Empreinte du réchauffement climatique dans les vagues de chaleur précoces // Footprint of global warming in early heat waves

Selon une étude du World Weather Attribution, un groupe de scientifiques internationaux qui ont effectué une analyse informatique et statistique rapide de la vague de chaleur de la fin avril 2023 à travers la péninsule ibérique jusqu’en Algérie et au Maroc, les températures record enregistrées dans ces pays ont été 100 fois plus favorisées par le réchauffement climatique d’origine anthropique, et auraient été inimaginables dans le passé.
Les quatre pays ont connu des températures comprises entre 36,9°C et 41°C. Les auteurs de l’étude insistent sur le fait qu’un événement météorologique aussi extrême « aurait été presque impossible dans le passé, avec un climat plus froid. Nous verrons des vagues de chaleur plus intenses et plus fréquentes à l’avenir à mesure que le réchauffement climatique se poursuivra. »
Les régions étudiées souffrent toutes d’une sécheresse pluriannuelle, qui peut exacerber les températures élevées. Actuellement, 27 % du territoire espagnol est dans la catégorie « urgence » ou « alerte » à la sécheresse et les réserves d’eau sont à 50 % de leur capacité. Le stockage moyen d’eau dans les barrages au Maroc est à des niveaux tout aussi bas, et en Tunisie de nombreux foyers ont des coupures d’eau pendant la journée. Les agriculteurs de toute la Méditerranée occidentale ont averti que de mauvaises récoltes sont probables dans certaines régions pour la sixième année consécutive.
L’étude indique également que la chaleur extrême en Europe augmente plus rapidement que ne l’avaient prévu les modèles informatiques. La même chose s’est produite avec le dôme de chaleur du Pacifique, de sorte que les scientifiques qui créent des modèles informatiques doivent revoir leurs copies et repenser leurs projections trop conservatrices.
Les scientifiques ont comparé les températures réelles d’avril à celles d’un monde simulé sans réchauffement climatique. Ils ont découvert qu’une vague de chaleur comme celle subie par la Méditerranée occidentale en avril aurait été moins sévère de plus de deux degrés Celsius dans un monde sans gaz à effet de serre pour piéger la chaleur.
L’un des buts de l’étude est d’informer les gouvernements qui se préparent à l’apparition précoce de températures extrêmement chaudes. Ils pourront prévenir les décès et déployer des campagnes de sensibilisation à la chaleur. Selon l’Organisation mondiale de la santé, en 2022 au moins 15 000 personnes sont mortes en Europe à cause de la canicule et l’Espagne a été l’un des pays les plus touchés.
L’étude devrait aussi aider les gens à percevoir le risque à leur niveau personnel et les inciter à changer leur comportement. Les changements comprennent l’accès à la climatisation dans les écoles, la surveillance des admissions à l’hôpital liées à la chaleur et le conseil aux citoyens d’éviter les sports de plein air à certaines heures de la journée.
Source : médias d’information internationaux.

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According to a study by World Weather Attribution, a group of international scientists who did a rapid computer and statistical analysis of a late-April heat wave that stretched across the Iberian peninsula into Algeria and Morocco, record-breaking temperatures in these countries were made 100 times more likely by human-caused climate change, and would have been almost impossible in the past.

The four countries experienced temperatures ranging between 36.9°C and 41°C. The authors of the study insist that a weather event this extreme “would have been almost impossible in the past, colder climate. We will see more intense and more frequent heat waves in the future as global warming continues.”

The regions in the study are all suffering from a multi-year drought, which can exacerbate high temperatures. Currently, 27% of Spanish territory is in either the drought “emergency” or “alert » category and water reserves are at 50% of capacity nationally. The average dam storage in Morocco is at similarly low levels, and in Tunisia many homes have water cuts during the day. Farmers across the Western Mediterranean have warned that poor harvests are likely, in some regions for the sixth year running.

The study also says the extreme heat in Europe is rising faster than computer models had projected. The same thing happened in the Pacific heat dome, so scientists who create computer models need to go back and rethink their overly conservative projections.

The scientists compared real life April temperatures to a simulated world without climate change. They found that a heat wave like the one the Western Mediterranean suffered in April would have been more than two degrees Celsius less severe in a world without greenhouse gases trapping heat.

The study will also help inform governments preparing for the earlier onset of extreme hot weather, with the aim of preventing deaths and unrolling heat awareness campaigns. According to the World Health Organization, in 2022 at least 15,000 people died in Europe because of extreme hot weather, with Spain one the countries worst affected.

The warning in the study should incite people to perceive their personal risk and change their personal behaviour. Changes include access to air conditioning in schools, monitoring heat-related hospital admissions and advising citizens to avoid outdoor sports at certain hours of the day.

Source : International news media.

Météo et climat : ne pas confondre !

A en juger par les commentaires sur les réseaux sociaux – Facebook en particulier – beaucoup de gens ont encore des doutes sur l’existence du réchauffement climatique. Il suffit que notre pays traverse une période un peu froide pour que ces mêmes personnes se posent des questions sur la hausse des températures sur notre planète. Qu’elles aillent donc demander ce qu’en pensent les responsables des stations de sports d’hiver qui reculent leur date d’ouverture les uns après les autres. Et ce n’est pas fini au vu du redoux significatif prévu la semaine prochaine.

Il faudrait que ces négationnistes en herbe apprennent avant tout à faire la différence entre les mots « météo » et « climat ». La météo s’intéresse au temps qu’il va faire à court terme alors que le climat couvre des périodes beaucoup plus longues comme une décennie ou un siècle. Ainsi, on s’aperçoit qu’aujourd’hui, la température moyenne d’un mois de janvier en France est 1,34°C plus élevée qu’il y a 100 ans, malgré des périodes de froid exceptionnelles comme au mois de janvier 1985.

Voilà pourquoi la météo et le climat sont deux choses bien différentes. Dire que le réchauffement climatique n’existe pas simplement parce qu’il fait froid dehors n’est pas très futé !

Le réchauffement climatique est un phénomène progressif, même si les statistiques actuelles montent qu’il a tendance à s’accélérer – il faut le noter – parallèlement aux concentrations de gaz carbonique dans l’atmosphère. Il ne fait guère de doute que les banquises polaires et nos glaciers vont continuer à fondre. Les chutes de neige en montagne vont prendre de l’altitude. C’est pour cela que les stations de basse et moyenne altitude, les plus exposées au réchauffement climatique, ont intérêt à se diversifier rapidement si elles ne veulent pas connaître de graves difficultés.

J’ai indiqué sur ce blog le 7 décembre dernier que 2022 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée en France, malgré la fraîcheur de ce mois de décembre. La moyenne sera comprise entre 14,2°C et 14,6°C.

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2022/12/07/2022-lannee-la-plus-chaude-en-france-2022-the-hottest-year-in-france/

Donc plus de doute à avoir, le réchauffement climatique est là et même bien là, peu importe le temps qu’il fait dehors !

La Mer de Glace et les autres glaciers vont continuer à reculer et s’amincir. Gare à l’alimentation en eau dans certaines régions du monde!

Mon livre « Glaciers en Péril » (15 euros sur commande; 10 euros lors de mes conférences) reste plus que jamais d’actualité!

Orages de grêle : le ciel va-t-il nous tomber sur la tête ?

En date du 24 juin, on recensait 180 000 impacts de foudre en France métropolitaine pour le mois de juin 2022. C’est un record – le précédent était de 172 000 en 1993 – auquel il faudra probablement s’habituer avec l’intensification du réchauffement climatique. Là encore, le « jamais vu » risque de devenir une habitude.

Après le mois de mai le plus chaud jamais enregistré en France (voir ma note du 8 juin), la récente vague de chaleur du début du mois de juin a intensifié le phénomène orageux qui est facile à comprendre.

Au sol, la température grimpe; l’air se charge donc en humidité, et remonte vers les nuages. Cette situation est propice à la formation des cumulo-nimbus qui peuvent atteindre des altitudes de 10 000 ou 15 000 mètres. Une fois arrivé en altitude, l’air chaud et humide se condense en gouttes d’eau dans l’air rafraîchi. Ces gouttes continuent à monter très vite. Vers 3 500 mètres, elles viennent s’agréger autour des cristaux de glace pour former des glaçons. Plus ils prennent de l’altitude, plus ils sont gros. Ils sont pris dans des tourbillons ascendants et se chargent de plus en plus jusqu’à devenir trop lourds et retombent au sol sous forme de grêlons en se chargeant encore de glace à la descente. Leur vitesse atteint souvent plus de 180 km/h et deviennent des projectiles qui brisent toitures et pare-brise.

Un grand nombre d’orages se déclenchent à cette période de l’année, mais le réchauffement climatique pourrait changer la donne à l’avenir, avec une intensification des orages et des épisodes de grêle.

Les services de météorologie ont mis beaucoup de temps à admettre le lien entre changement climatique, chaleur précoce et sécheresse. Aujourd’hui, ils hésitent avant de reconnaître la relation entre réchauffement climatique et orages. Pourtant, au vu des explications qui viennent d’être données – où la hausse des températures joue un rôle déterminant- cette relation ne semble guère faire de doute.

Pour justifier leur hésitation à établir un lien, les météorologues font remarquer que les outils d’observation des orages sont assez récents. Les éclairs, par exemple, ne sont recensés en France que depuis les années 2000. Selon les scientifiques, nous n’avons donc pas assez de recul pour pouvoir tirer des conclusions sur leur évolution.

Même hésitation concernant la grêle et les méga-grêlons. Comme pour les éclairs, nous ne possédons pas, soi-disant, suffisamment d’observations directes fines et à long terme. Selon les scientifiques, l’augmentation observée de l’intensité en avril-mai pourrait être liée au réchauffement des températures minimales du printemps.

En conclusion, on peut dire que si l’influence du réchauffement climatique sur des phénomènes météo comme les ouragans, les canicules, et les fortes pluies, fait l’unanimité parmi la communauté scientifique, la question des orages n’a pas encore trouvé de réponse claire à ce jour. Les météorologues reconnaissent toutefois le lien entre hausse des températures et intensification des précipitations. Pour chaque degré supplémentaire de température, les précipitations s’intensifient de 7 %., avec leur cortège d’inondations.

Il est fort à parier que les hésitations des météorologues à propos des orages ne feront pas log feu. En effet, la France n’est pas le seul pays à connaître une intensification de la fréquence et de la violence des orages accompagnés de grêle. Les articles abondent dans la presse internationale et les météorologues d’autres pays sont plus affirmatifs.

Les dégâts occasionnés par les grêlons gros comme des balles de golf ou de tennis auront, eux, probablement un effet facilement prévisible : la hausse des tarifs d’assurances. On l’a constaté après la tempête de 1999 et le nombre de sinistres déclarés ces dernières semaines va faire monter la facture. Arrivera le jour où la France se trouvera dans la même situation que les Etats Unis. Les primes d’assurances y sont tellement élevées dans les zones à risque sismique et volcanique que beaucoup d’Américains ont fait le choix de ne pas s’assurer et prient le ciel pour qu’il ne leur tombe pas sur la tête. C’est l’option choisie par une amie vivant au pied du volcan Hualalai à Hawaii, où elle est exposée à ce double risque.

Source: Météo-France, France Info, Futura Science.

Des grêlons gros comme des balles de golf et de tennis ont frappé certains secteurs de la Haute-Vienne le 19 juin 2022, causant de très importants dégâts (Crédit photo: Wikipedia)

Février 2022 en 6ème position // February 2022 ranks 6th

Selon les dernières données ERA5 et en attendant celles de la NASA et de la NOAA, avec +0,426°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois de février 2022a été le 6ème plus chaud des annales. Par rapport à la nouvelle période de référence 1991-2020 utilisée par ERA5, l’anomalie est de +0,229°C.

Le classement du mois de février s’explique en grande partie par la présence du phénomène de refroidissement La Niña dans les Pacifique oriental. D’après la NOAA, La Niña devrait se maintenir dans les premiers mois de 2022, puis on pourrait opérer une transition vers des conditions neutres à partir du mois de mai.

Source: global-climat.

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According to the latest ERA5 data and pending those from NASA and NOAA, with +0.426°C above the 1981-2010 average, February 2022 was the 6th hottest month on record. Compared to the new reference period 1991-2020 used by ERA5, the anomaly is +0.229°C.
February’s ranking is largely explained by the presence of the La Niña cooling phenomenon in the eastern Pacific. According to NOAA, La Niña should continue in the first months of 2022, then there could be a transition to neutral conditions from May.
Source: global-climat.

El Niño et La Niña influencent le climat sur Terre (Source : NOAA)