New seismic activity on the Reykjanes Peninsula (Iceland)

Une phase d’Incertitude a été déclarée sur la péninsule de Reykjanes car un essaim sismique a été enregistré dans la région vers midi le 30 juillet 2022. À 15h00, l’événement était toujours en cours. L’activité sismique la plus importante est observée au nord-est du mont Fagradalsfjall, site de la dernière éruption
On relevait près de 700 événements à 17h30. Cependant, un séisme beaucoup plus important, d’une magnitude de M 4,0 s’est produit plus tôt dans la journée, vers 14h00. Il a été ressenti non seulement autour de Reykjanes, mais aussi dans la région de la capitale ainsi que dans les villages d’Akranes, à environ 95 km au nord-ouest. et Hvolsvöllur, à environ 120 km au sud-est. Une secousse encore plus forte a été enregistrée à 3 km au nord-est de Fagradalsfjall à 16h00, avec une magnitude de M 4,4.
Le premier séisme le plus significatif s’est produit à une profondeur de 5 à 7 km. Selon des scientifiques islandais, cette activité sismique pourrait être le précurseur d’une nouvelle éruption volcanique. L’activité actuellement en cours sur la péninsule de Reykjanes rappelle celle qui s’est produite dans la région vers la fin de l’année dernière. Mais dans ce cas, il n’y a pas eu d’éruption, car le magma n’a pas atteint la surface.
Selon le Met Office islandais, il y a un déplacement latéral du magma à une profondeur de 5 à 7 km. Le Met Office examine très attentivement tout changement de profondeur de l’activité sismique, en particulier si elle devait devenir plus superficielle.
Une phase d’Incertitude signifie qu’il y aura une intensification de la surveillance sur la péninsule de Reykjanes et de toute évolution de l’activité sismique dans le secteur. Une phase d’Incertitude ne signifie pas, non plus, qu »un état d’urgence particulier a été mis en place. Cela signifie que si la situation continue de progresser, il pourrait y avoir un danger pour la sécurité des personnes, des zones habitées ou de l’environnement.
Le Met Office a également émis une alerte Jaune pour l’aviation et a indiqué que des chutes de pierres et des glissements de terrain pourraient se produire dans les zones escarpées. Il est conseillé aux voyageurs d’être prudents sur les routes de montagne et dans les zones de collines pentues.
Source : médias d’information islandais.

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An Uncertainty Phase has been declared on the Reykjanes Peninsula after a seismic swarm started rocking the area around noon on July 30th, 2022. As of 3:00 pm, the earthquakes were still underway. The most significant seismic activity is concentrated to the northeast of Mt. Fagradalsfjall.

Nearly 700 events had been measured as of 5:30 pm. However, a much larger quake, measuring M 4.0 occurred earlier in the day, around 2:00 pm, and was felt not only around Reykjanes, but also throughout the capital area as well as the villages of Akranes, roughly 95 km to the northwest and Hvolsvöllur, about 120 km to the southeast. An even bigger earthquake occurred  3 km northeast of Fagradalsfjall at 4:00 pm,, with a magnitude of M 4.4.

The first large earthquake occurred at a depth of 5-7 km. According to Icelandic scientists, this seismic activity may be a precursor to another volcanic eruption. The activity currently underway on Reykjanes is reminiscent of that which occurred in the area around the end of last year. But in that instance, there was no eruption, as magma did not rise to the surface.

According to the Icelandic Met Office, there is lateral magma movement occurring at a depth of 5-7 km. The Met Office is paying close attention to any change in depth of the seismic activity, particularly if it were to get any more shallow.

An Uncertainty Phase means that there will be additional monitoring of the Reykjanes peninsula and any developments in seismic activity there. An Uncertainty Phase is not indicative of a current state of emergency, but signifies that if conditions continue to progress, there could be danger to the safety of people, inhabited areas, or the environment.

The Met Office has also issued a Yellow aviation weather alert and noted that falling rocks and landslides could easily begin on steep terrain. Travellers are advised to be careful on mountain roadways and in areas surrounded by sheer hills.

Source: Icelandic news media.

Source: Met Office islandais

Vers une nouvelle éruption en Islande? (Photo: C. Grandpey)