Etna (Sicile): Eruption et séismes // Eruption and earthquakes

8 heures: Le mauvais temps sur l’Etna n’a pas permis de faire des observations intéressantes au cours des dernières heures, mais les instruments de l’INGV montrent que l’éruption continue sur le volcan. On a enregistré hier soir une augmentation des valeurs du tremor volcanique, signe que le magma exerce une pression sur l’édifice volcanique au cours de son ascension vers la surface. Ce matin, en revanche, sismicité et tremor montrent un déclin et je me demande même si la lave coule toujours dans la Valle del Bove.

Le fait important de la nuit est un séisme de M 4,8 qui a affecté à 3h18 la région de Catane, avec un épicentre à 2 km au nord de Viagrande. Il a été ressenti par la population et, contrairement à ce qui a été dit au début, la secousse a causé des dégâts, comme à l’extérieur de l’église de Santa Venerina. Il est aussi fait état d’effondrements dans les hameaux de Fleri et Lavinaio,

À partir de minuit, au moins sept séismes avaient déjà été enregistrés, dont un événement avec une magnitude de M 3,3 à 01h09, avec un épicentre situé à 4 km au nord d’Aci Sant’Antonio.
Source : La Sicilia.

++++++++++

17 heures : Le séisme de M 4,8 qui s’est produit la nuit dernière a causé des dégâts mais a également blessé une dizaine de personnes. Comme indiqué précédemment, l’épicentre a été localisé au niveau de Viagrande, à environ un kilomètre de profondeur.

Dans le même temps, il semble que le comportement de l’Etna soit en train d’évoluer. Alors que le tremor volcanique et la sismicité montraient une certaine stabilité, voire une tendance à la hausse, hier dans la journée, on observe maintenant un certain déclin de ces deux paramètres. De plus, il n’y a plus de coulée de lave dans la Valle del Bove. Selon Boris Behncke, le séisme de la nuit dernière n’a pas eu d’effet sur le comportement du volcan car l’éruption avait déjà commencé à marquer le pas quand la secousse a eu lieu. Il faudra tout de même surveiller la situation tant que tremor et sismicité n’auront pas retrouvé des niveaux normaux

Dans un article paru dans le journal La Sicilia, le directeur de l’INGV n’exclut pas la possibilité de voir « l’ouverture de bouches à des altitudes plus faibles, en particulier dans la région de Piano del Vescovo au sud de la Valle del Bove.» Selon lui, il faut surveiller l’évolution de la situation qui rappelle celle d’octobre 1984 qui avait provoqué la mort d’une personne à Zafferana Etnea . Comme en 1984, c’est la faille de Fiandaca qui est en cause.

++++++++++

22 heures: Boris Behncke (INGV Catane) a mis en ligne une photo prise depuis Tremestieri Etneo et qui montre que l’activité persiste à l’intérieur de la Bocca Nuova. Boris confirme la cessation d’activité de la coulée dans la Valle del Bove. Comme le directeur de l’INGV, il n’exclut pas une reprise de l’activité éruptive à une altitude plus basse, et à l’extérieur de la Valle del Bove. La surveillance de la situation doit être étroite tant que la sismicité et la déformation de l’édifice volcanique n’auront pas retrouvé un niveau normal.

———————————————-

8 a.m.: The poor weather conditions on Mount Etna did not allow to make interesting observations in recent hours, but the INGV instruments show that the eruption continues on the volcano. There was an increase in volcanic tremor values last night, indicating that magma is exerting pressure on the volcanic edifice in its ascent to the surface. .However, both the tremor and seismicity seem to be declining this morning and I even wonder whether lava is still flowing down the Valle del Bove.
The important fact of the night was an M 4.8 earthquake which affected the region of Catania at 3:18, with its epicentre located 2 km north of Viagrande. It was felt by the population and, contrary to what was said at the beginning, the quake caused damage, like outside the church of Santa Venerina. There are also reports of collapses in the hamlets from Fleri and Lavinaio,
Starting at midnight, at least seven earthquakes had already been recorded, including an event with a magnitude of M 3.3 at 01:09, with an epicentre located 4 km north of Aci Sant’Antonio.
Source: La Sicilia.

++++++++++

5 pm: The M 4.8 earthquake that occurred last night caused damage but also injured a dozen people. As mentioned earlier, the epicentre was located in the Viagrande area, about one kilometre deep.
At the same time, it seems that the behaviour of Mt Etna is evolving. While the volcanic tremor and seismicity showed some stability, or even an upward trend, yesterday in the day, there is now some decline in these two parameters. Besides, lava is no longer flowing in the valle del Bove. According to Boris Behncke, last night’s earthquake had no effect on the volcano’s behaviour as the eruption had already begun to decline when the quake occurred. Anyway, the situation wull need to be monitored as long as both tremor and seismicity have not returned to background levels
In an article in the newspaper La Sicilia, the director of INGV does not exclude the possibility of seeing « the opening of vents at lower altitudes, especially in the area of ​​Piano del Vescovo to the south of the Valle del Bove. » He thinks it is necessary to watch the evolution of the situation which recalls that of October 1984 which had caused the death of a person in Zafferana Etnea. Like in 1984, the Fiandaca fault is the culprit.

++++++++++

10 p.m.: Boris Behncke (INGV Catania) has posted a photo taken from Tremestieri Etneo. It shows that activity persists inside the Bocca Nuova. Boris confirms that lava is no longer flowing in the Valle del Bove. Like the director of INGV, he does not exclude a resumption of eruptive activity at a lower altitude, and outside the Valle del Bove. A close monitoring of the situation must be performed as long as seismicity and thedeformation of the volcanic edifice have not returned to a background levels.

 

Le séisme de M 4,8 vu par les sismos de l’INGV

La caméra thermique semble montrer que la coulée de lave est inactive. A confirmer.

 

 La région de Santa Venerina subit fréquemment des séismes (Photo: C. Grandpey)

Activité strombolienne dans la Bocca Nuova le 26 décembre 2018 au soir (Photo: Boris Behncke)

Krakatau (Indonésie): La situation reste difficile // Still a difficult situation

La situation est très difficile dans les régions d’Indonésie touchées par le tsunami provoqué par l’effondrement du flanc sud-ouest de l’Anak Krakatau. Une photo publiée aujourd’hui par l’armée indonésienne est assez impressionnante. Elle donne l’impression que le cratère est maintenant proche du niveau de la mer. La situation pourrait encore s’aggraver car les autorités ont diffusé un message d’alerte le 26 décembre indiquant que des « conditions météorologiques extrêmes et de fortes vagues » allaient apparaître autour du volcan en éruption. Il est demandé aux populations à s’éloigner de la côte déjà dévastée par le tsunami qui a tué plus de 400 personnes.
Aujourd’hui, comme on peut le voir sur la photo, de très volumineux nuages ​​de cendre émanaient d’Anak Krakatau obscurcissaient presque totalement l’île volcanique. L’Agence de climatologie, de géophysique et météorologie (BMKG) a déclaré en fin de journée le 25 décembre que le mauvais temps dans le secteur du volcan pourrait fragiliser encore davantage son cratère. L’Agence a installé un système de surveillance de l’activité sismique de l’Anak Krakatau afin de pouvoir émettre des alertes rapides. Une zone d’exclusion de 2 km a été mise en place autour du volcan.
Le bilan officiel est actuellement de 429 morts, avec au moins 154 personnes disparues. Plus de 1 400 personnes ont été blessées et des milliers d’autres ont été déplacées. Les sauveteurs tentent d’atteindre plusieurs villages encore inaccessibles par la route. Des milliers de personnes séjournent dans des tentes et des abris temporaires tels que des mosquées ou des écoles, et des dizaines d’autres dorment à même le sol ou dans des lieux publics surpeuplés.
Source: The Jakarta Globe.

———————————————-

The situation is very difficult in the areas of Indonesia that were hit by the tsunami caused by the collapse of the SW flank of Anak Krakatau. A photo released today by the Indonesuian army is quite impressive. Il looks as if the crater is now close to see level. The situation could turn even worse as authorities warned on December 26th of « extreme weather and high waves » around the erupting Anak Krakatau volcano, urging people to stay away from the coast already devastated by a tsunami that killed more than 400 people.

Today, clouds of ash spewed from Anak Krakatau, almost obscuring the volcanic island. The Meteorology Climatology and Geophysics Agency (BMKG) said late on December 25th that the rough weather around the volcano could make its crater more fragile. The Agency has developed a monitoring system focused specifically on the volcanic tremors at Anak Krakatau so that it can issue early warnings. A 2-kilometre exclusion zone has been imposed.

The confirmed death toll is 429, with at least 154 people missing. More than 1,400 people were injured and thousands have moved to higher ground. Rescuers are trying to reach several villages still inaccessible by road. Thousands of people are staying in tents and temporary shelters like mosques or schools, with dozens sleeping on the floor or in crowded public facilities.

Source : The Jakarta Globe.

Le Krakatau le 26 décembre 2018 au matin (Source: armée indonésienne)

Le tourisme volcanique et ses risques // Volcano tourism and its risks

Un rapport récemment publié par la Royal Geographical Society confirme que de plus en plus de personnes prennent l’avion dès qu’elles entendent parler d’une éruption volcanique. L’Islande est une destination particulièrement prisée en raison de sa riche activité géologique. Le pays a connu une augmentation spectaculaire du nombre de visiteurs étrangers qui est passé de 488 622 en 2010 à 2 224 074 en 2017!
Les services de secours islandais sont inquiets car de plus en plus de touristes ignorent les interdictions ou désobéissent aux instructions officielles dans leur recherche d’une expérience unique. Il y a des exemples d’approches très risquées d’éruptions volcaniques, en particulier lors de la dernière qui a eu lieu dans l’Holuhraun (en 2014-15). Les autorités avaient interdit tout accès au site ; malgré cela, certaines personnes ont payé des pilotes d’hélicoptère pour les conduire en secret et de nuit vers la zone éruptive.
Cette difficulté à gérer à la fois la sécurité des gens et leur appétit de sensations fortes a entraîné des décès en Islande et ailleurs. En 2010, deux touristes sont morts de froid en tentant d’atteindre l’éruption de l’Eyjafjallajökull au col de Fimmvörðuháls. En 2017, un garçon de 11 ans est décédé après être tombé dans une mare de boue dans le cratère de la Solfatara à Pouzzoles (Italie) ; ses parents sont également décédés après avoir tenté de le sauver.
La plupart des touristes ne sont pas préparés à ces situations à risque, ce qui accroît la pression sur les services d’urgence confrontés à la difficulté de porter secours à des personnes se trouvant dans des zones pas évidentes à atteindre. Dans une telle situation, ces secouristes doivent soit abandonner les personnes bloquées à leur triste sort, soit pénétrer dans la zone dangereuse, avec tous les risques que cela implique. En Islande, la question est devenue tellement préoccupante que les autorités réfléchissent sérieusement à la question de savoir s’il faut alerter le public quand une éruption se produit. [NDLR : Cette hypothèse me semble difficilement réalisable dans la mesure où de nos jours l’information se répand à la vitesse de la lumière. Les personnes désireuses de se rendre sur le site d’une éruption seront vite informées d’une manière ou d’une autre et il sera très difficile de les empêcher de s’y rendre.]
Le tourisme volcanique comporte des risques, en particulier lorsque les personnes n’ont pas ou peu d’expérience  de l’activité volcanique et de ses répercussions sur les environs. Très souvent, elles se mettent involontairement en danger en s’approchant de la zone sensible. Il y a le risque de projections et de retombées de matériaux et de bombes de lave, ainsi que le risque de se retrouver dans des nuages de poussière ou de vapeurs toxiques. Il existe également le risque de se faire piéger par des coulées de lave, ce qui a failli arriver à des habitants d’Hawaii lors de la dernière éruption du Kilauea.
La forte augmentation du tourisme volcanique peut être aussi attribuée à la prolifération des smartphones et des réseaux sociaux, car les touristes désirent réaliser des auto-portraits dans des paysages spectaculaires et des zones volcaniques actives. Comme je l’ai déjà écrit plus haut, le problème est que, lorsque les choses tournent mal pour les touristes sur des volcans, ils mettent également en péril la vie les sauveteurs.
Un volcan peut devenir un danger réel sans prévenir, comme a pu s’en rendre compte une équipe de la BBC, ainsi que des dizaines de touristes sur l’Etna en 2017 lorsque le volcan est soudainement entré en éruption pendant le tournage d’une séquence.
Dans le but d’empêcher les amateurs de selfies les plus téméraires de se mettre en danger, les autorités indiennes ont interdit les selfies dans les lieux touristiques populaires où des accidents ont déjà eu lieu, tels que le sommet de falaises.
Source: CNN.

———————————————-

A report just published by the Royal Geographical Society suggests an increasing number of people are flying around the world as soon as they hear about a volcanic eruption. Iceland is a particularly popular spot thanks to its abundance of geological activity. The country has seen a dramatic increase in the number of foreign visitors, from 488,622 in 2010 to 2,224,074 in 2017!

Icelandic emergency services have become increasingly concerned about tourists disobeying the rules in their search for a unique experience. There have been examples of reckless attempts to get dangerously close to erupting volcanoes, especially during the last eruption in Holuhraun (in 2014-15) when authorities closed all access to the area. Nonetheless, some people paid local helicopter pilots to take them in secret after dark.

This tension between safety concerns and the appetite for thrills has resulted in deaths in Iceland and elsewhere. In 2010, two tourists froze to death attempting to reach a volcanic eruption at Iceland’s Fimmvörðuháls pass that caused a spike in visitor numbers. In 2017, an 11-year-old boy died after falling into the Solfatara Crater in Pozzuoli, Italy, and his parents also died when they tried to save him.

Most tourists are unprepared for these risky situations, which increases pressure on emergency services which face the difficulty of dealing with people in restricted areas. In such a situation, emergency services have to either leave the stranded people or come into a hazardous area themselves. In Iceland, the issue has become such a concern that Icelandic authorities have to think carefully about whether or not to alert the public about an eruption.

“Volcano tourism” carries with it a number of risks, especially when those visitors have little experience of how volcanic activity can impact the surrounding area. Very often, they unwittingly place themselves in danger by getting up close to this formidable force of nature. The dangers include getting hit by falling rocks and lava bombs, becoming enveloped in choking dust, or being overcome by poisonous fumes. There is also the risk of becoming trapped by lava flows, which almost happened to folks in Hawaii during Kilauea’s last eruption.

The strong increase in “volcano tourism” can be partly attributed to the proliferation of smartphones and social media, with people keen to photograph or record video of themselves in dramatic, active landscapes. As I put it before, the problem is that when things go wrong for tourists who are close to volcanoes, it puts the lives of rescuers at risk, too.

A volcano can become a real danger without warning as a BBC production crew, along with dozens of tourists, could realise and had a lucky escape on Mount Etna in 2017 when the volcano suddenly erupted while the crew was filming.

In a bid to prevent the more reckless selfie enthusiasts from harming themselves, the authorities in India have been banning selfies in popular tourist spots where accidents have occurred in the past, such as the top of cliffs.

Source: CNN.

  L’approche d’une zone volcanique demande une bonne connaissance du terrain (Photo : C. Grandpey)