Bilan éruptif de l’année 2020 – (5) novembre et décembre

Voici les événements éruptifs les plus marquants des mois de novembre et décembre 2020 :

Novembre 2020

Le niveau d’alerte du Merapi (Indonésie) est élevé de 2 à 3 (sur une échelle de 1 à 4) le 5 novembre en raison d’une augmentation de la sismicité. La sismicité s’est intensifiée depuis le mois octobre. Bien qu’aucune nouvelle croissance du dôme de lave n’ait été observée depuis le 3 novembre, une extrusion rapide du magma ou une éruption explosive reste possible. C’est la raison pour laquelle les autorités ont décidé de porter le niveau d’alerte à 3. Les autorités indonésiennes ont commencé à évacuer les personnes vivant sur les pentes du Merapi. Quelque 500 personnes de deux villages, pour la plupart des personnes âgées, des femmes enceintes et des enfants, ont été conduites dans des centres d’hébergement d’urgence du district de Magelang, au centre de Java. Les personnes évacuées comprennent 153 habitants du village de Paten, 160 du village de Krinjing et 130 du village de Ngargomulyo, qui ont été transportées vers les villages de Banyurojo, Mertoyudan et Tamanagung. Les autorités s’assurent que l’ensemble du processus d’évacuation a suivi les protocoles de santé stricts du COVID-19.

La situation s’accélère le 8 novembre. Selon le Centre indonésien de gestion des risques géologiques (CVGHM), il se pourrait qu’une puissante éruption soit imminente sur le Merapi. La couleur de l’alerte aérienne est passée au Rouge. Quelque 500 personnes vivant dans quatre villages à proximité du volcan ont déjà été évacuées. D’autres mesures d’urgence pour l’évacuation des personnes vivant à moins de 6 km du cratère sont en préparation. Les autorités ont par ailleurs appelé à l’arrêt des activités minières dans les rivières situées dans les zones les plus exposées aux éruptions, ou dans des zones situées dans un rayon de 3 km du sommet du volcan. Elles ont aussi conseillé la suspension des activités touristiques autour du volcan. Au cas où une éruption se produirait, les stupas les plus exposés du site de Borobodur ont été recouverts d’une bâche.

Comme cela se produit de temps en temps, le Stromboli (Sicile) connaît un puissant épisode éruptif le 10 novembre à 20h04 (UTC) dans la zone centre sud de la terrasse cratèrique. L’événement dure environ 6 minutes et produit une colonne éruptive verticale qui dépasse la hauteur du Pizzo.. L’événement se  termine à 20h10 avec au moins trois explosions d’une intensité moindre. L’épisode éruptif est apparu sur toutes les stations sismiques du Stromboli. Aucune variation significative du tremor éruptif n’est signalée. La situation redevient normale par la suite.

L’INGV indique qu’un événement explosif majeur a été enregistré le 16 novembre à 9 h 17 dans la zone centre-sud du la terrasse cratèrique du Stromboli. Il a généré un volumineux nuage de cendres d’environ 1 km de hauteur au-dessus du sommet du volcan, ainsi qu’une coulée pyroclastique qui a dévalé la Sciara del Fuoco jusqu’au littoral, avant de se déplacer à la surface de la mer sur environ 200 m. On avait observé un phénomène semblable le 28 août 2019.

Après huit ans de repos sans pratiquement aucune activité, le volcan indonésien Lewotolo (Petites îles de la Sonde) est entré en éruption le 26 novembre avec un panache de cendres qui est monté jusqu’à 500 m au-dessus du sommet. Le PVMBG met en garde contre les dangers potentiels, notamment les projections de roches incandescentes et les fortes retombées de cendres dans un rayon de 2 km du sommet. La dernière éruption du Lewotolo a eu lieu en janvier 2012. Le volcan a alors produit d’épais panaches de gaz qui se sont élevés jusqu’à 250 m au-dessus du sommet. Le niveau d’alerte reste à 2.

Une éruption beaucoup plus puissante du Lewotolo a lieu sur le volcan tard dans la soirée du 28 novembre 2020. Cette fois, la couleur de l’alerte aérienne est portée au Rouge et l’aéroport local de Wunopitu a été fermé. Quelque 2800 personnes vivant dans 28 villages sur les pentes du volcan sont évacuées. Selon le VAAC de Darwin, le nuage de cendres apparu sur l’imagerie satellitaire a atteint plus de 15 km au-dessus du niveau de la mer. L’activité sismique se caractérise par un tremor volcanique continu. Il n’y a ni victimes ni dégâts, mais le CVGHM recommande aux personnes vivant autour du volcan d’éviter de pratiquer des activités dans un rayon de 4 km du sommet.

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Décembre 2020

Depuis quelques mois les scientifiques de l’Observatoire Volcanologique et Sismologique de Martinique (OVSM) observent une reprise de certaines formes d’activité sur la Montagne Pelée. Trois nouveaux types d’activité ont été enregistrés ou captés sur le volcan. Par exemple, les 8 et 9 novembre 2020, on a observé des remontées de gaz. C’est pourquoi le nouveau directeur de l’Observatoire a préconisé le 4 décembre le passage en vigilance Jaune pour la Montagne Pelée. C’est le troisième niveau sur une échelle qui en compte 5.
En septembre 2020, 51 secousses de type volcano-tectonique avaient déjà été enregistrées sur la Pelée. Leur nombre est en augmentation constante depuis novembre 2019.

Après de nombreuses hésitations, la lave a enfin décidé de percer la surface du Piton de la Fournaise ! A partir de 2h28 (heure locale), l’OVPF a enregistré une nouvelle crise sismique accompagnée de déformation rapide, signe que le magma était en train de quitter le réservoir magmatique et se propageait vers la surface. Une éruption était donc probable à brève échéance dans les prochaines minutes ou heures. C’est ce qui s’était passé le 5 décembre, mais sans sortie de lave.

Trois fissures se sont finalement ouvertes dans le nuit du 6 au 7 décembre sur le flanc ouest-sud-ouest du volcan, à une altitude comprise entre 2300 et 2190 m  et sur une distance totale d’environ 700 m. Elles émettent des fontaines de lave d’une quinzaine de mètre hauteur. Le front de coulée se propage très lentement et se situait à environ 2120 mètres d’altitude à 7h30 (heure locale).

Il fallait se dépêcher pour voir l’éruption qui a débuté dans la nuit du 6 au 7 décembre. En effet, elle n’aura pas duré longtemps car elle s’est terminée le matin du 8 décembre aux alentours de 7h15 (heure locale)

En Indonésie, l’éruption du Lewotolo continue en décembre. On peut voir des panaches de cendres s’élever jusqu’à 1,5 km au-dessus du volcan. L’incandescence au sommet est visible tous les soirs et des matériaux sont parfois éjectés jusqu’à 20 m de hauteur. Suite à l’activité éruptive des dernières semaines, 9 028 personnes ont été évacuées vers 11 centres d’hébergement. Le niveau d’alerte reste à 3 (sur une échelle de 1 à 4) et le public est invité à rester à 4 km du cratère.

Depuis la soirée du 13 décembre vers 22 heures, on observe une intensification de l’activité éruptive de l’Etna avec l’ouverture de deux fissures sur le flanc sud du Cratère Sud-Est. Les fissures alimentent deux coulées de lave qui se dirigent vers le sud-ouest et le sud. Les fronts de coulées se sont stabilisés à une altitude d’environ 2850m. Le tremor a montré une hausse significative, en particulier au moment de l’émission de fontaines de lave, avant de diminuer par la suite.  On n’observe pas de déformation significative de l’édifice volcanique.

Juste après environ 21h30 (heure locale) le 20 décembre 2020, un essaim sismique a été enregistré sur le Kilauea, accompagné d’une déformation de la zone sommitale du volcan. Le HVO a ensuite détecté une lueur dans le cratère de l’Halema’uma’u au sommet du Kilauea. Cela signifie qu’une éruption a commencé dans la caldeira sommitale. Le niveau d’alerte volcanique est élevé à WARNING (Danger) et la couleur de l’alerte aérienne est passée au ROUGE.

La Protection Civile met en garde sur le risque de retombées de cendres et de nuages de gaz volcaniques dans les secteurs sous le vent. Il est conseillé aux habitants de ces secteurs de rester à l’intérieur des maisons.

L’éruption a débuté au fond du gouffre creusé par l’éruption de 2018, là même où était apparue une pièce d’eau après la dernière éruption. Trois fissures se sont ouvertes dans la partie inférieure de cratère, pas très loin au-dessus du lac. La fissure la plus à l’est laisse échapper des fontaines de lave d’une cinquantaine de mètres de hauteur. La lave a maintenant pris la place de l’eau et s’accumule au fond du cratère.

Les scientifiques du HVO ont craint que se produise une interaction violente entre cette eau et une ascension de magma. De toute évidence, l’éruption se produit dans le calme, sans les explosions phréatiques ou phréatomagmatiques redoutées.

GNS Science observe une intensification de l’activité volcanique sur le Mont Ruapehu (Nouvelle-Zélande). Le niveau d’alerte volcanique a été élevé à 2 et la couleur de l’alerte aérienne est passée au Jaune le 21 décembre 2020. La température du lac de cratère atteint 43°C. Les émissions de CO2, SO2 et H2S sont les plus importantes mesurées au cours des deux dernières décennies. Le flux continu de gaz et de fluides hydrothermaux à travers le lac montre que les bouches d’émission situées sous le lac fonctionnent bien. Le tremor volcanique présente des hausses de courte durée qui sont à mettre en relation avec les hausses de dégazage à travers le lac de cratère et dans son système d’alimentation.

Le 22 décembre, l’Etna (Sicile) semble reparti pour une série de « paroxysmes » dont il a le secret. Après celui qui a secoué le Cratère SE (CSE) dans la matinée du 21 décembre, une nouvelle séquence éruptive a débuté le 22 décembre vers 2h50 GMT, avec une forte augmentation de l’activité strombolienne dans au moins deux bouches. Cette activité a soudain évolué en une fontaine de lave qui a alimenté deux coulées. L’une s’est dirigée vers le sud-ouest en se ramifiant pour former deux branches. L’autre s’est dirigée vers l’est, à l’intérieur de la Valle del Bove. Du point de vue sismique, au moment de l’événement, le tremor a montré un pic identique à celui qui était apparu la veille.  Il a ensuite chuté à des valeurs normales.

L’année 2020 se termine avec la mise en place de l’alerte Orange sur l’île de Saint-Vincent et les Grenadines à cause d’une reprise d’activité du volcan de La Soufrière. Les scientifiques indiquent de du magma a atteint le cratère et craignent une éruption explosive.

Depuis le 29 décembre 2020, le lac à l’intérieur du cratère a disparu ; comme à Hawaii quelques jours auparavant, l’eau s’est évaporée avec la chaleur de l’activité volcanique. Les scientifiques craignent une éventuelle éruption explosive. L’accès au volcan est interdit. La population à proximité est en alerte. Si la situation devait empirer, des évacuations auraient lieu. Une augmentation de l’activité sismique autour de la Soufrière est enregistrée depuis le 1er novembre 2020. La dernière éruption de la Soufrière remonte à 1979.

Activité sommitale sur le Kilauea (Crédit photo : HVO)

Dôme de lave dans La Soufrière de St Vincent (Crédit photo : UWI)