Éruption du Nyiragongo (RDC) : un fiasco prévisionnel

L’éruption du Nyiragongo dans la soirée du 22 mai 2021 a surpris tout le monde et déclenché le mouvement de panique que l’on sait au sein de la population de Goma. L’Observatoire Volcanologique de Goma (OVG) n’avait pas prévu cette éruption, et pour cause : il n’était pas en mesure de remplir son rôle, faute de financement. Le site Internet de RFI accuse ouvertement l’Observatoire d’avoir « failli à sa mission. »

Le problème n’est pas nouveau. Un député du Sud-Kivu explique qu’un projet de la Banque Mondiale qui finançait l’OVG a été annulé en août 2020 suite à des détournements d’argent sur fond d’emplois fictifs. L’argent de la Banque Mondiale n’arrivant plus à l’Observatoire, il n’y avait plus de carburant pour conduire les chercheurs vers le Nyiragongo, plus de budget pour l’Internet, etc. Au final, l’OVG était pratiquement en cessation de fonctionnement.

Le député du Sud-Kivu pense que le gouvernement de la RDC aurait dû prendre le relais de la Banque Mondiale et accorder de l’argent à l’OVG. L’Assemblée Nationale a été mise au courant du problème, mais la question est restée sans réponse.

Selon l’Observatoire de la Dépense Publique, le budget alloué à l’OVG sur les deux dernières années était théoriquement d’environ 1,2 million de dollars américains, mais aucun argent n’a été débloqué pour son fonctionnement, faute de feuille de fonctionnement.

Une délégation gouvernementale est à Goma pour remettre de l’ordre dans la maison. Il serait grand temps car le Nyiragongo a fait payer cash les négligences du passé. Le directeur scientifique de l’OVG indique que des équipes sont déployées sur le terrain pour survoler et surveiller la zone dangereuse. Un survol du Nyiragongo a été effectué le 24 mai mais la couverture nuageuse n’a pas permis de voir si le lac de lave existait toujours. Les retombées de cendre observées à Goma le 25 mai laissent supposer que le cratère s’est vidangé. A confirmer.

La prévision volcanique aurait-elle été meilleure si l’Observatoire avait été opérationnel ? La question reste sans réponse.

Source : RFI.

Source : Virunga Alliance

Péninsule de Reykjanes (Islande) : la lave fait le mur et continue sa progression // Lava climbs the wall and keeps moving forward

Les ardeurs de la lave semblent avoir été freinées par la digue de terre édifiée par les bulldozers, mais la webcam judicieusement installée sur le site montre que la rivière incandescente a trouvé un passage ailleurs, sur le côté du champ de lave et continue à avancer dans la vallée.

Source : http://www.ruv.is

La lave suit et recouvre maintenant le sentier entre le parking et le site de l’éruption plus au nord. Son front se rapproche maintenant de la route qui ne se trouve plus qu’à 2 km de distance. La lave pourrait l’atteindre si l’éruption se poursuit au rythme actuel.

Les photos et vidéos que l’on peut voir sur les réseaux sociaux montrent que la lave ne tardera pas à faire le mur. Même si la digue avait eu une hauteur supérieure, au final, c’est la lave qui aurait gagné.

https://www.youtube.com/watch?v=Hw3aSfIbEAw

La lave fait le mur….

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The strength of the lava seems to have been dampened by the earthen dike erected by the bulldozers, but the webcam cleverly installed on the site shows that lava has found a new way elsewhere on the side of the lava field and continues to advance into the valley (see image above). The lava is now following and covering the hiking path leading from the parking to the eruption site. Its front is now nearing the road at 2 km away and may actually reach it if the eruption continues at its current rate.

Photos and videos on social media show the lava river will soon overflow. Even if the dike had been higher, in the end, lava would have won.

https://www.youtube.com/watch?v=Hw3aSfIbEAw

 

 

Paroles, paroles… // These are only words!

Selon un nouveau rapport de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), si nous voulons trouver une solution à la crise climatique actuelle, nous devons cesser d’utiliser des voitures à essence dans les 14 prochaines années, ne pas ouvrir de nouvelles mines de charbon, mettre fin à l’exploration pétrolière et se lancer dans «une transformation totale des systèmes énergétiques qui sous-tendent nos économies».

Intitulé «Zéro net d’ici 2050», le rapport, publié le 18 mai 2021, examine les promesses faites par les gouvernements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et conclut que l’objectif de maintenir l’augmentation des températures globales à 1,5 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels sera « extrêmement difficile » et exigera des efforts importants.

Le rapport confirme ce que j’ai écrit à plusieurs reprises : «Le nombre de pays qui se sont engagés à atteindre des émissions nulles d’ici le milieu du siècle continue d’augmenter, mais il en va de même pour les émissions de gaz à effet de serre et leur concentration dans l’atmosphère. Cet écart entre la rhétorique et l’action doit se combler si nous voulons avoir une chance d’atteindre le ‘zéro net’ d’ici 2050 et de limiter la hausse des températures mondiales à 1,5°C. »

Dans son rapport, l’AIE présente 400 mesures qui, si elles étaient prises immédiatement, permettraient de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et de les ramener à presque zéro en 2050. Si de telles mesures étaient prises avec succès, les températures de la planète pourraient être maintenues en dessous du niveau qui provoquera inévitablement une extinction massive, une élévation désastreuse du niveau de la mer, une hécatombe avec la multiplication des vagues de chaleur, et d’autres conséquences que l’Agence de Protection de l’Environnement a déjà constatées.

Les conclusions du rapport de l’AIE rejoignent celles d’une étude publiée en avril par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) qui rappelait qu’il est grand temps d’enrayer la hausse des températures de la planète.

En 2018, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) a publié son rapport sur la nécessité d’ « empêcher les températures de dépasser 1,5°C pour éviter les pires conséquences du changement climatique.»

Lors d’un sommet sur le climat réunissant des chefs de gouvernements en avril, le président Biden a annoncé un nouvel objectif des Etats Unis visant à réduire d’ici 2030 les émissions de gaz à effet de serre de 50 à 52% par rapport aux niveaux de 2005. La Chine, qui représentait 27% des émissions mondiales en 2019, s’est engagée à devenir neutre en carbone d’ici 2060.

Selon l’AIE, même si les engagements pris par les deux pays qui ont les émissions les plus élevées, ainsi que par d’autres pays industrialisés dans le cadre de l’Accord de Paris, sont pour la plupart des objectifs ambitieux et non contraignants, « il existe encore une marge de manoeuvre pour atteindre le ‘zéro net’ d’ici 2050, même si « cette marge reste étroite et extrêmement difficile. Elle oblige toutes les parties prenantes – gouvernements, entreprises, investisseurs et citoyens – à agir dès cette année et chaque année suivante pour que l’objectif ne devienne pas hors de portée. »

Selon le rapport, les actions nécessaires pour transformer la consommation et la production d’énergie à l’échelle de la planète sont les suivantes :

– Augmentation de l’utilisation des sources d’énergie renouvelables de 29% en 2020 à 90% en 2050

– Arrêt de la construction de nouvelles centrales au charbon dès cette année, sauf si elles sont construites avec une technologie de captage du carbone

– Interdiction, dès 2025, de la vente de nouvelles chaudières au mazout et au gaz pour chauffer les bâtiments

– Élimination progressive de la vente d’automobiles à essence d’ici 2035

– Transformation des flottes de véhicules actuels en véhicules électriques ou à hydrogène d’ici 2050

– Orientation des centrales électriques vers des sources d’énergie renouvelables d’ici 2035

– Fermeture de toutes les centrales au charbon non équipées de technologie de captage du carbone d’ici 2040

– Transition de la moitié du transport aérien vers l’hydrogène ou les biocarburants d’ici 2040

Le rapport de l’AIE reconnaît qu’il sera extrêmement difficile d’atteindre ces objectifs. Les émissions et les concentrations de dioxyde de carbone rebondissent fortement en ce moment avec la reprise économique suite à la pandémie de Covid-19.

Il est grand temps que les gouvernements agissent de manière décisive pour accélérer la transition vers des énergies propres. Comme je l’ai écrit précédemment, il appartient aux Conférences des Parties (les COP) d’imposer des mesures réelles et obligatoires, au lieu de mesures non contraignantes.

Source: Yahoo News.

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According to a new report by the International Energy Agency (IEA), if human beings want to solve the climate change crisis, they must stop using gasoline-powered cars within 14 years, abandon the pursuit of new coal mines, end oil exploration and set about « a total transformation of the energy systems that underpin our economies. »

Titled « Net Zero by 2050, » the report, released on May 18th, 2021, examines the pledges made by world governments to dramatically reduce greenhouse gas emissions and concludes that the goal of keeping global temperatures from rising 1.5 degrees Celsius above preindustrial levels will prove « extremely challenging » and demand significant efforts.

The report confirs wha I have indicated in previous posts: « The number of countries that have pledged to reach net-zero emissions by mid-century or soon after continues to grow, but so do global greenhouse gas emissions and their concentration in the atmosphere.This gap between rhetoric and action needs to close if we want to have a chance of reaching net zero by 2050 and limiting the rise in global temperatures to 1.5 °C. »

In its report, the IEA lays out 400 steps that, if taken immediately, would meet the goal of cutting current greenhouse gas emissions in half by 2030 and down to nearly zero in 2050. In the event that such a massive, united global undertaking were successful, global temperatures could be kept below a level that would cause mass extinction, devastating sea level rise, unprecedented death from worsening heat waves, and other consequences that the Environmental Protection Agency has found are already occurring.

The findings in the report by the IEA are nearly the same as those of a study released in April by the United Nations World Meteorological Organization (WMO) warning that “time is fast running out” to keep global temperatures in check.

In 2018, the U.N.’s Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) issued its landmark report on the need to keep global temperatures from rising above 1.5°C to avert the worst consequences of climate change.

At an April climate summit of world leaders, President Biden announced a new U.S. target to cut greenhouse gas emissions by 50 to 52 percent over 2005 levels by the year 2030. China, which accounted for 27 percent of global emissions in 2019, has pledged this year to become carbon-neutral by 2060.

According to IEA, even though the pledges made by the two countries with the highest emissions, as well as those of other industrialized nations in the Paris Agreement, are mostly nonbinding, aspirational goals, « there are still pathways to reach net zero by 2050, even though « that pathway remains narrow and extremely challenging, requiring all stakeholders – governments, businesses, investors and citizens – to take action this year and every year after so that the goal does not slip out of reach. »

According to the report, the actions required to transform global energy consumption and production include:

 – Increasing the use of renewable sources of energy from 29 percent in 2020 to 90 percent in 2050

– Halting construction of all new coal plants this year, unless they are built with carbon-capture technology

– Implementing a ban in 2025 on the sale of new oil and gas furnaces to heat buildings

– Phasing out the sale of automobiles that use gasoline by 2035

– Conversion of vehicle fleets to either electric or hydrogen fuel sources by 2050

– Shifting power plants away from carbon emissions to renewable sources of energy by 2035

– Closing all coal-fired power plants not fitted with carbon-capture technology by 2040

– Transitioning half of all plane-travel energy sources to hydrogen or biofuels by 2040.

The report, however, is quick to acknowledge that meeting the goals it lays out will be enormously difficult. Global carbon dioxide emissions and concentrations are already rebounding sharply as economies recover from the Covid-19 pandemic. It is high time for governments to act, and act decisively to accelerate the clean energy transformation.

As I put it previously, it is up to the Conferences of Parties (COPs) to impose real, compulsory measures, instead of nonbinding ones.

Source: Yahoo News.

L’évolution des concentrations de CO2 dans l’atmosphère n’incite guère à l’optimisme. Il y a vraiment du pain su la planche!

Etna (Sicile) : nouveau paroxysme ! // Mt Etna (Sicily) : new paroxysm !

24 mai – 23 heures (heure locale) : Fidèle à son rendez-vous, 48 heures après l’événement précédent, l’Etna s’est lancé dans un nouveau paroxysme. A partir de 21 heures (heure locale), une activité strombolienne est apparue dans le Cratère SE. Comme d’habitude, elle s’est transformée en fontaines de lave vers 22h30 avec un panache éruptif qui s’est dirigé vers l’ENE. Le panache a caché en grande partie les fontaines de lave sur les images en direct de la webcam des guides. Comme d’habitude, une coulée de débordement est apparue sur le flanc SO. Il est 23 h30; le tremor ne devrait pas tarder à entamer son déclin, mais il est l’heure d’aller au lit. Buona notte!

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25 mai – 7 heures : Finalement, j’ai bien fait d’aller dormir car la crise éruptive n’a pas réservé e surprise. Comme je le pressentais, le tremor a chuté vers minuit pour retrouver son niveau habituel. Rendez-vous dans 48 heures pour un nouveau paroxysme?

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24 May – 23:00 (local time) : True to its date, 48 hours after the previous event, Mt Etna has started a new paroxysm. From 9 p.m. (local time), Strombolian activity appeared in the SE Crater. As usual, it turned into lava fountains at about 10:30 p.m. with an eruptive plume that headed towards ENE. The plume largely hid the lava fountains on the live pictures of the guides’ webcam. As usual, lava is overflowing from the crater with a lava flow on the SO flank. It is 23:30; the tremor will probably soon start to decline, but it is time to go to bed! Good night !

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25 May – 7 am : Finally, I was rightto go to bed because the eruptive crisis did not show anysurprise. As I anticipated, the tremor dropped around midnight to return to its usual level. See you in 48 hours for a new paroxysm?

Fontaine de lave vue par la caméra thermique

Le tremor montre la belle régularité des quatre derniers paroxysmes, mais jusqu’à quand….?