Le Mérapi est calme en ce moment et personne n’en parle. Les derniers rapports d’activité mis en ligne par la Smithsonian Institution remontent au mois de mai 2011. Il ne faudrait toutefois pas oublier une petite émission de cendre observée le 15 juillet 2012, provoquée par un effondrement du dôme.
Un ami qui vit à Java vient de me donner quelques informations sur le Mérapi où la dernière éruption a rendu les chemins d’accès au sommet très instables, ce qui rend la montée extrêmement pénible. Selon lui, la voie la plus facile est par le côté nord, entre Merbabu et Mérapi, depuis Selo (Boyolali), mais l’ascension reste difficile et il faut avoir une bonne condition physique. Il m’a dit être déçu une fois arrivé au sommet car « on ne voit rien de l’intérieur ». De plus, la lèvre du cratère est très instable. On ne peut plus en faire le tour. « Il faudrait le survoler avec un ULM pour voir vraiment l’intérieur ».
Il semblerait que la situation sociale à Java soit en train de devenir au moins aussi explosive que sur le volcan en 2010. « Il y a un mécontentement qui gronde. Il y a quelques jours, une bombe incendiaire a été lancée dans une banque, avec des revendications anticapitalistes. Ce n’est pas anodin. Même si peu de gens font le lien, il y a eu un attentat contre une église de Solo il y a environ 1 mois. Les islamistes risquent de surfer (ce n’est pas une surprise) sur la vague de mécontentement social. Du grabuge dans l’air. L’effet secondaire de tout cela, c’est que personne ne se préoccupe plus d’améliorer les préventions de séismes ».
« Le Lieutenant-colonel Philippe Besson (Pompiers de l’Urgence Internationale, avec lequel j’avais collaboré pour venir en aide aux victimes de l’éruption de 2010) voudrait installer un centre de prévention des risques en Indonésie. C’est sûr qu’il le faudrait, et c’est même urgent, mais la mentalité javanaise est très loin de ces sujets. Anticiper, prévoir, organiser … ce n’est pas dans leur dictionnaire. Ça va être dur ».
Pour terminer, mon ami écrit : « Beaucoup de gens pensent que Mérapi a changé. Que sa prochaine éruption sera différente est imprévisible. Sais-tu quelque chose ?
J’ai répondu qu’à mon avis la prochaine éruption du Mérapi serait un ‘copier/coller’ de la précédente. Pour éviter les quelque 300 pertes humaines en 2010, il aurait fallu dès le début de l’éruption mettre en place un périmètre de sécurité de 20 km. L’histoire du volcan rendait une telle mesure quasiment obligatoire. Le problème, comme le dit mon ami, c’est que la mentalité des Javanais n’est pas la même que celle des Japonais, voire des Occidentaux ! Rendre une évacuation obligatoire n’est pas évident en Indonésie. Il faut pour cela décréter la loi martiale. De plus, il est très difficile d’empêcher les paysans qui ont fui devant les nuées ardentes de retourner à leur ferme pour s’assurer que leur bétail – leur seule richesse – n’a pas été volé. A l’époque, j’avais rédigé une note intitulée « Mérapi mon amour » qui expliquait la situation. Il ne faut pas négliger non plus l’influence du gardien du volcan. Lors de la dernière éruption il a péri sous le feu du volcan, après avoir conseillé (heureusement !) aux habitants de suivre les conseils des autorités. Ce n’est pas toujours le cas. En novembre 2007, son homologue du Kelud avait donné des instructions qui allaient à l’encontre des conseils d’évacuation. Voilà pourquoi je ne suis pas très optimiste…
En cliquant sur le lien ci-dessous, vous verrez une belle galerie de photos du Mérapi réalisée en mai 2012 par Oystein Lund Andersen :
http://www.oysteinlundandersen.com/Volcanoes/Merapi/Merapi-volcano-May-2012.html