Tourisme: bilan de l’été 2022 à Vulcano et Stromboli (Iles Eoliennes)

Le bilan touristique dans les îles Éoliennes pour l’été 2022 semble satisfaisant. L’une des principales sources d’attraction est certainement l’île de Stromboli et son volcan, visité quotidiennement, par plusieurs centaines de visiteurs, malgré les limites d’ascension imposées par les autorités pour des raisons de sécurité parfaitement justifiées. En effet, le Stromboli connaît des crises éruptives soudaines et violentes susceptibles de mettre en danger des touristes qui se trouveraient sur le Pizzo.

La fréquentation de l’île de Vulcano est en baisse, compte tenu de l’interdiction de gravir le cratère et de profiter des bains de boue en raison de l’ordonnance émise par le maire de Lipari suite à la forte concentration de gaz dans la zone de La Fossa.

La presse sicilienne fait remarquer que, dans le cas de Vulcano, l’interdiction n’empêche cependant pas certaines personnes de grimper jusqu’au cratère, avec le double risque dû aux émanations nocives et à la forte verbalisation en cas de présence de la police. Au cours du week-end dernier, pas moins de 14 randonneurs ont été interceptés et verbalisés par les carabiniers, ce qui augmente considérablement le prix des vacances. Deux touristes ont également verbalisés sur le Stromboli pour avoir dépassé le niveau d’altitude autorisé pour les excursions.

Source: La Sicilia.

La Palma (Iles Canaries) , un an après… // La Palma (Canary Islands), one year after….

La Palma vient de célébrer le premier anniversaire de l’éruption de la Cumbre Vieja qui a plongé l’île dans une grande détresse. L’événement n’a fait aucune victime mais a ravagé la vie de nombreuses personnes.
Alors que les autorités organisaient des cérémonies le 19 septembre 2022 pour commémorer le premier anniversaire du début de l’éruption, l’île espagnole n’est plus la même, géologiquement, économiquement ou socialement.
Quelque 3 000 bâtiments ont été ensevelis sous une épaisse couche de lave qui met du temps à se refroidir après avoir atteint une température de 1 140 °C. De nombreuses bananeraies, des routes et des systèmes d’irrigation ont subi le même sort.
A côté de l’agriculture, le tourisme est essentiel à l’économie de l’île. Cependant, la moitié des 8 000 lieux d’hébergement officiellement répertoriés restent fermés en raison de la présence de gaz toxiques. C’est aussi la raison pour laquelle environ 170 habitants vivent encore dans des chambres d’hôtel.
L’ancien site touristique de Puerto Naos est devenu une ville fantôme. La lave n’a pas atteint la ville, mais la forte concentration de gaz carbonique a entraîné l’évacuation de ses 1 000 habitants. La plupart vivent chez des proches et tous continuent de se demander quand ils seront autorisés à rentrer chez eux.
La Palma, avec une population de 84 790 habitants, a vu la visite de nombreux hommes politiques et autres dignitaires. Des membres du gouvernement, dont le Premier ministre Pedro Sánchez, se sont rendus sur l’île à de nombreuses reprises, principalement pour annoncer de nouveaux programmes d’aide. Des fonds publics d’un montant total de 566 millions d’euros, destinés à aider à la reconstruction, ont été débloqués par le gouvernement.
Pourtant, un groupe de personnes affectées par l’éruption célèbre l’anniversaire en protestant contre la mauvaise gestion des fonds. D’autres expliquent qu’après l’éruption qui a duré 85 jours, la solidarité a disparu. Les producteurs de bananes se plaignent de l’insuffisance des subventions.
Cependant, certains entrepreneurs font des efforts pour faire redémarrer leurs entreprises et essaient de tirer parti de l’éruption. Pendant l’événement, j’ai évoqué un astronome qui proposait des programmes nocturnes d’observation des étoiles sous le ciel clair des îles Canaries. D’autres habitants guident les visiteurs à travers la cendre volcanique.
Le volcan n’a pas encore reçu de nom. Avant l’éruption, on le connaissait sous le nom de Cumbre Vieja, qui était aussi le nom du parc national tout autour. Cet été, les habitants de l’île ont proposé de l’appeler Tajogaite, le nom de la région dans l’ancienne langue Guanche.
Malgré les dommages qu’ils ont subis, les habitants de La Palma ont envie de s’en sortir. Il y a à peine deux mois, ils ont obtenu une petite victoire sur le volcan avec l’ouverture d’une nouvelle route tracée sur la lave pour relier les flancs opposés de la vallée d’Aridane qui avait été coupée en deux par l’éruption. La route permet d’atteindre en deux heures des maisons isolées; elle raccourcit les trajets scolaires des enfants et permet l’accès aux plantations de bananes qui ont échappé à l’éruption dans la vallée.
Source : médias d’information internationaux.

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La Palma has just celebrated the first anniversary of the three-month-long eruption of Cumbre Vieja eruption. The event left no casualties but wreaked havoc in the lives of many.

As officials held ceremonies on September 19th, 2022 to commemorate the first anniversary of the start of the eruption, the Spanish island in the Canary archipelago is not the same, geologically, economically, or socially.

Under the thick layer of lava, still slowly cooling down from the initial 1,140°C temperature, some 3,000 buildings were buried along with many banana plantations, roads and irrigation systems.

Alongside agriculture, tourism is essential to the island’s economy. However, half of the 8,000 registered places of accommodation remain closed due to the presence of poisonous gases. This is also the reason why about 170 local people are still living in hotel rooms.

The former touristic spot of Puerto Naos has become a ghost town. The lava didn’t reach the town, but the high concentration of CO2 gases forced the evacuation of its 1,000 residents. Most are staying with relatives, and all continue to wonder when they will be allowed back home.

La Palma, with a population of 84,790 has seen the visit of many politicians and dignitaries. Cabinet members including Prime Minister Pedro Sánchez have visited the island 60 times, mostly to announce new aid packages. Public funds totalling 566 million euros to aid reconstruction have been delivered by the government.

Yet a group of people affected by the volcano is celebrating the anniversary with a protest against the bad management of the funds. Others explain that after the 85-day eruption solidarity disappeared. Banana farmers complain that subsidies were insufficient.

However, some entrepreneurs are finding ways to reshape their businesses and exploit the eruption.

during the event, I wrote about an astronomer who offered nighttime stargazing programs under the clear Canary Island sky. Other locals guide visitors through the volcanic ashes.

The volcano has not yet been given a name. Befoer the eruption, it was known as as Cumbre Vieja, the name of the surrounding national park. This summer, island residents voted to call it Tajogaite, the name of the area in the ancient Guanche language.

Despite the damage they suffered, local people are determined to thrive. Just two months ago, the islanders were able to claim a minor victory over the volcano with the opening of a new road built over the lava rock to connect the sides of the Aridane Valley that was split in two by the eruption.The road takes two hours to reach isolated houses, shortens kids’ school routes and allows access to the surviving banana plantations in the valley.

Source: International news media.

Les webcams ont permis d’observer l’éruption du Cumbre Vieja depuis son fauteuil, avec de superbes images…

Une photo de l’éruption, prise par Nathalie Duverlie, figure sur la couverture du livre « Histoire de Volcans »

 

 

 

 

 

 

Groenland, entre tourisme et réchauffement climatique // Greenland, between tourism and global warming

Depuis quelques années, le Groenland est devenu une destination touristique très recherchée, avec tous les inconvénients que le tourisme de masse traîne dans son sillage. Aujourd’hui, les médias parlent de plus en plus souvent du Groenland à propos du réchauffement climatique. C’est dans l’Arctique que le phénomène est le plus sensible. La région se réchauffe près de quatre fois plus vite que le reste du monde. A terme, la fonte de la calotte glaciaire du Groenland pourrait faire s’élever de plusieurs mètres le niveau des océans.

De plus en plus de visiteurs affluent vers Ilulissat sur la côte occidentale du Groenland. Avec 4700 habitants, c’est la troisième ville du territoire autonome danois. Symbole du réchauffement climatique, elle est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2004.

Les touristes viennent découvrir un paysage d’une beauté majestueuse, avec une vue époustouflante sur les icebergs. Échappés du fjord voisin, des blocs de glaces à la taille spectaculaire dérivent sans cesse sur l’océan où l’on peut aussi apercevoir des baleines.

Ces scènes de carte postale ont attiré quelque 50.000 personnes en 2021, soit dix fois plus de visiteurs que Ilulissat ne compte d’habitants. Plus de la moitié des visiteurs n’y font qu’une courte escale pendant une croisière arctique. Le maire de la localité n’a aucune envie d’assister à une déferlante du tourisme de masse comme c’est le cas en Islande. La localité n’a pas la capacité d’accueillir autant de monde. Des quotas seront probablement mis en place dans un proche avenir. Selon le maire, « pour respecter la communauté et l’environnement, il faut au maximum un bateau par jour et un millier de touristes par bateau. » Dernièrement trois paquebots sont arrivés le même jour déversant 6.000 visiteurs. C’est beaucoup trop car la ville ne peut ni les accueillir ni s’assurer qu’ils respectent les zones protégées, notamment dans le fjord.

Appelé à s’amplifier avec l’ouverture d’un aéroport international d’ici deux ans, cet afflux de touristes constitue bien sûr une manne financière bienvenue mais aussi une gageure supplémentaire. A côté de la fonte de la glace et du recul du glacier, le premier magistrat est inquiet du dégel du permafrost qui menace la stabilité de certaines infrastructures et habitations.

En attendant, le salut du Groenland passe par la mer. Le territoire cherche à s’émanciper du Danemark, quitte à devoir se priver des subsides de Copenhague qui constituent un tiers de son budget.

A Ilulissat, un habitant sur trois vit de la pêche qui représente l’essentiel des revenus propres de l’île. La population s’inquiète de voir la vitesse avec laquelle le réchauffement climatique impacte le Groenland, avec de lourdes répercussions sur les pratiques locales. Ces deux dernières décennies, l’immense calotte glaciaire a perdu 4.700 milliards de tonnes, contribuant à elle seule à une hausse des océans de 1,2 centimètre.

La disparition de la glace affecte les pêcheurs. Pour le meilleur et pour le pire. Le fjord principal était auparavant fermé par des icebergs énormes et par la banquise; les pêcheurs ne pouvaient pas y naviguer, ce qu’ils font désormais. Les bateaux peuvent maintenant sortir toute l’année, ce qui a permis d’intensifier l’activité, mais la taille des poissons s’amenuise, principalement à cause de la surpêche.

Source: médias internationaux.

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In recent years, Greenland has become a very popular tourist destination, with all the disadvantages that mass tourism brings in its wake. Today, the media refer more and more often to Greenland in connection with global warming. The phenomenon is most sensitive in the Arctic. The region is warming nearly four times faster than the rest of the world. Eventually, the melting of the Greenland ice cap could raise the level of the oceans by several meters.
More and more visitors are flocking to Ilulissat on the west coast of Greenland. With 4700 inhabitants, it is the third city of the Danish autonomous territory. Symbol of global warming, it has been listed as a UNESCO World Heritage Site since 2004.
Tourists come to discover a landscape of majestic beauty, with a breathtaking view of the icebergs. Escaped from the nearby fjord, blocks of ice of spectacular size constantly break out on the ocean where tourists can also see whales.
These postcard scenes attracted some 50,000 people in 2021, ten times more visitors than Ilulissat has inhabitants. More than half of the visitors make only a short stopover during an Arctic cruise. The mayor of the municipality does not want to witness a wave of mass tourism as in Iceland. The locality does not have the capacity to accommodate so many people. Quotas will likely be introduced in the near future. According to the mayor, « to respect the community and the environment, you need a maximum of one boat per day and a thousand tourists per boat. » Lately three liners arrived on the same day pouring 6,000 visitors. It’s too much because the city can neither accommodate them nor ensure that they respect the protected areas, especially in the fjord.
Expected to increase with the opening of an international airport within two years, this influx of tourists is of course a welcome financial windfall but also an additional challenge. Alongside the melting of the ice and the retreat of the glacier, the mayor is worried about the thawing of permafrost which threatens the stability of certain infrastructures and dwellings.
In the meantime, Greenland’s salvation lies by the sea. The territory is seeking to emancipate itself from Denmark, even if it means having to deprive itself of subsidies from Copenhagen which constitute a third of its budget.
In Ilulissat, one resident in three lives from fishing, which represents the bulk of the island’s own income. The population is concerned to see the speed with which global warming is impacting Greenland, with serious repercussions on local practices. Over the past two decades, the immense ice cap has lost 4,700 billion tons, contributing alone to a rise in the oceans of 1.2 centimeters.
The disappearance of the ice affects fishermen. For better and for worse. The main fjord was previously closed off by huge icebergs and pack ice; fishermen could not sail there, which they can now do. Boats can now go out all year round, which has increased the activity, but the size of the fish is shrinking, mainly because of overfishing.
Source: international news media.

Photos: C. Grandpey

Stromboli : une île à l’abandon? // Stromboli: an abandoned island?

La double catastrophe – incendie en mai et coulées de boue en août – dont a été victime l’ile de Stromboli continue à faire des vagues. Comme je l’ai écrit précédemment, la population de l’île est furieuse contre l’inaction des autorités siciliennes. Elle vient d’être soutenue par section d’Agrigente de l’association Mareamico. Tout le monde s’accorde pour dire que la catastrophe environnementale aurait pu être évitée. Comme l’a dit son président, « une fois encore on a tendance à souligner le caractère exceptionnel de l’événement climatique alors que le vrai problème est l’abandon de Stromboli. »

L’incendie de fin mai qui a détruit la végétation sur l’île a mis la terre à nu et, avec la pluie diluvienne, elle est descendue de la montagne et la boue a envahi les zones habitées. Selon Mareamico, « après l’incendie il y a eu trois mois pour intervenir et sécuriser l’île. Rien n’a été fait et aujourd’hui on assiste passivement une catastrophe environnementale sans précédent. »
La boue qui a envahi Stromboli a également mis au jour des erreurs du passé. Ainsi, une décharge à ciel ouvert jamais contrôlée, au-dessus d’une plage, est descendue avec la boue jusqu’à la mer, emportant avec elle plastique, déchets et débris de toutes sortes. C’est inacceptable pour Stromboli, une île inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO avec les autres îles éoliennes. L’association Mareamico va s’attaquer à tous les choix stratégiques et environnementaux, à commencer par l’usine de compactage des déchets urbains sur la plage près du port de Scari, un scandale qu’il faut régler au plus vite en trouvant une solution plus adéquate.

Mareamico prévient le prochain président de la région de Sicile, quelle que soit sa couleur politique, que la bataille de l’association pour sauver Stromboli de la négligence et de l’abandon sera implacable jusqu’à ce que soit mis en place un plan stratégique environnemental et de sécurité adapté à son caractère exceptionnel. Cela passe avant la recherche de responsabilités, même s’il faudra rembourser les habitants de Stromboli pour les dommages matériels et immatériels subis lors des coulées de boue du 12 août, au plus fort de la saison touristique. Le président de Mareamico a déclaré: « L’amour de Mareamico pour la Sicile nous oblige à être une vigie attentive au délicat équilibre environnemental de sa mer, une ressource infinie à protéger.»

Source: La Sicilia.

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The double disaster – a wildfire in May and mudslides in August – suffered by the island of Stromboli continues to make waves. As I have put it before, the population of the island is furious at the inaction of the Sicilian authorities. It has just been supported by the Agrigento section of the Mareamico Association. Everyone agrees that the environmental disaster could have been avoided. As its president said, « once again we tend to emphasize the exceptional nature of the climatic event when the real problem is the abandonment of Stromboli.  »
The wildfire at the end of May which destroyed the vegetation on the island left the land bare and, together with the torrential rain, it descended from the mountain and the mud invaded the inhabited areas. According to Mareamico, « after the fire there were three months to intervene and secure the island. Nothing was done and today we are passively witnessing an unprecedented environmental disaster. »
The mud that invaded Stromboli also exposed past mistakes. Thus, an uncontrolled open dump, above a beach, descended with the mud to the sea, carrying with it plastic, waste and debris of all kinds. This is unacceptable for Stromboli, an island listed as a UNESCO World Heritage Site along with the other Aeolian Islands. The Mareamico association will tackle all the strategic and environmental choices, starting with the urban waste compaction plant on the beach near the port of Scari, a scandal that must be resolved as quickly as possible by finding a more adequate solution.
Mareamico warns the next president of the region of Sicily, whatever his political color, that the association’s battle to save Stromboli from neglect and abandonment will be relentless until a strategic plan of environment and safety is put in place, adapted to its exceptional character. This goes before the search for responsibilities, even if it will be necessary to reimburse the inhabitants of Stromboli for the material and immaterial damage suffered during the mudslides of August 12th, at the height of the tourist season. The President of Mareamico said: « Mareamico’s love for Sicily compels us to be an attentive watchtower of the delicate environmental balance of its sea, an infinite resource to be protected. »
Source: La Sicilia.

Stromboli après l’incendie (Source: presse italienne)