Janvier 2021 6ème mois de janvier le plus chaud // January 2021, sixth hottest January

Pénalisé par le phénomène de refroidissement La Niña dans le Pacifique équatorial oriental et par l’éclatement du vortex polaire, le mois de janvier 2021 affiche une forte baisse de température par rapport au mois de janvier 2020. C’est la conclusion du rapport de la NASA et de la NOAA qui prend en compte les températures à la surface de la terre et des océans.

Janvier 2021 confirme donc la baisse entamée en décembre 2020. Avec +0,402°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, la température observée en janvier 2021 est la 6ème plus élevée depuis le début des mesures de la NASA en 1880.

Par rapport à la période 1880-1920, l’anomalie signalée par la NASA atteint +1,17°C en janvier 2021. Il est utile de rappeler que l’objectif le plus ambitieux du GIEC est de limiter le réchauffement à +1,5°C au-dessus de la période préindustrielle.

L’épisode La Niña largement responsable du refroidissement de la température de la planète a débuté en août 2020 et fait maintenant sentir pleinement son impact sur l’anomalie globale. Comme je l’ai expliqué à plusieurs reprises, La Niña a tendance à refroidir légèrement la température du globe tandis qu’El Niño a tendance à l’augmenter. Malgré ce refroidissement, 2021 devrait se situer une fois de plus parmi les 10 années les plus chaudes, mais il y a très peu de chances d’assister à un nouveau record de chaleur.

Un autre phénomène influe considérablement sur le climat en ce moment. Il s’agit d’un réchauffement stratosphérique soudain (Sudden Stratospheric Warming – SSW) que j’ai expliqué dans une note précédente. Ce SSW s’est produit entre fin décembre et début janvier. Comme souvent, il a été suivi par une oscillation arctique et une oscillation nord-atlantique (NAO) fortement négatives pendant la majeure partie de janvier. Ces modèles vont généralement de pair avec des températures plus froides sur l’est des Etats-Unis et l’Europe. Cette situation s’est effectivement répétée en ce début d’année en Europe mais pas aux Etats-Unis. Les hautes pressions sur le Groenland se sont étendues vers le sud-ouest et ont généré des températures au-dessus de la normale dans le nord des Etats-Unis.

Si La Niña et le réchauffement stratosphérique soudain ont retenu l’attention, on peut s’attarder sur une statistique étonnante. Le graphique de la NOAA ci-dessous montre le pourcentage de la planète ayant atteint un niveau de température record pour chaque mois de janvier depuis 1951 (chaud en rouge, froid en bleu). En janvier 2021, 5,93% de la surface de la planète a atteint une température record. Seuls les mois de janvier 2016 et 2020 ont connu des pourcentages plus élevés. L’Afrique a connu des températures encore jamais enregistrées. L’Amérique du Nord dans son ensemble a connu son 2ème mois de janvier le plus chaud.

Source, NASA, NOAA, global-climat.

——————————————–

Penalized by the La Niña cooling phenomenon in the eastern equatorial Pacific and by the fluctuations of the polar vortex, January 2021 showed a big drop compared to January 2020.This is the conclusion of the NASA and NOAA report which takes into account the temperatures on the surface of the Earth and the oceans.

January 2021 thus confirms the drop started in December 2020. With + 0.402°C above the 1981-2010 average, the temperature observed in January 2021 is the 6th highest since the start of NASA measurements in 1880.

Compared to the period 1880-1920, the anomaly reported by NASA reached + 1.17°C in January 2021. It is useful to remember that the most ambitious objective of the IPCC is to limit the warming to +1, 5°C above the pre-industrial period.

The La Niña episode largely responsible for the cooling of the planet’s temperature emerged in August 2020 and is now having its full impact on the global anomaly. As I have explained many times, La Niña tends to cool the temperature of the globe while El Niño tends to increase it. Despite this cooling, 2021 is set to be once again among the 10 hottest years on record, but there is little chance of seeing a new heat record.

Another phenomenon is significantly influencing the climate at the moment. It is a Sudden Stratospheric Warming (SSW) that I explained in a previous note. This SSW occurred between late December and early January. As often, it was followed by a strongly negative Arctic Oscillation and North Atlantic Oscillation (NAO) throughout most of January. These patterns are generally associated with cooler temperatures over the eastern United States and Europe. This situation was confirmed at the start of the year in Europe but not in the United States. High pressures over Greenland spread to the southwest and generated above normal temperatures in the northern United States.

While La Niña and the sudden warming of the stratosphere have drawn attention, there is also a startling statistic. The NOAA graph below shows the percentage of the planet at an all-time high for each January since 1951 (hot in red, cold in blue). In January 2021, 5.93% of the world’s surface reached a record temperature. Only the months of January 2016 and 2020 saw higher percentages. Africa has experienced unprecedented temperatures. North America as a whole experienced its second warmest January.

Source: NASA, NOAA, global-climat.

Source : NOAA

Dieu et le réchauffement climatique en Louisiane // God and global warming in Louisiana

Au cours de ma conférence « Glaciers en Péril », j’explique que la religion joue parfois un rôle important dans les pays qui doivent faire face aux conséquences du réchauffement climatique. Ainsi, au Népal, la population est persuadée que ce sont les dieux qui habitent les lacs et les montagnes et ce sont eux qui gèrent la Nature.

Aux Etats-Unis, la Louisiane est l’un des états où les impacts du réchauffement climatiques sont les plus évidents. La région est le lieu de prédilection des ouragans qui rôdent dans le Golfe du Mexique. « Delta » a montré à quel point les éléments peuvent se déchaîner.

Pourtant, même avec de l’eau jusqu’aux chevilles, une grande partie de la population de la Louisiane s’est rangée aux côtés du président Trump et a nié l’influence du changement climatique sur les événements extrêmes. Pourtant, le monde scientifique a prouvé que le réchauffement climatique est causé par les activités humaines. Les ouragans sont de plus en plus puissants et leurs vents de plus en plus violents. Les régions côtières des Etats-Unis, comme la Louisiane, sont donc de plus en plus exposées à des ouragans de catégorie 4 – comme ce fut la cas avec Laura – avec des conséquences humaines, sanitaires, écologiques et économiques désastreuses.

Certains habitants de la Louisiane expliquent les ouragans à répétition à travers la religion. Un habitant de Lake Charles a déclaré : « J’accepte ces ouragans parce que l’on ne peut rien faire d’autre que prendre tout ça comme ça vient. On n’a pas de pouvoir dessus, seul le bon Dieu l’a ». Partout dans les rues de cette agglomération, des messages implorant la clémence divine ont fleuri avant le passage de Delta.

La Louisiane, Etat très religieux et conservateur qui a voté pour Donald Trump en 2016 et en 2020, fait en majorité partie de la « Bible Belt » du Sud des Etats-Unis. Selon une étude publiée en 2020 par l’université de Yale, de tous les Etats américains régulièrement impactés par des ouragans, la Louisiane est celui où l’on croit le moins à ce phénomène.

A côté de cette approche religieuse, d’autres habitants bottent en touche quand on aborde le sujet du réchauffement climatique avec eux. Beaucoup expliquent ne pas savoir, ou que ce n’est pas vraiment un sujet dont on parle par ici.

Il existe toutefois des personnes qui, par la force des choses, se sentent obligées de reconnaître la responsabilité du changement climatique. Une habitante de la côte du Golfe du Mexique a déclaré : « Le réchauffement climatique est bel et bien réel. Je pense que ceux qui nient la réalité du changement climatique sont assez idiots. J’ai vécu près du Golfe du Mexique la majeure partie de ma vie et tout cela est inédit. Sans l’être humain, on n’aurait pas tout cela ».

Le déni du réchauffement climatique en Louisiane peut s’expliquer par la présence de l’industrie pétrolière dans la région. La Louisiane représente à elle seule 20% des capacités de raffinage du pays. Les ouvriers travaillent pour des entreprises qui ne souscrivent pas forcément au changement climatique parce que cela aurait un impact sur leur fonctionnement. Malgré tout, les entreprises pétrolières sont de plus en plus inquiètes pour leur chiffre d’affaires à cause de la montée des eaux ou des ravages causés par les ouragans, comme Harvey au Texas en 2017.

Source : AFP.

——————————————–

During my conference « Glaciers in Peril », I explain that religion sometimes plays an important role in countries that have to face the consequences of global warming. Thus, in Nepal, the population is convinced that it is the gods who inhabit the lakes and the mountains and that they manage Nature.
In the United States, Louisiana is one of the states where the impacts of global warming are most evident. The region is a favourite spot for hurricanes lurking in the Gulf of Mexico. “Delta” showed how powerful the elements can be.
Yet even with ankle-deep water, much of Louisiana’s people sided with President Trump and denied the influence of climate change on extreme events. Yet the scientific world has proven that global warming is caused by human activities. Hurricanes are more and more powerful and their winds more and more violent. Coastal regions of the United States, such as Louisiana, are therefore increasingly exposed to category 4 hurricanes – as was the case with Laura – with disastrous human, health, ecological and economic consequences.
Some residents of Louisiana explain recurrent hurricanes through religion. A resident of Lake Charles said: « I accept these hurricanes because there is nothing we can do but take it all as it comes. We have no power over it, only the good Lord has it. « . Everywhere in the streets of this community, messages imploring divine mercy flourished before the passage of Delta.
Louisiana, a very religious and conservative state that voted for Donald Trump in 2016 ans in 2020, is mostly part of the « Bible Belt » of the southern United States. According to a study published in 2020 by Yale University, of all the American states regularly affected by hurricanes, Louisiana is the one where people believe the least in this phenomenon.
Alongside this religious approach, other residents kick in when one tackles the topic of global warming with them. Many explain that they do not know, or that it is not really a topic that residents are talking about.
There are, however, people who feel compelled to admit the responsibility for climate change. A resident of the Gulf Coast of Mexico said: « Global warming is very real. I think those who deny the reality of climate change are pretty stupid. I have lived near the Gulf of Mexico most of my life and this is all new. Without the human activitues, we would not have all of this ».
The denial of global warming in Louisiana can be explained by the presence of the oil industry in the region. Louisiana alone represents 20% of the country’s refining capacity. Workers work for companies that do not necessarily subscribe to climate change, because it would have an impact on their operations. Still, oil companies are increasingly worried about their bottom line because of rising waters or the devastation caused by hurricanes, like Harvey in Texas in 2017.
Source: AFP.

L’ouragan Delta frappe la Louisiane (Source : NASA /NOAA)