Nouvelles inquiétudes pour l’AMOC et le Gulf Stream // New concerns for AMOC and the Gulf Stream

A plusieurs reprises sur ce blog (17 avril, 2018, 3 août 2020, 11 mars 2021, etc.), j’ai attiré l’attention sur les modifications qu’était en train de connaître la circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC) et les effets désastreux que cela pourrait avoir pour notre planète si la situation venait à empirer.

Alors que le GIEC s’apprête à divulguer son rapport annuel sur l’évolution du climat, des scientifiques attirent à nouveau l’attention sur la circulation méridienne de retournement atlantique et la dégénérescence de sa stabilité à cause du réchauffement climatique.

Une étude publiée le 5 août 2021 dans la revue Nature Climate Change dresse un nouveau constat alarmant sur cette circulation à laquelle appartient également le Gulf Stream. Les analyses montrent un affaiblissement progressif de son équilibre au cours des dernières décennies.

Il est bon de rappeler que l’AMOC est l’un des principaux systèmes de courants océaniques de notre planète. Il transporte les eaux de surface chaudes des Caraïbes vers l’Atlantique nord, et rapatrie l’eau froide dans le sens inverse. Ce tapis roulant géant répartit la chaleur reçue du soleil et influence les climats dans de nombreuses régions du monde.

Le problème, c’est qu’avec la fonte des glaces au Groenland et de l’Arctique sous les coups de boutoir du réchauffement climatique, ce système de renouvellement est fortement perturbé au Nord. Les calottes glaciaires apportent au courant de l’eau douce moins dense que l’eau salée, ce qui a pour conséquence de ralentir le tapis roulant.

On savait que le Gulf Stream était à son plus bas niveau de circulation depuis plus de 1000 ans mais la cause de cette dégradation était encore floue. Ce qui inquiète les scientifiques, c’est que « la perte de stabilité dynamique impliquerait que l’AMOC a approché son seuil critique, au-delà duquel une transition substantielle et probablement irréversible vers le mode faible pourrait se produire. »

Pour en arriver à cette conclusion, les scientifiques ont analysé huit indices AMOC indépendants, répertoriés à travers l’Océan Atlantique. Ils sont basés sur des données d’observation de la température et de la salinité de la surface de la mer. On parle “d’empreintes digitales”. Une analyse détaillée de ces empreintes digitales dans huit indices indépendants suggère que l’affaiblissement de l’AMOC au cours du siècle dernier est susceptible d’être associé à une perte de stabilité.

Selon les chercheurs, le déclin de l’AMOC signifie probablement l’approche d’un seuil critique au-delà duquel le système de circulation pourrait s’effondrer. C’est le “point de basculement”, celui de non-retour tant redouté par les scientifiques et qui apportera des conséquences désastreuses irréversibles.  Les conséquences d’un tel scénario sont faciles à imaginer. On assistera forcément à un refroidissement de l’hémisphère nord, une élévation du niveau de la mer dans l’Atlantique, une baisse globale des précipitations en Europe et en Amérique du Nord ou bien un changement sur le niveau des pluies en Amérique du Sud, en Afrique et Asie. La série d’événements catastrophiques se fera ressentir à travers la planète entière.

Selon les auteurs de la dernière étude, la seule solution est de maintenir les émissions de gaz à effet de serre aussi basses que possible. La probabilité que cet événement à impact extrêmement élevé ne fait que s’accroître avec chaque gramme de CO2 que nous rejetons dans l’atmosphère.

Source : Presse internationale.

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On several occasions on this blog (April 17, 2018, August 3, 2020, March 11, 2021, etc.), I drew attention to the changes that the Atlantic Meridional Overturning Circulation (AMOC) was undergoing. and the disastrous effects it could have on our planet if the situation worsened.
As the IPCC prepares to release its annual report on climate change, scientists are once again drawing attention to AMOC and the degeneration of its stability due to global warming.
A study published on August 5th, 2021 in the journal Nature Climate Change draws up an alarming new finding on this circulation to which the Gulf Stream also belongs. Analyses show a gradual weakening of its balance over the past decades.
It is worth remembering that AMOC is one of the main ocean current systems on our planet. It carries warm surface water from the Caribbean to the North Atlantic, and repatriates cold water in the opposite direction. This giant treadmill distributes the heat received from the sun and influences climates in many parts of the world.
The problem is that with the melting of the ice in Greenland and the Arctic under the blows of global warming, this system is severely disrupted in the North. Ice caps bring fresh water which is less dense than salt water, slowing down the conveyor belt.
We knew that the Gulf Stream was at its lowest circulation level for more than 1000 years, but the cause of this degradation was still unclear. What worries scientists is that « the loss of dynamic stability would imply that AMOC has approached its critical threshold, beyond which a substantial and probably irreversible transition to the weak mode could occur.  »
To come to this conclusion, the scientists analyzed eight independent AMOC indices, listed across the Atlantic Ocean. They are based on observational data of the temperature and salinity of the sea surface. They are called “fingerprints”. A detailed analysis of these fingerprints in eight independent indices suggests that the weakening of AMOC over the past century is likely to be associated with a loss of stability.
According to the researchers, the decline in AMOC likely means it is approaching a critical threshold beyond which the circulation system could collapse. This is the “tipping point” feared by scientists,which would bring disastrous and irreversible consequences.

The consequences of such a scenario are easy to imagine. There will inevitably be a cooling of the northern hemisphere, a rise in sea level in the Atlantic, an overall decrease in precipitation in Europe and North America or a change in rainfall in South America, in Africa and Asia. The series of catastrophic events will be felt across the entire planet.
The only solution, according to the authors of the latest study, is to keep greenhouse gas emissions as low as possible. The likelihood of this extremely high impact event is only increasing with every gram of CO2 we release into the atmosphere.
Source: International press.