Après avoir montré au début de l’année 2022 la plus faible étendue jamais observée pendant l’été austral, la glace de mer antarctique vient de battre un nouveau record de faiblesse pour l’hiver.
Le continent antarctique est entouré de glace flottante, qui gèle directement au contact de l’océan, ou par l’eau douce qui s’écoule des glaciers et des calottes glaciaires du continent. Chaque année, l’étendue de cette glace de mer augmente et diminue au rythme des saisons. Elle atteint son maximum à la fin septembre ou au début octobre, vers la fin de l’hiver austral. Elle fond ensuite et atteint son étendue minimale vers la fin de l’été austral, généralement en février ou mars. Entre 1979 et 2021, glace de mer antarctique en hiver a couvert jusqu’à 20 millions de kilomètres carrés (à peu près toute l’étendue de l’océan Austral), tandis qu’en été elle a diminué pour atteindre jusqu’à 2 millions de kilomètres carrés.
En 2022, du 8 février au 8 mars, l’étendue minimale est passée sous les 2 millions de km2 pour la première fois depuis qu’existent les relevés satellitaires. Un nouveau record de faible étendue a été établi le 25 février avec seulement 1,924 million de km2.
La glace de mer s’est étendue depuis cette date avec la chute des températures et l’arrivée de l’obscurité en Antarctique pendant l’hiver. Pourtant, depuis le 20 juin 2022, la veille du début de l’hiver austral, l’étendue de la glace de mer antarctique a établi des records quotidiens pour cette période de l’année.
Les chercheurs pensent connaître les causes de l’étendue exceptionnellement faible de la glace de mer antarctique en février et mars 2022. Dans une étude publiée en avril, ils ont mis en évidence une combinaison de facteurs, tels que les températures océaniques plus froides dans l’océan Pacifique équatorial en raison de La Niña, les températures chaudes de l’océan enregistrées ailleurs dans l’hémisphère sud et une cellule de basse pression atmosphérique au large de la côte ouest de l’Antarctique. Ensemble, ces facteurs ont créé un contexte météorologique qui a provoqué un flux de chaleur plus important depuis les latitudes inférieures vers le pôle sud, avec dans son sillage une plus grande réduction de la glace de mer.
L’Antarctique occidental ne connaît pas seulement une perte de glace de mer. Les glaciers de cette région du continent sont particulièrement vulnérables aux effets du réchauffement climatique. De nouvelles études ont révélé que les glaciers Thwaites et Pine Island, tous deux situés le long de la côte de la mer d’Amundsen, reculent actuellement à un rythme encore jamais observé au cours des 5 500 dernières années. Le risque de disparition du glacier Thwaites a incité les scientifiques à le surnommer Glacier de l’Apocalypse.
Comme je l’ai écrit dans des notes précédentes, le glacier Thwaites, avec le front le plus large au monde, contient suffisamment d’eau pour faire s’élever le niveau des océans d’environ 65 centimètres s’il devait disparaître dans la mer. Cependant, le plus grand danger vient de la relation du Thwaites avec les glaciers qui l’entourent. C’est le Thwaites qui les retient et leur permet de rester en place. De cette manière, il est connecté à la majeure partie de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental. Si le Thwaites devait disparaître complètement – un risque réel au cours de la prochaine décennie si nous ne modifions pas le cours du changement climatique – cela ouvrirait la voie aux glaciers qui l’entourent. Une telle catastrophe entraînerait une élévation du niveau de la mer de 3 à 4 mètres, déplaçant des millions de personnes qui vivent le long des côtes dans le monde entier.
Source : The Weather Network, Yahoo Actualités.
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After setting a new record for lowest summer extent earlier this year, Antarctic sea ice saw a new record low going into winter as well.
The Antarctic continent is surrounded by floating ice, either frozen directly from the ocean or due to fresh water flowing off the continent’s glaciers and ice sheets. Each year, the extent of that sea ice grows and shrinks with the seasons. It reaches a maximum extent sometime in late September or early October, towards the end of southern winter. It then melts away to a minimum extent towards the end of southern summer, typically in February or March. Between 1979 and 2021, Antarctic winter sea ice has covered as much as 20 million square kilometres (roughly the full extent of the Southern Ocean), while summer sea ice extent has shrunk down to as little as 2 million square kilometres.
In 2022, from February 8th to March 8th, the minimum fell below 2 million km2 for the first time in the satellite record. A new record low extent was set on February 25th of just 1.924 million km2.
The sea ice has been expanding since then, as temperatures drop and Antarctica is plunged into the darkness of winter. However, as of June 20th, the day before the start of southern winter, the Antarctic sea ice extent has been setting daily record lows for this time of the year.
Researchers now believe they know the reason for the exceptionally low Antarctic sea ice extent in February and March 2022. In a study published in April, they described a combination of factors, such as the cooler ocean temperatures across the equatorial Pacific Ocean due to La Niña, the warm ocean temperatures experienced elsewhere in the southern hemisphere, and a strong region of low atmospheric pressure off the coast of West Antarctica known as the Amundsen Sea Low. Together, these factors set up a weather pattern that caused more heat to flow from lower latitudes towards the south pole, resulting in more sea ice loss.
West Antarctica is experiencing more than just sea ice loss. Glaciers in that region of the continent have been particularly vulnerable to the effects of global warming. New research has found that the Thwaites and Pine Island glaciers, both located along the coast of the Amundsen Sea, are now retreating at a rate faster than anything seen in the past 5,500 years. The risk of the Thwaites Glacier collapsing has prompted scientists to nickname it the Doomsday Glacier.
As I put it in previous posts, Thwaites, the widest glacier in the world, contains enough water to raise ocean levels by around 65 centimetres if it were to collapse into the sea. The larger danger, though, comes from how Thwaites is tied to the glaciers around it, helping to pin them in place, and how it is connected to the larger mass of the West Antarctic Ice Sheet. If Thwaites were to completely collapse — a real risk in the next decade if we do not shift the course of climate change — it would clear a pathway for the surrounding glaciers to follow. This could drag the rest of the West Antarctic Ice Sheet along with it. Such a catastrophe would result in 3 to 4 metres of sea level rise, displacing millions of people from coastal communities around the world.
Source: The Weather Network, Yahoo News.

Ce graphique montre le cycle saisonnier de l’étendue de la glace de mer antarctique, en millions de kilomètres carrés, de 1979 jusqu’au 13 juillet 2022. La vue en médaillon montre la tendance des dernières semaines et met en évidence les étendues extrêmement faibles enregistrées depuis le 20 juin. ( Source: NSIDC)

Etendue de la glace de mer le 13 juillet 2022. La ligne orange montre l’étendue moyenne. La couleur bleue est plus ou moins intense selon la concentration de la glace de mer. La carte montre également l’emplacement des deux principaux glaciers de l’Antarctique. (NSIDC/NASA)