Surges glaciaires sur le Denali (Alaska) // Glacial surges at Denali (Alaska)

Les surges glaciaires sont des événements de courte durée au cours desquels un glacier accélère sa progression et peut atteindre des vitesses 100 fois supérieures à la normale. Le phénomène ne se produit que dans quelques régions du monde comme le Svalbard, les îles de l’Arctique canadien et l’Alaska. Les surges glaciaires peuvent avoir lieu à intervalles réguliers et périodiques. Sur certains glaciers, elles peuvent se produire selon des cycles assez réguliers avec entre 15 et 100 événements ou plus par an. Sur d’autres glaciers, les surges sont imprévisibles.
Les glaciers couvrent un sixième du Parc national du Denali (anciennement Mc Kinley) en Alaska. Pour la première fois en 64 ans, le glacier Muldrow, qui prend sa source sur le versant nord-est du Denali et se dirige vers le nord pour donner naissance à la rivière McKinley, connaît en 2021 une surge spectaculaire.
Comme je l’ai indiqué plus haut, les surges glaciaires comme celle de Muldrow sont généralement des événements de courte durée au cours desquels la glace à l’intérieur d’un glacier peut avancer soudainement et à une vitesse impressionnante, parfois10 à 100 fois supérieure à la normale. Cette progression soudaine a rapidement et considérablement modifié l’apparence du glacier Muldrow qui se déplaçait auparavant lentement. Ainsi, suite à la surge, de profondes crevasses sont apparues à sa surface.
A cause de l’avancée soudaine du glacier, les alpinistes qui avaient prévu d’escalader le Denali par son versant nord doivent revoir leurs plans. Trouver un itinéraire devient quasiment impossible en raison des conditions de glace instables et de l’augmentation du risque de crevasses. De plus, il existe un risque de crues soudaines le long de la rivière McKinley en aval du terminus du glacier Muldrow. Ces crues soudaines peuvent se produire sans prévenir. En conséquence, pour des raisons de sécurité, la randonnée dans ces zones du parc a été fortement déconseillée.
Lors d’une précédente surge au cours de l’hiver 1956-57, le glacier a avancé d’un peu plus de 6,5 kilomètres en quelques mois. Aujourd’hui, une analyse des images satellitaires du glacier Muldrow par des chercheurs de l’Université d’Alaska à Fairbanks montre qu’il avance actuellement à une vitesse de 10 à 20 mètres par jour, ce qui est environ 100 fois plus rapide que la normale. La surge semble avoir commencé en janvier et devrait se poursuivre pendant plusieurs mois.
Les scientifiques anticipaient le phénomène depuis un certain temps, car le glacier montre des preuves d’un cycle de surges de 50 ans, mais personne ne savait exactement quand le processus se déclencherait.
La surge actuelle du glacier Muldrow n’est probablement pas due au changement climatique, mais plutôt à la géomorphologie du glacier, à la nature unique de sa structure, à la composition de la glace, celle des roches environnantes et à la topographie de la zone à travers laquelle il se déplace.
Les surges peuvent aussi être causées par l’interaction entre l’accumulation de glace à haute altitude au fil du temps et l’apport d’eau de fonte à la base d’un glacier. En raison de la morphologie de nombreux glaciers exposés à ce phénomène, la glace s’accumule et s’épaissit dans la partie supérieure du glacier pendant plusieurs décennies avec un écoulement lent ou un transfert de glace vers la partie inférieure du glacier. A un moment donné pendant la phase calme de l’accumulation, la masse de glace atteint un seuil où l’hydrologie interne du glacier est perturbée. Au lieu de s’écouler au terminus, l’eau de fonte est retenue à la base du glacier.

Le processus d’une surge glaciaire montre que le phénomène affectera surtout les glaciers longs et massifs. Il est moins susceptible d’être observé sur les glaciers de petite taille comme nos glaciers alpins. On estime que seulement 1% de tous les glaciers du monde connaissent des surges et la Denali est un peu unique à cet égard. Un nombre relativement important de glaciers du Denali connaît des surges en raison du relief de ce massif.
Les scientifiques du Parc continueront de surveiller et de cartographier cette situation dynamique pendant et après la surge, afin de mieux comprendre l’évolution des glaciers de l’Alaska. Le National Park Service surveille également le bilan de masse d’un certain nombre de glaciers de plus petite taille dans plusieurs parcs nationaux. La dynamique des glaciers qui ne sont pas soumis à des surges est un indicateur à long terme du réchauffement climatique. Dans la partie sud du massif du Denali, en face du Muldrow, le glacier Kahiltna recule lentement.

Dans son ensemble, la couverture de glace du massif du Denali a diminué de 8 % depuis 1952.
Source : National Park Service.

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Glacial surges are short-lived events where a glacier can move up to velocities 100 times faster than normal, and advance substantially. Surging glaciers are found in only a few areas like Svalbard, Canadian Arctic islands, and Alaska. Glacial surges can take place at regular, periodic intervals. In some glaciers, surges can occur in fairly regular cycles with 15 to 100 or more surge events per year. In other glaciers, surging is unpredictable.

Glaciers cover one-sixth of Denali National Park in Alaska. For the first time in 64 years, the Muldrow Glacier, which originates high on the northeastern slope of Denali and flows north to form the McKinley River, is dramatically surging.
Glacial surges like Muldrow’s are typically short-lived events where ice within a glacier can advance suddenly and substantially, sometimes moving at speeds10-100 times faster than normal. This sudden surge has quickly and dramatically altered the appearance of the previously slow moving Muldrow Glacier, with heavy crevassing occurring throughout most of the length of the glacier.
As a result of the surge, mountaineers planning to use the north approach to Denali are impacted. Route finding may be nearly impossible due to unstable ice conditions and the dramatic increase in crevasse hazards. Additionally, there is a heightened risk of outburst flooding along the McKinley River beyond the terminus of the Muldrow Glacier. Outburst flooding can occur with no warning, and for safety reasons backpacking in these areas of the park has been restricted.
In a prior surge event during the winter of 1956-57, the glacier advanced just over 6.5 kilimeters in a few months’ time. Today, preliminary satellite radar image analysis of the Muldrow Glacier completed by University of Alaska Fairbanks researchers suggests it is currently flowing at a rate of 10-20 meters per day, which is about 100 times faster than normal. This surge is believed to have begun sometime in January and was expected to continue for several months.
Scientists had been anticipating this surge for a while, as the glacier displays evidence of a 50-year surge cycle, but no one knew exactly when it would occur.
The current surge of the Muldrow Glacier is likely not driven by impacts of climate change, but rather by the glacier’s geomorphology, the unique nature of the structure and composition of the glacier’s ice, its surrounding rocks, and the topography it is moving through.
Surges like this may be caused by the interplay of ice buildup at higher elevations over time, and supply of meltwater to the base of a glacier. Due to the geometry of many surge type glaciers, ice accumulates and thickens on the upper glacier over many decades with only a slow flow or transfer of ice to the lower glacier. At some point during the quiet accumulation phase, the mass reaches a threshold where the internal hydrology of the glacier is disrupted. Rather than running out at the terminus, meltwater is retained at the base of the glacier.

The process of a glacier surge shows that the phenomenon will affect long and massive glaciers. Surges are less likely to be observed on short glaciers. It is estimated that only one percent of all the world’s glaciers ever surge and Denali is a bit unique in this respect. A relatively large portion of Denali glaciers are surge type due to the dramatic relief of the mountain.
Park scientists will continue to monitor and map this dynamic situation both during and after the surge event, with the hope of increasing their understanding of how glaciers in Alaska are changing. The National Park Service also monitors the mass balance of a small set of glaciers in several national parks. Non surge type glacier dynamics are a long-term indicator of climate change. On the south side of Denali, opposite from the Muldrow, the Kahiltna glacier is a long-term index glacier which is slowly retreating. Overall, ice cover in Denali has declined by 8% since 1952.
Source: National Park Service.

Photos : C. Grandpey

Nouvelles conséquences du réchauffement climatique // More consequences of global warming

Bien que souvent occulté par la pandémie de Covid-19 dans le monde, le changement climatique affecte toujours durement notre planète Voici deux exemples de ses conséquences.

Le premier est vraiment tragique. Il s’agit de Madagascar qui est sur le point de connaître la première « famine liée au changement climatique » dans le monde. L’alerte vient des Nations Unies qui expliquent que des dizaines de milliers de personnes souffrent de « niveaux catastrophiques de faim et d’insécurité alimentaire après quatre années sans pluie. »
La sécheresse – la pire depuis quatre décennies – a dévasté des communautés agricoles isolées dans le sud du pays où les familles en sont réduites à manger des insectes pour survivre. Dans certains villages, les gens n’ont que les criquets comme seule nourriture. Un villageois dit que sa famille n’a plus rien à manger à part les feuilles de cactus.
Contrairement à d’autres pays, la famine à Madagascar est provoquée par le climat et non par des conflits armés. L’ONU estime que 30 000 personnes connaissent actuellement le niveau d’insécurité alimentaire le plus élevé – le niveau cinq – et il est à craindre que le nombre de personnes affectées augmente fortement alors que Madagascar entre dans la traditionnelle « saison de vache maigre » avant les récoltes.
L’impact de la sécheresse actuelle se fait également sentir dans les grandes villes du sud de Madagascar où de nombreux enfants sont contraints de mendier dans les rues pour obtenir de la nourriture. Les prix du marché s’envolent. Certains paysans vendent leur terre pour avoir de l’argent pour acheter de la nourriture. D’autres ont décidé de dormir dans leurs champs de manioc pour essayer de protéger leurs récoltes des vols par des personnes désespérées en quête de nourriture.

Google Maps

Un autre exemple des conséquences du réchauffement climatique est celui du Parc National du Denali (Alaska) où les glissements de terrain sont de plus en plus fréquents avec le dégel du pergélisol.
L’unique route qui traverse le parc national s’étire sur 148 kilomètres. Près de la moitié a été fermée le 24 août 2021 aux véhicules, piétons et vélos en raison des conditions dangereuses causées par un glissement de terrain.
Selon les autorités du parc, un glissement de terrain affecte le secteur depuis au moins les années 1960, mais il ne nécessitait alors qu’un entretien tous les deux ou trois ans.

Au cours des années 1990, le glissement de terrain, qui se produit sous la chaussée, ne provoquait que de petites fissures à la surface de la route.

En 2018, on est passé à des fractures de près de 1 centimètre par jour, puis à 9 centimètres par jour en août 2020.
Les pluies récentes semblent avoir contribué à intensifier le glissement de terrain qui atteint maintenant plus de 25 centimètres par jour.
A cause du changement climatique, un problème qui était auparavant résolu par le personnel d’entretien du parc ne peut plus l’être par des solutions à court terme. Les autorités du parc devront travailler avec d’autres organismes pour trouver une solution à long terme pour maintenir l’accès routier à travers lle parc du Denali qui a accueilli plus de 601 100 personnes en 2019.
Source : Yahoo News.

Photo: C. Grandpey

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Although hidden by the Covid-19 pandemic around the world, climate change is still severely affecting our planet Here are two examples of its consequences.

The first one is really tragic. It concerns Madagascar which is on the brink of experiencing the world’s first « climate change famine ». The warning comes from the United Nations which says tens of thousands of people are already suffering catastrophic levels of hunger and food insecurity after four years without rain.

The drought – the worst in four decades – has devastated isolated farming communities in the south of the country, leaving families to scavenge for insects to survive.In some villages, people are eating locusts to survive. One villager said they have absolutely nothing to eat except cactus leaves.

Unlike other countries, famine-like conditions in Madagascar are being driven by climate not conflict. The UN estimates that 30,000 people are currently experiencing the highest internationally recognised level of food insecurity – level five – and there are concerns the number affected could rise sharply as Madagascar enters the traditional « lean season » before harvest.

The current drought’s impact is now being felt in larger towns in southern Madagascar too, with many children forced to beg on the streets for food. The prices in the market are going up. Some people are selling their land to get some money to buy food. Many others have taken to sleeping in their cassava fields to try to protect their crops from people desperate for food.

 

Another example of the consequences of global warming can be seen in Denali National Park (Alaska) where landslides are getting more and more frequent with the thawing of permafrost.

The lone road through Denali National Park and Preserve spans148 kilometres. Nearly half it closed on August 24th, 2021 to nonessential vehicles, pedestrians and bikes because of unsafe conditions caused by a landslide.

According to the park authorities, slides have affected the area since at least the 1960s but used to require maintenance every two to three years.

During the 1990s, the landslide, which occurs below the roadbed, only caused small cracks in the road surface.

However, by 2018 the slumping increased to almost 1 centimetre per day, and then to 9 centimetres per day by August 2020.

Recent rains appear to have caused the rate to increase significantly, with much of the landslide moving downhill at over 25 centimetres per day.

Climate change has taken what was previously a problem solved by maintenance staff performing road repairs and made a challenge too difficult to overcome with short-term solutions. Park authorities will have to work with other agencies on a long-term solution to maintain road access through the Park which welcomed more than 601,100 people in 2019.

Source: Yahoo News.

La fonte du permafrost menace l’accès au Parc National du Denali (Alaska) // Permafrost thawing threatens access to Denali National Park

 À l’approche de la saison touristique estivale en Alaska, la route qui traverse le Parc National du Denali inquiète les autorités. La Denali Park Road (147 kilomètres) est le seul moyen de pénétrer dans le parc. Les voitures particulières ne sont pas autorisées au-delà de la borne indiquant le Mile 15, et chaque année des centaines de milliers de visiteurs montent à bord d’autobus privés pour visiter le parc. Par exemple, en 2017, le Parc National du Denali a enregistré plus de 600 000 visites et les touristes ont dépensé 632 millions de dollars.
Le National Park Service a l’intention d’ouvrir la route début juin. Le problème, c’est que des évolutions spectaculaires du relief l’exposent de plus en plus souvent aux glissements de terrain. Les services du parc ont fermé plusieurs fois la route l’été dernier pendant de fortes pluies, avec des chutes de pierres et des coulées de boue. Au mois d’août, quelque 300 personnes et 17 bus sont restés bloqués pendant plusieurs heures au beau milieu du parcours. En décembre, les autorités ont averti qu’une fermeture partielle de la route pourrait être décidée en 2020. Une fermeture de la route du Denali sur une longue période pendant la saison touristique doit absolument être évitée car cela aurait un effet désastreux sur les activités commerciales en l’Alaska.

L’un des principaux problèmes à résoudre concerne l’instabilité du flanc de la montagne le long de la route vers la moitié du trajet. Les derniers relevés effectués par le National Park Service ont révélé que depuis le mois de septembre 2019, le glissement de terrain s’est considérablement accéléré. La cause du phénomène est le dégel du permafrost en raison des températures de plus en plus élevées en Alaska. En conséquence, la route s’est affaissée de près de 5 centimètres chaque jour depuis le mois d’août de l’année dernière. Le sol riche en argile au-dessus du pergélisol peut glisser plus facilement en période de pluie.
Plusieurs solutions sont proposées pour réparer la route, notamment la déviation d’une portion ou la construction d’un pont au-dessus des zones instables. Il a été jugé inconcevable de creuser des tunnels sous la zone du glissement de terrain ou d’édifier des structures pour contrer le glissement de terrain.
J’ai voyagé à deux reprises sur la Denali Park Road et j’ai eu beaucoup de chance car le temps était beau. La route offre des vues spectaculaires sur le Denali, la plus haute montagne d’Amérique du Nord. Pendant le voyage, on peut généralement voir des moutons de Dall, des ours et d’autres animaux comme des élans ou des rennes.
Source: Anchorage Daily News, Service des parcs nationaux.

L’ouverture du Parc National du Denali reste bien sûr conditionnée à l’évolution du coronavirus aux Etats Unis.

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As the summer tourism season approaches in Alaska, there is anxiety around the fate of the road that runs through Denali National Park. The Denali Park Road is the only way to drive into the park. Private vehicles are restricted along the 147- kilometre road past Mile 15, but hundreds of thousands of visitors each year rely on buses run by commercial operators to take them into the park. In 2017, Denali saw more than 600,000 visits, and visitors spent $632 million.

The National Park Service says it intends to open the entire road by early June. The problem is that dramatic changes are making the road increasingly vulnerable to landslides. The park service closed parts of the road multiple times last summer amid heavy rains, rockfall and mudslides, including an incident in August that left around 300 people and 17 buses stranded for a few hours about halfway down the road. In December, the park service issued a warning about the possibility of a partial closure in 2020. A long-term road closure during the summer tourism season the Denali road must absolutely be avoided because it would have a disastrous cascade effect on businesses throughout Alaska.

A slowly advancing slide near the road’s halfway point is one of many areas along the road that is unstable. Recent National Park Service surveys found that since September 2019, the speed of the landslide has increased dramatically: The cause of the phenomenon is the thawing of permafrost because of higher and higher temperatures in Alaska. As a consequence, the road was slumping nearly 5 centimetres every day after August last year. The clay-rich soil that sits at an incline on top of thawing permafrost can slide when it gets wet.

There are multiple solutions proposed for fixing the road, including rerouting a segment or building a bridge across the unstable areas. Tunneling below the landslide or building up supports against landslides was deemed unfeasible.

I travelled twice along the Denali Park Road and was very lucky because the weather was fine. The park offered dramatic views of Denali, North America’s tallest mountain. During the trip, you can usually see Dall sheep, bears and other animals like moose or reindeer.

Source : Anchorage Daily News, National Park Service.

The opening of Denali National Park will necessarily depend on the evolution of COVID-19 in the United States.

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La route avance dans l’immensité du Parc, avec le Denali en toile de fond…

La toundra est omniprésente…

Au détour d’une courbe, le géant apparaît dans toute sa majesté…

La faune est abondante… Ici un renard…

Là des moutons de Daal…

…un élan…

…des rennes…

…ou un ours en train de se gaver de baies dans la toundra.

Photos: C. Grandpey

De plus en plus de neige sur le Denali (Alaska) // More and more snow on Denali (Alaska)

Même si l’hiver actuel semble plus froid que les précédents, avec d’importantes chutes de neige sur les montagnes françaises, cela ne signifie pas que le réchauffement climatique soit en régression. Il ne faudrait pas oublier que pour avoir de la neige, il faut de l’humidité et un temps pas trop froid.

Plus de neige ne signifie pas forcément plus de glace pour les glaciers, surtout si le soleil estival la fait fondre, comme c’est le cas ces dernières années.
Une équipe de chercheurs américains a publié dans Nature Scientific Reports des données scientifiques qui montrent que même si l’Alaska a connu une hausse des températures extrêmement rapide ces dernières années, les chutes de neige dans le Parc National du Denali ont augmenté de façon spectaculaire. [Le Denali (anciennement Mont McKinley) est le plus haut sommet d’Amérique du Nord, avec une altitude de 6190 m.]

Les chercheurs ont foré la neige pour extraire des carottes de glace qui ont fourni un historique des chutes de neige remontant à plus de 1 000 ans et ils ont constaté une nette augmentation des chutes de neige au cours des 150 dernières années.
Les carottes de glace ont révélé une très forte augmentation de la couche de neige à partir de l’époque de la révolution industrielle au 19ème siècle, lorsque les hommes ont commencé à utiliser des combustibles fossiles pour produire de l’énergie en grande quantité. Au fil du temps, la quantité de neige tombée a plus que doublé.
La couche de neige fraîche avant la révolution industrielle atteignait en moyenne 2,40 mètres par an sur le site où les carottes ont été extraites. La montagne reçoit aujourd’hui plus de 5 mètres de neige fraîche. Avec le changement climatique, on assiste à une augmentation des précipitations car l’atmosphère plus chaude contient plus de vapeur d’eau. Malgré cela, les chercheurs ne s’attendaient pas à une telle augmentation de la couche de neige. Ils attribuent une partie de cette augmentation à la capacité de l’atmosphère à retenir plus de vapeur d’eau, mais aussi au fait que le réchauffement de l’Océan Pacifique tropical a modifié les tendances atmosphériques, avec plus de tempêtes en Alaska.
En dépit de toute cette neige, les glaciers de l’Alaska reculent rapidement à basse altitude, même s’ils sont alimentés par de gros volumes de neige dans les zones d’accumulation à haute altitude où il y a peu de fonte. [NDLR : Cette zone d’accumulation en France se situe désormais au-dessus de 3000 mètres d’altitude.]
Il y a deux ans, les scientifiques ont signalé que les glaciers de l’Alaska perdaient chaque année 75 milliards de tonnes de glace. Ce sont ceux qui fondent le plus vite dans le monde. Le phénomène est entièrement dû au réchauffement estival, malgré le fait que les chutes de neige aient doublé. [Note personnelle: Les glaciologues français ont récemment présenté la même explication de la fonte des glaciers dans les Alpes.]
Les changements intervenus dans la couche de neige et présentés dans la nouvelle étude font partie d’un ensemble de changements beaucoup plus important intervenu dans le système hydrologique de l’Arctique. En particulier, la fonte des glaciers et du manteau neigeux entraîne des déversements d’eau importants vers la mer. La nouvelle étude souligne que même si notre planète connaît un réchauffement moyen de 1 degré Celsius ou plus, certaines régions peuvent connaître des changements beaucoup plus importants.
Source: The Washington Post et The Anchorage Daily News.

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Even though the current winter looks colder with significant snowfall on the French mountains, this does not mean global warming is declining. To have snow, you need both humidity and not too cold temperatures.

More snow does not necessarily means more ice on the glaciers, above all if the summer sun melts it, as happened during the past years.

In Alaska, a team of U.S. scientists published in Nature Scientific Reports data suggesting that even as the state of Alaska has warmed up extremely rapidly in recent years, snowfall in the Denali National Park has increased dramatically during the era of human-driven global warming. Denali (formerly known as Mount McKinley) is the highest mountain peak in North America, with a summit elevation of 6,190 m.

The researchers drilled into the snow to extract cores of ice that provided a historical record of snowfall patterns going back more than 1,000 years, and found a marked snowfall increase over the past 150 years or so.

The ice cores showed an enormous increase in the rates of snowfall beginning around the Industrial Revolution in the 19th century, when humans began burning fossil fuels to produce energy in large quantities. The increase over time represented more than a doubling in the amount of snow.

Snowfall before the Industrial Revolution averaged about 2.40 metres of fresh snow a year at the site where the cores were extracted, and now the mountain gets over 5 metres of fresh snow. Climate change increases the volume of precipitation, because a warmer atmosphere holds more water vapour. However, it is not supposed to increase it so much. The researchers attribute part of the snowfall increase to the atmosphere retaining more water vapour, but also say that the warming up of the tropical Pacific Ocean changed atmospheric patterns, leading more storms to track across Alaska.

Despite all of this, Alaska’s glaciers are still widely retreating at lower altitudes, even though they are being fed with heavy volumes of snow at high altitudes, where there is little melt.

Two years ago, scientists reported that Alaska’s glaciers were losing 75 billion tons of ice annually. The Alaska glaciers are the fastest-melting in the world. The phenomenon is all driven by the summertime warming, despite the fact that snowfall has doubled. [Personal note: French glaciologists recently set forth the same explanation for glacier melting in the Alps.]

The snowfall changes documented in the new study are just part of a much larger set of changes to the Arctic’s hydrological system, which include earlier spring melting of mountain glaciers and snowpack, leading to large river discharges to the sea. The new study highlights that even as the globe overall experiences a slow, average warming of 1 or more degrees Celsius, certain areas can see drastically bigger changes.

Source: The Washington Post & The Anchorage Daily News.

Vues du Denali (Photos: C. Grandpey)