Nouveau paroxysme de l’Etna ! // Mt Etna’s new paroxysm !

Comme on pouvait s’y attendre, un nouveau paroxysme a été observé sur l’Etna dans la matinée du 19 février 2021. L’événement ayant eu lieu de jour, il a forcément été moins spectaculaire que les deux précédents.

Tout a commencé sur le coup de 10 heures (heure locale) avec une hausse du tremor et l’apparition d’une coulée de lave à partir du Cratère SE et en direction de la Valle del Bove. L’activité éruptive s’est poursuivie au cours des minutes suivantes avec naissance d’un panache de gaz au quel est venue se mêler la cendre un peu plus tard.

La fontaine de lave au sommet du Cratère SE a atteint son intensité maximale vers 11h30, avec un panache de cendre qui est monté à environ 6000 m d’altitude. Le front de la coulée de lave dans la Valle del Bove atteignait 2700  d’altitude.

A partir de 12h15, l’intensité de la fontaine de lave a faibli. Le front de lave se trouvait à 2600 m d’altitude dans la Valle del Bove. Le panache de cendre émis pendant le paroxysme a provoqué des retombées sur le versant E du volcan.

Le paroxysme a pris fin vers 13h30 (heure locale). L’INGV indique qu’une autre coulée de lave a avancé sur le flanc S du Cratère SE. Elle s’est dirigée vers le S, en direction de la zone de la Torre del Filosofo., puis vers de SO, en empruntant le même chemin que la coulée de décembre 2020. La lave a parcouru 1,5-2 km.

Source : INGV.

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As might be expected, a new paroxysm was observed on Mt Etna on the morning of February 19th, 2021. As the event took place during the day, it was inevitably less spectacular than the previous two.

It all started around 10 a.m. (local time) with a rise in the tremor and the appearance of a lava flow from the SE Crater towards the Valle del Bove. Eruptive activity continued over the next few minutes with a gas plume which mixed with ash a little later.

The lava fountain at the summit of the  SE Crater peaked at around 11:30 a.m., with an ash plume that rose to around 6,000 m elevation. The front of the lava flow in the Valle del Bove reached an altitude of 2700.

From 12:15 pm, the intensity of the lava fountain weakened. The lava front was located at an altitude of 2,600 m in the Valle del Bove. The ash plume emitted during the paroxysm caused asfall on the E side of the volcano.

The paroxysm ended around 1:30 p.m. (local time). INGV indicates that another lava flow travelled on the S flank of SE Crater. It headed S, towards the area of ​​Torre del Filosofo, then SW, following the same path as the flow of December 2020. Lava traveled 1.5-2km.

Source: INGV.

La crise éruptive vue par la webcam L.A.V.E.

Le tremor traduit parfaitement les paroxysmes à répétition (Source : INGV)

Le Stromboli jusqu’à 400 mètres ! // Stromboli up to 400 metres !

 A supposer que la pandémie de COVID permette de se rendre sans risque en Sicile (la situation était stable le 18 février 2021 avec 480 nouveaux cas et 26 décès), il sera désormais possible de gravir le Stromboli jusqu’à 400 mètres d’altitude. Après le feu vert donné en visioconférence par l’INGV et la Protection Civile, le maire vient de publier une ordonnance allant dans ce sens.

La montée peut s’effectuer à la fois depuis Stromboli et depuis Ginostra, mais les randonneurs doivent toujours être accompagnés de guides volcanologiques. Il est demandé aux participants avant chaque excursion de consulter les bulletins de l’INGV et de la Protection civile afin de connaître en temps réel la situation sur le volcan.

L’activité strombolienne actuelle a été jugée trop intense pour autoriser l’accès à la Cima, à 900 mètres d’altitude. 400 mètres, c’est mieux que rien, mais ceux qui – comme moi – ont eu la chance de bivouaquer des dizaines de fois au sommet préféreront se nourrir des souvenirs de ces nuits intenses.

Source: ANSA

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Assuming that the COVID pandemic makes it possible to travel without risk to Sicily (the situation was stable on February 18th, 2021 with 480 new cases and 26 deaths), it will now be possible to climb Stromboli up to 400 metres above sea level. After the green light given through videoconference by INGV and Civil Defence, the mayor has just issued an ordinance allowing the excursion.

The climb can be done both from Stromboli and from Ginostra, but hikers should always be accompanied by volcanological guides. Participants are asked before each climb to consult the INGV and Civil Protection bulletins in order to know in real time the situation on the volcano.

Current Strombolian activity was deemed too intense to allow access to La Cima, 900 metres above sea level. 400 meters is better than nothing, but those who – like me – have had the opportunity to bivouac dozens of times at the top will prefer to feed on the memories of those intense nights.

Source: ANSA.

Photo : C. Grandpey

La vie au fond de l’Antarctique // Life at the bottom of Antarctica

Des scientifiques du British Antarctic Survey (BAS) ont découvert des êtres vivants sous 900 mètres de glace en Antarctique, ce qui va à l’encontre de l’idée généralement admise qu’il n’existe aucune vie dans un environnement aussi extrême où il n’y a pas de nourriture, où règnent des températures glaciales et une obscurité totale.

Les créatures ont été découvertes attachées à un rocher dans les eaux froides sous la banquise Filchner-Ronne. Les scientifiques du British Antarctic Survey ont foré 860 mètres de glace puis ont avancé dans 465 mètres d’eau avant de faire la découverte.

La zone située sous ces plates-formes glaciaires est probablement l’un des habitats les moins connus de la planète. [NDLR : Nous connaissons mieux la surface de la planète Mars que les profondeurs de nos propres océans !] Les scientifiques ne pensaient pas que des animaux comme les éponges pourraient être observés. La plate-forme  Filchner-Ronne est une immense zone de glace qui s’étend sur plus de 1 500 000 kilomètres carrés, mais la zone sous la glace n’a pratiquement jamais été explorée.

D’énormes icebergs se détachent parfois des plates-formes glaciaires et dérivent ensuite dans l’océan, comme l’A68a en décembre 2020 (voir mes notes précédentes).

Les chercheurs ne s’étaient pas rendus dans la région pour y chercher la vie. Leur mission était de forer la calotte glaciaire pour prélever des échantillons du plancher océanique lorsque leur caméra a heurté un rocher. C’est quand ils ont examiné les images de la caméra qu’ils ont découvert les signes de vie.

La vidéo du BAS montre deux types d’animaux non encore identifiés (voir capture d’écran ci-dessous). Ceux en rouge semblent posséder de longues tiges, alors qu’un autre type d’animal, surligné en blanc, ressemble plus à une espèce d’éponge.

Des études précédentes avaient déjà examiné la vie sous les calottes glaciaires. Quelques animaux tels que des poissons, des vers, des méduses ou du krill étaient visibles dans cet habitat, mais les scientifiques pensaient que plus l’habitat se trouve éloigné d’une source de lumière, moins il y avait de chances que la vie y soit présente.

La découverte du BAS soulève bon nombre de questions : comment les animaux sont-ils arrivés dans ces lieux ?  Comment se nourrissent-ils ? Depuis combien de temps sont-ils sont là ?

Source: Business Insider.

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British Antarctic Survey (BAS) ccientists have found life under 900 metres of ice in Antarctica, challenging their assumption that nothing could live in such conditions. The previous theory was that life could not exist in such extreme environment where there is no food, freezing temperatures, and complete darkness.

The creatures were found attached to a boulder in the cold waters under the Filchner-Ronne ice shelf. Experts from the British Antarctic Survey drilled through 860 metres of ice and then another 465 metres of water before making the discovery.

The area underneath these ice shelves is probably one of the least-known habitats on Earth. The scientists did not think that these kinds of animals, like sponges, would be found there.

The Filchner-Ronne ice shelf is a massive ice sheet that stretches over more than 1 500 000 square kilometres, but little has been explored under the ice.

Enormous icebergs occasionally break off ice shelves and drift away, like A68a in December 2020 (see my previous posts).

The researchers had t visited the region in order to look for life. They were drilling through the ice sheet to collect samples from the sea floor when their camera hit a boulder. When they reviewed the camera’s footage, it revealed this discovery.

The video reveals two types of unidentified animals, shown here in a video from the British Antarctic Survey. The animals in red seem to have long stalks, whereas another type of animal, highlighted in white, looks more like a round sponge-like animal.

Other studies had looked at life under ice sheets. A few mobile animals, such as fish, worms, jellyfish, or krill, could be found in that habitat. But it was thought that the deeper and farther away from a light source the habitat stretched, the less likely that life could be found.

The discovery raises so many more questions, such as how the animals got there, what they are eating and how long they have been there.  .

Source : Business Insider.

Capture d’écran annotée de la vidéo du British Antarctic Survey

Effondrement glaciaire en Inde (suite) // Glacial collapse in India (continued)

Alors que les secouristes de l’État de l’Uttarakhand, dans le nord de l’Inde, cherchent toujours des survivants dix jours après l’effondrement glaciaire, on comprend mieux ce qui a provoqué la catastrophe. Dès le lendemain de l’événement, j’ai parlé d’un effet domino ou en cascade, une hypothèse  qui vient d’être confirmée par les scientifiques, avec la responsabilité sous-jacente du réchauffement climatique.

Une image satellite montre que le point de départ est une cicatrice sur le mont Nanda Devi qui marque le point de décrochement du glacier. Il s’agit d’une paroi rocheuse faite de glace et de permafrost.

Une fois décrochée, la masse glaciaire est tombée vers l’aval où se trouvait un lac de fonte du glacier. Il était retenu par une moraine qui n’a pas résisté à la pression. La masse d’eau et de sédiments a alors déferlé tel un tsunami vers l’aval et percuté le barrage hydroélectrique en construction.

Les glaciologues ont baptisé « lave torrentielle » ce phénomène qui mêle glace, eau et matériaux car sa couleur noire rappelle l’écoulement de lave sur un volcan.

Selon les glaciologues indiens, les fortes chutes de neige qui ont eu lieu avant la catastrophe ont pu favoriser le décrochement du glacier. Comme je l’ai indiqué précédemment, un tel événement peut se produire en hiver. En effet, les glaciers réagissent à retardement aux températures qu’ils subissent. La pénétration de la chaleur à l’intérieur d’un glacier peut entraîner la formation de lacs interglaciaires ou sous-glaciaires susceptibles de céder ultérieurement sous la pression de l’eau. C’est ce qui s’est passé en 1892 sur le glacier alpin de Tête Rousse. La libération d’une poche d’eau de fonte a déclenché une lave torrentielle qui a tué 175 personnes dans la ville de St Gervais, située en contrebas

Les lacs de fonte glaciaire sont de plus en plus nombreux avec le réchauffement climatique, dans des zones de très hautes montagnes comme le chaîne himalayenne et la chaîne andine en Amérique du Sud.

Un autre facteur de déstabilisation est le dégel du permafrost de roche, le « ciment » qui assure la cohésion des montagnes. J’ai expliqué que ce dégel avait provoqué de graves effondrements dans les Alpes, comme le pilier Bonatti en juin 2005 et plus récemment l’Arête des Cosmiques, près de l’Aiguille du Midi. Nos Alpes ne sont pas non plus à l’abri des laves torrentielles. En août 2017, l’une d’elles a déferlé sur le village de Bondo, dans les Grisons à la frontière entre la Suisse et l’Italie. Une paroi du Piz Cengalo s’est décrochée à 3 000 m d’altitude sur le glacier. La déferlante de boue de plusieurs kilomètres a emporté huit randonneurs et causé de sérieux dégâts. Toujours en Suisse, le village de Chamoson (Valais) a lui aussi été confronté à une lave torrentielle.

Comme pour les séismes, la prévision des décrochements glaciaires est impossible. La seule solution est de surveiller attentivement les glaciers dont les effondrements peuvent menacer des vallées. On l’a vu au mois d’août 2020 quand la partie frontale du glacier de Planpincieux a menacé de s’effondrer et de mettre en danger des habitations dans le Val d’Aoste. .

Sources : France Info, médias d’information indiens.

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As rescuers in northern India’s Uttarakhand continue to search for survivors ten days after the glacial collapse, the cause of the disaster has become clear. Immediately after the event, I explained there was a domino or cascade effect, a hypothesis which has just been confirmed by scientists, with the underlying responsibility for global warming.

A satellite image shows that the starting point is a scar on Mount Nanda Devi which marks the point where the glacier let go. It is a rock face made of ice and permafrost.

Once set free, the ice mass fell downslope where a glacier melt lake was located. It was held back by a moraine that could not withstand the pressure as the mass of ice fell. The mass of water and sediment then surged downstream like a tsunami and slammed into the hydroelectric dam under construction.

Glaciologists have called this phenomenon, which mixes ice, water and materials, « torrential lava. » because its black colour is reminiscent of the lava flow on a volcano. According to Indian glaciologists, the heavy snowfall that took place before the disaster may have favored the glacier’s collapse. As I indicated earlier, such an event can occur in winter. In fact, glaciers react slowly to the temperatures they experience. The penetration of heat into the interior of a glacier can lead to the formation of interglacial or subglacial lakes that can give way later under water pressure. This is what aheppned in 1892 when a pocket of melt warer beneath the Tête Rousse Glacier triggered a torrential lava that killed 175 persons in Saint Gervais.

Glacial melt lakes are increasingly numerous with global warming, in areas of very high mountains such as the Himalayan and Andes in South America. Another factor of destabilization is the thawing of rock permafrost, the “cement” that keeps mountains together. I explained that this thaw caused significant collapses in the Alps, like the Bonatti pillar in June 2005 or, more recently, the Arête des Cosmiques, near the Aiguille du Midi. Our Alps are not immune to debris flow either. In August 2017, one of them swept through the village of Bondo, in Graubünden on the border between Switzerland and Italy. A wall of Piz Cengalo fell at an altitude of 3000 m on the glacier. The mile-long mud surge swept away eight hikers and caused serious damage. Also in Switzerland, the village of Chamoson (Valais) was also confronted with torrential lava.

As with earthquakes, predicting glacial collapse is impossible. The only solution is to carefully monitor glaciers whose collapses can threaten valleys. We saw it in August 2020 when the frontal part of the Planpincieux Glacier threatened to collapse and threaten homes in the Aosta Valley.

Sources: France Info, Indian news media.

Zone de décrochement du glacier indien

 Trace de lave torrentielle à Chamoson (Photo : C. Grandpey)