Eruption du Sakurajima (Japon) // Eruption of Sakurajima Volcano (Japan)

Le Sakurajima (Japon) est entré en éruption le 24 juillet 2022. Le niveau d’alerte volcanique est passé de 3 à 5, le plus élevé. Les matériaux éjectés par le volcan sont retombés jusqu’à 2,5 kilomètres du cratère, mais il n’est fait état d’aucun blessé suite à l’éruption qui s’est produite vers 20h05 (heure locale). Il a été demandé au public d’évacuer la zone concernée par l’éruption.
Ce n’est que la deuxième fois que le niveau d’alerte maximum est appliqué à un volcan japonais après l’éruption de 2015 sur l’île de Kuchinoerabu, dans la préfecture de Kagoshima.
À la suite de l’éruption, le Premier ministre japonais a demandé à son gouvernement de recueillir rapidement des informations sur les dégâts causés et de mettre en place des moyens afin de faciliter l’évacuation des habitants et des randonneurs.
Depuis le 18 juillet, la JMA a observé des déformations de surface indiquant une expansion du volcan.
Source : The Japan Times.

A noter que la ville de Kagoshima qui se trouve à proximité du volcan est connue pour les exercices de prévention et les simulations d’évacuation auxquelles la population est régulièrement soumise. Au Japon,on ne plaisante pas avec la sécurité.

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A noter que la ville de Kagoshima qui se trouve au pied du volcan est connue pour les exercices de préventions et les simulations d’évacuations auxquelles la population est soumise régulièrement. Au Japon, on ne badine pas avec la sécurité.

Sakurajima (Japan) erupted on July 24th, 2022. The volcano alert level was raised from 3 to 5, the highest level. The material ejected by the volcano fell as far as 2.5 kilometers from the crater, but there were no immediate reports of injuries following the eruption that occurred around 8:05 p.m., (local time). The public was asked to evaacuate.

It is just the second time the highest alert level has been applied to a Japanese volcano following the 2015 eruption on Kuchinoerabu Island in Kagoshima Prefecture.

In the wake of the eruption, the Japanese Prime Minister has instructed his government to swiftly gather information on any damage caused and to set up ways to help local residents and hikers to evacuate.

Since July18th, JMA has observed minor crustal movements indicating expansion of the volcano.

Source: The Japan Times.

It should be noted that the city of Kagoshima which lies close to the volcano is known for the prevention exercises and evacuation simulations to which the population is regularly subjected. In Japan, they don’t mess with security.

Le Sakurajima et la ville de Kagoshima (Source: Wikipedia)

Bâchage des glaciers contre le réchauffement climatique // Covering glaciers against global warming

Alors que l’Europe est en proie à de très fortes chaleurs, la presse revient sur un sujet que j’ai évoqué dans une note rédigée le 23 juin 2020: le bâchage des glaciers. En particulier, de nombreux articles évoquent le bâchage spectaculaire du glacier de Presena en Iitalie.

Au glacier de Presena dans le nord du pays, entre le Trentin Haut-Adige et la Lombardie, quelque 120 000 mètres carrés de toile blanche sont installés pour le recouvrir et ralentir sa fonte. Depuis 1993, ce glacier a en effet perdu plus d’un tiers de son volume. Déployée à plus de 2700 mètres d’altitude, la toile est une bâche géotextile qui reflète la lumière (voir ma note sur l’albédo) , maintenant en dessous une température inférieure à la température ambiante, et qui donc aide à la préservation de la neige. Le projet a débuté en 2008, avec près de 30 000 m² de toile déployés et posés sur la neige.

Des ouvriers déroulent de longues bandes de bâche. Elles donnent à ce flanc de montagne des allures de cadeau géant. Il faut coudre les bandes méthodiquement pour éviter qu’elles glissent au bas de la pente ou se délient sous l’effet du temps. Chacune mesure 70 mètres de long sur 5 mètres de large et coûte 400 euros. Il faut près de six semaines pour les installer à la fin du printemps, et autant à l’automne pour les enlever.

Plusieurs stations de montagne utilisent ce type de toile blanche pour freiner la fonte de leurs glaciers. C’est le cas de la Mer de Glace en France et du Glacier du Rhône en Suisse où de grandes bâches ont été installées pour protéger les grottes creusées dans la glace et empêcher qu’elles disparaissent avant la fin des étés.

Malgré tout, selon les glaciologues, la couverture des glaciers n’est pas un remède miracle. De toute façon, les bâches ne peuvent être installées que sur de petits glaciers. La véritable solution serait avant tout réduire les émissions de gaz à effet de serre, responsables de l’augmentation des températures. Si rien n’est fait, les glaciers en dessous de 3 000 mètres disparaîtront avant la fin du siècle.

Voici une vidéo (en italien) qui explique la finalité du projet sur le glacier de Presena:

https://youtu.be/QjvSv8gnuzI

Source: différents organes de presse européens.

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While Europe is in the grip of very hot weather, the press is returning to a topic that I mentioned in a post written on June 23rd, 2020: the covering of glaciers. Many articles refer to the spectacular covering of the Presena glacier in Italy.
At the Presena glacier in the north of the country, between Trentino Alto Adige and Lombardy, some 120,000 square meters of white canvas are installed to cover it and slow down its melting. Since 1993, this glacier has indeed lost more than a third of its volume. Deployed at an altitude of more than 2700 meters, the canvas is a geotextile tarpaulin which reflects light (see my post on albedo), maintaining a temperature below ambient temperature, and which therefore helps to preserve the snow. The project began in 2008, with nearly 30,000 m² of canvas deployed and placed on the snow.
Workers unroll long strips of tarpaulin. They give this mountainside the appearance of a giant gift. The strips must be sewn methodically to prevent them from slipping at the bottom of the slope or from coming loose under the effect of time. Each strip is 70 meters long by 5 meters wide and costs 400 euros. It takes almost six weeks to install them in late spring, and as many in autumn to remove them.
Several mountain resorts use this type of white canvas to slow down the melting of their glaciers. This is the case of the Mer de Glace in France and the Glacier du Rhône in Switzerland where large tarpaulins have been installed to protect the caves dug into the ice and prevent them from disappearing before the end of the summers.
However, according to glaciologists, covering glaciers is not a miracle cure. The tarps can only be installed on small glaciers. The real solution would be above all to reduce greenhouse gas emissions, responsible for the increase in temperatures. If nothing is done, the glaciers below 3,000 meters will disappear before the end of the century.

Here is a video (in Italian) that explains the purpose of the project on the Presena glacier:
https://youtu.be/QjvSv8gnuzI

Source: various European news media.

Ouvriers en train d’installer les bâches sur le glacier de Presena (Image extraite de la vidéo)

L’albédo // Albedo

Quand j’aborde le réchauffement climatique dans l’Arctique, je fais souvent référence à l’albédo qui joue un rôle très important dans la hausse des températures. Plusieurs visiteurs de mon blog m’ont demandé des explications sur ce phénomène.

Pour faire simple, on peut dire que l’albédo – ou albedo – est la fraction de l’énergie solaire qui est renvoyée vers l’atmosphère. Le mot est emprunté au latin albedo signifiant « blancheur. »

L’albédo permet de calculer, grâce à un facteur entre 0 et 100, le rayonnement solaire réfléchi par une surface, 0 correspondant à une surface absorbant tous les rayons, et 100 à une surface renvoyant tous les rayons. Plus le rayonnement absorbé par la surface est important et moins il est réfléchi, plus la surface chauffe. Les objets noirs ont une valeur albédo faible; ils absorbent donc une grosse partie des rayons du soleil et se réchauffent fortement. Les objets blancs ont un albédo élevé et réfléchissent les rayons du soleil beaucoup plus fortement, de sorte qu’ils se réchauffent moins rapidement.

La banquise a un albédo proche de 100; elle peut renvoyer jusqu’à 70 % de l’énergie solaire pour la glace nue, voire 90 % quand elle est couverte de neige fraîche, quand l’océan n’en renvoie que 10 %. Cela signifie que la fonte de la glace de mer a un effet négatif, puisque l’eau absorbe alors plus l’énergie solaire que la glace, et que sa surface se réchauffe plus vite, accroissant encore la fonte de la glace dans une boucle de rétroaction positive. L’atténuation de l’albédo accélère ainsi encore le réchauffement dans les régions polaires.

On a beaucoup accusé les particules de carbone noir d’être responsables de la chute de l’albédo dans l’Arctique, mais les dernières études montrent que leur impact n’est pas aussi significatif qu’on le pensait. Les mesures satellitaires montrent une baisse de l’albédo dans le secteur arctique estimée à -1,2 à -1,5 % par décennie entre mars et septembre sur la période entre 1982 et 2014. Néanmoins, dans cette tendance, la part des dépôts de carbone noir est mal connue. La conclusion d’une étude effectuée en 2017 (voir ma note du 16 juillet 2017) était que le risque d’intensification des feux de forêts, et donc de la fonte du Groenland, doit être pris au sérieux, même si la relation entre les deux phénomènes est à peine prouvée à ce stade. Pour les auteurs de cette étude, le réchauffement de la température atmosphérique et de l’océan restait la principale cause de la fonte du Groenland, plus que les particules de carbone noir en provenance des feux de forêts.

Les auteurs d’une nouvelle étude parue dans les Proceedings de l’Académie Nationale des Sciences le 11 novembre 2019 ont pu déterminer quels étaient les principaux acteurs responsables de la diminution de l’albédo. Grâce à de multiples jeux de données et à un modèle couplant climat et chimie, ils ont pu exclure l’effet associé aux dépôts de noir de carbone. Cet effet a été jugé « marginal ». Au final, les données montrent que c’est la réduction de la couverture neigeuse – sur les continents et sur la glace – qui a joué le rôle le plus important. Ce recul fait suite à la hausse de la température et à la raréfaction des précipitations neigeuses. Il expliquerait 70 % de la baisse de l’albédo. Les 30 % restant seraient le résultat du recul de la banquise arctique et de la diminution de son épaisseur.

Les glaciers de l’Arctique, et du Groenland en particulier, ne sont toutefois pas les seuls à recevoir la suie des feux de forêt. Les glaciers de l’Himalaya et du Plateau Tibétain fondent eux aussi plus rapidement à cause des nuages ​​de suie provenant des gaz d’échappement des véhicules diesel et des feux d’écobuage, essentiellement en Inde. On trouve des concentrations de carbone noir dans l’Himalaya, un univers censé être vierge et d’une grande pureté.
L’Inde et la Chine produisent environ un tiers du carbone noir dans le monde, et les deux pays tardent à prendre des mesures. La réduction des émissions de carbone noir serait relativement peu coûteuse et aiderait à réduire sensiblement le réchauffement climatique.
En fait, les gouvernements indien et chinois sont réticents à proposer des plans visant à réduire les émissions de carbone noir parce qu’ils veulent que l’attention reste concentrée sur les pays riches qui, selon eux, doivent tout d’abord réduire leurs émissions de dioxyde de carbone.

C’est anecdotiques, mais voivi un exemple de la faculté du blanc à renvoyer la lumière et celle du noir à l’absorber. Dans les années 1960, une équipe de coureurs cyclistes professionnels était sponsorisée par la marque Peugeot. Les maillots avaient des damiers noirs et blancs et la marque était écrite en grosses lettres noires. Je me souveins qu’un soir d’étape du Tour de France, un des coureurs de l’équipe s’est mis torse nu et le nom de la marque était inscrit sur la peau de son dos!

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When I talk about global warming in the Arctic, I often refer to the albedo, which plays a very important role in rising temperatures. Several visitors to my blog have asked me for an explanation of this phenomenon.

Simply put, we can say that the albedo is the fraction of solar energy that is sent back to the atmosphere. The word is borrowed from the Latin albedo meaning « whiteness. »

The albedo makes it possible to calculate, thanks to a factor between 0 and 100, the solar radiation reflected by a surface, 0 corresponding to a surface absorbing all the rays, and 100 to a surface sending back all the rays. The more radiation absorbed by the surface and the less it is reflected, the more the surface heats up. Black objects have a low albedo value and therefore absorb a large part of the sun’s rays and heat up strongly. White objects have a high albedo and reflect the sun’s rays much more strongly, so they heat up less quickly.

The ice sheet has an albedo close to 100; it can reflect up to 70% of solar energy for bare ice, even 90% when it is covered with fresh snow, whereas the ocean only reflects 10%. This means that the melting of the sea ice has a negative effect, since the water then absorbs more solar energy than the ice, and its surface heats up faster, further increasing the melting of the sea ice in a positive feedback loop. The attenuation of the albedo thus further accelerates warming in the polar regions.

Black carbon particles have been widely blamed for the drop in albedo in the Arctic, but the latest studies show that their impact is not as significant as previously thought. Satellite measurements show a drop in albedo in the Arctic sector estimated at -1.2 to -1.5% per decade between March and September over the period between 1982 and 2014. Nevertheless, in this trend, the share of black carbon deposits is poorly understood. The conclusion of a study carried out in 2017 (see my post of July 16th, 2017) was that the risk of intensification of forest fires, and therefore of the melting of Greenland, must be taken seriously, even if the relationship between the two phenomena is barely proven at this stage. For the authors of this study, the warming of the atmospheric and ocean temperature remained the main cause of the melting of Greenland, more than the black carbon particles from the forest fires.

The authors of a new study published in the Proceedings of the National Academy of Sciences on November 11th, 2019 were able to determine which were the main players responsible for the decrease in albedo. Thanks to multiple datasets and a model combining climate and chemistry, they were able to exclude the effect associated with carbon black deposits. This effect was considered « marginal ». In the end, the data shows that it was the reduction in snow cover – on the continents and on the ice – that played the most important role. This decline follows the rise in temperature and the scarcity of snowfall. It would explain 70% of the drop in albedo. The remaining 30% would be the result of the retreat of the Arctic sea ice and the reduction in its thickness.

The glaciers of the Arctic, and of Greenland in particular, however, are not the only ones to receive soot from forest fires. Glaciers in the Himalayas and Tibetan Plateau are also melting faster due to soot clouds from diesel vehicle exhausts and burning fires, mostly in India. Concentrations of black carbon are found in the Himalayas, a universe believed to be pristine and of high purity.
India and China produce around a third of the world’s black carbon, and both countries are slow to take action. Reducing black carbon emissions would be relatively inexpensive and would help significantly reduce global warming.
In fact, the Indian and Chinese governments are reluctant to come up with plans to cut black carbon emissions because they want attention to remain focused on rich countries which they say must cut emissions first. of carbon dioxide.

Valeurs de l’albédo selon les surfaces (Source: Futura-Sciences)

La surface blanche immaculée du Groenland favorise l’albédo (Photo: C. Grandpey)