Nous sommes au début du mois de février avec des températures douces dans la plupart des régions de France et bien au-dessus des normales pour cette époque de l’année. Les prévisions à long terme font état d’un possible refroidissement d’ici quelques jours, mais aucun froid glacial et durable n’est vraiment annoncé.
On entend beaucoup parler du vortex polaire en ce moment, avec certains articles fantaisistes qui confondent vortex polaire et réchauffement de la stratosphère. J’ai donné des explications sur le vortex polaire dans des notes écrites le 28 novembre 2016, le 30 janvier 2019 et le 8 janvier 2021.
Il semblerait (le conditionnel est de rigueur) que des masses d’air froid, portées par un segment du vortex polaire soient en train de se déplacer vers le nord de l’Europe et de l’Amérique, mais personne ne peut affirmer qu’une vague de froid glacial va s’abattre sur la France..
Comme je l’ai expliqué précédemment, quand le nord de l’Arctique entre dans la nuit polaire, entre octobre et mars, l’atmosphère au-dessus de cette région du globe se refroidit très vite à cause de l’absence de soleil. En revanche, le reste de la Terre qui est encore éclairé ne se refroidit pas.
Ce contraste de températures est à l’origine d’une volumineuse masse d’air froid qui tourbillonne au-dessus du Pôle nord et se maintient à une trentaine de kilomètres d’altitude dans la stratosphère. C’est le vortex polaire.
Au début du mois de janvier 2021, les climatologues ont observé que le vortex polaire, au lieu de tourner sous l’influence d’un vent d’ouest, s’est mis à tourner en sens inverse. Ce phénomène a eu plusieurs conséquences. On a observé une augmentation de la température de plusieurs dizaines de degrés en quelques jours dans la stratosphère. C’est ce que l’on appelle en anglaise le Sudden Stratospheric Warming ou SSW, réchauffement soudain de la stratosphère. En Sibérie, sous l’effet de ce réchauffement, la température est passée de -69°C à -13°C en quelques jours au début du mois de janvier. Suite à cette instabilité, le vortex s’est rompu et s’est déplacé à la fois vers l’Amérique du Nord et vers l’Europe.
Personne n’est capable de dire si cela signifie qu’un froid glacial va atteindre la France. En se basant sur les modèles mathématiques, on se rend compte que dans ce genre de situation c’est la Laponie qui connaît des températures plus froides que d’habitude. En revanche, en Méditerrannée orientale, le temps est généralement plus doux que d’habitude. Il n’y a pas de signal statistique précis pour la France.
Les caprices du vortex polaire ont été à l’origine de quelques vagues de froid soudaines en France, comme en 1985 ou en 2012. Toutefois, l’hypothèse d’une vague de froid glacial et durable sur le pays reste faible. A côté de cela, les climatologues s’accordent pour dire que notre pays peut connaître un temps très perturbé sur une longue période.
Source : Météo France.
Une question se pose inévitablement : le réchauffement climatique est-il responsable des frasques du vortex polaire ? Au cours des trois dernières décennies, l’Arctique s’est réchauffé deux fois plus vite que le reste de la planète. Cette « amplification arctique » a provoqué une très forte réduction de la glace de mer dans la région. Cette situation a pu contribuer à déstabiliser davantage le vortex polaire. En effet, la perte de glace à grande échelle a permis à la chaleur du Soleil de réchauffer les eaux arctiques. Cette chaleur est libérée dans l’atmosphère, ce qui crée des poches d’air chaud dans l’Arctique. Il se peut que ces poches provoquent des oscillations plus significatives vers le nord dans le jet-stream, ce qui perturbe le vortex polaire. Mais ce ne sont là que des hypothèses. D’autres recherches seront nécessaires pour comprendre dans quelle mesure le réchauffement climatique influence les phénomènes météorologiques en provenance de l’Arctique.
Source : National Geographic.
Source : Météo France