Nyiragongo (RDC): un constat d’échec // An admission of failure

La chaîne France 24 a diffusé le 27 août 2021 un très bon reportage sur la situation à Goma (République Démocratique du Congo) après l’éruption du Nyiragongo le 22 mai 2021. Le documentaire est d’une grande honnêteté. C’est aussi un constat d’impuissance et d’échec. Comme le déclare Dario Tedesco (Université de Campanie), « on a beaucoup à apprendre, on s’est trompé ». Il faut dire, à la décharge des volcanologues locaux que l’Observatoire Volcanologique de Goma (OVG) manque cruellement de moyens. J’avais insisté sur cet aspect au moment de l’éruption. Ce n’est pas la première fois que le volcan déverse sa lave sur Goma et on sait que cette situation tragique se reproduira à plus ou moins long terme.

Le reportage met aussi en évidence une autre épée de Damoclès qui menace la région: le lac Kivu et les énormes quantités de gaz carbonique et de méthane qui se cachent dans ses profondeurs et ne demandent qu’à s’évacuer à la moindre occasion, si un fort séisme déstabilise le lac, par exemple. Tout le monde se souvient de la catastrophe du lac Nyos (cameroun) le 21 août 1986.

Il est facile de dire que l’on réalisé de bonnes prévisions quand la lave s’évacue dans une zone désertique, comme sur le Kilauea (Hawaii) ou dans l’Enclos du Piton de la Fournaise (Ile de la réunion). mais quand le volcan menace des zones densément peuplées, c’est une autre paire de manches…

Vous aurez accès au reportage de France 24 en cliquant sur ce lien.

https://youtu.be/F4V2M7z5uJw

J’ai écrit sur ce blog plusieurs articles à propos du lac Kivu. Vous les trouverez à l’aide du moteur de recherche dans la colonne de droite. Voici l’un d’eux:

Le méthane du lac Kivu (Rwanda / RDC) : entre menace et légende…

Nouvelles conséquences du réchauffement climatique // More consequences of global warming

Bien que souvent occulté par la pandémie de Covid-19 dans le monde, le changement climatique affecte toujours durement notre planète Voici deux exemples de ses conséquences.

Le premier est vraiment tragique. Il s’agit de Madagascar qui est sur le point de connaître la première « famine liée au changement climatique » dans le monde. L’alerte vient des Nations Unies qui expliquent que des dizaines de milliers de personnes souffrent de « niveaux catastrophiques de faim et d’insécurité alimentaire après quatre années sans pluie. »
La sécheresse – la pire depuis quatre décennies – a dévasté des communautés agricoles isolées dans le sud du pays où les familles en sont réduites à manger des insectes pour survivre. Dans certains villages, les gens n’ont que les criquets comme seule nourriture. Un villageois dit que sa famille n’a plus rien à manger à part les feuilles de cactus.
Contrairement à d’autres pays, la famine à Madagascar est provoquée par le climat et non par des conflits armés. L’ONU estime que 30 000 personnes connaissent actuellement le niveau d’insécurité alimentaire le plus élevé – le niveau cinq – et il est à craindre que le nombre de personnes affectées augmente fortement alors que Madagascar entre dans la traditionnelle « saison de vache maigre » avant les récoltes.
L’impact de la sécheresse actuelle se fait également sentir dans les grandes villes du sud de Madagascar où de nombreux enfants sont contraints de mendier dans les rues pour obtenir de la nourriture. Les prix du marché s’envolent. Certains paysans vendent leur terre pour avoir de l’argent pour acheter de la nourriture. D’autres ont décidé de dormir dans leurs champs de manioc pour essayer de protéger leurs récoltes des vols par des personnes désespérées en quête de nourriture.

Google Maps

Un autre exemple des conséquences du réchauffement climatique est celui du Parc National du Denali (Alaska) où les glissements de terrain sont de plus en plus fréquents avec le dégel du pergélisol.
L’unique route qui traverse le parc national s’étire sur 148 kilomètres. Près de la moitié a été fermée le 24 août 2021 aux véhicules, piétons et vélos en raison des conditions dangereuses causées par un glissement de terrain.
Selon les autorités du parc, un glissement de terrain affecte le secteur depuis au moins les années 1960, mais il ne nécessitait alors qu’un entretien tous les deux ou trois ans.

Au cours des années 1990, le glissement de terrain, qui se produit sous la chaussée, ne provoquait que de petites fissures à la surface de la route.

En 2018, on est passé à des fractures de près de 1 centimètre par jour, puis à 9 centimètres par jour en août 2020.
Les pluies récentes semblent avoir contribué à intensifier le glissement de terrain qui atteint maintenant plus de 25 centimètres par jour.
A cause du changement climatique, un problème qui était auparavant résolu par le personnel d’entretien du parc ne peut plus l’être par des solutions à court terme. Les autorités du parc devront travailler avec d’autres organismes pour trouver une solution à long terme pour maintenir l’accès routier à travers lle parc du Denali qui a accueilli plus de 601 100 personnes en 2019.
Source : Yahoo News.

Photo: C. Grandpey

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Although hidden by the Covid-19 pandemic around the world, climate change is still severely affecting our planet Here are two examples of its consequences.

The first one is really tragic. It concerns Madagascar which is on the brink of experiencing the world’s first « climate change famine ». The warning comes from the United Nations which says tens of thousands of people are already suffering catastrophic levels of hunger and food insecurity after four years without rain.

The drought – the worst in four decades – has devastated isolated farming communities in the south of the country, leaving families to scavenge for insects to survive.In some villages, people are eating locusts to survive. One villager said they have absolutely nothing to eat except cactus leaves.

Unlike other countries, famine-like conditions in Madagascar are being driven by climate not conflict. The UN estimates that 30,000 people are currently experiencing the highest internationally recognised level of food insecurity – level five – and there are concerns the number affected could rise sharply as Madagascar enters the traditional « lean season » before harvest.

The current drought’s impact is now being felt in larger towns in southern Madagascar too, with many children forced to beg on the streets for food. The prices in the market are going up. Some people are selling their land to get some money to buy food. Many others have taken to sleeping in their cassava fields to try to protect their crops from people desperate for food.

 

Another example of the consequences of global warming can be seen in Denali National Park (Alaska) where landslides are getting more and more frequent with the thawing of permafrost.

The lone road through Denali National Park and Preserve spans148 kilometres. Nearly half it closed on August 24th, 2021 to nonessential vehicles, pedestrians and bikes because of unsafe conditions caused by a landslide.

According to the park authorities, slides have affected the area since at least the 1960s but used to require maintenance every two to three years.

During the 1990s, the landslide, which occurs below the roadbed, only caused small cracks in the road surface.

However, by 2018 the slumping increased to almost 1 centimetre per day, and then to 9 centimetres per day by August 2020.

Recent rains appear to have caused the rate to increase significantly, with much of the landslide moving downhill at over 25 centimetres per day.

Climate change has taken what was previously a problem solved by maintenance staff performing road repairs and made a challenge too difficult to overcome with short-term solutions. Park authorities will have to work with other agencies on a long-term solution to maintain road access through the Park which welcomed more than 601,100 people in 2019.

Source: Yahoo News.

Yellowstone: Gare à la prison! // Yellowstone may send you to jail!

Sortir d’un sentier à Yellowstone peut vous conduire en prison; c’est ce que vient d’apprendre à ses dépens une femme de 26 ans du Connecticut. Elle a été condamnée à une semaine de prison après avoir quitté le sentier de caillebotis qui permet de traverser le Norris Geyser Basin, l’un des endroits les plus chauds et les plus dangereux du Parc national de Yellowstone. Elle a également été condamnée à payer une amende de 1 000 dollars et 40 dollars de frais de dossier. De plus, cette femme devra effectuer des travaux d’intérêt général à hauteur de 1 000 dollars pour le compte du Yellowstone Forever Geological Resource Fund, le partenaire à but non lucratif du parc national.
La femme et deux autres personnes ont quitté le sentier de caillebotis pour s’approcher d’un geyser dans le Norris Geyser Basin. Plusieurs autres visiteurs les ont vues, se sont inquiétés et ont fait des photos et vidéos des trois personnes avant de les signaler aux autorités du parc.
Le Norris Geyser Basin est un des hauts lieux du Parc de Yellowstone. De nombreux panneaux rappellent – à juste titre – aux visiteurs qu’ils ne doivent pas quitter les sentiers. En 2016, un homme de l’Oregon s’est probablement dissous dans l’eau acide après être tombé accidentellement dans une source chaude de Norris. Son corps n’a jamais été retrouvé.
Les autorités du parc rappellent au public que le sol est fragile et mince et que l’eau à très haute température qui se trouve juste sous la surface peut provoquer des brûlures graves, même mortelles. Plus de 20 personnes sont décédées des suites de brûlures après être tombées dans les sources chaudes de Yellowstone.
Source : Médias d’information américains.

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Stepping off a trail in Yellowstone could land you in jail, and a tourist is learning that lesson the hard way. A 26-year-old woman from Connecticut was sentenced a week in jail after walking on thermal ground in Norris Geyser Basin, the hooest and one of the most dangerous places in Yellowstone National Park. She was also ordered to pay a $1,000 fine and $40 in fees. Additionally, the woman will have to pay $1,000 in community service to the Yellowstone Forever Geological Resource Fund, the nonprofit partner of the national park.

The woman and two other people walked onto a thermal pool and geyser in Norris Geyser Basin. They got off the boardwalk and walked on thermal ground. Multiple other people were concerned and took photos and videos of the three persons and reported them to the Park authorities. .

Norris Geyser Basin is a popular area that has many signs warning people to stay on the boardwalk. In 2016, an Oregonman probably dissolved in the acid waterafter trying to soak in a thermal area in Norris. Workers couldn’t find any remains.

Park authorities aptly remind the public that he ground is fragile and thin and scalding water just below the surface can cause severe or fatal burns. More than 20 people have died from burns suffered after they entered or fell into Yellowstone’s hot springs.

Source: U.S. news media.

Photos: C. Grandpey

Kilauea (Hawaii) : A quoi joue le HVO? // Kilauea (Hawaii) : What does HVO play?

Il y a quelques semaines, le HVO expliquait qu’ une fenêtre de trois mois était nécessaire pour déterminer si une éruption était terminée sur le Kilauea. La dernière ayant pris fin le 24 mai 2021, il fallait attendre le 24 août pour la déclarer officiellement terminée.Toute nouvelle activité éruptive deviendrait « la prochaine éruption ».

Or – quelle coïncidence! –  le 24 août 2021 est la date choisie par le HVO pour clamer haut et fort qu’un essaim sismique significatif a été enregistré dans la partie sud de la caldeira du Kilauea, avec une certaine déformation du sol. Cela sous-entendait, bien sûr, qu’une nouvelle éruption allait se produire dans le très court terme. Au moment où l’information a largement été diffusée par les médias américains, j’ai fait remarquer que ce genre d’événement n’avait rien d’exceptionnel car des secousses se produisent fréquemment sur le flanc sud du Kilauea suite à un effet de basculement de l’édifice volcanique dans l’Océan Pacifique.

Dans son bulletin du 26 août 2021, le HVO écrit que « le Kilauea n’est pas en éruption. Au cours des dernières 24 heures, l’activité sismique et la déformation du sol ont diminué dans la partie sud de la caldeira sommitale du Kilauea. […] Ces observations indiquent que le risque immédiat d’une éruption a diminué. » Le niveau d’alerte volcanique été abaissé en conséquence..

Mais aucune affirmation que la dernière éruption est terminée…..!!!!! On frise la mauvaise foi! Si l’OVPF se livrait au même jeu sur l’île de la Réunion, le Piton de la Fournaise serait en éruption permanente!

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A few weeks ago, HVO explained that a three-month period was needed to determine if an eruption was over on Kilauea volcano.As the last one ended on May 24th, 2021, it was necessary to wait until August 24th to declare it officially over. Any new eruptive activity would become « the next eruption ».
However, August 24th, 2021 – what a coincidence! – was the date chosen by HVO to proclaim loudly that a significant seismic swarm has been recorded in the southern part of the Kilauea caldera, with some ground deformation. This suggested, of course, that a new eruption was going to occur in the very short term. While the information was widely disseminated by the American media, I pointed out that this kind of event was not exceptional because tremors frequently occur on the southern flank of Kilauea following a tilting effect. of the volcanic edifice in the Pacific Ocean.
In its bulletin of August 26th, 2021, HVO wrote that « Kilauea is not erupting. Over the past 24 hours, seismic activity and ground deformation have decreased in the southern part of the Kilauea summit caldera. . […] These observations indicate that the immediate risk of an eruption has diminished.  » The volcanic alert level has been lowered accordingly.
But not ad to say that the last eruption was over ….. !!!!! We are bordering on dishonesty! If the OVPF played the same game on Reunion Island, Piton de la Fournaise would be in permanent eruption!

Crédit photo: HVO