Activité bradysismique en Nouvelle Zélande // Bradyseismic activity in New Zealand

drapeau-francaisEntre 2004 et 2011, la ville de Matata et ses 642 habitants – dans la partie orientale de la Baie de l’Abondance (Bay of Plenty), à environ 200 km au SE de Auckland – a été secouée par plusieurs milliers de petits séismes. Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que la cause de ces événements, d’une magnitude entre M 2 et M 4 pour la plupart, et à des profondeurs comprises entre 2 et 8 km, étaient due à des mouvements tectoniques typiques de la région. En plus de cette sismicité, le sol s’est soulevé en moyenne de 5 millimètres par an dans les années 1950 et le rythme de soulèvement a plus que doublé pour atteindre environ 12 millimètres par an à partir du milieu des années 2000. Le phénomène s’est calmé par la suite.
Les dernières recherches ont révélé la vraie raison pour laquelle une zone de 400 kilomètres carrés autour de Matata s’est soulevée à partie de 1950. Au cours de cette période, il y a probablement eu une ascension magmatique, ce qui a fait se soulever le sol autour Matata d’environ un centimètre chaque année. Au cours de cette ascension, le magma a fait se déformer ou se fracturer la roche encaissante, ce qui a provoqué de petits séismes.
A l’aide d’un modèle basé sur des données GPS et d’interférométrie radar (InSAR), ainsi que des décennies d’archives géologiques, les scientifiques sont arrivés à la conclusion qu’une poche magmatique se trouve à une dizaine de kilomètres sous la surface, et son volume a augmenté d’environ 9 millions de mètres cubes depuis 1950. Cependant, la présence de ce magma ne signifie pas une éruption est imminente.
La ville de Tauranga, avec plus de 100 000 habitants, se trouve à une cinquantaine de kilomètres au NO de la zone de soulèvement. La population de la région est déjà sous la menace de risques volcaniques, en particulier les retombées de cendre que ne manqueraient pas d’occasionner des éruptions des volcans de Taupo. On ne sait pas si la chambre magmatique nouvellement découverte induira un risque supplémentaire. On n’a observé aucune augmentation de l’activité volcanique dans la région septentrionale de Taupo.
Ce n’est pas la première fois que le magma pousse la croûte ailleurs que sous un volcan actif. Des exemples ont été recensés dans les Andes centrales. On peut également citer l’Italie où des événements bradysismiques sont observés dans la région de Pouzzoles depuis de nombreuses années.
Source: Presse néo-zélandaise..

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drapeau-anglaisBetween 2004 and 2011, the town of Matata and its 642 residents – in the eastern Bay of Plenty, about 200 km SE of Auckland – had mysteriously been the centre of several thousand earthquakes. Until now, scientists suspected that the cause of the quakes, most of them between M 2 and M 4, and at depths of between 2 km and 8 km, were due to typical tectonic movements underground. Aside from this seismicity, the ground had risen by 5 millimetres per year in the 1950s and that rate more than doubled to about 12 millimetres a year starting in the mid-2000s. It has since dropped back to the lower rate.

The new findings have revealed the reason why a 400-square-kilometre area of land around the town has been uplifted since 1950. Over this period, molten or semi-molten rock was being pushed up from below, causing land around Matata to rise by about a centimetre each year. As the magma moved in the sub-surface, it caused the surrounding rock to deform and break, resulting in small earthquakes.

Using a model based on modern GPS and satellite radar data, along with decades of survey records, scientists have concluded a magma body lies about 10 km below the surface, and since 1950 its volume had grown by 9 million cubic metres. However, the presence of the magma does not mean an eruption could be imminent.

The city of Tauranga, with more than 100,000 residents, lies about 50 kilometres NW of the uplift. People in the area are already at risk from volcanic hazards, especially ashfall from the Taupo volcanoes. It’s unclear whether the newly discovered magma chamber will pose an extra risk. There has been no increase in volcanic activity in the northern Taupo region.

The study is not the first to suggest that magma is pushing into Earth’s crust somewhere other than under an active volcano. Examples have also been found in the central Andes and in Italy where bradyseismic events in the area around Pozzuoli have been recorded for many years.

Source: New  Zealand newspapers.

Matata copie

Source: Google maps.

La glace de mer en Antarctique et dans l’Arctique // Sea ice in the Antarctic and the Arctic

drapeau-francaisUne nouvelle étude conduite par une équipe scientifique sous l’égide de la NASA et de la NOAA a identifié les causes des différences de comportement entre la glace de mer de l’Arctique et son homologue de l’Antarctique.

L’étendue de glace de mer au pôle nord a atteint sa surface la plus faible de tous les temps au cours des dernières années et elle s’est amincie de 65 pour cent entre 1975 et 2012. Dans le même temps, l’Antarctique a augmenté sa couverture de glace en dépit des inquiétudes qui sont apparues quant à la fonte de ses glaciers.
En utilisant des données thermiques, topographiques, et bathymétriques, l’équipe scientifique a identifié les raisons de la préservation de la glace de mer en Antarctique. Ils ont découvert que la profondeur de l’océan dans la région et certaines caractéristiques à la surface du continent avaient un impact sur la circulation des vents et des courants océaniques, de telle manière que la production et la protection de la glace de mer n’étaient pas affectées. Dans le même temps, des conditions très différentes dans l’Arctique entraînaient la fonte de la glace de mer.
En utilisant les données fournies par le satellite QuikScat de la NASA, lancé en 1999, les scientifiques ont analysé la formation et la trajectoire suivie par la glace de mer en Antarctique, ainsi que les différents types de couverture de glace dans l’Océan Austral. La conclusion de l’étude est que les vents poussent et installent la glace de mer autour du continent pendant sa période de formation entre Juin et Septembre, ce qui entraîne la formation d’une Grande Zone Bouclier (Great Shield Zone / GSZ) qui protège la jeune glace qui se trouve à l’intérieur.
La GSZ ainsi formée s’étend sur une largeur de 100 à 1000 kilomètres et empêche que la nouvelle glace soit brisée par les éléments. La situation géographique de la GSZ correspond également au front sud du courant circumpolaire antarctique qui marque la frontière qui entre les eaux froides et les eaux chaudes près du continent austral. Le contact avec des eaux plus froides favorise la stabilité de la GSZ et permet à la nouvelle glace de se développer rapidement.
La Grande Zone Bouclier (GSZ) offre des conditions pratiquement opposées à celles de la zone où se forme la glace de mer dans l’Arctique. Dans les hautes latitudes, on a affaire à une zone de formation glace peu épaisse, facilement perturbée par le vent et les vagues et soumise à des eaux plus chaudes que la GSZ. La distribution des vents de l’Arctique peut également faire se déplacer la glace en cours de formation vers des secteurs plus chauds de l’océan, où elle va forcément fondre.
En dépit de ces explications sur la formation de la glace de mer en Antarctique, les scientifiques sont inquiets quand ils observent les températures record enregistrées à travers le monde et la fonte continue des grands glaciers. Ils se posent des questions sur le comportement de la glace en Arctique et en Antarctique dans les années à venir et sur son impact sur l’élévation du niveau des océans. Selon un chercheur australien, «les glaciers de l’Antarctique sont susceptibles de perdre une importante masse de glace et, conjointement avec le changement climatique, ils pourraient contribuer à une élévation de plusieurs mètres du niveau de l’océan à proximité du continent. »
Source: Alaska Dispatch News and The Christian Science Monitor.

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drapeau-anglaisA new study by a NASA- and NOAA-backed team has identified the causes of the stark contrast between Arctic and Antarctic sea ice change.

The northern pole’s sea ice extent has been recorded at all-time lows in recent years and thinned by 65 percent between 1975 and 2012, while the southern continent has seen gains in its ice coverage despite concerns over glacier melting.

Using temperature, topographical, and bathymetric data, the research team identified the cause behind the preservation of Antarctica’s ice. They found local ocean depth and continental surface features impact the region’s wind and ocean currents in such a way that the production and protection of sea ice is sustained. Meantime, dissimilar conditions in the Arctic have led to the ongoing melt of the sea ice.

Using data from NASA’s QuikScat satellite, launched in 1999, the scientists analyzed the formation and routes of Antarctic sea ice, as well as the different types of ice coverage in the Southern Ocean. The conclusion of the study is that winds push building ice out and around the continent during the sea ice growth season from June to September, forming a Great Shield Zone (GSZ) that shelters young interior ice.

The established GSZ stretches from 100 to 1,000 kilometres wide and keeps the new ice from being broken up by the elements. The zone’s path also corresponds with the the southern Antarctic Circumpolar Current front, a boundary that marks a separation of cooler and warmer waters near the southern continent. The contact with colder waters maintains the GSZ and allows for new ice to grow quickly.

The southern GSZ provides conditions nearly opposite to those of the Arctic’s marginal ice zone, a boundary of thin, new ice easily disturbed by wind and waves and subjected to warmer waters than the GSZ. Arctic wind patterns can also move developing ice toward warmer sections of the ocean, where it melts.

Even with evidence and an explanation for sea ice growth in Antarctica, record high global temperatures and the ongoing melting of major glaciers have some scientists worried about the future of both Arctic and Antarctic ice features and their impact on sea level rise. According to an Australian researcher, “Antarctic glaciers may be at risk of substantial ice loss, and could contribute to a multi-metre response to climate change near the continent.”

Source: Alaska Dispatch News and The Christian Science Monitor.

Antarctic sea ice 2012

Etendue de la glace de mer en Antarctique en 2012 (Source: NASA)

Groenland-blog

Vue de la glace de mer dans l’Arctique (Photo: C. Grandpey)

 

Rangitoto (Nouvelle Zélande)

Hier 3juin 2016, la chaîne de télévision France 3 proposait, dans le cadre de son émission Faut pas rêver, un voyage en Nouvelle Zélande. Une rediffusion est accessible à cette adresse. :

http://pluzz.francetv.fr/videos/faut_pas_rever_,140575748.html

Au cours du reportage (entre 34’47’’ et  43’30’’), Philippe Gougler survole les environs d’Auckland en hydravion. C’est l’occasion d’avoir la confirmation que la ville est construite sur un champ volcanique potentiellement actif. On peut voir dans la vidéo plusieurs édifices parmi lesquels Rangitoto que j’ai mentionné à plusieurs reprises dans des notes entre 2012 et 2016.

L’île dresse son cône symétrique de 260 mètres de hauteur au-dessus du golfe d’Hauraki. Elle est beaucoup plus grande que les autres volcans que l’on peut observer sur le site d’Auckland et représente entre le tiers et la moitié de tout le magma émis par les volcans de la région.
Au cours des dernières années, plusieurs études ont expliqué que Rangitoto n’était peut-être pas un très vieux volcan et que de nouvelles éruptions ne devraient pas être exclues.

En 2013, une étude a révélé que, contrairement à ce que l’on pensait depuis de nombreuses années, Rangitoto s’était formé il y a 700 ans et avait connu seulement deux éruptions. Le volcan aurait connu une activité intermittente jusqu’à il y a 500 ans.
En 2014, un important forage a pénétré sur plusieurs dizaines de mètres à l’intérieur du volcan pour récupérer des carottes et établir une image plus précise de son histoire éruptive.
En 2016, après un autre forage à 150 mètres de profondeur pendant l’été 2015, une équipe de l’Université d’Auckland a conclu que le volcan est entré en éruption il y a environ 6000 ans et est probablement constitué de plusieurs cônes. Cela signifie qu’il est resté actif par intermittence sur une période beaucoup plus longue ; il a donc grandi au fil du temps et ne s’est pas formé d’un seul coup.
Il est important de savoir 1) si les éruptions futures peuvent se produire uniquement au niveau du Rangitoto et 2) si un nouveau volcan apparaît, il est important de savoir qu’il est susceptible de rester actif pendant une très longue période, des centaines ou des milliers d’années. Cela signifie que la population devrait s’adapter à cette nouvelle activité volcanique continue, comme c’est le cas à Hawaii ou en Islande. Comme le reconnaissait le pilote de l’hydravion, si un volcan devait naître au cœur du centre des affaires d’Auckland, ce serait une catastrophe.

Rangitoto

Crédit photo: Wikipedia.

Etude de l’impact des éruptions du Taupo (Nouvelle Zélande) // Impact study of the Taupo eruptions (New Zealand)

drapeau-francaisA l’heure actuelle, nous ne sommes pas en mesure de prévoir les éruptions volcaniques, mais l’analyse des événements passés nous permet de connaître leur impact et de nous préparer pour essayer de faire face à de futures éruptions. Cette remarque est particulièrement importante pour des «super volcans» comme le Yellowstone aux Etats-Unis, ou le Taupo en Nouvelle Zélande.
Ainsi, de nouvelles recherches sur l’impact des nuages de cendre produits par une éruption majeure du Taupo sur la Nouvelle Zélande pourrait aider à gérer ce type de catastrophe. Le lac Taupo est apparu suite à une super éruption il y a 25 400 ans, avec 28 nouvelles éruptions par la suite autour de la zone du lac. La plus récente, vers l’an 232 de notre ère, fut suffisamment puissante pour affecter profondément la partie centrale de l’Ile du Nord. Les effets de la cendre ont été observés dans le monde entier. Aujourd’hui, un lac de 616 kilomètres carrés occupe la caldeira du Taupo.
Un chercheur de l’Université d’Auckland utilise actuellement une subvention de 60 000 dollars pour cartographier les scénarios d’éruptions du Taupo. Le système de modélisation informatique utilisé par le scientifique a été mis au point par l’USGS ; il incorpore des données météorologiques modernes ainsi que des données géologiques provenant des éruptions passées.
La modélisation permettra de voir en 3D la trajectoire des nuages de cendre en fonction de facteurs climatiques comme les saisons et la direction du vent. Cela permettra de prévoir l’épaisseur des dépôts de cendre dans l’Ile du Nord et de modéliser les retombées de cendre pour différents types d’éruptions qui se produiraient à l’intérieur de la caldeira du Taupo.
On ne sait pas quand aura lieu la prochaine éruption du Taupo, mais en utilisant ce programme en 3D, les données pourraient être rapidement utilisées pour modéliser les scénarios probables concernant les nuages de cendre. Cela serait précieux pour les services d’urgence et la planification des mesures à mettre en place.
Ce travail de recherche est l’un des 15 projets qui ont reçu un million de dollars dans le cadre du programme de financement de la Earthquake Commission néo-zélandaise. Le projet recevra une partie des 16 millions de dollars accordés par la Commission chaque année à des recherches de haut niveau sur les catastrophes naturelles en Nouvelle-Zélande.
Source: New Zealand Herald: http://www.nzherald.co.nz/

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drapeau-anglaisToday, we are not able to predict volcanic eruptions but the analysis of past events allows us to know their impact and to prepare for future eruptions. This is particularly important with “super volcanoes” like Yellowstone in the U.S. or Taupo in New Zealand.

Thus, new research into how ash clouds from a large volcanic eruption under Lake Taupo would affect the country could help with managing the disaster if it occurs. Lake Taupo was formed after a super-eruption 25,400 years ago with 28 eruptions occurring since then around the lake area. The most recent, in approximately 232 AD, was large enough to decimate the central North Island and the effects of its ash were noticed around the world. Today, a 616-square-kilometre lake occupies the Taupo caldeira.

A researcher at Auckland University is using a 60,000-dollar grant to map out eruption scenarios from Lake Taupo. A computer modelling system developed by the United States Geological Survey will be used incorporating modern-day meteorological data with geological data from previous eruptions.
The modelling will enable to see in 3D where the ash clouds would travel depending on climatic factors including seasons and wind directions. This will allow to forecast how thick the resulting ash deposits would be around the North Island, and model ashfall for different sized eruptions from the Taupo caldera.

There is no predictable pattern of when the next one will occur but using this 3D programme, the data could quickly be brought up to model the likely ash cloud scenarios which would be invaluable for emergency services.
This research is one of 15 projects which have received one million dollars in funding from the Earthquake Commission’s Biennial Grants Programme. The programme is part of the 16 million dollars granted by the Commission each year to high quality research about New Zealand’s natural disasters.

Source: New Zealand Herald: http://www.nzherald.co.nz/

Taupo-blog

Un superbe lac occupe aujourd’hui la caldeira du Taupo.

(Photo: C. Grandpey)